Abécédaire de l’Église synodale

Jargon | Confusion | Révolution

Le pape François a convo­qué un synode sur la syno­da­li­té dont la pre­mière ses­sion s’ouvre à Rome en ce mois d’octobre. Pour le pré­pa­rer, le Vatican a publié très offi­ciel­le­ment un Instrumentum Laboris[1] qui regroupe les ques­tions sur les­quelles les évêques devront s’interroger. Le « cau­che­mar mal­sain »[2] continue.

Ce petit abé­cé­daire ne fait que citer le docu­ment offi­ciel du Vatican auquel les indi­ca­tions de pages ren­voient, sans aucune pré­ten­tion d’exhaustivité. Sans doute des lec­teurs sou­cieux d’un écrire ensemble dans un style syno­dal sauront-​ils pro­po­ser des entrées sup­plé­men­taires en esprit de coresponsabilité …

Charabia

Ouvrir l’IL à n’importe quelle page. Pour exemple :

« La com­mu­nion à laquelle l’Église est appe­lée est une rela­tion dyna­mique d’échange de dons, témoi­gnant d’une uni­té trans­cen­dante dans la diver­si­té » (p. 35).

Colonialisme et Néocolonialisme

« Comment abor­der de manière franche, pro­phé­tique et construc­tive les rela­tions entre la culture occi­den­tale et les autres cultures, y com­pris au sein de l’Église, en évi­tant les formes de néo­co­lo­nia­lisme ? » (p. 40).

« Une clé de l’op­po­si­tion pro­phé­tique aux colo­nia­lismes nou­veaux et des­truc­teurs est l’ou­ver­ture de lieux de ser­vice gra­tuit, ins­pi­rés par l’i­mi­ta­tion du Christ, qui est venu non pas pour être ser­vi mais pour ser­vir (cf. Mc 10,45) » (p. 41).

Constitution de l’Église

« La syno­da­li­té se révèle être une dimen­sion consti­tu­tive de l’Église depuis ses ori­gines, même si elle est encore en voie de concré­ti­sa­tion » (p. 14).

« Les dimen­sions syno­dales et hié­rar­chiques, toutes deux consti­tu­tives de l’Église » (p. 53).

« Comment l’instance conti­nen­tale peut-​elle être inté­grée au droit cano­nique ? » (p. 58).

Décision

Voir Processus déci­sion­nel partagé

Déficience mentale, premier obstacle à la synodalité

« Quels sont les obs­tacles (men­taux, théo­lo­giques, pra­tiques, orga­ni­sa­tion­nels, finan­ciers, cultu­rels) qui s’opposent à la trans­for­ma­tion des organes par­ti­ci­pa­tifs actuel­le­ment pré­vus par le droit cano­nique en organes de dis­cer­ne­ment en com­mun effec­tifs ? » (p. 56).

Divorcés-​remariés

Voir LGBTQ+, Polygamie

Évêques (l’exercice de leur ministère)

« Les évêques devraient-​ils dis­cer­ner ensemble ou sépa­ré­ment des autres membres du peuple de Dieu ? Les deux options (ensemble et sépa­ré­ment) ont-​elles leur place dans une Église syno­dale ? » (p. 50).

Évêques (leur nomination)

« C’est pour­quoi une for­ma­tion spé­ci­fique à ces com­pé­tences[3] est néces­saire pour celles et ceux qui occupent des postes de res­pon­sa­bi­li­té et d’au­to­ri­té est sou­li­gnée[4], ain­si que la mise en œuvre de pro­cé­dures de sélec­tion plus par­ti­ci­pa­tives, en par­ti­cu­lier en ce qui concerne les nomi­na­tions d’évêques » (p. 51).

« Comment révi­ser le pro­fil de l’é­vêque et le pro­ces­sus de dis­cer­ne­ment pour iden­ti­fier les can­di­dats à l’é­pis­co­pat dans une pers­pec­tive syno­dale ? » (p. 50).

Femmes

« Des réponses concrètes doivent être éla­bo­rées ensemble pour une plus grande recon­nais­sance de la digni­té bap­tis­male des femmes et pour la lutte contre toutes les formes de dis­cri­mi­na­tion et d’ex­clu­sion dont elles sont vic­times dans la com­mu­nau­té ecclé­siale et dans la socié­té » (p. 45).

« Toutes les assem­blées conti­nen­tales appellent à abor­der la ques­tion de la par­ti­ci­pa­tion des femmes à la gou­ver­nance, à la prise de déci­sion, à la mis­sion et aux minis­tères à tous les niveaux de l’Église, avec le sou­tien de struc­tures appro­priées afin que cela ne reste pas une simple aspi­ra­tion géné­rale » (p. 46).

« La plu­part des Assemblées conti­nen­tales ain­si que les syn­thèses de nom­breuses Conférences épis­co­pales demandent que la ques­tion de l’ac­cès des femmes au dia­co­nat soit réexa­mi­née. Peut-​on l’en­vi­sa­ger et com­ment ? » (p. 46).

