Note de la rédaction de La Porte Latine : il est bien entendu que les commentaires repris dans la presse extérieure à la FSSPX ne sont en aucun cas une quelconque adhésion à ce qui y est écrit par ailleurs. |
Le pape François confirme sa volonté d’ouvrir davantage l’Église aux régions les plus éloignées de son centre, en créant 15 nouveaux cardinaux électeurs, dont trois viennent d’Asie, trois d’Amérique latine, deux de l’Océanie et deux autres d’Afrique. Le pape, qui s’est engagé dans une réforme de la curie – le gouvernement du Vatican -, n’a nommé cardinal qu’un seul de ses membres, le Français Dominique Mamberti, ancien ministre des Affaires étrangères du Saint-Siège. Quatre Européens – deux Italiens, un Espagnol, l’archevêque de Valladolid, Mgr Ricardo Blázquez Pérez, et un Portugais, le patriarche de Lisbonne, Mgr Manuel José Macário do Nascimento Clemente – vont rejoindre le 14 février les « princes de l’Église ». Le collège des cardinaux va également s’agrandir de cinq nouveaux membres, non électeurs, nommés par le pape en récompense de leur travail au sein de l’Église.
Le 14 février, le Sacré Collège, assemblée des cardinaux, comptera au total 228 membres, dont 125 ont moins de 80 ans et sont donc électeurs en cas de conclave. Après ce nouveau consistoire, 34 cardinaux électeurs auront été créés par Jean-Paul II, 60 par Benoît XVI et 31 par le pape François. Cinquante-sept proviennent du continent européen, 17 d’Amérique du Nord, 19 d’Amérique latine (dont le Mexique), 15 d’Afrique, 14 d’Asie et trois d’Océanie.
1 – Dominique Mamberti, préfet du Tribunal suprême de la Signature apostolique. Diplomate professionnel, Mgr Dominique Mamberti, nommé depuis peu préfet du Tribunal suprême de la Signature apostolique, est devenu, le cinquième cardinal français électeur. Discret, le jeune cardinal Dominique Mamberti s’est toujours tenu à distance des médias, auxquels il n’a jamais donné aucune interview. D’où sa traversée, consciencieuse et réservée, exclusivement axée sur sa mission de « ministre des affaires étrangères » du Saint-Siège, des tourmentes de la fin du pontificat de Benoît XVI, qui l’avait nommé en 2006 secrétaire pour les relations avec les États. Le pape François l’avait confirmé dans ces fonctions, fin août 2013, avant d’en faire, le 8 novembre dernier, son « premier magistrat » comme préfet du Tribunal suprême de la Signature apostolique, instance juridique suprême du Vatican. Fils unique d’un fonctionnaire civil de la défense, né le 7 mars 1952 à Marrakech (Maroc), mais issu du village de Vico (Corse), Mgr Mamberti a toujours conservé un lien vital avec son île. C’est peut-être dans cette insularité native qu’il faut trouver l’origine de son goût, professionnel et pastoral, pour les affaires du monde. Après des études de droit public à Strasbourg, puis le Séminaire français de Rome et l’Université pontificale grégorienne, le jeune prêtre ordonné en 1981 par Mgr Jean-Charles Thomas, évêque d’Ajaccio, entre en 1984 à l’Académie ecclésiastique pontificale, l”« ENA de l’Église ». Ses premières affectations, de 1986 à 1993 à Alger puis au Chili, sans oublier trois années à la nonciature de Beyrouth (Liban), de 1996 à 1999, nourriront son attention pour les communautés chrétiennes en difficulté, les délicats équilibres interreligieux et interconfessionnels. De même, ses trois années auprès Nations unies à New York (1993–1996) feront de lui un expert du dialogue multilatéral. Et ses quatre années comme nonce au Soudan, de 2002 à 2006, en charge de l’Érythrée et de la Somalie, lui feront vivre en direct les fractures du monde. Depuis, il s’est investi, comme il l’a déclaré le jour de sa nomination, dans le « dialogue entre civilisations, cultures et religions, auquel personne ne peut se soustraire ». Fin 2014, il plaidait encore la cause de la paix en Syrie devant l’assemblée générale des Nations unies, et celle de la transparence financière devant Interpol… Moyen-Orient, Vietnam, Russie et Chine ont été au cœur de ses préoccupations. Sans oublier le récent accord entre Cuba et les États-Unis, discrètement tissé par la diplomatie pontificale. Préoccupé par le « relativisme moral, le durcissement du laïcisme et l’érosion de la liberté de conscience » comme il le disait à Radio Vatican il y a un an, Mgr Mamberti est l’un des piliers de la présence française, historiquement amoindrie, à la Curie. Depuis deux ans, les vœux du pape au corps diplomatique ne sont plus prononcés en français…
2 – Manuel José Macário do Nascimento Clemente, patriarche de Lisbonne (Portugal). Ordonné prêtre en 1979 pour le Patriarcat de Lisbonne, Mgr Manuel Macário do Nascimento Clemente a été enseignant avant d’être nommé auxiliaire de Lisbonne en 1999. Évêque de Porto en 2007, il est nommé patriarche de Lisbonne en mai 2013. Depuis sa nomination, il a régulièrement pris la parole pour engager son Église sur le terrain social, défendant les pauvres contre les politiques d’austérité dans ce pays en pleine crise.
