Evêques : gardiens de la Foi ou protecteurs prosélytes des autres cultes ?

Les évêques : gardiens de la Foi ou
protecteurs prosélytes des autres cultes ?

Suresnes, le 4 mars 2010

Changement de contexte, ouver­ture au monde ou fin des condam­na­tions, toutes les jus­ti­fi­ca­tions les plus pauvres seront sans doute invo­quées pour tuer la pru­dence qui doit ani­mer un émi­nent gar­dien ou un digne sur­veillant. Car l’étymologie le prouve. L’évêque, en grec Eπίσκοπος, est celui « qui sur­veille », celui qui veille à ce que la Foi soit défen­due à tra­vers son dio­cèse, que les erreurs objec­tives ne s’y dif­fusent pas au détri­ment de la véri­té révé­lée par Jésus Christ, Notre Seigneur, le Fils de Dieu. L’évêque est donc gar­dien de la Foi. Il doit veiller à ce que les âmes reçoivent la bonne parole de l’Évangile, celle qui fait dire au Christ : « Qui n’est pas avec moi est contre moi et qui n’amasse pas avec moi dis­sipe. » L’évêque est enfin suc­ces­seur des apôtres. Il recueille l’héritage de ces mar­tyrs qui ont ver­sé leur sang pour avoir refu­sé de renier le Christ et d’embrasser les idoles par quelque geste de res­pect que ce soit.

Les mil­liers d’évêques que l’histoire de l’Église a don­nés sont tous des hommes faillibles, dotés de défauts comme de qua­li­tés. Il y eut des héros comme il y eut des pusil­la­nimes. Il y eut des Hilaire de Poitiers et des Bossuet. Il y eut des Cauchon et des Talleyrand. Mais jamais une nation si chré­tienne autre­fois n’avait vu un tel désar­roi tou­chant de si près la Foi. Aujourd’hui, nos évêques se taisent quand le Christ est atta­qué. À notre égard, ils main­tiennent les églises fer­mées. Parallèlement, ils inau­gurent des mos­quées. Ils concé­lèbrent avec des pas­teurs. Ils diplôment les imams et font prê­cher les rab­bins dans leurs cathé­drales. En un mot, ils confortent les âmes dans leur éloi­gne­ment au Christ et à l’Église qu’Il a fondée.

L’actualité récente s’avère par­ti­cu­liè­re­ment inquié­tante. Délaissant leur rôle de « sur­veillant », de gar­dien de la Foi, de suc­ces­seur des Apôtres et des mar­tyrs, un grand nombre d’évêques de France s’attache à consti­tuer une forme d’ambassade du fait reli­gieux en géné­ral. Noyant le catho­li­cisme dans une coha­bi­ta­tion avec les autres reli­gions qui laissent les âmes dans l’ignorance de l’amour du Christ, ils se fondent eux-​mêmes dans un syn­di­cat de défense des cultes. Ils n’hésitent plus à voler au secours de la bur­qa et semblent plus sou­cieux de fêter « un bon Ramadan » aux digni­taires de l’Islam que de faire connaître et obser­ver le Carême à leurs ouailles :

- Le 25 jan­vier 2010, l’Institut catho­lique de Paris, fon­dé par les arche­vêques de Paris au XIXe siècle pour dis­pen­ser un ensei­gne­ment conforme à la doc­trine de l’Église, a décer­né le diplôme « inter­cul­tu­ra­li­té, laï­ci­té et reli­gions » à plu­sieurs imams que l’Université répu­bli­caine refu­sait d’accueillir au nom de la laï­ci­té. Ainsi l’ordinaire pari­sien couvre-​t-​il de son auto­ri­té la for­ma­tion des aumô­niers musul­mans d’armées, de pri­sons, d’hôpitaux ou d’universités.

