hère Madame,
Dans votre vocation de mère, Dieu vous appelle à exercer, au sein de votre foyer, votre rôle de femme chrétienne. Quel est ce rôle ? C’est celui d’apôtre. En effet, il n’y a pas que les prêtres et les religieux (ses) qui sont apôtres. Le catéchisme définit la confirmation comme étant un sacrement qui « nous rend parfaits chrétiens, témoins et apôtres de Jésus-Christ ».
Or, quand Dieu veut former des âmes pour l’apostolat, Il les pétrit d’abnégation et de dévouement. On ne peut pas comprendre l’apôtre sans ces deux vertus qui le dépouillent de lui-même, pour qu’il se consacre, se donne pleinement au service des autres. N’est-ce pas la mission de la maman auprès de son enfant ? On reconnaît facilement dans la nature de la femme un cœur que Dieu a créé pour se dévouer. L’abnégation, avec toute son exigence de sacrifices, et le dévouement, avec toutes les délicatesses de la charité, constituent le caractère spécial de la femme : c’est son instinct, sa force, sa grandeur et sa grâce. En avez-vous suffisamment conscience ?
Dieu vous a donc destinée à un apostolat véritable, lequel s’exerce dans la famille d’abord, mais également dans le monde, bien évidemment avec toute la réserve de prudence, de discrétion, de calme et de modestie.
Dans votre foyer, gardienne fidèle des traditions de famille – car il ne faut pas mépriser ce que nos mères et grand-mères peuvent nous transmettre de leur expérience : avouons que ce point est trop négligé par les jeunes du fait des bouleversements provoqués par « la vie moderne » ; il faut savoir distinguer) – la femme chrétienne, dans son rôle de maman, doit s’attacher à maintenir la loi du respect de tout ce qui est sacré : la religion, l’autorité paternelle et l’amour filial. Il me semble que le manque de respect des enfants, à l’heure actuelle, vient de cette absence de transmission de la part de la maman, parfois par ignorance ; c’est grand dommage !
Le charme que la maman chrétienne sait répandre autour d’elle retient ses enfants au foyer ou les ramène tôt ou tard. Votre mari trouvant en vous un tendre dévouement, un grand amour du devoir et cet esprit de sacrifice, rendra hommage à une piété qui inspire des vertus si solides et si aimables qu’il se sentira entraîné à les pratiquer lui-même. C’est en cela que consiste votre apostolat : prêcher par l’exemple et non par la parole, tel est votre responsabilité de femme, d’épouse et de mère. Que de fois l’exemple souriant et discret de l’épouse a suffi pour ramener le conjoint à la foi vivante.
Avec le prône trop répandu du féminisme, le monde a détruit dans la femme ce qui faisait sa beauté et sa grâce. Dieu a créé la femme après l’homme parce qu’il ne pouvait vivre seul (et non l’inverse). Aussi, doit-elle être soumise à l’homme comme l’homme est soumis à son Créateur de qui vient toute autorité. Elle n’est, en conséquence, pas l’égal de l’homme (idée qui nous vient droit de la Révolution, l’égalité n’existant pas dans la création), elle est sa complémentarité. C’est bien différent. Or, je ne comprends pas bien cette manie actuellement à imiter l’homme en trop de circonstances y compris dans l’habillement.
Si vous voyagez, observez et comptez le petit nombre de femmes et de jeunes filles portant un habit féminin. On a l’impression de vivre exclusivement dans une société masculine. Que se passe-t-il dans la tête d’un petit ? Y avez-vous pensé ? Il n’y a pas longtemps, je parlais avec une jeune fille qui ne connaissait que le port du pantalon, comme toutes ses camarades, et utilisait le même refrain : c’est plus pratique, surtout quand on travaille dehors dans le jardin, on est plus à l’aise dans ses mouvements, on peut faire du sport. Les bonnes raisons ne manquent pas. Si le pantalon peut être admis pour certains sports, ce n’est que par condescendance. Or, le pantalon est actuellement de mise partout, y compris dans nos églises….. Pensez-vous que nos mères ou grand-mères de la génération des années 40, par exemple, ne travaillaient pas ? Elles portaient une robe. Il y a un problème certain : c’est le manque d’esprit de sacrifice. On remplace le sacrifice et la peine par le caprice, le confort, le côté pratique, et cela se répercute sur les enfants. A ce propos, voici une petite anecdote : un jour une petite fille de 4 ans environ accompagnait sa maman dans un super marché. Comme vous le savez, il y a parfois des embouteillages vers la caisse avec les chariots remplis ! L’enfant se cogne contre une personne et, bien poliment, dit « Oh ! pardon Monsieur ». Ce n’était pas un monsieur mais une dame en pantalon. Pensons-nous à nos enfants quand les femmes se mettent en pantalon ? L’enfant ne distinguait pas plus haut qu’elle ; pour elle pantalon = papa = homme. Quel mélange dans sa tête enfantine.
