Mère Marie Tarcisius à la sorÂtie de la messe pontificale
16 juillet 2005
A l’ocÂcaÂsion de la trenÂtième année de leur arrÂriÂvée à Fanjeaux les Dominicaines enseiÂgnantes du Saint Nom de Jésus ont digneÂment, et joyeuÂseÂment, fêté cet anniÂverÂsaire. Nous reproÂduiÂsons ci-​dessous le serÂmon proÂnonÂcé par monÂsieur l’abÂbé Michel Simoulin, aumôÂnier du Cours Saint-​Thomas d’Aquin à Romagne (87), ancien Supérieur du District d’Italie, en préÂsence de Son Excellence Mgr Bernard Fellay, Supérieur Général de la FSSPX.
« 2 juillet 1975, 2 juillet 2005, 16 juillet 2005 »
Il n’est pas habiÂtuel qu’un prêtre du second ordre prenne la parole lors d’une Messe Pontificale mais, Mgr Fellay m’ayant donÂné la parole qui lui reveÂnait, j’agis par obéisÂsance, et c’est donc la conscience tranÂquille, mais non sans émoÂtion, que je prends cette parole pour céléÂbrer le trenÂtième anniÂverÂsaire de ce que nous pouÂvons légiÂtiÂmeÂment nomÂmer une vériÂtable OPERATION-SURVIE.
Cette expresÂsion a été employée par Mgr Lefebvre en 1988 lors des sacres épisÂcoÂpaux réaÂliÂsés pour la surÂvie du sacerÂdoce et de la Sainte Messe, et il ne me semble pas inconÂveÂnant de faire une anaÂloÂgie entre ces deux opéÂraÂtions, par ailleurs si difÂféÂrentes, celle de juillet 1975 et celle de juin 1988.
Tout d’abord, parce que Mgr Lefebvre lui-​même avait très forÂteÂment encouÂraÂgé et béni l’initiative du petit groupe de reliÂgieuses qui vouÂlaient mainÂteÂnir en vie cette Å“uvre que d’autres vouÂlaient souÂmettre aux « ajourÂneÂments » conciÂliaires, et dont nous admiÂrons aujourd’hui la vitaÂliÂté intacte et les fruits abonÂdants. La préÂsence de Mgr Fellay pour préÂsiÂder cet anniÂverÂsaire, me semble être une belle et douce confirÂmaÂtion de cette bénédiction.
Mais encore parce que il y a entre ces deux opéÂraÂtions une comÂmuÂnauÂté d’esprit et de désir assez frapÂpante. De fait, l’esprit qui guiÂda Mgr Lefebvre en 1970 (fonÂdaÂtion de la FSSPX) puis en 1988 (sacres épisÂcoÂpaux) n’est pas fonÂdaÂmenÂtaÂleÂment difÂféÂrent de celui qui a conduit 19 reliÂgieuses (et 2 posÂtuÂlantes) – dont la plus jeune n’avait pas 20 ans, et la plus âgée avait 73 ans ! – démuÂnies de tout, à choiÂsir la pauÂvreÂté de « La Clarté-​Dieu » pluÂtôt qu’une fausse tranÂquilliÂté dans une famille deveÂnue infiÂdèle à sa vocaÂtion. Elles étaient pauvres, mais ausÂsi bien seules, sans appui autre que celui des quelques familles qui avaient parÂtaÂgé leurs choix. Le R.P. Calmel était mort depuis 2 mois. Le R.P. de Chivré ne les connaisÂsait pas encore. Leur unique appui, mais il est de taille, est la bénéÂdicÂtion de Mgr Lefebvre et la préÂsence de celui qui sera leur aumôÂnier penÂdant trop peu de temps, moins d’une année, Mgr Parolek. Elles seront rejeÂtées par leurs sÅ“urs recyÂclées. Rome leur « impoÂseÂra » la disÂpense de leurs vÅ“ux, et l’évêque du lieu ne sauÂra plus les appeÂler autreÂment que « Madame » ou « Mademoiselle », mais tout cela est deveÂnu de nos jours la ranÂçon habiÂtuelle de la fidéÂliÂté, et ce n’est même pas nouÂveau : David déjà avait « choiÂsi d’être parÂmi les derÂniers dans la maiÂson de Dieu pluÂtôt que d’habiter dans les demeures des pécheurs » (Ps. 83,11).
