Sermon des sacres épiscopaux du 30 juin 1988

Au nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit, Ainsi-​soit-​il !
Excellence, bien cher Monseigneur de Castro Mayer,
Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères,

Nous voi­ci réunis pour une céré­mo­nie cer­tai­ne­ment his­to­rique et, au début de ces quelques mots que je veux vous adres­ser à cette occa­sion, je vou­drais vous don­ner quelques informations.

La pre­mière d’entre elles vous éton­ne­ra peut-​être un peu, comme elle m’a sur­pris moi-​même. Hier soir, à dix-​huit heures, est arri­vé un envoyé de la non­cia­ture de Berne avec un pli conte­nant un appel de notre Saint-​Père le pape qui met­tait tout sim­ple­ment à ma dis­po­si­tion une voi­ture qui devait m’emmener hier soir même à Rome pour évi­ter que je fasse ces consé­cra­tions aujourd’hui, sans me dire pour­quoi, ni où, je devais me rendre à Rome. Je ne sais pas, mais une voi­ture était mise à ma dis­po­si­tion pour par­tir immé­dia­te­ment, hier soir à dix-​huit heures, pour Rome. Vous juge­rez vous-​même de l’opportunité et de la sagesse de cette demande. Je suis allé à Rome pen­dant de nom­breuses jour­nées au cours de cette année, même des semaines. Le Saint-​Père ne m’a pas invi­té à venir le voir. J’aurais été sans doute heu­reux de le voir si des accords avaient été défi­ni­tifs. Voici cette infor­ma­tion. Je vous la com­mu­nique tout sim­ple­ment comme je l’ai apprise hier moi-​même par une lettre de la nonciature.

Et main­te­nant, je vous donne quelques indi­ca­tions au sujet de la céré­mo­nie et au sujet des manières pour vous de vous ren­sei­gner sur la signi­fi­ca­tion de cette céré­mo­nie. Les futurs consa­crés, les futurs évêques, ont déjà prê­té dans mes mains le ser­ment qui se trouve dans le petit livre qu’un cer­tain nombre d’entre vous, sans doute, ont acquis pour suivre la céré­mo­nie du sacre des évêques. Le ser­ment a donc déjà été pro­non­cé, plus le ser­ment anti-​moderniste – comme c’était pres­crit autre­fois pour la consé­cra­tion des évêques –, plus la pro­fes­sion de foi. Ils ont donc fait ces ser­ments et cette pro­fes­sion, dans mes mains, après la petite retraite qui a eu lieu à Sierre ces der­niers jours. Ne vous éton­nez donc pas si nous com­men­çons immé­dia­te­ment par les inter­ro­ga­toires sur la Foi, la Foi que l’Église demande à ceux qui vont être consacrés.

Ensuite, je vous informe que, après la céré­mo­nie, vous pour­rez bien sûr deman­der la béné­dic­tion de ces évêques et bai­ser leur anneau. Ce n’est pas la cou­tume de l’Église de bai­ser les mains de l’évêque comme on baise les mains des nou­veaux prêtres, comme vous l’avez fait hier, mais on leur demande la béné­dic­tion et on baise leur anneau.

Enfin, vous avez à votre dis­po­si­tion, à la table de la librai­rie, de la pro­cure, vous avez à votre dis­po­si­tion des livres et des feuilles qui contiennent tous les élé­ments qui peuvent vous faire com­prendre pour­quoi cette céré­mo­nie, pour­quoi cette céré­mo­nie appa­rem­ment faite contre la volon­té de Rome.