3 – Berhaneyesus Demerew Souraphiel, lazariste, archevêque d’Addis-Abeba (Éthiopie). Dans ce pays en pleine croissance économique et où les tensions communautaires peuvent être exacerbées par la guerre qui divise la Somalie voisine, l’Église joue un important rôle médiateur. Mgr Souraphiel, 66 ans, président de la conférence épiscopale et archevêque d’Abbis Abeba depuis 1999, est le représentant, affable et souriant, de la minorité catholique (1 % de la population). Ce lazariste a toujours cherché à maintenir le contact avec l’Église éthiopienne-orthodoxe (45 %) ainsi qu’avec les musulmans.
4 – John Atcherley Dew, archevêque de Wellington (Nouvelle-Zélande).Successeur en 2005 du cardinal Thomas Stafford dont il avait été l’évêque auxiliaire puis le coadjuteur, Mgr Dew, 66 ans, s’était fait connaître lors du Synode de 2005 sur l’eucharistie en demandant, déjà, que l’Église revienne sur le refus de communion aux divorcés remariés. Depuis 2012, cet ancien missionnaire auprès des Maoris et aux îles Cook est le président des évêques d’Océanie.
5 – Edoardo Menichelli, archevêque d’Ancône et Osimo (Italie). À 75 ans, l’archevêque d’Ancône est un des rares nouveaux Italiens à recevoir la pourpre. Depuis son ordination il y a bientôt cinquante ans, Mgr Menichelli a exercé en paroisse dans sa région natale des Marches puis auprès de cliniques romaines alors qu’il travaillait au sein de la Curie. Nommé archevêque de Chieti en 1994 puis d’Ancône dix ans plus tard, il est resté proche du milieu médical, notamment auprès des médecins catholiques italiens.
6 – Pierre Nguyên Van Nhon, archevêque de Hanoï (Vietnam). En octobre dernier, le pape François recevait au Vatican le premier ministre vietnamien Nguyên Tan Dung, afin, expliquait le Saint-Siège, d’approfondir les liens bilatéraux entre deux pays qui n’ont pas encore de relations diplomatiques. C’est dans ce contexte de relatif rapprochement avec l’État communiste qu’intervient l’accession au cardinalat de celui qui, à 76 ans, est archevêque de Hanoï depuis 2010 et préside la Conférence épiscopale du Vietnam, vingt-trois ans après avoir été évêque coadjuteur du diocèse de Da Lat pour la première fois.
7 – Alberto Suarez Inda, archevêque de Morelia (Mexique). Au début de l’année dernière, pour ses 75 ans, l’archevêque de Morelia avait envoyé sa démission au pape qui, pour toute réponse, crée donc cardinal cet évêque qui a fait toute sa carrière dans son Michoacan natal, comme évêque de Tacambaro, en 1985, puis comme archevêque de Morelia, son diocèse d’origine depuis 1995. Un État ravagé par la violence des narcotrafiquants contre lesquels il prend régulièrement la parole.
8 – Charles Maung Bo, salésien, archevêque de Rangoun (Birmanie). Ses protestations vigoureuses et incessantes contre les violences qu’inflige le régime bouddhiste à la minorité musulmane des Rohingyas, tout comme sa dénonciation du trafic d’êtres humains dans le pays font de l’archevêque de Rangoun l’un des principaux défenseurs des droits de l’homme en Birmanie. Ce salésien de 66 ans à l’apparence fragile fait résonner une voix forte dans le concert international, s’appuyant sur une longue expérience épiscopale?: il fut nommé évêque de Lashio à 42 ans.
9 – Francis Xavier Kriengsak Kovithavanij, archevêque de Bangkok (Thaïlande). Dans un pays marqué par de fortes tensions nées de l’affrontement entre le pouvoir et le mouvement dit des « chemises rouges » qui font craindre régulièrement une guerre civile, Mgr Francis Xavier Kriengsak Kovitvanit, 64 ans, s’est imposé comme un homme de paix depuis sa nomination comme archevêque de Bangkok en 2009, après avoir été évêque de Nakhon Sawan (nord).
10 – Francesco Montenegro, archevêque d’Agrigente (Italie). Archevêque depuis 2008 d’Agrigente en Sicile, près du port d’où l’on rejoint Lampedusa, Mgr Montenegro est exposé au drame des migrants. Au sein de la conférence épiscopale italienne, ce Sicilien de 68 ans préside la commission pour les migrations. Il dirige aussi une fondation dédiée à cette question. Il a connu plus largement les réalités sociales de son pays, comme président de la Caritas italienne durant cinq ans.
