Nous ne sommes pas seuls

Le 15 août 1981, Mère Angélica fon­dait une télé­vi­sion, EWTN, pour défendre l’orthodoxie doc­tri­nale, qui en deux décen­nies, chan­gea le pay­sage reli­gieux des Etats-Unis.

Obligé de recon­naître l’influence d’EWTN et de Mère Angélica (1923–2016) qu’il avait tant com­bat­tue, Mgr Foley, l’évêque de Birmingham en Alabama (Etats-​Unis) se désole au début des années 2000 : à cause d’elle, dans beau­coup d’églises, on chante désor­mais le Kyriale en latin.

Le jour de l’inauguration du nou­veau monas­tère construit par Mère Angélica dans son dio­cèse, il vou­lut célé­brer la messe face au peuple, ce que, mère abbesse, elle avait tou­jours refu­sé. Résultat, la mère abbesse ne dai­gna pas se mon­trer ce jour-là.

1993 : Mère Angélica, le jour de sa decla­ra­tion de guerre télé­vi­sée contre l’Eglise libé­rale amé­ri­caine où, à la fin, elle annonce reprendre son habit traditionnel.

Dans les années 1980, l’Eglise catho­lique amé­ri­caine était en pleine déli­ques­cence, meur­trie par des scan­dales en tout genre. Mais Dieu veillait : le 15 août 1981, Mère Angélica fon­dait une télé­vi­sion, EWTN, pour défendre l’orthodoxie doc­tri­nale, qui en deux décen­nies, chan­gea le pay­sage reli­gieux du pays.

L’aventure d’EWTN débu­ta avec 200 dol­lars. Quand Mère Angélica prit sa retraite en 2001, sa chaîne de télé­vi­sion en valait 800 mil­lions et était deve­nue la plus grande télé­vi­sion catho­lique du monde regar­dée par des mil­lions de familles sur tous les continents.

Grâce à son œuvre, l’Eglise amé­ri­caine prit un tour­nant conser­va­teur avec l’éclosion de nom­breuses com­mu­nau­tés de fidèles atta­chées à la Tradition et à la messe tridentine.

Dix ans plus tard, Mère Angélica est deve­nue un acteur incon­tour­nable du renou­veau de l’Eglise américaine.

Ce mou­ve­ment en faveur de la Tradition qui ras­semble un nombre tou­jours crois­sant de jeunes et de jeunes familles nom­breuses a été pour beau­coup dans la publi­ca­tion du Motu Proprio du 16 juillet der­nier par le pape François, inquiet de cet engoue­ment. La froi­deur à son égard de toute une frange de l’Eglise d’Amérique, dont EWTN, qui reste per­plexe devant sa manière d’agir, l’a pous­sé à se mon­trer sévère.

Alors que le pape François s’efforce de mettre au pas les com­mu­nau­tés de prêtres et de fidèles atta­chées à la Tradition, c’est ce moment–ci que deux jeunes prêtres dio­cé­sains dans un pays loin­tain choi­sissent pour pro­mou­voir la messe en latin par­mi les per­sonnes dont ils ont la charge.

Rien ne résiste à la grâce, et Notre-​Seigneur sau­ra tou­jours nous surprendre.

L’avenir de l’Eglise s’écrit en latin et nous devons être recon­nais­sants envers Notre Seigneur Jésus-​Christ de nous avoir don­né l’insigne hon­neur d’être de ceux qui portent son encrier.

Sanctuaire du Très Saint-​Sacrement à Hanceville (Alabama), fon­dé par Mère Angelica.

S’il est vrai qu’on ne peut sous­crire à tout ce qu’a dit ou fait Mère Angélica, elle n’avait, par exemple, pas com­pris les moti­va­tions et l’œuvre de Monseigneur Lefebvre, il est indé­niable que son ensei­gne­ment spi­ri­tuel est riche et sûr et qu’elle mérite une place d’honneur dans la lutte pour la Tradition dans l’Eglise.

La pho­to [ci-​joint] est une vue du retable de la cha­pelle du monas­tère qu’elle construi­sit et qui fut ache­vé en 1999. Il est entiè­re­ment doré et sur­mon­té du Saint-​Sacrement per­pé­tuel­le­ment expo­sé. Le monas­tère coû­ta qua­rante mil­lions de dol­lars. Mère Angélica fit mettre des dia­mants à l’intérieur de la porte du taber­nacle pour que « Jésus puisse se dis­traire en les regar­dant, Lui qui est tou­jours tout seul dans sa boîte ».

Ci-​dessous nous repro­dui­sons des extraits de sa décla­ra­tion télé­vi­sée de 1993 contre l’Eglise libé­rale de son pays qui fit l’effet d’un trem­ble­ment de terre aux Etats-​Unis et lui vau­dra une hos­ti­li­té accrue des évêques américains.

