Lettre n° 13 de Mgr Lefebvre aux Amis et Bienfaiteurs de la FSSPX d’octobre 1977

Chers Amis et Bienfaiteurs,

u moment où le Synode se réunit à Rome pour étu­dier la caté­chèse, on sou­hai­te­rait que les pages d’introduction du Catéchisme du Concile de Trente, rédi­gées par les auteurs mêmes du Catéchisme, soient relues par les évêques pré­sents au Synode. Ils y appren­draient com­ment ces auteurs enten­daient résoudre les pro­blèmes d’adaptation.

Nous avons tout lieu de craindre que la Réforme conci­liaire conti­nue, mal­gré quelques bonnes inter­ven­tions. Ce n’est pas celle de l’Archevêque de Saigon qui frei­ne­ra l’évolution puisqu’il consi­dère que la seule caté­chèse pos­sible en pays mar­xiste est la col­la­bo­ra­tion avec le mar­xisme pour la construc­tion d’une socié­té nou­velle. Et en cela, il l’affirme, il s’appuie sur les textes du décret conci­liaire « Gaudium et Spes » (voir l’article d’Edith Delamare – Rivarol 13 octobre 1977).

Dans les faits, nous ne voyons aucun signe de retour à la Tradition mais bien au contraire une mise en place conti­nuelle de l’œcuménisme et du com­mu­nisme. Jamais les inno­va­tions les plus incon­ce­vables ne sont publi­que­ment répri­man­dées par l’autorité. Seuls ceux qui main­tiennent la foi catho­lique sont pour­sui­vis et condamnés.

Devant la pro­gres­sion constante de l’autodestruction de l’Eglise, le corps mys­tique de Notre Seigneur, qui est l’Eglise vivante, réagit et réclame de la hié­rar­chie qu’elle l’aide à sur­vivre et non à mou­rir. De là les sur­sauts de nom­breux membres du corps mys­tique qui cherchent à sur­vivre, qui s’efforcent de trou­ver des sources de la vie auprès de prêtres et d’évêques demeu­rés fidèles.

Dans ces conjonc­tures, c’est la loi de la sur­vie qui com­mande et aucune loi posi­tive même ecclé­sias­tique ne peut contre­dire cette loi pre­mière et fon­da­men­tale. L’autorité, la loi dans l’Eglise, comme dans toute socié­té, sont au ser­vice de la vie et en défi­ni­tive au ser­vice de la vie sur­na­tu­relle qui est la vie éternelle.

Il n’est pas sur­pre­nant que, lorsque l’autorité fait défaut, ou s’emploie à anéan­tir ce qu’elle a pour but de construire, le corps social se trouve désem­pa­ré et que la réac­tion ait lieu selon divers cri­tères qui peuvent être quelque peu diver­gents. Ce qui importe, c’est de sau­ver notre foi catho­lique ins­crite dans nos caté­chismes, de sau­ver les moyens de la vivre par la grâce du Sacrifice de la Messe et des Sacrements, sau­ver les moyens de la trans­mettre aux géné­ra­tions futures par les écoles catho­liques et les séminaires.

C’est ce que nous essayons de faire par nos sémi­naires et par nos prieurés.

L’appel des fidèles est tou­jours plus pres­sant et plus éten­du. Après l’Europe, l’Amérique du Nord, c’est l’Amérique du Sud et l’Australie, les Indes, le Japon qui nous réclament aussi.

Puisse cet appel être enten­du de Rome et de nom­breux évêques afin de répondre à cette attente par les moyens que l’Eglise a tou­jours utilisés !

Nous essayons pour nous d’y répondre par les moyens que la Providence met à notre dis­po­si­tion ; nos 40 prêtres et nos 140 sémi­na­ristes de toutes natio­na­li­tés, nos frères, nos reli­gieuses, nos 20 mai­sons, dont 3 sémi­naires, fon­dées en huit ans sont une preuve que Dieu nous vient en aide.

Il nous fau­dra cette année trou­ver deux immeubles plus vastes pour nos sémi­naires de langue alle­mande et des USA. Le nombre crois­sant des voca­tions nous y oblige. 39 nou­veaux sont entrés à Ecône, dont 8 Américains, 5 Italiens, 3 Argentins… 7 à notre sémi­naire de Weissbad et 16 à celui des U.S.A.

Nous avons 6 novices frères et 8 nou­velles aspi­rantes reli­gieuses, ain­si que deux oblates. A ce pro­pos, nous fai­sons part de la fon­da­tion d’un groupe de cis­ter­ciennes et d’un Carmel selon les plus fidèles tra­di­tions. Les aspi­rantes contem­pla­tives peuvent nous deman­der les adresses.

C’est pour­quoi nous vous deman­dons, chers amis et bien­fai­teurs, de nous conti­nuer l’aide de vos prières et de vos dons, per­sua­dés d’ailleurs que les dif­fi­cul­tés avec Rome fini­ront bien par trou­ver une solu­tion. Mais rien ne peut se faire sans redou­bler de fer­veur dans la prière, dans le Sacrifice de la Messe, par l’intercession de la Très Sainte Vierge. Elle seule vain­cra tous les obs­tacles qui empêchent le règne de son divin Fils de s’étendre sur les familles et sur les socié­tés pour le salut des âmes.

Nous vous rap­pe­lons que le cha­pe­let est réci­té tous les soirs à 19 h. dans toutes nos mai­sons aux inten­tions des amis et bien­fai­teurs vivants et défunts. Unissez-​vous à nous dans cette supplication.

Et que Dieu vous bénisse.

+ Marcel LEFEBVRE
Ecône, le 17 octobre 1977

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Fondateur de la FSSPX

Mgr Marcel Lefebvre (1905–1991) a occu­pé des postes majeurs dans l’Église en tant que Délégué apos­to­lique pour l’Afrique fran­co­phone puis Supérieur géné­ral de la Congrégation du Saint-​Esprit. Défenseur de la Tradition catho­lique lors du concile Vatican II, il fonde en 1970 la Fraternité Saint-​Pie X et le sémi­naire d’Écône. Il sacre pour la Fraternité quatre évêques en 1988 avant de rendre son âme à Dieu trois ans plus tard. Voir sa bio­gra­phie.