Devant les événements qui secouent actuellement l’Église, et dont le procès récent intenté au cardinal Barbarin est une illustration frappante, un catholique, a fortiori un prêtre, ne peut qu’être frappé de douleur, de honte et de désarroi. Douleur en pensant à ces victimes qui ont été abusées, souvent détruites pour la vie.
Douleur aussi, dans un autre ordre, en voyant l’Église accusée continuellement, traînée dans la boue par des journalistes et des hommes politiques sans honneur ni bonne foi. Honte en pensant à ces ecclésiastiques qui, à l’opposé même de l’engagement de toute leur vie, ont commis ces fautes si graves, ces péchés si abominables, alors qu’ils avaient été ordonnés pour transmettre la vie surnaturelle. Désarroi enfin, en constatant combien la hiérarchie ecclésiastique semble avoir mal « géré » cette tragique situation.
La tentation serait alors de commencer à douter de l’Église elle-même : comment l’Église pourrait-elle être digne d’amour si elle laisse commettre de telles abominations ? Ne nous sommes- nous pas trompés en lui consacrant notre vie ?
Il nous faut reprendre à ce moment l’affirmation du Credo : « Je crois à la sainte Église catholique ». Si l’Église de la terre est composée d’hommes pécheurs (qui pèchent, et quelquefois très gravement), elle-même est sainte et sanctifiante.
Elle est sainte d’abord par son Chef, Notre Seigneur Jésus-Christ, qui est le modèle et la source de toute sainteté. Il est et doit rester notre grand héros, celui qui nous soulève d’admiration, qui nous donne le désir de le suivre et de l’imiter. Il est pour nous, continuellement, la source de la grâce, de cette force spirituelle qui nous permet de résister aux tentations qui nous assaillent et, plus dangereuses encore, à nos propres faiblesses.
Elle est vraiment sainte par le sacrifice de la messe, renouvellement non sanglant du sacrifice de la croix, qui actualise chaque jour pour nous la Rédemption acquise une fois pour toutes par le Christ en sa Passion. Ce n’est pas nous qui sauvons l’Église, c’est elle qui nous sauve en nous transmettant la sainteté du Christ.
L’Évangile, les sacrements, le sacerdoce, l’Eucharistie, tout cela est saint et sanctifiant, nous invite à la sainteté et nous procure chaque jour les moyens d’y parvenir.
Si un chrétien, a fortiori un prêtre, tombe dans le péché, ce n’est certainement pas à cause de l’Église, mais bien en contradiction avec elle, avec ce qu’elle nous enseigne, avec les moyens de salut qu’elle met à notre disposition et que nous négligeons si souvent. Redisons donc avec foi : « Je crois à la sainte Église catholique ».
Abbé Benoît de Jorna, prêtre de la de la FSSPX
Sources : Lettre à nos frères prêtres n° 80 /La Porte Latine du 15 février 2019