Mgr Dominique Lebrun, évêque de Saint-Étienne Mgr H. Simon, arche­vêque de Clermont-Ferrand

- Le 8 février, Mgr Dominique Lebrun, évêque de Saint-​Étienne, se ren­dait à la mos­quée afin de s’excuser auprès des Musulmans pour ceux qui craignent l’avancée de l’Islam. À la suite de Mgr Hippolyte Simon, arche­vêque de Clermont-​Ferrand, ou de Mgr Jean-​Luc Bouilleret, évêque d’Amiens, qui avaient par­ti­ci­pé à la pose de la pre­mière pierre des grandes mos­quées de leur ville, Mgr Lebrun a appor­té son sou­tien à la com­mu­nau­té : « Des chré­tiens ont du mal à com­prendre la pré­sence de lieux de culte musul­man sur le ter­ri­toire qu’ils consi­dèrent comme le leur. Cette pen­sée n’est pas juste et, autant que cela m’est don­né comme une grâce de Dieu, je veux en deman­der par­don. » De son côté, l’ab­bé Étienne Uberall, vicaire épis­co­pal de la zone pas­to­rale de Strasbourg , indi­quait récem­ment à la télé­vi­sion régio­nale qu’il était favo­rable à l’enseignement de l’Islam dans les éta­blis­se­ments sco­laires de sa région.

- Le 21 mars pro­chain, le rab­bin Rivon Krygier pro­non­ce­ra l’une des six confé­rences de carême sous la voûte de la cathé­drale Notre-​Dame, à l’invitation du car­di­nal arche­vêque de Paris, Mgr André Vingt-​Trois. Ainsi ce temps de péni­tence qui est cen­sé conduire les âmes à suivre le Christ dans sa Passion et à les pré­pa­rer à sa glo­rieuse Résurrection verra-​t-​il prê­cher dans un haut lieu sacré un res­pon­sable d’une reli­gion qui nie pré­ci­sé­ment la divi­ni­té du Fils de Dieu et le miracle de Pâques.

Ces quelques récents exemples sont en réa­li­té symp­to­ma­tiques d’une série de scan­dales trop nom­breux pour être tous cités qui vont de la concé­lé­bra­tion avec des femmes pas­teurs jusqu’à la défense du port de la bur­qa. De l’impossibilité d’affirmer que la reli­gion catho­lique est la seule qui a été fon­dée par Dieu, un indif­fé­ren­tisme s’est pro­pa­gé jusque dans l’esprit des res­pon­sables pour­tant cen­sés main­te­nir la Foi de ceux qui leur sont confiés. Ce fai­sant, ils encou­ragent la déchris­tia­ni­sa­tion de la France sur le sol duquel les temples des autres cultes pul­lulent, annon­çant tou­jours davan­tage l’oubli du Dieu de majesté.

Quel argu­ment objec­tif, quel élé­ment de la Foi pour­rait jus­ti­fier un tel revi­re­ment de situa­tion qui, en lui-​même, conduit à condam­ner toute l’histoire de l’Église des dix-​neuf pre­miers siècles en la résu­mant aux légendes noires héri­tées de Voltaire selon les­quelles l’Église d’autrefois ne savait pas par­ler aux hommes, maniait l’épée ou la conver­sion for­cée ?Comme nous devrions, à l’inverse de cette atti­tude empreinte d’ignorance, tou­jours mieux connaître ces belles et grandes figures mis­sion­naires de l’Église, débor­dantes de l’amour divin, qui ont su res­pec­ter les hommes, mais détes­ter leurs erreurs et, ce fai­sant, éta­blir l’Église à tra­vers le monde sur la cha­ri­té et la véri­té. En réa­li­té, c’est bien une cha­ri­té ban­cale qui accorde des conces­sions à des sys­tèmes reli­gieux dont la pre­mière carac­té­ris­tique est l’ éloi­gne­ment de Jésus-​Christ et de son Eglise, où ils relèguent les âmes.

Il faut le recon­naître, sur le che­min de l’œcuménisme et du dia­logue inter­re­li­gieux, la situa­tion de l’Église de France s’aggrave. Est-​il pos­sible de se taire, ou du moins de mettre entre paren­thèses ce cri d’alerte, lorsque ce sont des mil­liers d’âmes qui sont plon­gées dans un indif­fé­ren­tisme mor­tel ? Ces accents sont-​ils échan­geables contre un confort cano­nique ? Samaritains que nous devrions être, resterons-​nous indif­fé­rents en aban­don­nant les fidèles, ces nou­veaux men­diants ago­ni­sant de la com­plai­sance épis­co­pale qu’elle aura sacri­fiés sur le che­min du « dialogue » ?

Abbé Régis de CACQUERAY , Supérieur du District de France