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Le stand relaÂtant la vie du Père de Chivré
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Les élèves chantent
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Les soeurs chantent
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Mère Générale et Mère myriam, Maîtresse des novices
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I – Quel est cet esprit, ce rayon lumineux jailli de l’esprit de l’Eglise même ?
Non pas faire du nouÂveau, non pas fonÂder ou invenÂter une Å“uvre nouÂvelle et perÂsonÂnelle, mais mainÂteÂnir, sauÂver ce que l’Eglise a de plus préÂcieux pour que les âmes des petits enfants ne meurent pas de faim.
Mgr Lefebvre n’a pas fonÂdé une Å“uvre vraiÂment nouÂvelle, ni même perÂsonÂnelle. Il a fonÂdé une sociéÂté pour assuÂrer la surÂvie d’une Å“uvre d’Eglise, selon les vÅ“ux et avec les bénéÂdicÂtions de l’Eglise : les sémiÂnaires, pour le sacerÂdoce et pour la Sainte Messe.
A Fanjeaux, de même et peut-​être mieux encore, il ne s’agit pas vraiÂment d’une fonÂdaÂtion, ni d’une oeuvre nouÂvelle, mais d’un transÂfert, d’une transÂplanÂtaÂtion ou de la renaisÂsance d’une Å“uvre bicenÂteÂnaire, menaÂcée de mort lente pour cause de rupÂture avec la source, Å“uvre fonÂdée à Toulouse en 1800 par le vénéÂré M. Vincent, affiÂliée à l’ordre de St Dominique comme Tiers Ordre en 1885, et dont l’implantation ici même au pays de St Dominique avait été désiÂrée, et peut-​être entreÂvue par le P.Calmel, décéÂdé deux mois avant sa réalisation.
Ces 21 filles de St Dominique sont aujourd’hui 150, venues du monde entier !
La Clarté-​Dieu n’est plus et a laisÂsé la place à 7 maiÂsons, du Cammazou jusqu’aux Amériques !
De même l’œuvre de Mgr Lefebvre compte à ce jour plus de 450 prêtres dans le monde entier.
21 filles de St Dominique, de M.Vincent, du P. Coconnier et du P.Calmel…rescapées de toutes les batailles menées penÂdant plus de 20 années : bataille des catéÂchismes et du « parÂcours obliÂgaÂtoire » – bataille de l’éducation chréÂtienne et de la « carte scoÂlaire » – bataille de la vie consaÂcrée nourÂrie à ses racines éterÂnelles – et bataille de la Messe intacte dans son rite saint… mais l’épiscopat franÂçais, dès avant le derÂnier concile, avait fait d’autres choix, ces mêmes choix dont nous voyons les concluÂsions avec l’acceptation actuelle de cette laïÂciÂté impie dans laquelle se consomme cette traÂhiÂson que Jean Madiran avait si bien défiÂnie dès 1968 comme « l’hérésie du XX° siècle ».
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Mère Anne-​Marie simouÂlin et Jean de Viguerie
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Mgr Fellay et les religieuses
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La comÂmuÂnauÂté
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La salle écoute attentivement
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21 filles de l’Eglise, de l’Ordre de St Dominique et du P.Calmel, dont les noms doivent être insÂcrits dans les tables de marbre des témoins : témoins de la pérenÂniÂté et de la vitaÂliÂté de la « Congrégation des Dominicaines enseiÂgnantes du Saint Nom de Jésus » ; témoins silenÂcieux et fidèles à transÂmettre plus et mieux qu’elles : non pas l’esprit de tel ou telle, mais l’esprit et l’âme de la Congrégation.
Témoins d’une fidéÂliÂté intranÂsiÂgeante au milieu des plus grandes réproÂbaÂtions, non seuleÂment monÂdaines, mais encore épisÂcoÂpales et romaines.
