Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères,
Qu’elle est suggestive, qu’elle est belle, qu’elle est sublime la sainte Liturgie de l’Église !
Depuis Noël nous fêtons les manifestations de Notre Seigneur Jésus-Christ au monde, manifestations dans sa gloire et dans son humilité, dans sa grande charité pour nous. Manifestation aux bergers, manifestation aux Rois Mages, manifestation maintenant au vieillard Siméon. Et je dirai que, aujourd’hui, mes chers amis, vous qui allez revêtir dans quelques instants la soutane et recevoir la tonsure, le Bon Dieu se manifeste à vous aussi.
Manifestation de Notre Seigneur à chacun d’entre vous par ce passage de l’état de laïc à l’état de clerc. Ce n’est pas une petite chose. C’est une chose très importante.
L’Église, en effet, se définit comme une société visible, hiérarchique, composée de clercs et de laïcs. Et aujourd’hui vous allez passer de l’état de laïc à l’état de clerc. C’est-à-dire que désormais vous ferez partie de ceux auxquels le Bon Dieu, Notre Seigneur, veut par un appel tout spécial et par des grâces toutes particulières, vous faire participer déjà d’une certaine manière à son sacerdoce. C’est le premier pas que vous allez faire et qui est important.
Hélas aujourd’hui, ces belles cérémonies auxquelles nous assistons ont disparu. Car on se demande encore si dans l’église moderne, il y a une différence entre un laïc et un clerc.
Mais l’Église, dans sa belle tradition, dans sa foi, croit que Notre Seigneur a fondé son Église sur son Sacerdoce et a voulu faire partager à des hommes qu’il a choisis Lui-même, qu’il a voulu appeler, Il leur a donné des grâces de participation à son Sacerdoce.
Par la tonsure que vous allez recevoir, mes chers amis, vous êtes à la fois incardinés – c’est-à-dire inscrits, attachés – à une famille, à l’intérieur de l’Église. C’est en effet par la tonsure que l’on reçoit l’incardination. Et cette incardination est aussi très importante. Les juristes nous expliquent – les juristes qui commentent le Droit canon – nous disent que si cette incardination est nécessaire, c’est parce que l’ordination sacerdotale à laquelle prépare d’une manière lointaine la tonsure, n’est pas faite pour le sujet lui-même. Ce n’est pas un privilège personnel que vous allez recevoir, mais (cela) vous inscrit au service de l’Église.
Nous sommes destinés au service de l’Église et pour cela l’Église demande que le clerc soit rattaché soit à un diocèse, soit à une famille religieuse ou à une famille considérée comme une famille religieuse. Par conséquent, dès aujourd’hui, vous pourrez vraiment vous considérer comme rattachés d’une manière officielle, d’une manière publique, à la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X. La Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X qui a été reconnue par l’Église, publiquement, par des lettres patentes de la Congrégation du clergé, peut incardiner dans son sein des clercs qui désirent devenir prêtre. Et par conséquent, vous devenez membres d’une famille reconnue par l’Église.
Sans doute, les circonstances que vit l’Église et l’invasion dans l’Église des modernistes, ont voulu que nous soyons persécutés et qu’apparemment on nous enlève ce titre de reconnaissance qui nous avait été donné par Rome. Mais lorsque l’on connaît, et ceux qui nous ont persécuté et la manière dont on nous a persécuté, il est évident que cela ne vient pas de l’Esprit de Dieu. Que cette persécution vient de l’esprit diabolique, démoniaque, qui veut absolument supprimer dans l’Église toute sa Tradition, de telle sorte que l’Église commence à partir de Vatican II. Mais nous savons bien qu’il n’en est rien et que nous sommes par cette reconnaissance de l’Église, rattachés à l’Église de toujours.
Par conséquent, ayez cette conviction intime, que vous faites partie d’une famille. Et pourquoi faites-vous partie de cette famille ? Eh bien pour réaliser les buts de votre sacerdoce, les buts du sacerdoce vers lequel vous tendez, auquel vous aspirez. Et c’est saint Paul qui nous dit dans l’Épître aux Hébreux : Omnis nanique pontifex ex hominibus assumptus, pro hominibus constituitur in iis, quæ sunt ad Deum (He 5,1) : (…) pour les choses qui regardent Dieu, pour le culte de Dieu le prêtre est constitué. Il est fait pour les choses qui regardent Dieu, ut offerat dona, et sacrificia pro peccatis (He 5,1) : (…) pour qu’il offre des dons et des sacrifices pour la Rédemption des péchés.
