Mes bien cher amis,
Mes bien chers frères,
Nous voici réunis à nouveau, à l’occasion de la fête de la Purification, pour conférer les ordres mineurs à quelques-uns de nos séminaristes et des communautés qui nous ont demandé de donner les ordres mineurs à leurs membres et surtout pour revêtir de la soutane ceux qui se préparent à la grâce du sacerdoce.
Et c’est à vous, mes chers amis, particulièrement, que je m’adresserai d’abord, ceux qui vont revêtir la soutane et j’insisterai particulièrement, non pas tellement sur le rôle que toute ordination – certes le revêtement de la soutane n’est pas une ordination, mais vous prépare aux ordinations et comme par conséquent, comme les ordinations vous préparent aussi à des tâches vis-à-vis du Corps mystique de Notre Seigneur, de son Église —, j’insisterai particulièrement – avec l’Église – par les prières que dans quelques instants l’évêque va réciter sur vous, au nom de l’Église, sur les dispositions intérieures que vous devez avoir pour recevoir les grâces qui vous sont données par le revêtement de la soutane.
On pourrait comparer la soutane – d’une certaine manière – à une clôture. Oui, vous allez vous clôturer ; vous allez en quelque sorte, vous retirer dans un ermitage. Votre âme désormais, sera séparée du monde, comme le disent les prières :
A mundi impedimento ac sæculari desiderio, vous allez être séparés du monde et des désirs de ce siècle.
(…) et ab omni cælitate spirituali et humana oculos, vous allez vous séparer de cet aveuglement que donnent les choses de ce monde.
L’aveuglement non seulement spirituel, mais même humain, dit la Sainte Église – humana – tant il est vrai que lorsque l’on n’a plus la lumière de Notre Seigneur Jésus-Christ, le monde – il s’agit du monde du péché, du monde soumis à Satan – eh bien on perd aussi le sens commun ; on perd l’intelligence toute simple, toute droite ; on perd par l’erreur la simple intelligence des choses réelles, de la Vérité.
Et dans les psaumes qui sont choisis à cette occasion, à l’occasion de cette cérémonie, il est dit aussi : Beatus qui non accepit in vano animam suam (Ps 23,4) : Qui n’a pas reçu en vain son âme. Quelle belle parole et quelle parole qui nous fait réfléchir. Avez-vous ou n’avez-vous pas reçu votre âme en vain.
Oh, je suis sûr que non. Et si vous êtes au séminaire, c’est précisément pour répondre à cette interrogation de Dieu et pour dire : Non, je ne veux pas avoir reçu mon âme en vain.
Et pourquoi cette séparation ? Pourquoi ce détachement du monde ? Pourquoi cet éloignement de tous les aveuglements du monde ? Pourquoi réfléchir sur la grandeur de votre âme et sur le grand don que le Bon Dieu vous a fait en vous donnant une âme ?
Eh bien, c’est pour recevoir la lumière : Et lumen eis æternæ gratiæ, vitæ æternæ. C’est encore ce que l’évêque demande pour vous. Que vous receviez la lumière de la grâce, de la vie éternelle.
Et cette lumière de la vie éternelle, que vous recevrez davantage parce que vous serez séparé du monde, par la soutane elle-même, par votre habit qui désormais vous sépare du monde, vous donne – encore une fois – une clôture. Il faudra que cette clôture soit pour vous l’occasion de recevoir cette lumière.
Que signifie cette lumière ? Eh bien ce sont les lumières des réalités éternelles, des vérités de toujours, des simples valeurs éternelles. Vous réfléchirez à ce qu’est l’éternité par rapport au temps. Vous réfléchirez à ce qu’est l’esprit par rapport à la matière. Vous réfléchirez en définitive à ce qu’est Dieu par rapport à vous-même.
