Mes bien chères sœurs,
Mes bien chers frères
C’est toujours avec une grande satisfaction et une grande joie que nous assistons au renouvellement de votre oblation et nous ne pouvons pas nous empêcher d’être unis à toutes les autres oblates qui se trouvent soit en France, soit en Angleterre, soit en Allemagne, soit à Weissbad, unis à toutes ces sœurs qui renouvellent aujourd’hui aussi leur oblation. Nous prenons garde également de ne pas oublier notre chère sœur Marie-Bernard, qui certainement aujourd’hui est particulièrement présente parmi nous et qui est désormais votre protectrice au Ciel. Et nous lui demandons, à elle et bien sûr, tout particulièrement, à Notre Dame de Compassion d’essayer de bien comprendre quelle est la vocation de la sœur oblate.
Venues, du moins pour la majorité, venues de diverses Congrégations, vous avez certainement souffert de quitter votre famille religieuse. Vous étiez attachées à ces familles dans lesquelles vous avaient déjà fait des vœux, attachées à toutes les sœurs qui en faisaient partie et particulièrement à celles qui représentaient le Bon Dieu parmi elles, les autorités, les supérieures.
Comment expliquer que vous n’avez pas pu rester dans ces familles ? Eh bien, vous le savez mieux que nous. Car, si un jour, vous avez pris la décision d’abandonner cette famille qui vous était très chère, c’est parce que cette famille vous avait quittée en quelque sorte. Elle vous avait quittée, parce qu’elle ne suivait plus les bonnes traditions de ces familles religieuses et de leurs fondatrices. Elle ne suivait plus les Constitutions qui avaient été les vôtres ; elle en avait changé. Et par conséquent, vous aviez l’impression de devenir presque étrangère dans cette famille.
Et je pense que c’est là une grâce que le Bon Dieu vous a fait ; c’est même certainement une grâce que le Bon Dieu vous a fait. Une grâce de comprendre qu’avant l’organisation temporelle d’une congrégation religieuse, ce qui importe, c’est de s’attacher à Notre Seigneur Jésus-Christ. C’est cela qui compte dans la vie religieuse. C’est cela qui compte dans la vie sacerdotale, dans tout vie consacré à Dieu, on s’attache à Notre Seigneur Jésus-Christ.
Et voyant qu’au lieu de s’attacher toujours davantage à Notre Seigneur, malheureusement beaucoup de religieuses s’attachaient davantage aux vanités de ce monde, vous avez craint pour votre vie religieuse et peut-être même pour votre vie chrétienne tout simplement, pour votre salut, pour le salut de votre âme.
Et alors vous avez pris la décision de venir dans cette maison, de venir vous attacher à la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, afin d’y retrouver et d’y conserver cet attachement à Notre Seigneur Jésus-Christ.
Et j’espère que vous l’avez trouvé ; j’espère que dans toutes nos maisons, les religieuses qui se dévouent pour l’œuvre sacerdotale qui s’accomplit dans la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, j’espère que les religieuses et les oblates trouvent Notre Seigneur Jésus-Christ.
Et pourquoi Notre Dame de Compassion a‑t-elle été choisie particulièrement pour votre patronne ? Eh bien, précisément pour ces deux raisons.
D’une part la dégradation de nos familles religieuses qui doit être une cause – ou qui du moins – qui a été une cause de douleur immense pour Notre Seigneur et pour la très Sainte Vierge Marie. Ils ont partagé ensemble cette douleur de voir que tant et tant d’âmes se détachaient de Notre Seigneur ; se détachaient de Dieu. Et c’est pour cette raison qu’ils ont souffert ; qu’ils ont voulu – en quelque sorte – compenser par leurs souffrances cette insulte et ce sacrilège qui étaient accomplis envers Dieu. C’est donc l’une des raisons pour que vous ayez comme Patronne Notre Dame de Compassion.
