Le nouveau voleur chinois

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C’est désor­mais par le biais d’une dic­ta­ture sani­taire que se profi­lent les plus grandes contraintes et pertes de liber­té à venir.

On connais­sait la tac­tique du « voleur chi­nois ». Lorsque celui-​ci veut sub­ti­li­ser un objet, il le déplace chaque jour de quelques cen­ti­mètres. Son pro­prié­taire s’habitue à voir l’objet quit­ter pro­gres­si­ve­ment son champ visuel, au point de ne plus en mémo­ri­ser la place ini­tiale. Il suf­fit ensuite au voleur de s’em­parer de l’objet convoi­té et son pro­prié­taire n’en per­çoit même pas la disparition.

Quelle que soit l’évolution des pra­tiques contem­poraines des tech­niques de vol, il est un do­maine où le pro­cé­dé décrit est mani­fes­te­ment revi­si­té. Depuis 2020, nous avons été spo­liés de nom­breuses liber­tés, à des degrés divers et se­lon des contraintes variables et cycliques qui en­traînent chez beau­coup l’oubli des liber­tés dont ils jouis­saient aupa­ra­vant. Interdiction de visi­ter les per­sonnes âgées, de se dépla­cer au-​delà d’un péri­mètre ridi­cule, réduc­tion de la liber­té de culte, impos­si­bi­li­té d’acheter et de vendre cer­tains pro­duits consi­dé­rés comme non-​essentiels près de chez soi, et même d’aller à l’école. Ainsi, se faire cou­per les che­veux, ache­ter des vête­ments, offrir des fleurs ont été consi­dé­rés, lors des pre­miers confi­ne­ments, comme des acti­vi­tés dan­ge­reuses et pro­pices à la conta­mi­na­tion de virus, tan­dis qu’acheter du tabac et en fumer, jouer aux jeux de la Française des jeux ne com­por­taient bien évi­dem­ment aucun dan­ger… pour les caisses de l’Etat.

C’est désor­mais par le biais d’une dic­ta­ture sani­taire que se profi­lent les plus grandes contraintes et pertes de liber­té à venir. Pour plaire aux socié­tés phar­ma­ceu­tiques et infor­ma­tiques qui dictent leur loi de pro­fit et de contrôle de la popu­la­tion, sous l’autorité d’instances scienti­fiques dont les con­flits d’intérêts sont sur la place pu­blique, il s’agit de culpa­bi­li­ser ceux qui refu­se­raient de se lais­ser volontaire­ment vac­ci­ner et enrô­ler dans une dérive où l’Etat pré­voit le contrôle de tout et de tous. Et comme l’adhésion au pro­ces­sus de vac­ci­na­tion ren­con­trait en France une forte oppo­si­tion, on pro­cé­da par étapes. Le nou­veau « voleur chi­nois » opère dif­fé­rem­ment de son ancêtre : il sub­ti­lise les liber­tés, mais les res­ti­tue, les sub­ti­lise de nou­veau et ain­si de suite. A l’arrivée, on croit avoir recou­vré ses biens mais, dans le sou­la­ge­ment des quelques liber­tés retrou­vées, on oublie que l’on en pos­sé­dait beau­coup plus que l’on ne nous en a ren­dus. Le vo­leur les garde jalou­se­ment et renou­velle un méca­nisme bien rôdé.

  • Etape 1 : Confinement, fer­me­ture des com­merces décla­rés non- essen­tiels, des lieux de loi­sirs, perte de liber­tés en tous genres, chaos éco­no­mique pour cer­tains métiers, chaos sco­laire et univer­sitaire, explo­sion du mal être d’un grand nombre, vio­lences, gâchis géné­ral pour beau­coup mais pro­fits inso­lents pour l’oligarchie qui dili­gente l’opération.
  • Etape 2 : pro­messe d’un des­ser­re­ment de l’étau et des contraintes, moyen­nant une vac­ci­na­tion massive.
  • Etape 3 : retour à une vie plus libre mais conser­va­tion de nom­breuses contraintes pour sus­ci­ter un sen­ti­ment de sou­la­ge­ment et main­te­nir en même temps une ten­sion d’attente craintive. 
  • Etape 4 : nou­veau confi­ne­ment, fer­me­tures, pertes de libertés. 
  • Etape 5 : pro­messe d’un vrai des­ser­re­ment de l’étau et des contraintes, moyen­nant une plus grande bonne volon­té des popu­la­tions réfractaires. 
  • Etape 6 : etc.

