Novembre 2012 – La IIIe Guerre mondiale, par l’abbé Xavier Beauvais

La IIIe Guerre mondiale [1]

Oui, le 11 octobre 1962, la 3e guerre mon­diale était décla­rée contre l’Église par l’ouverture du concile Vatican II, et une guerre pas comme les autres, une guerre révo­lu­tion­naire, qui va don­ner à l’Église une nou­velle mis­sion, celle de lut­ter pour l’homme, une révo­lu­tion qui s’est opé­rée par une folle ouver­ture au monde.

En lisant les textes, en nous basant sur les textes, nous pou­vons tran­quille­ment affir­mer que Vatican II est à l’Église ce que la révo­lu­tion de 1789 a été pour le monde. D’où une crise qui s’en est sui­vie et qui n’est pas due à une mau­vaise inter­pré­ta­tion des textes, ni à un esprit dévoyé du Concile, mais au Concile lui-​même. Si nous accep­tons donc le Concile, nous devons accep­ter toutes les réformes qui en sont issues (nou­velle messe, nou­veau rituel, nou­velle ecclé­sio­lo­gie, nou­veau droit canon). Si en revanche, nous décou­vrons que les textes du Concile, non seule­ment mettent en péril l’intégrité de la foi, mais la tra­hissent, alors nous devons les refu­ser ain­si que les réformes qui en découlent.

Un coup d’œil rapide sur les prin­ci­pales erreurs du Concile est néces­saire pour don­ner ou redon­ner aux jeunes géné­ra­tions le sens du com­bat enga­gé par Monseigneur Lefebvre pour l’amour de l’Église, pour l’intégrité de la foi catholique.

La collégialité

« En affir­mant qu’il existe un double pou­voir suprême dans l’Église, en ins­ti­tuant un col­lège épis­co­pal per­ma­nent, le concile Vatican II a réduit le pou­voir du pape et des évêques au point de leur faire perdre leur carac­tère essen­tiel » [2]

Cette ten­dance à faire par­ti­ci­per la base à l’exercice du pou­voir se retrou­ve­ra dans l’institution des synodes, confé­rences épis­co­pales, conseils pres­by­té­raux, dans la mul­ti­pli­ca­tion des com­mis­sions, comme au sein des congré­ga­tions religieuses.

C’est toute une orien­ta­tion démo­cra­tique de l’Église conci­liaire qu’il faut dénon­cer et com­battre, car les pou­voirs résident non plus dans l’autorité mais dans le peuple de Dieu. Cette dégra­da­tion de l’autorité est la source de l’anarchie et du désordre qui règnent aujourd’hui dans l’Église. S’il est vrai que les évêques forment un corps consti­tué dans la mesure de leur ori­gine com­mune (suc­ces­seurs des apôtres) et de leur fonc­tion com­mune (paître le trou­peau) ils ne forment pas essen­tiel­le­ment – ni en per­ma­nence en acte – un col­lège au sens strict.

La liberté religieuse

En décla­rant que chaque homme est libre de pro­fé­rer sa reli­gion, en prô­nant la liber­té de conscience, le concile Vatican II a ouvert la porte au rela­ti­visme doc­tri­nal, à l’indifférentisme pra­tique et à la dis­pa­ri­tion de l’esprit mis­sion­naire dans l’Église pour la conver­sion des âmes. Cette décla­ra­tion ser­vi­ra de plus à fon­der l’œcuménisme.

Il n’existe pas de liber­té à pro­fes­ser une autre reli­gion que la catho­lique puisque la pro­fes­sion d’une fausse doc­trine implique néces­sai­re­ment la cor­rup­tion du libre-​arbitre en ame­nant l’homme à agir contre sa raison.

L’œcuménisme

Les textes du concile Vatican II montrent clai­re­ment que la démarche œcu­mé­nique consiste à éta­blir un dia­logue avec les a‑catholiques en pre­nant comme base ce qu’ils ont de com­mun avec les catho­liques et en fai­sant abs­trac­tion des dif­fé­rences. Le Concile enseigne qu’il existe « une véri­table union dans l’Esprit-Saint avec les héré­tiques » (LG, 14), « une cer­taine com­mu­nion impar­faite avec elles » (UR, 3).

