LAB de l’ADEC n° 27 – Que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni

Que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni (St Marc X, 9)

Chers amis et bienfaiteurs

Les atteintes por­tées à la nature indi­vi­duelle ou sociale de l’homme sont autant d’in­sultes et d’im­pié­tés contre Dieu son Créateur et sou­ve­rain Maître. Dès le com­men­ce­ment, Dieu a sur­éle­vé de façon gra­tuite la nature de l’homme en l’ap­pe­lant à une connais­sance et un amour sur­na­tu­rels de Lui-​même, qui rendent pos­sible une par­ti­ci­pa­tion à la vie intime de la Sainte Trinité. Depuis la Rédemption, l’homme est invi­té à être uni à Dieu par l’in­ter­mé­diaire de Jésus-​Christ, le Fils unique de Dieu, dont l’in­car­na­tion rédemp­trice a ren­du pos­sible la res­tau­ra­tion du plan divin. D’où l’om­ni­pré­sence, dans la Révélation, de l’i­mage du lien nup­tial qui unit Dieu à son peuple et qui annonce pour l’Eglise la vie à laquelle l’homme se trouve appe­lé par Dieu et avec Dieu à des noces éternelles.

Mais dès l’o­ri­gine, le péché d’Adam et Eve et, encore aujourd’­hui, la révolte des enne­mis de l’Eglise catho­lique s’op­posent orgueilleu­se­ment à ce plan d’a­mour qui sup­pose en retour l’o­béis­sance et la sou­mis­sion à l’ordre qui émane de la Sagesse divine. Cet esprit d’in­dé­pen­dance, tout comme le péché mor­tel, consti­tue un divorce d’a­vec Dieu.

Dieu est certes plus puis­sant que le mal de ses créa­tures. Le Roi invite tou­jours aux noces éter­nelles, même si les invi­tés déclinent son offre. Ceux-​ci refusent de se recon­naître créa­tures dépen­dantes et tentent tou­jours de se pas­ser de Dieu, lui pré­fé­rant des veaux d’or ou le culte de leur propre corps. Jésus-​Christ, qui est pour­tant l’u­nique Voie, la Vérité et la Vie, se trouve ain­si écar­té de la vie sociale, de l’é­cole, de la légis­la­tion et, fina­le­ment, du cœur de l’homme. Le divin Epoux n’est plus l’ob­jet d’a­mour de l’âme humaine son épouse. Le Verbe qui s’est fait homme pour rele­ver l’hu­ma­ni­té déchue n’est pas reçu par les siens. Mais il don­ne­ra pour­tant l’hé­ri­tage céleste à ceux qui l’ac­cueillent, à ceux qui sont faits enfants de Dieu par le bap­tême et qui vivent fidè­le­ment de sa grâce.

Dès lors, les enfants de Dieu sont per­sé­cu­tés du fait qu’ils refusent d’être enfants du monde révol­té contre Dieu. Leurs écoles sont à la peine, ce qui ne les empêche pas de pour­suivre leur quête du Royaume des cieux. Ils sont mon­trés du doigt lors­qu’ils rejettent le poi­son qui les sépare de Jésus-​Christ et qui tue­rait leur âme. Or, ce poi­son porte un nom : c’est le natu­ra­lisme. Il se décline en deux aspects dans nos socié­tés de « pro­grès » : d’un côté, le ratio­na­lisme qui décrète l’au­to­no­mie de l’in­tel­li­gence et son refus de toute Révélation divine, de toute règle qui trans­cende l’é­troit domaine de la conscience ; de l’autre, le libé­ra­lisme qui pré­co­nise le dérè­gle­ment de la volon­té, abo­lis­sant toute fina­li­té pour la nature humaine, à qui l’on fait croire qu’elle se crée au gré de ses pas­sions et peut s’in­ven­ter un agir dépour­vu de toute contrainte.

Appliqués à la socié­té, ces prin­cipes consti­tuent la charte de la reli­gion laïque dont les temples et les dogmes fleu­rissent depuis la Révolution fran­çaise. La laï­ci­té ren­voie à la sphère pri­vée la foi qu’elle rabaisse au rang de « croyance », pour impo­ser en retour le dogme de la sépa­ra­tion de l’homme avec Dieu. L’homme se « fait » lui-​même, son intel­li­gence invente ce qu’il décrète être une véri­té néces­sai­re­ment pro­vi­soire, et son agir se jus­ti­fie dans l’ab­so­lue liber­té de ses choix, avec l’illu­sion d’un res­pect de l’é­ga­li­té du droit, pour chaque indi­vi­du, d’a­gir comme bon lui semble. Les écoles de ce culte séparent l’en­fant de la connais­sance de Dieu et lui font pra­ti­quer une vie de schi­zo­phrène, dans l’i­gno­rance de sa fin ultime.

Si l’on veut que les hommes retrouvent la paix entre eux, il faut qu’ils la fassent d’a­bord avec Dieu. Il leur faut se sou­mettre à la doc­trine de l’Evangile. Le che­min que Dieu a tra­cé pour l’homme ne sup­porte guère de sen­tier buis­son­nier. « Jésus-​Christ n’est pas facul­ta­tif », disait le Cardinal Pie. Restaurer toutes choses dans le Christ, comme le vou­lait saint Pie X, à la suite de saint Paul, est l’an­ti­dote au natu­ra­lisme qui sépare pour mieux tuer. Il faut renouer avec Dieu qui veut contrac­ter avec ses créa­tures des noces éternelles.

Que la rai­son se récon­ci­lie avec la foi. Que la volon­té de l’homme se sou­mette à l’Amour de Dieu. Que l’Etat se sou­mette à l’au­to­ri­té du divin Législateur. Et qu’ain­si les enfants goûtent la joie qui découle de l’u­ni­té d’une vie sim­pli­fiée, sous la lumière divine et la motion de la grâce, dans tous les appren­tis­sages qui jalonnent leur décou­verte du monde et leur appar­te­nance à la vie sociale.

Qu’enfin et réso­lu­ment l’homme ne sépare plus ce que Dieu a uni.

Abbé Philippe Bourrat, Directeur de l’en­sei­gne­ment du District de France de la FSSPX

Accès à l’in­té­gra­li­té de la lettre de l’ADEC n° 27

Association de Défense de l'École Catholique

Association de soutien financier pour les écoles de la Tradition