Inclusion

« Que devons-​nous faire pour impli­quer [les pauvres] de plus en plus dans notre che­mi­ne­ment ensemble, en lais­sant leur voix remettre en ques­tion notre façon de faire lorsqu’elle n’est pas assez inclu­sive ? » (p. 32).

« Il s’agit d’un besoin pro­fond d’imiter le Maître et le Seigneur éga­le­ment dans la capa­ci­té de vivre un para­doxe appa­rent : ‘pro­cla­mer avec audace son ensei­gne­ment authen­tique tout en offrant un témoi­gnage d’inclusion et d’acceptation radi­cales’ » (p. 33).

LGBTQ+

« Quelles mesures concrètes sont néces­saires pour atteindre les per­sonnes qui se sentent exclues de l’Église en rai­son de leur affec­ti­vi­té et de leur sexua­li­té (par exemple, les divor­cés rema­riés, les per­sonnes vivant dans des mariages poly­games, les per­sonnes LGBTQ+, etc) » (p. 33). Voir Divorcés-​remariés, Polygamie

Lieux théologiques

« Les ques­tions posées par l’IL expriment la richesse du pro­ces­sus dont elles sont issues : elles sont char­gées des noms et des visages des par­ti­ci­pants et par­ti­ci­pantes, elles témoignent de l’ex­pé­rience de foi du Peuple de Dieu et portent ain­si l’empreinte d’une signi­fi­ca­tion trans­cen­dante » (p. 8).

« De la pre­mière phase émerge la conscience de la néces­si­té de prendre l’Église locale comme point de réfé­rence pri­vi­lé­gié, comme lieu théo­lo­gique où les bap­ti­sés font concrè­te­ment l’ex­pé­rience de mar­cher ensemble » (p. 8).

Migrants

« Les mou­ve­ments migra­toires sont un signe de notre temps et les « migrants sont un ‘para­digme’ capable d’illuminer notre temps » » (p. 31).

« L’accueil des migrants devient-​il une occa­sion de che­mi­ner avec des per­sonnes d’une autre culture, sur­tout lorsque nous par­ta­geons la même foi ? » (p. 32).

Ministères (nouveaux)

« L’expérience de che­mi­ner ensemble dans l’Église locale per­met d’imaginer de nou­veaux minis­tères au ser­vice d’une Église synodale ».

« Grandir en tant qu’Église syno­dale implique un enga­ge­ment à dis­cer­ner ensemble quels minis­tères doivent être créés ou pro­mus à la lumière des signes des temps, comme une réponse au ser­vice du monde » (p. 44).

« Comment pro­mou­voir le minis­tère d’animateur des pro­ces­sus de dis­cer­ne­ment en com­mun, en veillant à ce que ceux qui l’exercent reçoivent une for­ma­tion et un accom­pa­gne­ment adé­quats ? » (p. 54).

Ministère ordonné

« Il y a un appel clair à dépas­ser une vision qui réserve aux seuls ministres ordon­nés (évêques, pres­bytres, diacres) toute fonc­tion active dans l’Église, rédui­sant la par­ti­ci­pa­tion des bap­ti­sés à une col­la­bo­ra­tion subor­don­née » (p. 43).

« Quels sont les che­mins de for­ma­tion à mettre en œuvre pour favo­ri­ser dans l’Église une com­pré­hen­sion de la minis­té­ria­li­té qui ne se réduise pas au minis­tère ordon­né ? » (p. 44).

« [Les Assemblées conti­nen­tales] notent l’inquiétude géné­ra­li­sée face à un exer­cice du minis­tère ordon­né qui n’est pas adap­té aux défis de notre temps, loin de la vie et des besoins du peuple, sou­vent confi­né à la seule sphère liturgico-​sacramentelle » (p. 47). Voir sémi­naire, Ordination des hommes mariés.

Œcuménisme

« La syno­da­li­té et l’œ­cu­mé­nisme sont deux che­mins à par­cou­rir ensemble, avec un objec­tif com­mun : un meilleur témoi­gnage chré­tien. Celui-​ci peut prendre la forme d’une vie com­mune dans un « œcu­mé­nisme de la vie » à dif­fé­rents niveaux, y com­pris les mariages inter­con­fes­sion­nels, mais aus­si de l’acte suprême de don­ner sa vie en témoi­gnage de la foi au Christ dans l’œ­cu­mé­nisme du mar­tyre » (p. 37).

« Comment la devise œcu­mé­nique du pape François « Marcher ensemble, tra­vailler ensemble, prier ensemble[5] » peut-​elle ins­pi­rer un enga­ge­ment renou­ve­lé en faveur de l’unité des chré­tiens de manière syno­dale ? » (p. 38).

Ordination des hommes mariés

« Est-​il pos­sible, comme le pro­posent cer­tains conti­nents, d’ouvrir une réflexion sur la pos­si­bi­li­té de revoir, au moins dans cer­tains domaines, la dis­ci­pline sur l’accès au pres­by­té­rat d’hommes mariés ? » (p. 48).