Là aus­si il y a bel et bien rup­ture avec la doc­trine catho­lique qui déclare avec saint Cyprien que « l’Église catho­lique est le moyen unique de salut ». Comme le dit le pape Pie XI dans Mortalium ani­mos, « puisque la cha­ri­té a pour fon­de­ment une foi inté­grale et sin­cère, c’est l’unité de foi qui doit être le lien prin­ci­pal unis­sant les dis­ciples du Christ ».

Pie XI réfute le « vœu » expri­mé par les par­ti­sans de l’œcuménisme que « tous soient un » en affir­mant que « l’Église catho­lique a par elle-​même l’unité pro­mise par Jésus-​Christ à son Église. L’union des dis­si­dents ne peut être que le retour à la seule véri­table Église qu’ils ont eu autre­fois le mal­heur d’abandonner ». Au Concile qui parle d’une véri­table com­mu­nion dans l’Esprit-Saint avec les héré­tiques, Pie XI répond : « Comment des hommes qui s’attachent à des opi­nions contra­dic­toires, constitueraient-​ils une seule et même socié­té ? » (Mortalium ani­mos)

Ainsi donc, seuls ceux qui pro­fessent inté­gra­le­ment la foi catho­lique font par­tie de l’unique arche de salut, et puisque la foi est leur grand tré­sor, l’Église a tou­jours réprou­vé la par­ti­ci­pa­tion des fidèles aux rites a‑catholiques. Le Droit Canon va jusqu’à sus­pec­ter d’hérésie celui qui y par­ti­ci­pe­rait, car une telle par­ti­ci­pa­tion appe­lée com­mu­ni­ca­tio in sacris implique la pro­fes­sion d’une fausse doc­trine puisqu’elle sous-​entend l’intention d’honorer Dieu comme les non-​catholiques. Or en la per­met­tant, le Concile s’oppose au com­man­de­ment de Notre-​Seigneur qui dit à ses dis­ciples : « Que celui qui n’écoute pas l’Église soit pour toi comme le païen et le publicain »

Dans le même ordre d’idées, il est impos­sible de conci­lier le texte du Concile Nostra Ætate, texte qui selon le Grand Rabbin Elio Taff « a intro­duit dans les rap­ports de l’Église avec le judaïsme une révo­lu­tion » avec les si nom­breux textes de l’Écriture que l’on peut trou­ver en saint Jean et dans les Actes des Apôtres.

Les Actes des Apôtres témoignent des véri­tés maî­tresses énon­cées en saint Jean par Notre-​Seigneur et qui dic­te­ront l’attitude des Apôtres vis-​à-​vis des Juifs.

On oublie trop faci­le­ment que devant les dis­cours de saint Pierre, les chefs, les anciens, les scribes, arrê­tèrent les Apôtres et les firent com­pa­raître devant eux, leur inter­di­sant d’enseigner au nom de Jésus-Christ.

Saint Paul n’a‑t-il pas lui-​même, devant l’aveuglement des Juifs, révé­lé ce des­sein pro­vi­den­tiel de Dieu ?

Les Apôtres, sui­vant l’ordre reçu du Seigneur, cher­chaient à conver­tir les Juifs, et non à dia­lo­guer avec eux. Bel exemple pour nous, le seul exemple à suivre.

Toujours dans le même ordre d’idées, le Concile Vatican II pré­tend que les musul­mans adorent le même Dieu que nous puisqu’ils sont mono­théistes. Cela est abso­lu­ment faux puisque le dieu un des musul­mans est anti-​trinitaire ; les musul­mans n’adorant pas la per­sonne de Jésus-​Christ, ils ne recon­naissent pas la divi­ni­té de Jésus-​Christ. Il faut ici se rap­pe­ler que « tout esprit, dit saint Jean dans sa pre­mière épître, qui ne confesse pas Jésus-​Christ n’est pas de Dieu, c’est là l’esprit de l’Antéchrist », ne fai­sant en cela que reprendre la doc­trine de Notre-Seigneur.