Témoins d’une fidéÂliÂté magnaÂnime à ce qui ne venait pas d’elles et ne dépenÂdait pas d’elles, à ce qu’elles avaient reçu et qu’elles avaient le devoir de transÂmettre intact.
Elles peuvent redire avec fierÂté ce que disait St Paul et, plus prés de nous, Mgr Lefebvre « traÂdiÂdi quod et acceÂpi »… j’ai transÂmis ce que j’ai reçu. Elles ont transÂmis tout ce qu’elles ont reçu, ni plus ni moins, et il est légiÂtime aujourd’hui de les en remercier.
6 d’entre elles ont déjà leur nom insÂcrit dans la pierre : elles ont reçu le fruit de leur labeur fidèle. Elles resÂtent 15 aujourd’hui…Il était peut-​être pruÂdent de ne pas attendre pour fêter celles qui sont encore ici. Qui sait…combien seront-​elles encore dans 5 ans ? dans 10 ans ? dans 20 ans ?
Il falÂlait la fête de ce jour pour rendre grâces à Dieu, à Notre-​Dame et aux saints de l’Ordre, mais ausÂsi pour resÂserÂrer les liens entre les généÂraÂtions, et surÂtout le lien avec la source, en vue d’une fidéÂliÂté inchanÂgée, pour que les plus jeunes soient dignes de leurs aînées et soient capables de vivre la même fidéÂliÂté et les mêmes choix.
II – Le pape Pie XII disait en 1957 que
« la staÂbiÂliÂté d’une sociéÂté reliÂgieuse et la féconÂdiÂté de ses entreÂprises découlent surÂtout de sa fidéÂliÂté à l’inspiration preÂmière qui l’a susÂciÂtée (19.7.1957). »
Telle est cette fidéÂliÂté que l’Eglise attend de chaÂcun de nous : une fidéÂliÂté qui va au-​delà des perÂsonnes, même les plus mériÂtantes – au-​delà de ceux ou celles qui nous ont préÂcéÂdé – au-​delà même des fonÂdaÂteurs – au-​delà de ceux ou celles qui ont réaÂliÂsé la surÂvie de nos Å“uvres… Les perÂsonnes passent et notre fidéÂliÂté doit avoir une vigueur et une saveur d’éternité : elle doit s’enraciner dans ce qui ne passe pas : N.S et N.D bien sûr, St Dominique et Ste Catherine de Sienne ausÂsi, laquelle nous rapÂpelle que « le temps est comme une pointe d’aiguille, rien de plus ». Tout ce qui est du temps doit puiÂser sa vitaÂliÂté dans l’éternité et l’ordre de la grâce, et les Å“uvres ne durent que dans la mesure de leur fidéÂliÂté à ce qu’il y a d’éternel et d’immuable en elles : l’inspiration preÂmière qui, venue de Dieu, a guiÂdé le fonÂdaÂteur ; l’esprit de NSJC vivant dans l’Eglise et l’animant dans une Å“uvre parÂtiÂcuÂlière pour aimer les hommes selon un besoin parÂtiÂcuÂlier, à traÂvers des perÂsonnes (fonÂdaÂteurs, supéÂrieurs, membres) toutes unies entre elles par les mêmes désiÂrs et le même esprit.
Et Pie XII remarque encore qu’
« une sociéÂté orgaÂniÂsée constiÂtue un tout et posÂsède une phyÂsioÂnoÂmie typique, que chaÂcun des membres contriÂbue pour sa part à déterÂmiÂner. Tout effort d’adaptation, entreÂpris à l’intérieur de ce grouÂpeÂment, entraîne nécesÂsaiÂreÂment cerÂtaines modiÂfiÂcaÂtions de son esprit propre ; c’est dire qu’on touche en quelque sorte à ses fibres les plus intimes. Or chaque sociéÂté tient à conserÂver cet esprit intact, comme c’est son droit et son devoir ; elle désire en voir ses membres impréÂgnés et préÂocÂcuÂpés d’en pénéÂtrer leur vie. L’Eglise de son côté et les Souverains Pontifes, en approuÂvant un genre de vie déterÂmiÂné, entendent qu’il se conserve dans toute sa pureÂté et y veillent avec soin(9.12.1957). »
C’est cette nécesÂsiÂté de fidéÂliÂté à l’esprit propre qui explique les crises qu’a traÂverÂsées la Congrégation lorsqu’il a falÂlu proÂcéÂder à des adapÂtaÂtions légiÂtimes (affiÂliaÂtion de 1885, réviÂsions des années 50) ou refuÂser des adapÂtaÂtions meurÂtrières (années 70).