Voilà le but, le vrai but vers lequel vous tendez. De même que l’homme se définit : Homo ad Deum ordinatur, dit saint Thomas : « L’homme est ordonné à Dieu ». De même tout le sacerdoce vous ordonne à Dieu et vous donne les grâces d’ordonner le peuple de Dieu à Dieu Lui-même et non pas d’une manière tout à fait étrange, le contraire de cette ordination qui est affirmée aujourd’hui : Dieu serait fait pour l’homme ; Dieu serait au service de l’homme et non plus l’homme au service de Dieu, renversant ainsi tout ce qui fait notre grandeur, tout ce qui fait notre beauté ; ce qui fait notre raison d’être et notre bonheur plus tard : d’être précisément destinés à Dieu, d’être faits pour Dieu, pour la gloire de Dieu, pour le service de Dieu, pour l’honneur de Dieu.
Alors soyez convaincus de ces choses, mes chers amis. Et saint Paul ajoute également que ceux qui sont appelés ne se choisissent pas eux-mêmes :
Nec quisquam sumit sibi honorent, sed qui vocatur a Deo, tamquam Aaron (He 5,4). « Alors, vous, vous serez appelé et c’est cet appel qui fait votre vocation ». Ce n’est pas tellement votre désir personnel. Votre désir personnel est comme une conséquence – je dirai – de l’appel de Dieu. Le Bon Dieu vous a appelé secrètement. Vous pouvez maintenant repasser votre histoire, l’histoire de votre vocation dans votre esprit et dans votre mémoire et vous verrez que c’est Dieu qui vous a appelé.
Et alors aujourd’hui, Il veut faire cet appel officiellement par l’Église. Et tout à l’heure – dans quelques instants – vous serez appelé. Et vous allez répondre à cet appel : ad sum : « Je suis présent ». Oui, je veux me donner à Dieu, à Jésus-Christ. Je veux m’attacher à Notre Seigneur Jésus-Christ ; je veux Le servir.
Cette parole – je dirai – ressemble un peu à cette parole que la très Sainte Vierge a dite elle-même lorsque l’ange lui a proposé de devenir la Mère de Dieu. Elle a dit son Fiat. Et ce matin, vous allez dire aussi, vous, votre Fiat.
Alors, mes chers amis, soyez fidèles. Sans doute il peut y avoir des circonstances qui ne dépendent pas de votre volonté, des indications de la Providence qui vous montreraient que telle n’est pas votre vocation plus tard ; cela est toujours possible. Mais de votre part ; que vous ayez ce désir ferme d’être fidèle à votre vocation, à l’appel de l’Église, fidèle à votre réponse ; que vous soyez toujours dans ces dispositions où vous êtes maintenant, pour répondre ad sum : Je suis présent ; je veux être fidèle à mon engagement
Je pense qu’il est vraiment très grave, particulièrement pour des membres de la Fraternité qui ont déjà reçu la grâce du sacerdoce, de quitter la Fraternité.
Nous avons, hélas, éprouvé cette douleur ces jours derniers. Et nous sommes vraiment dans la tristesse pour eux, parce qu’ils sont maintenant – je dirai – sans père, sans mère, orphelins, abandonnés, laissés à eux-mêmes, n’étant comme plus membres de l’Église, perdus, comme le dit le Droit canon qui interdit justement à tout clerc, d’être vagus, vagus ! sans plus aucun lien à quoi que ce soit. Est-ce là l’état de ceux qui se sont engagés vraiment, d’une manière solennelle, plusieurs fois, qui ont promis obéissance, qui ont promis d’être fidèles à Notre Seigneur Jésus-Christ. Non vraiment ! Nous prions pour eux. Nous demandons au Bon Dieu de les éclairer afin qu’ils reviennent au bercail, qu’ils reviennent dans la famille.