Pauvre créature. À Celui qui est tout, comme disait si bien la grande sainte Thérèse d’Avila : « À Celui qui est tout et à celle qui n’est rien », comme elle disait. Et donc vous réfléchirez à Celui qui est votre tout et à ce que vous êtes, c’est-à-dire rien.
Parce que vous n’êtes qu’une créature et non seulement créature, mais aussi pécheur. Et alors vous réfléchirez au grand amour de Notre Seigneur Jésus-Christ pour vous ; cet amour immense qui vous prépare à la grâce du sacerdoce, grâce à sa Croix, grâce à son Sang qui vous a racheté et qui vous a été donnée par le baptême, par tous les sacrements que vous avez reçus, grâce immense.
Alors, dans la solitude de ce séminaire – et même je dirai au milieu du monde – étant séparé du monde vous réfléchirez à ces choses et la lumière descendra en vous.
Et cette lumière qu’est-elle sinon Notre Seigneur Jésus-Christ Lui-même : Ego sum lux mundi, dit Notre Seigneur Jésus-Christ. Il est la Lumière du monde ; Il est la Lumière qui illumine tout homme venant en ce monde. C’est saint Jean qui le dit dans le Prologue de son Évangile.
Et saint Grignion de Montfort, nous dit aussi ces paroles si simples, mais si suggestives : Qui scit Christum, celui qui connaît Notre Seigneur Jésus-Christ, omnia scit, Il sait tout, Etiam scisceterat nescit : Il sait tout, même s’il ne sait rien d’autre.
Par contre, dit-il : Qui nescit Christum, qui Christum nescit, celui qui ne connaît pas Notre Seigneur Jésus-Christ, omnia nescit, même s’il connaît les autres choses, ne sait rien, nihil scit. Etiam scisceterat nescit nihil scit, celui qui connaîtrait toutes les sciences du monde, qui connaîtrait tout ce que l’homme peut connaître ici-bas, ne saurait rien s’il ne connaît pas Notre Seigneur Jésus-Christ.
Vous, au contraire, vous vous attacherez à connaître Notre Seigneur Jésus-Christ, à L’aimer, à Le servir. Ce sera votre consolation, votre bonheur, votre joie. Et ainsi, comme le disent encore les prières du revêtement de la soutane : « Vous recevrez la part de votre héritage ».
Et vous réciterez, dans l’esprit dans lequel le bienheureux vieillard Siméon a reçu l’Enfant-Jésus des bras de la très Sainte Vierge, quand il a chanté son Nunc dimittis quia viderunt oculi mei salutare tuum : « Mes yeux ont vu notre salut. Mes yeux ont vu Jésus-Christ le salut du monde ». Alors il demande à Dieu de le prendre avec Lui, pour qu’il soit avec Jésus-Christ pour toujours, dans l’éternité. Eh bien, vous aussi, tout à l’heure vous réciterez et je suis sûr que vous le réciterez avec toute la ferveur de votre âme : Dominus pars hereditatis meæ : Seigneur soyez la part de mon héritage, et c’est vous qui m’avez restitué votre héritage. Tues qui restitues heridatem meam mihi. Vous réciterez ces paroles que l’évêque récite sur vous, au moment où il vous donne la tonsure.
Alors que Jésus soit vraiment la part de votre héritage et ainsi vous recevrez la couronne de cet héritage comme vous avez reçu aujourd’hui la couronne de la tonsure. C’est encore une parole que l’évêque prononce sur vous.
Voilà mes chers amis – en résumé – ce que l’Église vous demande ; ce sont les pensées de l’Église. Que vous soyez ainsi illuminés de la lumière de Notre Seigneur Jésus-Christ afin que vous puissiez, vous aussi, être les lumières du monde, comme Notre Seigneur.
Vos estis lux mundi. Comme Notre Seigneur a dit qu’il était la lumière du monde, Il vous a dit aussi, à vous, à travers les disciples dans le Sermon sur la montagne, Il vous a dit : Vos estis lux mundi : Vous êtes la lumière du monde.
