Rosa Mystica, victime de son succès
La prière de tous les volontaires avant l’éclatement du groupe dans toutes les Philippines
La mission Rosa Mystica a rassemblé exactement 162 volontaires. Tel est le nombre de diplômes décernés à tous ceux qui ont participé à la fois par leur temps et leur argent au service des plus pauvres.
Notons la présence de 39 Français, un séminariste allemand, un séminariste américain, trois jeunes filles venant de la Suisse, trois Coréens, deux Canadiens. Dix médecins ont participé à la mission. Trois dentistes de l’armée Philippine sont venus en renfort. Les pharmaciens étaient au nombre de cinq, dont une Philippine qui assurait les approvisionnements en médicaments. L’encadrement spirituel était assuré par les abbés Castel et Marcille pour la France ; l’abbé Ghela pour les Philippines et un groupe de neuf religieuses et novices béthaniennes le tout sous la houlette de l’abbé Couture, Supérieur du district d’Asie de la Fraternité Saint-Pie X.
L’essentiel de l’organisation avait été élaboré par AcimAsia et les quatre volontaires français déjà en activité à la permanence de General Santos.
Les volontaires français offrent un concert de chants à leurs hôtes philippins. |
Le nombre considérable de volontaires rendait impossible une seule implantation. En relation avec AcimFrance il a été décidé de répartir la mission sur trois sites. Le pivot de l’ensemble s’est situé comme l’an dernier à Sampaloc-Tanay, province de Rizal à 70 kilomètres de Manille.
La mission était installée comme l’année précédente autour et dans l’église Sainte-Philomène construite par la Fraternité Saint-Pie X. L’église a servi à la fois de salle d’attente et de catéchisme. Nous avons pu ainsi revoir un certain nombre de nos patients dont l’état de santé s’était amélioré de manière substantielle ; notamment grâce à une mission intermédiaire diligentée en début d’année. La continuité des soins avait été assurée aussi en ce qui concerne les malades chroniques (essentiellement tuberculeux) par un médecin bénévole de la région.
De Sampaloc sont parties deux missions éclair ; l’une vers « Tent village », un village de tentes où vivent dans des conditions effroyables les rescapés du Typhon Ondoye qui a sévi en janvier dernier. L’autre vers Theresa, un village ravagé par le typhon Ketsana qui avait fait un millier de victimes à Manille en décembre dernier.
La deuxième colonne a été dirigée en avion vers Général Santos au siège social de l’association. Elle était essentiellement humanitaire, la partie médicale étant assurée toute l’année par des volontaires philippins et français. Elle a comporté la visite des hôpitaux apportant un réconfort matériel et spirituel aux mourants. Puis la visite de la prison de femmes.
Les internés doivent continuer à assurer comme ils le peuvent la subsistance de leurs familles. D’où l’idée d’AcimAsia de leur apprendre à faire du savon –denrée rare et onéreuse- ainsi qu’un onguent décontracturant et cicatrisant. L’abbé Couture est intervenu dans la prison des hommes pour faire une conférence sur le Saint Suaire et aussi pour apprendre aux prisonniers à faire des chapelets achetés séance tenante par l’association.
L’an dernier s’étaient élaborés de liens entre Sœur Eva Mamoon, sœur du gouverneur de l’île de Leyte, dépendant de l’Ordre de Saint-Paul-de-Chartres, sorte de mère Theresa connue pour avoir monté un hôpital gratuit pour les indigents de Manille et avoir réussi la réimplantation des pygmées chassés par l’éruption du Pinatubo en 1991 survenue dans la principale île, Luzon, où se situe Manille la capitale du pays.
Le troisième groupe des volontaires, parti en avion, soignera d’abord à Leyte, puis dans trois villages voisins Tacloban, Sogod et Maasin. Il devra s’arrêter faute de médicaments. Le retour se fera vers Sampaloc, puis l’expédition remontera vers le village de Zambalès où la sœur Eva a installé la zone refuge des pygmées. Une des communautés visitée est formée de 300 aborigènes : 159 d’entre eux étaient malades.