Déclaration télévisée de 1993

Lors la Journée mon­diale de la jeu­nesse à Denver en 1993, il y eut une repré­sen­ta­tion du che­min de croix dans laquelle une femme jouait le rôle de Jésus. Mère Angélica lut un article du Denver Post à ce sujet qui disait que c’é­tait « sur­pre­nant puisque l’Église catho­lique ne veut pas ordon­ner des femmes comme prêtres ».

« Non, ce n’est pas sur­pre­nant », répon­dit Mère Angélica, « c’est blasphématoire ».

Elle pas­sa les quelque 20 minutes sui­vantes à dénon­cer l” »Église libé­rale d’Amérique » pour sa dis­si­dence de l’or­tho­doxie, sa des­truc­tion des bonnes œuvres de l’Église et son inca­pa­ci­té à atti­rer de nou­veaux conver­tis à la foi.

« Je suis fati­guée de vos ruses », dit-​elle. « Je suis fati­guée de vos trom­pe­ries. Je suis fati­guée de vous voir constam­ment faire une brèche, et après la brèche, il y a un trou, et que nous tom­bons tous dedans.

« Je suis tel­le­ment fati­guée de votre Église libé­rale en Amérique. Tout ce que vous avez fait a été fait en silence. En réa­li­té, vous n’avez rien fait ; par votre sor­cel­le­rie, vos incan­ta­tions, votre prière auto­cen­trée, toute cette spi­ri­tua­li­té ter­restre, vous n’avez que rem­pla­cé l’eau bénite par du sable. Vous avez détruit nos églises et fer­mé celles qui étaient encore viables et pleines de promesses.

« …Cela fait main­te­nant 30 ans que nous ava­lons tout cela, et j’en ai assez. Nous avons assez ava­lé votre idée de Dieu. En fait, vous n’a­vez pas vrai­ment de dieu, vous n’a­vez pas de dogme, pas de doc­trine, et pas d’au­to­ri­té, parce que la seule auto­ri­té dans l’Église catho­lique est celle de notre Saint-​Père et du magis­tère, et vous avez renié cela.

« Vous ne croyez pas à l’Eucharistie, vous ne croyez pas à l’Immaculée Conception, vous ne croyez pas à la Naissance Virginale, vous ne croyez pas au pou­voir d’in­ter­ces­sion de Marie, vous ne croyez pas à la vie reli­gieuse, vous ne croyez pas au fait d’être une épouse du Christ.

« Vous croyez qu’il faut ensei­gner l’é­du­ca­tion sexuelle aux petits enfants de [CE2]. Vous croyez qu’il faut impo­ser la prière auto­cen­trée et nous impo­ser un lan­gage inclu­sif. Et main­te­nant vous dépei­gnez Jésus comme une femme. Vous êtes malades.

« Mais j’ad­mets que vous avez le droit d’a­voir vos habi­tudes. Vous avez le droit d’a­voir vos propres pen­sées. Vous avez le droit devant Dieu et cette nation de faire ce que vous faites. Mais je vous en veux d’es­sayer de détruire la catho­li­ci­té des simples, des pauvres et des per­sonnes âgées par vos méthodes. Je ne vais pas accep­ter ça.

« Je suis catho­lique romaine. Je suis de rite latin. Je crois en Dieu le Père, créa­teur du ciel et de la terre. Je crois que Jésus est son Fils, son Fils unique. Je crois que l’Esprit pro­cède du Père et du Fils, qu’il y a une Trinité. Je crois que le bap­tême met dans mon cœur et dans mon âme cette mer­veilleuse Trinité. Ce n’est pas une ini­tia­tion dans un club.

« Je crois qu’il est mort, qu’il a souf­fert et qu’il est res­sus­ci­té. Il est res­sus­ci­té. La résur­rec­tion de Jésus n’est pas appa­rue dans la pen­sée des hommes. Ce n’é­tait pas quelque chose dont nous devons nous sou­ve­nir. C’était une résur­rec­tion phy­sique. Je crois en cela, pas vous.

« Mais vous répan­dez vos erreurs chez les enfants. Et nos enfants ne connaissent même plus l’Eucharistie. Ils ne com­prennent pas que c’est le Saint-​Sacrement, que c’est le corps et le sang, l’âme et la divi­ni­té de Jésus. Vos caté­chismes sont tel­le­ment édul­co­rés qu’ils ne disent rien d’autre qu’ai­mer son pro­chain. Non, il faut d’a­bord aimer Dieu. […]

» Je n’aime pas votre Église. Vous n’a­vez rien à offrir. Vous ne faites que détruire. (…) Vous ne pou­vez pas sup­por­ter le catho­li­cisme triom­phant, vous devez le gâcher, comme vous avez gâché tant de choses au cours de ces 30 années. […]

« Vous n’a­vez pas de spi­ri­tua­li­té qui attire. Vos ordres reli­gieux sont en baisse. Vous n’a­vez pas de voca­tions, et vous ne vous en sou­ciez même pas. Votre seul but est de détruire.

« Vous n’êtes pas des bâtis­seurs, vous êtes des des­truc­teurs. Je ne vais plus accep­ter cela. »

Source : Le Saint-​Anne n°340