Alors, prenez cette résolution, mes chers amis, d’être fidèles, d’être loyaux. C’est de la déloyauté que de promettre d’être fidèle, tout en sachant dans le fond de son cœur, qu’on ne le désire pas et que l’on n’en a pas la véritable intention. Ce serait d’une déloyauté incroyable, invraisemblable pour un chrétien, pour un clerc, inimaginable et qui le met devant Dieu, dans un état grave, inconcevable, que l’on puisse demander à l’Église d’être prêtre, avec l’intention de quitter la famille au moment même où l’on reçoit le sacerdoce.
Soyons donc fidèles et particulièrement, mes chers amis, en ces temps. La famille que nous sommes qui a été voulue par l’Église, qui a été voulue par la Providence, a besoin plus que jamais, d’être unie, d’être forte. Les assauts du démon aujourd’hui, se manifestent d’une manière évidente, contre l’Église, contre la fidélité à la Tradition. Vous suivez cela vous-mêmes, vous le savez bien.
Et vous, mes bien chers frères aussi, vous êtes conscients de la situation dans laquelle se trouve l’Église aujourd’hui. Je dirai que l’Église traditionnelle a été mise au tombeau ; mise au tombeau par les modernistes, parce qu’ils ne veulent plus de cette Église traditionnelle.
Même le cardinal Ratzinger, dans son rapport, a dit : Il n’est plus question de revenir au passé. Le passé c’est fini. Nous devons en être au présent.
Eh bien non ! Le passé de l’Église ne peut pas être fini. Si le passé de l’Église est fini, le présent est fini aussi et le futur est fini. Parce que l’Église est une Tradition.
Comme le disait si bien le pape Pie X : Le vrai catholique est traditionaliste. On ne peut pas être vraiment catholique, si l’on n’est pas traditionaliste. Parce que d’âge en âge, l’Église a transmis la Tradition de Notre Seigneur Jésus-Christ, de tout ce qu’a fait Notre Seigneur Jésus-Christ : son enseignement, ses institutions, son Église, son Sacerdoce, ses sacrements. On ne peut pas rompre avec une pareille tradition sans abandonner sa foi.
Alors au moment où nous constatons d’une manière incroyable, qui est mystérieuse – que nous ne pouvons pas comprendre – un vrai mystère, comment l’Église peut-elle – oh non, ce n’est pas l’Église ! – ceux qui occupent l’Église, je dirai, peuvent essayer d’entraîner l’Église dans leur modernisme, dans leurs erreurs, chassant en quelque sorte Notre Seigneur Jésus-Christ et sa Sainte Mère de l’Église ellemême…
Car nous avons pu constater que pendant ce dernier synode, les résolutions qui ont été prises sont celles de continuer, continuer dans l’esprit du concile. C’est-à-dire continuer les réformes, continuer la destruction de l’Église, continuer dans ces erreurs graves, qui sont absolument contraires à la foi catholique, dans la liberté religieuse qui nous vient des constitutions des Droits de l’homme, qui nous viennent des loges maçonniques ; l’œcuménisme qui est aussi une espèce d’égalité de toutes les religions. Nous avons hélas, vu ces derniers jours, dans les journaux, cette annonce faite par Jean-Paul II, à Saint-Paul-hors-les-murs, une annonce qui nous a bouleversé : « Congrès des religions à Assise, pour le mois d’octobre », convoqué par le pape, par le chef de l’Église catholique : Congrès des religions. Mais y a‑t-il des religions ? Moi, je ne connais qu’une religion. Je connais une religion vraie et des fausses religions. Mais je ne connais pas des religions ! Quel Dieu vont-ils invoquer ? dans ce temple catholique d’Assise, de saint François d’Assise ! Lui qui a été gratifié par Notre Seigneur, des stigmates, qui a été uni à Notre Seigneur Jésus-Christ comme peut-être rarement des saints ont été unis à Notre Seigneur. Est-il possible que dans un temple franciscain on adore un autre dieu que Jésus-Christ ? Car quel dieu vont-ils invoquer ? Le dieu des bouddhistes, le dieu des païens, le dieu des musulmans, le dieu des juifs ? Quel dieu ? Dites-moi ! Je pense que le seul dénominateur commun qu’ils peuvent trouver, c’est le « Grand Architecte ». Le grand Architecte maçonnique, une idée maçonnique ! Ce n’est pas possible autrement. Qui vont-ils invoquer ? Quel est ce dieu qui est le dieu de toutes les religions ? Ce n’est pas Notre Seigneur Jésus-Christ, car la plupart de ces religions, ou ignorent Notre Seigneur Jésus-Christ, ou sont contre Notre Seigneur Jésus-Christ, comme les juifs, comme les musulmans. Nous assistons à des choses stupéfiantes, que l’on n’aurait jamais pu imaginer, qui ont été condamnées par les papes.