Le docteur Emeline de la Robertie restera |
L’an dernier Corie pesait 17 kg. Aujourd’hui, elle en pèse 25 et elle est sortie de son fauteuil. |
La mission s’est terminée le 6 août, après douze jours d’un travail incessant. Un groupe de volontaires sous la direction médicale d’Emeline de la Robertie restera une dizaine de jours pour assurer sur place la continuité des soins.
La mission a considérablement amélioré la qualité des diagnostics et des soins grâce à l’achat par l’ACIM d’un électrocardiogramme ; et aussi l’aide d’un laboratoire et d’une radiographie mobile. La détection du diabète a été systématique chez tous les adultes. Jamais la pathologie détectée n’a été aussi lourde. Ostéomyélites, tuberculoses, goitres monstrueux, malformations, séquelles gravissimes de poliomyélites, tumeurs cancéreuses.
L’abbbé Couture et la prieure des Béthaniennes, soeur Maria de la Conception. |
Les Impressionnantes pluies de la mousson nous forcent plusieurs fois à évacuer. |
Retour chaotique au « camp de base » où 19 d’entre nous dormaient à même le sol dans un grand dortoir… |
Les conditions de vie des volontaires ont été particulièrement difficiles. Ainsi 19 d’entre elles dormaient à même le sol dans un grand dortoir. Le choix d’une nourriture réduite au minimum en qualité avait été fait afin de pouvoir acheter le plus de médicaments possible. Par ailleurs la moitié des volontaires sont tombés malades (syndromes grippaux, diarrhées, amibiases). Une femme médecin américaine, l’abbé Couture, un frère et Chantal ont même du être hospitalisés. Ces maladies s’expliquant par les variations brutales de température liées à la mousson.
Sur l’ensemble de la mission près de 6.000 actes médicaux ont été effectués ; non compris les consultations réitérées justifiées par l’obtention de résultats para-cliniques, ainsi que les soins donnés après le 6 août.
Répétition de chant chez les soeurs Béthaniennes. | Temps de réflexion : Hugues Martin et l’abbé Couture. |
Par ailleurs les prêtres et les religieuses ont fait un extraordinaire travail d’apostolat : baptêmes, messes de funérailles, distributions de chapelets, impositions de scapulaires, leçons de catéchisme, extrême-onction, bénédictions des maisons. Travail discret mais efficace qui se traduit indiscutablement par l’augmentation de la ferveur et du nombre des fidèles, là où existent des lieux de culte traditionnels.
Magali, un personnage clé de la Mission 2010. | Consolation après une narine recousue.… |
Il reste chaud au cœur de chacun d’entre nous, l’accueil des plus pauvres d’entre les pauvres dont la gentillesse et le sourire sont en permanence un encouragement. Mais conjointement, il nous reste un sentiment de tristesse. Nos missions, surtout là où nous sommes déjà venus sont victimes de leurs succès.
Et, c’est le cœur broyé que pour la première fois en quatre ans nous avons du interrompre les soins faute de temps et d’argent. Et renvoyer chez eux de pauvres gens qui avaient parfois marché trois heures sous un véritable déluge pour quémander une rapide consultation et recevoir en catastrophe des comprimés leur permettant de se soigner pendant quelques jours.
Bien sûr, nous reviendrons si Dieu le veut.
Dr Jean-Pierre Dickès, responsable médical de Rosa Mystica IV
Photos et textes envoyés par Messieurs les abbés Daniel Couture et François Castel et
tous les volontaires qui saluent bien les lecteurs de La Porte Latine
Pour aider la Mission Acim Asia 2010 et préparer celle de 2011…
Les dons pour ACIM ASIA doivent être envoyés au : Dr Jean-Pierre Dickès Il est rappelé que la totalité des dons est envoyé à la mission sans prélèvement de quelque nature que ce soit. D’autant qu’ACIM France prend en charge intégralement le fonctionnement |