Quelques pas vers l’effacement d’une injustice

En 1975, la Fraternité Saint-​Pie X fut pré­ten­du­ment « sup­pri­mée » par l’é­vêque de Fribourg, sous la pres­sion du car­di­nal Villot.

Depuis plus de qua­rante ans, nous pro­tes­tons contre cette évi­dente illé­ga­li­té et cette incroyable injus­tice. Rappelons, en effet, que la Fraternité Saint-​Pie X a été fon­dée dans le dio­cèse de Fribourg, et recon­nue par l’é­vêque de ce dio­cèse le 1er novembre 1970, en res­pec­tant le droit cano­nique. Tous ses actes sub­sé­quents, jus­qu’à l’illé­gale « sup­pres­sion » de 1975, ont été réa­li­sés dans le res­pect du droit cano­nique. Les mai­sons qui furent ouvertes à cette époque l’ont été avec l’au­to­ri­sa­tion de l’é­vêque du lieu, confor­mé­ment au droit cano­nique. Les sémi­na­ristes qui rece­vaient les ordres étaient munis des lettres dimis­so­riales requises, etc.

En réa­li­té, la Fraternité Saint-​Pie X fut illé­ga­le­ment « sup­pri­mée » prin­ci­pa­le­ment parce que ses membres conti­nuaient à célé­brer la litur­gie tra­di­tion­nelle. Or, on essayait alors de faire croire que cette litur­gie était deve­nue inter­dite, qu’il n’é­tait plus per­mis de la célé­brer. Le fait d’un ins­ti­tut sacer­do­tal, même modeste, qui per­sis­tait à la célé­brer, consti­tuait un obs­tacle à cette manœuvre. Voilà pour­quoi fut lan­cé en 1973, par l’é­pis­co­pat fran­çais, à pro­pos d’Écône, le mot de « sémi­naire sau­vage », alors que ce sémi­naire jouis­sait de toutes les auto­ri­sa­tions cano­niques requises. Puis on pas­sa à l’at­taque directe, et fina­le­ment à cette illé­gale « sup­pres­sion » de 1975.

Le car­di­nal Ratzinger avait conscience de cette injus­tice de 1975. Devenu pape, il fit donc des gestes pour en effa­cer cer­taines consé­quences. En 2007, il recon­nut que la litur­gie tra­di­tion­nelle n’a­vait jamais été inter­dite : impli­ci­te­ment, cela inva­li­dait la condam­na­tion de 1975. Puis il annu­la en 2009 les pré­ten­dues excom­mu­ni­ca­tions de 1988.

Le pape François a fait lui aus­si des gestes, notam­ment en 2016 la recon­nais­sance de la juri­dic­tion des prêtres de la Fraternité Saint- Pie X pour la confes­sion et l’onc­tion des malades.

Récemment, via le car­di­nal Muller, il a fait un petit geste (assez flou) sur la ques­tion des mariages célé­brés par la Fraternité. Il y a donc eu quelques pas pour effa­cer l’in­jus­tice de 1975. Mais la jus­tice et la véri­té ne seront vrai­ment réta­blies que lorsque sera recon­nue à la Fraternité Saint- Pie X la plé­ni­tude de ses droits, notam­ment le sta­tut cano­nique qu’elle pos­sé­dait en 1975.

Par ailleurs, ce com­bat des années 1970 contre la litur­gie tra­di­tion­nelle, donc contre la Fraternité Saint-​Pie X, n’é­tait pas le fruit du hasard. Il était le résul­tat direct de cer­tains choix cala­mi­teux posés lors de Vatican II. Tant qu’on n’au­ra pas le cou­rage de réa­li­ser une révi­sion de ces choix, les mêmes causes pro­dui­ront les mêmes effets, et la Fraternité Saint-​Pie X conti­nue­ra d’être persécutée.

Abbé Christian BOUCHACOURT, Supérieur du District de France de la de la FSSPX

Sources : Lettre à nos frères prêtres n° 73

FSSPX Second assistant général

Né en 1959 à Strasbourg, M. l’ab­bé Bouchacourt a exer­cé son minis­tère comme curé de Saint Nicolas du Chardonnet puis supé­rieur du District d’Amérique du Sud (où il a connu le car­di­nal Bergoglio, futur pape François) et supé­rieur du District de France. Il a enfin été nom­mé Second Assistant Général lors du cha­pitre élec­tif de 2018.