Par ailleurs com­ment le Concile peut-​il louer la morale d’une reli­gion qui admet la poly­ga­mie et qui s’est répan­due dans le monde par le fer et le feu, sui­vant le prin­cipe de la « Djihad » ?

Enfin quand on lit, tou­jours dans Nostra Ætate, les textes rela­tifs au boud­dhisme, à l’hindouisme, à l’instauration d’une uto­pique fra­ter­ni­té uni­ver­selle, y appa­raît très net­te­ment le fon­de­ment de l’attitude œcu­mé­nique, à savoir que toutes les reli­gions sont plus ou moins bonnes, et qu’un dia­logue est pos­sible avec les autres religions.

Le Concile va même plus loin puisqu’il cherche une com­pré­hen­sion mutuelle d’où l’on espère que sor­ti­ront des apports mutuels. Hélas, il ne s’agit plus de conver­tir les âmes à Notre-​Seigneur. La dif­fé­rence entre le catho­li­cisme et les autres reli­gions est d’ordre qua­li­ta­tif. Si on l’admet plus ou moins, on dis­sout la doc­trine catho­lique car cela pré­sup­pose que la reli­gion catho­lique n’est pas la seule vraie reli­gion, mais qu’elle n’est qu’une par­mi d’autres. On recon­naît ici la tac­tique moder­niste qui agit en deux temps : solve et coa­gu­la (dis­sous et ras­semble). « Dissoudre l’Église catho­lique et regrou­per toutes les religions ».

Léon XIII disait déjà de ce plan en 1884 que « Dans ce plan impla­cable, il est aisé de recon­naître Satan et son plan de vengeance ».

On peut dire dès lors que l’œcuménisme est l’équivalent d’un pacte avec les enne­mis jurés de l’Église. Il existe dans l’humanité deux camps qui s’affrontent entre le bien et le mal, et le com­bat ne ces­se­ra qu’à la fin des temps. Cette oppo­si­tion appa­raît dès le livre de la Genèse ; par la suite durant tout l’Ancien Testament, Dieu mani­fes­te­ra son zèle pour châ­tier les peuples ido­lâtres. L’existence des deux camps qui dépar­tagent l’humanité est rap­pe­lée dans le Nouveau Testament par le vieillard Siméon qui pré­dit que Notre-​Seigneur « sera un signe de contradiction ».

Le dialogue avec le monde

Au concile Vatican II, le dia­logue avec le monde a fait l’objet de la consti­tu­tion pas­to­rale Gaudium et spes qui, comme l’écrit l’abbé Laurentin dans son com­men­taire, « aborde le monde non par voie d’autorité (…) pour en prendre la mesure avec le res­pect et l’humilité qu’appelle la consi­dé­ra­tion de toute réa­li­té humaine » comme consi­dé­ra­tion préa­lable du dialogue.

Comment pourrait-​on pour­tant aimer le monde pour lequel Notre-​Seigneur a mon­tré son oppo­si­tion et pour lequel il n’a pas prié ? En prô­nant le dia­logue avec le monde, le Concile désire être écou­té du monde. En effet, il l’est dans la mesure où il tient le même lan­gage. Mais ce n’est pas ce que Dieu désire. Cette union adul­tère avec le monde résulte du désir de plaire aux hommes ! De là on arrive vite à l’attitude de Pilate qui jus­te­ment pour ne pas déplaire aux homme fit fla­gel­ler et mettre à mort Notre-​Seigneur. Voilà où conduit le libé­ra­lisme conci­liaire ; une éclipse de l’Église catho­lique. Ce que Dieu attend de nous est la pré­di­ca­tion des véri­tés révé­lées, n’en déplaise au monde.