11 – Daniel Sturla Berhouet, salésien, archevêque de Montevideo (Uruguay). Frère d’un politicien néolibéral et président de la Chambre des députés mort prématurément en 1991, l’ancien provincial des salésiens uruguayens s’est fait connaître pour son engagement social. Auxiliaire de Montevideo en 2011, sa nomination comme archevêque trois ans plus tard avait surpris. Sa promotion, à seulement 55 ans, montre la faveur dont il jouit auprès de celui qui fut archevêque de Buenos Aires, juste de l’autre côté du Rio de la Plata.
12 – Ricardo Blazquez Pérez, archevêque de Valladolid (Espagne). Élu en mars dernier président de la Conférence épiscopale espagnole, poste qu’il avait occupé de 2005 à 2008 entre deux mandats du cardinal Antonio Maria Rouco Varela, Mgr Blazquez est toujours apparu comme le tenant d’une ligne d’ouverture, aux antipodes de celle de l’ancien archevêque de Madrid, tenant d’une certaine confrontation avec le gouvernement. Il fut d’abord évêque auxiliaire à Saint-Jacques-de-Compostelle en 1988 avant d’être évêque à Palencia, Bilbao puis Valladolid.
13 – José Luis Lacunza Maestrojuán, récollet, évêque de David (Panama). Espagnol né à Pampelune, entré en 1967 chez les augustins récollets, Mgr José Luis Lacunza Maestrojuán est arrivé en 1971 au Panama où il s’est longtemps investi dans l’éducation. Évêque auxiliaire de Panama (1985), il est ensuite évêque de Chitré (1944) puis de David (1999) et, deux fois, président de la Conférence épiscopale. En 2012, il a servi de médiateur entre le gouvernement et des minorités indigènes, obtenant un accord de paix dans un différend sur la terre et l’exploitation minière.
14 – Arlindo Gomes Furtado, évêque de Santiago du Cap-Vert (Cap-Vert). Depuis l’avènement de la démocratie en 1991, le Cap-Vert – petit archipel africain à 600 km du Sénégal – enregistre de sérieux progrès dans le domaine de l’éducation et de la santé. « Tout ceci désormais exige de l’Église un autre niveau de responsabilité, de pastorale et de formation de ses agents », expliquait en mai dernier l’archevêque de Santiago du Cap-Vert, 65 ans, soucieux que les catholiques, traditionnellement majoritaires dans l’île, résistent à l’influence grandissante des sectes.
15 – Soane Patita Paini Mafi, évêque de Tonga (Îles Tonga). En créant cardinal l’évêque de Tonga, le pape François jette une lumière aussi inédite qu’inattendue sur cet archipel du Pacifique Sud, menacé par l’élévation du niveau de la mer?: avec à peine 100 000 habitants – dont 60 % de protestants et 16 % de catholiques –, celui-ci est surtout connu en France pour son équipe nationale de rugby et ses plages paradisiaques… Les projecteurs se braqueront d’autant plus sur Mgr Soane Patita Paini Mafi que, âgé de 53 ans, celui qui n’était évêque que depuis sept ans devient le benjamin du Sacré Collège.
16 – José de Jesús Pimiento Rodriguez, archevêque émérite de Manizales (Colombie). Ce Colombien de 95 ans, prêtre en 1941 et évêque en 1955 – à 36 ans?! –, est un des derniers évêques à avoir participé au concile Vatican II. Archevêque de Manizales en 1975, celui qui fut président des évêques colombiens (1972–1978) pousse, en 1984, le recteur de son séminaire à le faire déménager du centre-ville vers un terrain plus pastoral en périphérie. Ce recteur n’était autre que le futur cardinal Marc Ouellet.
17 – Luigi De Magistris, pro-pénitencier majeur. En créant cardinal à bientôt 89 ans Luigi De Magistris, le pape François fait valoir le long engagement au sein de la Curie de ce Sarde ordonné évêque en 1996. Outre la Pénitencerie apostolique, dont il fut régent puis pro-pénitencier majeur, il a exercé aussi dans divers dicastères du Saint-Siège depuis 1958.
18 – Karl-Josef Rauber, ancien nonce. Nonce en Ouganda, puis président de l’Académie pontificale ecclésiastique (1990–1993), cet Allemand a exercé ensuite en Suisse et au Liechtenstein (où il doit gérer le conflit du diocèse de Coire) puis en Hongrie et en Moldavie, et enfin au Luxembourg et en Belgique où il se fait remarquer en soutenant les sans-papiers qui occupent des églises.
19 – Luis Héctor Villalba. Cet Argentin de tout juste 80 ans fut évêque auxiliaire de Buenos Aires en 1984 avant d’être nommé évêque de San Martin en 1991 (le futur pape François lui succédera comme auxiliaire de Buenos Aires). Archevêque de Tucuman de 1999 à 2011, il fut vice-président de la Conférence argentine de 2005 à 2011, secondant alors le cardinal Bergoglio.
20 – Julio Duarte Langa. Nommé évêque de Xai-Xai en 1976 par Paul VI, ce Mozambicain de 87 ans fut en première ligne lors des terribles inondations qui dévastèrent le pays en 2000. Président de Caritas Mozambique, très engagé dans le domaine de la santé, il travailla activement à la reconstruction, avec la Communauté de Sant’Egidio, très présente dans le pays.
Sources : La Croix/Le Point