Il y a eu des essais de congrès des religions déjà dans l’année 1900, au moment de l’Exposition de Paris, en France, des évêques avaient préconisé de faire un Congrès des religions, qui a été interdit, par le pape Léon XIII.
Et en 1893, il y a eu aussi un Congrès des religions à Chicago, en Amérique, qui a été également réprimandé. La présence des catholiques a été réprimandée par le pape Léon XIII.
Alors devant ce mystère, mystère de la ruine de l’Église, de la ruine de la foi, mes bien chers frères, c’est triste à dire, que les autorités les plus hautes dans l’Église et que les évêques eux-mêmes sont les instruments de la destruction de la foi de l’Église.
Alors devant ce spectacle, dont nous sommes témoins, dont nous ne sommes pas la cause bien sûr, que faire ? Sinon justement, résister aux assauts du démon. Et comment résister si nous avons des dissensions à l’intérieur de nos propres familles catholiques ?
Il nous faut plus que jamais, cette union autour de la Croix de Jésus, avec la très Sainte Vierge Marie, professant notre foi, dans la royauté universelle de Notre Seigneur Jésus-Christ : Jesus Christus heri hodie et in sæcula : Jésus-Christ hier, aujourd’hui et dans tous les siècles.
C’est Lui notre Dieu. Nous le chantons, nous l’avons chanté pendant toute cette cérémonie. Nous continuerons à Le chanter pendant toute cette grand-messe. Nous Le vénérons ; nous L’adorons comme la très Sainte Vierge Marie, comme le vieillard Siméon, comme les Rois Mages, comme les bergers de Bethléem, nous nous inclinons ; nous nous prosternons, nous adorons Notre Seigneur Jésus-Christ.
Alors prenons la résolution, mes chers amis, d’être fidèles à ces engagements qui sont comme les compléments des engagements de notre baptême, dans lesquels déjà, nous avons promis de renoncer à Satan, à ses pompes et à ses œuvres et de nous attacher à Notre Seigneur Jésus-Christ pour toujours.
Et aujourd’hui, par la démarche que vous faites, publique – et par la réponse à l’appel de l’Église – manifestant ainsi votre vocation, soyez fidèles à votre engagement et ce sera votre joie, ce sera votre consolation. Comme il est bon d’être fidèle !
Vous entendrez alors un jour, comme le Bon Dieu l’a dit et comme le dit notre bréviaire : Euge serve bone, et fidelis quia super pauca (Mt 25,21) fuisti fidelis, super multate constituam, intra gaudium domini tui : Bienheureux le serviteur fidèle. Parce que vous avez été fidèle sur peu de chose, venez et régnez dans les Cieux sur beaucoup de choses, sur de grandes choses.
Voilà, mes chers amis, ce que je vous souhaite, ce que je souhaite pour vous, pour votre bonheur, pour votre consolation, pour votre sanctification et aussi pour le bien de tous les fidèles qui vous entourent.
Voyez-vous, partout, on nous supplie d’envoyer des prêtres, des prêtres fidèles, des prêtres catholiques. Que faire ? Nous ne pouvons pas aller plus vite que la Providence, mais enfin, nous nous félicitons, cette année est une année remarquable par son nombre, puisque vous venez tellement nombreux qu’Écône est rempli et qu’il va falloir prendre des décisions pour dédoubler Écône. N’estce pas là un signe que le Bon Dieu bénit notre œuvre et a besoin que des prêtres se multiplient ?
Demandons à la très Sainte Vierge, notre Reine, notre Mère, la Patronne de cette maison, que la très Sainte Vierge vous bénisse et qu’elle fasse de vous plus tard de bons et saints Prêtres.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.