Plus que jamais aujourd’hui, vous devez vous unir aux douleurs de la Vierge Marie. Si Notre Seigneur a voulu que sa mère souffrit – et d’une manière exceptionnelle – et qu’elle s’unisse à ses propres douleurs, ce n’est pas pour rien. C’est bien pour qu’elle puisse participer à sa Rédemption d’une manière beaucoup plus intime que n’importe quelle autre créature.
Et si ces douleurs ont eu lieu tout au cours de la vie de Marie – car enfin c’est cette douleur, vous la connaissez – ce sont : la prophétie de Siméon qui lui annonçait qu’un glaive transpercerait son cœur ; et puis ce fut la fuite en Égypte et puis ce fut l’absence de Notre Seigneur au cours d’un pèlerinage à Jérusalem. Enfin ce fut la rencontre de la très Sainte Vierge et de Notre Seigneur sur le chemin du Calvaire. Quatrième douleur, cinquième douleur pour la très Sainte Vierge Marie : la crucifixion de Notre Seigneur. Sixième douleur la descente de la Croix. Septième douleur enfin la sépulture de Notre Seigneur.
Ces sept douleurs que le Bon Dieu a voulu que la très Sainte Vierge sentit d’une manière cruelle dans son âme, cruelle dans son corps, nous invitent à nous unir à la très Sainte Vierge Marie.
Et nous pouvons constater que cette dévotion à Notre Dame des Sept Douleurs n’est pas une dévotion récente. C’est une dévotion ancienne ; une dévotion qui a toujours existé dans la Sainte Église.
Et nos belles cathédrales ou nos belles églises, rappellent souvent les souffrances de Marie, par ces Pieta que nous trouvons souvent à l’entrée de nos églises. Ces Pieta, ces statues qui étaient vénérées d’une manière toute particulière par les fidèles qui s’unissaient précisément à la douleur de Marie et qui, par le fait même, étaient invités à regretter leurs péchés et à réparer pour les péchés des autres, en acceptant les douleurs, les sacrifices, les épreuves que le Bon Dieu allait leur envoyer.
C’est donc pour cette raison que Notre Dame de Compassion a été choisie. Car plus que jamais il y a des abandons, des abandons sacrilèges, des abandons douloureux de Notre Seigneur et particulièrement par les âmes consacrées à Dieu.
C’est pourquoi nous vous invitons vivement à offrir vos petites épreuves, vos sacrifices, vos difficultés, toutes les douleurs que le Bon Dieu peut permettre que vous souffriez et que vous ayez en union avec les douleurs de la très Sainte Vierge Marie, afin de réparer pour tous ces sacrilèges.
Et puis, nous demanderons aussi – et nous savons bien que vous le faites et nous vous remercions de le faire – étant vous ici, particulièrement dans ce séminaire, où se préparent le plus grand nombre des vocations sacerdotales de notre Fraternité, nous demandons que vous vous associez d’une manière toute particulière à la formation de ces futurs prêtres et que vous priez pour eux afin que là où abondait le délit – d’une certaine manière – dans les milieux sacerdotaux, abonde la grâce, la grâce de saints prêtres, dont le monde a tant besoin ; que le monde attend avec impatience.
Et alors vous pourrez avoir cette satisfaction et cette consolation de penser que par vos prières, par vos sacrifices, par l’activité que vous menez chaque jour, vous aurez contribué à la formation de ces prêtres et par le fait même à toutes les grâces qu’ils recevront et à toutes les grâces qu’ils distribueront à tous ceux qui leur seront confiés.
Que cela soit pour vous une grande consolation, une grande joie et un motif de plus pour persévérer dans votre vocation et de rendre grâces à Dieu. Soyez donc dévouées à la très Sainte Vierge Marie. Unissez-vous à ses souffrances et je suis persuadé qu’en faisant votre oblation comme vous allez le faire dans quelques instants, le Bon Dieu vous accordera toutes les grâces dont vous avez besoin pour persévérer saintement dans votre vie religieuse.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.