Peuple de Dieu, premier sujet du gouvernement de l’Église synodale

« Le pro­ces­sus syno­dal peut deve­nir « un dyna­misme de com­mu­nion qui ins­pire toutes les déci­sions ecclé­siales », parce qu’il implique réel­le­ment tous les sujets – le Peuple de Dieu, le Collège des évêques, l’évêque de Rome – cha­cun selon sa fonc­tion » (p. 57).

Polygamie

Voir LGBTQ+, Divorcés-​remariés

Primauté pontificale

« Comment le pro­ces­sus syno­dal en cours peut-​il contri­buer à « trou­ver une forme d’exercice de la pri­mau­té qui, sans renon­cer à l’essentiel de sa mis­sion, soit ouverte à une situa­tion nou­velle ? » (p. 38).

« Le synode 2021–2024 démontre clai­re­ment que le pro­ces­sus syno­dal est le contexte le plus appro­prié pour l’exercice inté­gré de la pri­mau­té, de la col­lé­gia­li­té et de la syno­da­li­té » (p. 59).

Processus décisionnel partagé

« Les Assemblées conti­nen­tales ont expri­mé un désir de pro­ces­sus déci­sion­nels plus par­ta­gés, capables d’intégrer la contri­bu­tion de l’ensemble du Peuple de Dieu (…). L’expression de ce désir accom­pagne celle d’une insa­tis­fac­tion à l’égard des formes d’exercice de l’autorité dans les­quelles les déci­sions sont prises sans consul­ta­tion » (p. 53).

« Comment un acte non col­lé­gial pourrait-​il dis­cer­ner ce que l’Esprit dit à l’Église à tra­vers la consul­ta­tion du Peuple de Dieu qui « ne peut se trom­per dans la foi » » (p. 59).

Séminaires

« Les can­di­dats au minis­tère ordon­né doivent être for­més à un style syno­dal et à une men­ta­li­té syno­dale. La pro­mo­tion d’une culture de la syno­da­li­té implique le renou­vel­le­ment du cur­sus actuel des sémi­naires et de la for­ma­tion des for­ma­teurs et des pro­fes­seurs de théo­lo­gie, afin d’orienter de façon plus claire et plus déci­sive la for­ma­tion vers une vie de com­mu­nion, de mis­sion et de par­ti­ci­pa­tion. La for­ma­tion à une spi­ri­tua­li­té syno­dale est au cœur du renou­veau de l’Église » (p. 24).

« Un renou­vel­le­ment des pro­grammes des sémi­naires est éga­le­ment néces­saire, afin qu’ils soient plus orien­tés vers la syno­da­li­té et plus en contact avec l’ensemble du Peuple de Dieu » (p. 47).

« Quelles peuvent être les pro­po­si­tions de réforme des sémi­naires et des mai­sons de for­ma­tion, afin qu’ils puissent être des lieux pré­pa­rant les can­di­dats au minis­tère ordon­né à gran­dir dans un style d’exer­cice de l’au­to­ri­té propre à une Église syno­dale ? Comment repen­ser la Ratio Fundamentalis Institutionis Sacerdotalis et ses docu­ments d’ap­pli­ca­tion au niveau natio­nal ? Comment repen­ser en ce sens les cur­sus des facul­tés de théo­lo­gie ? » (p. 52).

Synode

« Marcher ensemble, c’est-à-dire faire synode » (p. 7).

Vatican II

« La réfé­rence com­mune ne peut être que la vision de Vatican II » (p. 9).

« Une récep­tion sereine du Concile Vatican II émerge, avec la recon­nais­sance de la digni­té bap­tis­male comme fon­de­ment de la par­ti­ci­pa­tion de cha­cun à la vie de l’Église. La digni­té bap­tis­male est aisé­ment reliée au sacer­doce com­mun comme fon­de­ment des minis­tères bap­tis­maux » (p. 43).

Notes de bas de page
  1. Instrument de tra­vail[]
  2. Le car­di­nal Pell, peu avant sa mort, avait qua­li­fié le pre­mier docu­ment de tra­vail pour le synode publié par le Vatican, inti­tu­lé Élargis l’espace de ta tente, de « cau­che­mar mal­sain ».[]
  3. « une atti­tude de ser­vice et non de pou­voir ou de contrôle, la trans­pa­rence, l’en­cou­ra­ge­ment et le déve­lop­pe­ment des per­sonnes, la com­pé­tence et la capa­ci­té de vision, le dis­cer­ne­ment, l’in­clu­sion, la col­la­bo­ra­tion et la délé­ga­tion », p.51[]
  4. Note de La Porte Latine : la faute de syn­taxe est dans le docu­ment ori­gi­nal.[]
  5. On remar­que­ra qu’il est désor­mais dif­fi­cile de se voi­ler la face en dis­tin­guant entre prier ensemble d’une part et être ensemble pour prier d’autre part. Le masque est levé.[]