Alors si vous recevez la lumière du monde, vous pourrez la donner ; si vous ne la recevez pas vous ne pourrez pas la donner.
Quant à vous, mes chers amis, qui allez recevoir l’ordre de Portier, vous répéterez simplement les paroles que l’évêque va vous dire dans quelques instants, en vous confiant les clefs, les clefs du temple de Dieu :
Sic agite, quasi reddituri Deo rationem pro iis rebus, quæ his clavibus reclunduntur.
Agissez de telle manière que vous puissiez recevoir un bon jugement de la part de Dieu, vis-à-vis de toutes les choses que renferment ces clefs. Voici ce que l’évêque vous dit :
Sic agi te, quasi rationem reddituri Deo pro iis quæ his clavibus recluduntur.
Alors, imaginez que dans ce temple se trouve Notre Seigneur Jésus-Christ Lui-même et toutes les choses qui servent à l’adoration, au culte de Notre Seigneur Jésus-Christ, au Saint Sacrifice de la messe.
Et l’Église vous demande alors d’avoir fidelissima cura, que vous ayez un soin très fidèle de tout ce que renferment ces clefs, les clefs du temple de Dieu.
Eh oui, ce n’est pas une petite chose que d’avoir le soin du temple de Dieu, où réside Notre Seigneur, le Dieu du Ciel et de la terre ; Celui qui nous a créés et nous a rachetés.
Alors soyez fidèles et si vous êtes fidèles, vous aurez aussi part à cet héritage que le Bon Dieu nous a promis.
Quant à vous, mes chers amis, qui allez recevoir l’ordre de Lecteur, l’Église vous encourage aussi à pratiquer la vertu d’une manière toute spéciale, parce que comme le disent si bien les prières et les avis que l’évêque vous donne à ce moment, pour enseigner le peuple fidèle, vous devez vous trouver dans un lieu élevé et prononcer distinctement et clairement les paroles de l’Évangile.
Alors, de même que vous êtes élevés pour diffuser la parole de l’Évangile, ainsi vous devez être élevés aussi, avoir une alto grado virtutis, vous êtes dans un haut degré de vertu. Et c’est encore l’Église qui vous dit : Quod agenda dicant, ceux qui disent qu’il faut faire, et dicta opere compleant, qu’ils le fassent aussi ; qu’ils ne disent pas seulement au peuple fidèle ; qu’ils ne prêchent pas seulement la vertu au peuple fidèle, mais qu’ils l’exercent eux-mêmes afin de montrer par leur exemple ce que doit être celui qui pratique la vertu.
Voilà ce que l’Église vous demande, mes chers amis. Et si vous faites cela, chers Lecteurs, eh bien vous aurez part à l’héritage, comme ceux qui vous ont précédés et qui ont déjà prêché la parole de l’Évangile dignement.
C’est ce que disent les paroles de l’évêque, lorsque vous recevrez le livre des Évangiles :
Partem cum iis, qui verbum Dei bene administraverunt ab initio.
Vous aurez la part avec ceux qui ont bien administré la parole de Dieu depuis le début des paroles de l’Évangile.
Voilà, mes chers amis, ce que l’Église vous promet ; ce que l’Église vous demande.
Et, comme vous l’avez remarqué, le vieillard Siméon a reçu Notre Seigneur Jésus-Christ et la Lumière, cette Lumière qui a illuminé ses yeux et illuminé son âme. Il l’a reçue des bras de la Vierge Marie. Alors c’est bien par Marie aussi que vous recevrez Jésus, que vous recevrez la lumière dont vous avez besoin.
Adressez-vous à Marie, allez à Marie, elle vous donnera Jésus, elle vous donnera cette lumière qui éclairera vos âmes. Et vous lui demanderez de vous aider à mieux comprendre le grand mystère de Notre Seigneur Jésus-Christ, comme elle l’a si bien compris et elle vous fera participer à l’amour qu’elle a en elle-même pour son divin Fils.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.