A chaque étape, beau­coup de ré­sistances s’é­moussent, la lassi­tude prend le des­sus et le désir de ne plus souf­frir de nou­veau la con­trainte fait bascu­ler dans le con­sentement. On veut vivre en paix, comme avant. Et l’on finit par en vou­loir à ceux qui n’entreraient pas dans le jeu. On les accuse de retar­der le pro­ces­sus de libérali­sation et de retour à la nor­male, sans se rendre compte qu’il s’agit d’une dépos­ses­sion défi­ni­tive de liber­tés qui n’a rien à voir avec un dan­ger sani­taire : on assiste à un contrôle de la popu­la­tion sous cou­vert de pro­tec­tion sani­taire. On est alors prêt à tout accep­ter : les vac­cins à répé­ti­tion, les tests, le « pass (sic) sani­taire », la perte de l’anonymat pour toutes ses acti­vi­tés publiques : res­tau­rants, ci­némas, voyages, loi­sirs… tout fera l’objet d’un contrôle, d’une iden­ti­fi­ca­tion, d’un mar­quage, sous pré­texte d’un dan­ger sani­taire qui se révèle infé­rieur à bien des causes constantes de mort dans la popu­la­tion (can­cers, mala­dies car­dio­vas­cu­laires dues au tabac, à la drogue, etc.). La dis­pro­por­tion entre le dan­ger encou­ru et la réponse appor­tée par les gou­ver­ne­ments est fla­grante mais la pro­pagande est telle qu’elle abou­tit à un phé­no­mène de sidé­ra­tion men­tale qui para­lyse toute réflexion de bon sens.

A cela s’ajoute le dis­cré­dit média­tique et la cen­sure por­tés sur toute voix qui cherche à aler­ter la popu­la­tion sur les enjeux de la situa­tion. La « fabrique du consen­te­ment », comme disait Noam Chomsky((Noam CHOMSKY, Edward HERMAN, La Fabrication du consente­ment – De la pro­pa­gande média­tique en démo­cra­tie. Edition AGONE, Nouvelle édi­tion 2009)), marche à plein. Le résul­tat para­doxal est là : on sera heu­reux si l’on n’est plus libre. Pour le coup, ce n’est pas le « voleur chi­nois » mais le gou­ver­ne­ment chi­nois qui a tes­té et ins­tauré cette pra­tique de contrôle per­ma­nent de ses citoyens. On sait par ce grand pays ce qui nous attend.

Allons-​nous nous habi­tuer à perdre toutes ces liber­tés fondamen­tales que, jusque-​là, les fic­tions d’Aldous Huxley (Le Meilleur des Mondes) et de George Orwell (1984) nous fai­saient craindre sans trop y croire ?

Simultanément, la res­tric­tion du droit d’éduquer ses enfants à la mai­son et la mise sous contrôle per­ma­nent des écoles jusque-​là encore un peu libres de leurs péda­go­gies font par­tie de cet arse­nal de régres­sions sociales dont on ne mesure pas tou­jours suffisam­ment la dyna­mique tota­li­taire. Lorsque la vie se réduit à la san­té, lorsque la reli­gion, la pen­sée et l’éducation des enfants dépendent du seul bon vou­loir de l’Etat, le pro­ces­sus de pro­pa­gande étant à son ser­vice, on n’est pas loin de voir dis­pa­raître à jamais les biens que l’on pos­sé­dait. La liber­té d’enseignement que l’on croyait sa­cralisée dans la Constitution de la Ve République devien­dra un sou­ve­nir du temps « d’avant la crise sani­taire ». Les voleurs de li­bertés sont pas­sés par là.

Le voleur chi­nois de 2021 est allé vite en besogne. Mais il devra un jour res­ti­tuer ce qu’il a volé. A moins que nous renon­cions à lui en récla­mer le dû parce que nous pré­fé­re­rions fina­le­ment le con­fort de la ser­vi­tude, le sou­la­ge­ment de ne plus avoir à défendre cette part d’humanité qui était notre tré­sor, un tré­sor prê­té par Dieu pour nous conduire à Lui.

Abbé Philippe Bourrat

Source : Lettre aux amis et bien­fai­teurs de l’ADEC n°36

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