Un autre fait m’a été rapporté. Une dame en robe circulant dans la rue, côtoie une maman tenant une poussette dans laquelle se trouvait une petite fille qui jouait à défaire sa chaussure et à la jeter sur le sol. Cette dame la ramasse et s’approchant de la poussette la remet à l’enfant en lui souriant. Cette petite fille tendit sa main et saisit la robe. La maman gênée s’excusa du dérangement de la petite. La dame ne bougea pas, attendant la réaction de l’enfant qui cacha sa tête dans les plis de la robe. Que signifie ce geste sinon la protection ou le refuge que cherchait l’enfant.
La tâche de la maman chrétienne est si belle ! Souvenez-vous que votre force est dans votre douceur. C’est par elle que vous serez apôtre, car la douceur attire les âmes vers Dieu. Notre-Seigneur attirait les âmes par sa douceur. L’énervement actuel des mamans stressées qui parlent souvent de façon aiguë irrite l’enfant. « La patience obtient tout » aimait à répéter une grande sainte. Vous êtes dans la famille l’ange gardien de la prière et des pratiques saintes. Ainsi, c’est à vous qu’il appartient de sauvegarder la fidélité religieuse de vos enfants. Avant même sa naissance, offrant à Dieu l’enfant que vous attendiez, vous avez prié le Seigneur de le faire arriver vivant au saint baptême. C’est en le bénissant que vous l’avez embrassé pour la première fois et, le jour de son baptême, comprenant le sens profond de ce sacrement, vous vous êtes réjouie de la grâce qui a transformé votre petit en faisant de lui un enfant du Père Céleste.
Vous êtes la première catéchiste de l’enfant. Ce petit, ne comprenait rien encore, mais arrivé à un certain âge, chaque jour, en dirigeant sa petite main, vous lui faisiez marquer son front du signe de la croix, qui est aussi la profession du chrétien ; en effet par ce signe bien compris, le chrétien exprime sa foi envers les trois principaux mystères de notre religion, à savoir : le mystère de la Sainte Trinité, celui de l’Incarnation et celui de la Rédemption. Du sein de la Trinité, le Père envoie son Fils sur la terre (= Incarnation) afin de sauver les hommes en mourant sur la Croix (= Rédemption). D’où l’importance d’apprendre à l’enfant à bien faire ce geste avec piété et lentement, en le faisant vous-même de cette façon. Que d’enfants (et d’autres !) transforment en geste rapide de chasse-mouches cet acte de foi qui nous fait rentrer en contact avec Dieu dans la prière. La Sainte Vierge à Lourdes, lors d’une des premières apparitions, apprit à la petite bergère comment faire ce signe : « Bernadette a voulu commencer son chapelet et faire le signe de la croix. Impossible. Le bras était comme paralysé. Alors c’est la Dame elle-même qui s’est signée lentement, et ce mouvement-là, jamais l’enfant ne l’oubliera. Elle le sait. Elle le sent. Un geste large et d’une incomparable beauté, comme si l’apparition eût voulu mesurer le ciel. Et quand la Dame se fut signée, Bernadette put en faire autant. » (cf. Bernadette et Lourdes de Michel de Saint Pierre). Quand votre enfant a été en mesure de distinguer, vous l’avez conduit devant une statue de la Vierge Marie, et là, vous lui avez dit qu’elle est la mère du petit enfant qu’elle tient dans ses bras et qui se nomme Jésus. C’est sur vos genoux que l’enfant apprendra à balbutier ces noms de Jésus et de Marie avec celui de maman.
Comme Notre Dame, soyez, Chère Madame, pour votre enfant un modèle à imiter pour aimer Jésus, afin que, comme Sainte Bernadette, il soit marqué pour la vie par l’importance que vous avez apportée à la prière et qui traduit votre Foi.
(à suivre)
Une Religieuse.