C’est donc à cette insÂpiÂraÂtion preÂmière, au-​delà du temps et des perÂsonnes, qu’il faut assuÂrer notre fidéÂliÂté. Or, une telle fidéÂliÂté ne s’improvise pas : elle s’éduque en s’imprégnant chaque jour de l’esprit des saints qui nous ont préÂcéÂdé pour en pénéÂtrer notre vie, ainÂsi que le dit Pie XII.
Il ne s’agit pas pour chaÂcune de vous de vouÂloir faire Å“uvre perÂsonÂnelle, de déveÂlopÂper son « génie » propre ( !), mais de serÂvir le « génie », ou plus jusÂteÂment la « grâce » de l’ordre, afin que les filles de France ne soient pas priÂvées de ce pain essenÂtiel dont Notre-​Seigneur veut nourÂrir leurs âmes : la vériÂté pour leurs intelÂliÂgences, la chaÂriÂté pour leurs volonÂtés et la grâce pour toute leur âme.
N’est-ce pas cela que résuÂmait si simÂpleÂment le bon M.Vincent ?
« Graver au cÅ“ur et au front de l’enfance ce doux Nom de Jésus qui exprime si bien la perÂfecÂtion idéale des âmes. »
III – Le doux nom de Jésus
N’est-ce pas là tout ce que vouÂlait déjà St Paul dont St Dominique nourÂrisÂsait sa médiÂtaÂtion ? Il n’était pas domiÂniÂcain, pourÂtant, ce zélé fonÂdaÂteur de « l’Institut des Saints Noms de Jésus et de Marie », mais n’avait-il pas recueilli l’héritage de St Paul et celui que St Dominique avait laisÂsé à ses fils :
« Ayez la charité- Gardez l’humilité – Possédez la pauÂvreÂté volontaire. »
Oui, M.Vincent avait tout cela, avec cette angoisse qui dévoÂrait son âme pour les âmes des enfants. La France de 1800 marÂchait sur les briÂsées de la Révolution, et l’âme ardente de M.Vincent gémisÂsait comme St Dominique :
« Mais que vont deveÂnir les enfants ? ». »
Aussi n’est-ce pas hasard si, bien longÂtemps après la mort du fonÂdaÂteur (mais il en est souÂvent ainÂsi !), la renÂcontre se fera entre cette insÂpiÂraÂtion preÂmière et l’esprit de St Dominique, jusqu’à la fusion de 1885, dans cette affiÂliaÂtion préÂpaÂrée par deux âmes saintes, la Mère Hélène Daguzan et le R.P. Coconnier, affiÂliaÂtion réaÂliÂsée par le Bx P. Hyacinthe Cormier.
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Procession
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Procession
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La messe pontificale
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Le serÂmon de l’abÂbé Simoulin
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C’est jusqu’à ce point qu’il faut reveÂnir, car c’est ici la source pure qui a nourÂri la fidéÂliÂté de celles qui vous ont préÂcéÂdées, et qui donne sa vitaÂliÂté à votre Å“uvre.
L’œuvre contiÂnue, plus belle et plus forte que jamais, car sa fidéÂliÂté à cette source lui assure de transÂcenÂder les perÂsonnes et de valoir beauÂcoup mieux et bien plus que toutes celles qui la comÂposent ou la dirigent.