La liturgie (Sacrosanctum concilium)

L’attitude œcu­mé­nique du Concile Vatican II aura des réper­cu­tions notam­ment sur la consti­tu­tion ayant trait à la litur­gie. La litur­gie conci­liaire a tra­hi la foi en en éli­mi­nant ce qui est spé­ci­fi­que­ment catho­lique dans le but de plaire aux pro­tes­tants, à savoir : la spé­ci­fi­ci­té du prêtre et la notion de sacri­fice. On exal­ta ain­si la par­ti­ci­pa­tion du peuple chré­tien en s’appuyant sur le sacer­doce des fidèles ; cela se concré­ti­sa par l’utilisation de la langue ver­na­cu­laire, par la pos­si­bi­li­té de la com­mu­nion sous les deux espèces comme chez les pro­tes­tants, par le déve­lop­pe­ment de « la litur­gie de la parole » aux dépens du sacri­fice. La notion de pré­sence réelle sera éga­le­ment tou­chée par la dimi­nu­tion consi­dé­rable des signes d’adoration. Enfin l’inévitable démo­cra­ti­sa­tion de l’Église se mani­feste par la concé­lé­bra­tion. Ainsi s’amorçait la nou­velle litur­gie qui devait abou­tir sept ans plus tard à la nou­velle messe, qui « s’éloigne de façon impres­sion­nante tant dans l’ensemble que dans le détail, de la théo­lo­gie catho­lique de la Messe ». Le Père Joseph de Sainte-​Marie a bien résu­mé un tel bou­le­ver­se­ment : « Ceux qui ont fait le nou­vel ordo l’ont construit selon une théo­lo­gie qui n’est plus catho­lique notam­ment sur les trois points fon­da­men­taux : du sacri­fice eucha­ris­tique, du sacer­doce minis­té­riel, de la Présence réelle ». Il s’agit bien d’une tra­hi­son de la foi.

L’Église « peuple de Dieu »

Il faut voir sans équi­voque dans le cha­pitre II de la consti­tu­tion Lumen Gentium au Concile Vatican II, la source des autres erreurs de ce Concile.

Le fait de mettre les laïcs et les clercs au même niveau sous-​entend que l’Église est com­mu­nau­taire en sa base.

Ce texte a vou­lu remettre en ques­tion la notion d’appartenance à l’Église qui perd selon ses auteurs « son étroi­tesse et sa rigi­di­té post-​tridentine ». Sous pré­texte que l’on défi­nis­sait l’Église autre­fois de manière uni­voque, on par­le­ra d’une « Église unie avec les juifs et les musul­mans, les bap­ti­sés qui ne pro­fessent pas la foi catho­lique, etc. »

On est là en véri­table rup­ture avec ce qu’écrit Pie XII dans son ency­clique Mystici Corporis : « C’est s’éloigner de la véri­té divine que d’imaginer une Église qu’on ne pour­rait ni voir, ni tou­cher, qui ne serait que spi­ri­tuelle, dans laquelle les nom­breuses com­mu­nau­tés chré­tiennes bien que divi­sées entre elles par la foi, seraient pour­tant réunies par un lien indivisible ».

En tou­chant ain­si à la consti­tu­tion de l’Église, le Concile en a fait un monstre parce que bi-​céphale (par la créa­tion d’un double pou­voir suprême) et sans corps (peuple de Dieu réunis­sant plus ou moins tous les hommes).

Conclusion

Quand celui qui à l’époque était car­di­nal et qui est aujourd’hui pape, écrit dans son livre Principes de théo­lo­gie catho­lique, « La décla­ra­tion sur la liber­té reli­gieuse est une ten­ta­tive de récon­ci­lia­tion offi­cielle de l’Église avec le monde tel qu’il est deve­nu depuis 1789 », alors nous pou­vons dire que le concile Vatican II a été la 3e guerre mon­diale qui doit aujourd’hui nous trou­ver aux pre­mières lignes d’un com­bat qui ne ces­se­ra qu’avec la mort des idées que ledit Concile a engendrées.

50 ans après, le com­bat se fait long, il fait rage, et pour­tant une immense par­tie du com­bat demeure l’attaque de la tra­hi­son du Concile et la défense du for­tin de la foi.

Abbé Xavier BEAUVAIS

Extrait du Chardonnet n° 281 d’oc­tobre 2012

Notes de bas de page
  1. Expression uti­li­sée par Mgr Lefebvre[]
  2. Octobre 1963, inter­ven­tion de Mgr Carli []