C’est donc ausÂsi une belle et grande leçon d’humilité que la granÂdeur de votre Å“uvre vous donne, car ce ne sont pas les perÂsonnes qui font vivre, surÂvivre et durer les Å“uvres d’Eglise, mais c’est la grâce qui fait vivre les perÂsonnes fidèles aux Å“uvres que l’Eglise a bénies .
Ainsi en est-​il (et en sera-​t-​il touÂjours) de notre Fraternité.
Ainsi en est-​il de votre Congrégation.
En elle, nous admiÂrons la vitaÂliÂté de l’Eglise et sa materÂniÂté qui, pour s’exercer au proÂfit des enfants, n’attend que votre dociÂliÂté, votre humiÂliÂté et votre fidéÂliÂté à boire à la source, à ce bel idéal domiÂniÂcain si bien décrit par celui qui, après M.Vincent, peut être « consiÂdéÂré comme le père » de votre congréÂgaÂtion, le saint P.Coconnier :
« Délicieux mélange de simÂpliÂciÂté et de disÂtincÂtion, de droiÂture et de disÂcrète réserve, d’humilité et de granÂdeur d’âme, de force et de douÂceur, de foi ardente, de zèle aposÂtoÂlique et de pruÂdence, faiÂsant aimer tout ce qui est vériÂté et lumière, haïr tout ce qui est erreur et fausÂseÂté, renÂdant enfin quiÂconque le posÂsède cher à Dieu et aux hommes. »
Chères à Dieu, je le crois…
Chères aux hommes, je le sais, et le nombre de vos amis ne cesse de croître. Tous ne sont pas ici, et beauÂcoup d’autres vous affirment la jusÂtesse de ce que Ernest Hello disait à proÂpos du St Curé d’Ars :
« Les hommes sont étonÂnés et renÂverÂsés quand un homme ne fait à leurs erreurs aucune concesÂsion. Ils ont peur de celui qui n’a pas peur d’eux (Le Siècle, p.485). »
IV – Le signe de la croix
Bien chères sÅ“urs, le monde a peur de vous, et vouÂdrait vous interÂdire de vivre et d’éduquer nos enfants. Quant à nous, nous n’avons pas peur de vous, et nous n’aurions peur de vous que si vous comÂmenÂciez à faire des concesÂsions à l’erreur ! Et nous vous supÂplions, au contraire, de ne pas chanÂger. C’est le cher Psichari, que le P.Calmel nomÂmait « votre frère en St Dominique », qui disait ausÂsi que
« Ce n’est pas difÂfiÂcile, le proÂgrès. Je n’admire pas. Ce qui est difÂfiÂcile, au contraire, c’est de resÂter pareil, d’être le roc batÂtu de tous les orages mais qui reste debout et qu’aucun ouraÂgan n’ébranlera (L’appel aux armes, p.33). »
Alors, resÂtez pareilles… telles que vous ont vouÂlu M.Vincent, le P. Coconnier, le P.Calmel et toutes celles qui ont mené l’opération surÂvie de 1975.
Demeurez à la source d’eau vive, ce si doux Nom de Jésus, afin qu’il vienne à vous comme l’ont vouÂlu vos fonÂdaÂteurs et qu’il se grave dans vos cÅ“urs d’épouses et de mères, avant de se graÂver au front et au cÅ“ur des enfants.
Il se graÂveÂra dans vos cÅ“urs en y impriÂmant le signe de ses bénéÂdicÂtions les plus durables : le signe de la croix ! Ce signe ne sera pas nouÂveau dans votre Congrégation. Le P.Coconnier en parÂlait déjà sans ambiÂguïÂté à mère Hélène Daguzan :
« Je vois si bien la main de notre grand Dieu en toutes choses : je comÂprends si bien que notre Å“uvre devant être grande et proÂcuÂrer la gloire de Notre Seigneur, il faut que nous soufÂfrions beauÂcoup et en toutes sortes de manières… Nous en verÂrons bien d’autres si, comme j’en ai le ferme espoir, nous devons faire un grand bien… C’est la Croix qui sauve et féconde les Å“uvres ; c’est l’humilité ; c’est la prière ardente et contiÂnuelle ; c’est la confiance filiale et tout abanÂdonÂnée, c’est l’opiniâtreté dans l’effort et le traÂvail ; c’est l’amour enfin, mais l’amour fidèle, fidèle jusqu’au sang et jusqu’à la mort. »
« Or, la Croix nous donne l’humilité, elle excite la prière, elle proÂvoque les actes d’héroïque confiance, elle nous revêt d’une force merÂveilleuse et à toute épreuve, elle nous fourÂnit enfin l’occasion de monÂtrer à notre tout aimable Dieu que, pour Lui, nous sommes prêts à tout supÂporÂter, à tout enduÂrer, à le suivre jusque sur le Calvaire. »
On ne pouÂvait mieux décrire l’esprit qui a préÂsiÂdé à cette opéÂraÂtion surÂvie dont nous céléÂbrons l’anniversaire aujourd’hui. Elle a été menée sous le même signe de la Croix qui avait visiÂté votre Congrégation peu après sa naisÂsance, et qui lui avait donÂné une telle vitaÂliÂté que rien n’a pu l’abattre et que tout, au contraire, l’a renÂdue plus forte.
Votre Congrégation est aujourd’hui plus forte et plus vivante qu’elle ne l’était lorsqu’elle se débatÂtait à Toulouse pour échapÂper aux griffes d’un adverÂsaire dont la fourÂbeÂrie n’avait d’égale que la détermination.
Elle a retrouÂvé sa liberÂté et sa vigueur d’il y a deux siècles, lorsque les Evêques et les Papes la bénisÂsaient. Ce n’est pas pour rien que vos Constitutions ont été approuÂvées par St Pie X et par Pie XII.
Elle est ainÂsi demeuÂrée sous le doux manÂteau materÂnel de La Vierge proÂtecÂtrice de l’ordre domiÂniÂcain. C’est Elle qui, depuis deux siècles, veille sur sa famille et qui vous a garÂdées. C’est grâce à Elle que votre Congrégation est aujourd’hui proÂtéÂgée mieux encore qu’avant contre l’esprit du monde avec lequel ont pacÂtiÂsé tant de clercs et de reliÂgieux, cet esprit qui fait de nos enfants de tristes priÂsonÂniers du plaiÂsir et de la matière, alors qu’ils sont faits pour la joie et le chant de l’âme.
Le déchiÂreÂment de 1975 a été douÂlouÂreux, comme tout enfanÂteÂment, mais c’est dans vos douÂleurs et dans vos larmes que votre belle Congrégation, que vous n’avez jamais quitÂtée puisqu’elle vous a suiÂvi ici, a connu une vériÂtable renaisÂsance en faiÂsant battre son coeur au pays de St Dominique pour vivre, surÂvivre et triomÂpher de l’erreur et de l’hérésie envahissante.
Je ne puis pas conclure sans évoÂquer encore la belle et grande figure du P. de Chivré. Il n’eut pas de part à cette renaisÂsance, mais nous savons comÂbien il a aidé votre Congrégation renaisÂsante à s’enraciner plus proÂfonÂdéÂment en l’esprit de St Dominique.
Et je ne veux pas oublier non plus les prêtres qui ont comÂpris votre Å“uvre et l’ont souÂteÂnue penÂdant ces trente années. Je ne puis les nomÂmer tous, mais je ne veux pas omettre les aumôÂniers qui sont morts à vos côtés, à leur poste de fidéÂliÂté : le preÂmier, Mgr Parolek en 1976, et le derÂnier, P.Pozzera cette année ici même, après presque 25 années de dévouement.
Au nom de tous, de nos familles, de nos filles deveÂnues reliÂgieuses ou mères de famille, au nom même de nos prêtres qui savent trouÂver ici des âmes aniÂmées du même esprit qui a donÂné naisÂsance à notre Fraternité et aux Å“uvres de la Tradition, merÂci ! et surÂtout… ne chanÂgez pas : resÂtez pareilles ! Ainsi soit-il !
Abbé Michel Simoulin â€
Photos
Les phoÂtos sont de monÂsieur J‑Y Lehembre