Il est néces­saire que vous com­pre­niez bien que nous ne vou­lons pour rien au monde que cette céré­mo­nie soit un schisme. Nous ne sommes pas des schis­ma­tiques. Si l’excommunication a été pro­non­cée contre les évêques de Chine qui se sont sépa­rés de Rome et qui se sont sou­mis au gou­ver­ne­ment chi­nois, on com­prend très bien pour­quoi le pape Pie XII les a excom­mu­niés. Mais il n’est pas ques­tion pour nous du tout de nous sépa­rer de Rome et de nous sou­mettre à un pou­voir quel­conque étran­ger à Rome, et de consti­tuer une espèce d’Église paral­lèle comme l’ont fait, par exemple, les évêques de Palmar de Troya en Espagne qui ont nom­mé un pape, qui ont fait un col­lège de car­di­naux. Il n’est pas du tout ques­tion de chose sem­blable pour nous. Loin de nous ces pen­sées misé­rables de nous éloi­gner de Rome. Bien au contraire, c’est pour mani­fes­ter notre atta­che­ment à Rome que nous fai­sons cette céré­mo­nie. C’est pour mani­fes­ter notre atta­che­ment à l’Église de tou­jours, au pape, et à tous ceux qui ont pré­cé­dé ces papes qui, mal­heu­reu­se­ment, depuis le concile de Vatican II ont cru devoir adhé­rer à des erreurs, des erreurs graves qui sont en train de démo­lir l’Église et de détruire tout le sacer­doce catholique.

Vous trou­ve­rez pré­ci­sé­ment par­mi ces feuilles que nous met­tons à votre dis­po­si­tion une étude abso­lu­ment admi­rable faite par le pro­fes­seur Kachewski, de l’Una Voce Correspondanz d’Allemagne, qui explique mer­veilleu­se­ment pour­quoi nous sommes dans le cas de néces­si­té, cas de néces­si­té de venir au secours de vos âmes, de venir à votre secours.

Vos applau­dis­se­ments, tout à l’heure, je pense, n’étaient pas une mani­fes­ta­tion – je dirais – pure­ment tem­po­relle. C’est une mani­fes­ta­tion spi­ri­tuelle, mani­fes­tant votre joie d’avoir enfin des évêques et des prêtres catho­liques qui sauvent vos âmes, qui donnent à vos âmes la vie de Notre Seigneur Jésus Christ par la doc­trine, par les sacre­ments, par la Foi, par le saint sacri­fice de la Messe, vie de Notre Seigneur dont vous avez besoin pour aller au Ciel et qui est en train de dis­pa­raître par­tout dans cette Église conci­liaire qui suit des che­mins qui ne sont pas des che­mins catho­liques et qui mènent tout sim­ple­ment à l’apostasie. C’est pour cela que nous fai­sons cette cérémonie.

Loin de moi de m’ériger en pape. Je ne suis qu’un évêque de l’Église catho­lique qui conti­nue à trans­mettre, à trans­mettre la doc­trine. Tradidi quod et acce­pi. C’est ce que je pense que je sou­hai­te­rais qu’on mette sur ma tombe, et cela ne tar­de­ra sans doute pas qu’on mette sur ma tombe Tradidi quod et acce­pi – ce que dit saint Paul – « Je vous ai trans­mis ce que j’ai reçu », tout sim­ple­ment. Je suis le fac­teur qui porte une lettre. Ce n’est pas moi qui l’ai faite cette lettre, ce mes­sage, cette parole de Dieu, c’est Dieu Lui-​même, c’est Notre Seigneur Jésus Christ Lui-​même, et nous vous avons trans­mis, par l’intermédiaire de ces chers prêtres qui sont ici pré­sents, et par tous ceux qui, eux-​mêmes, ont cru devoir résis­ter à cette vague d’apostasie dans l’Église, en gar­dant la Foi de tou­jours et en la trans­met­tant aux fidèles. Nous ne sommes que des por­teurs de cette nou­velle, de cet évan­gile que Notre Seigneur Jésus Christ nous a don­né et des moyens pour nous sanc­ti­fier : la Sainte Messe, la vraie Sainte Messe, les vrais sacre­ments, qui donnent vrai­ment la vie spi­ri­tuelle. Il me semble entendre la voix de tous ces papes depuis Grégoire XVI, Pie IX, Léon XIII, saint Pie X, Benoît XV, Pie XI, Pie XII, nous dire :

« Mais de grâce, de grâce, qu’allez-vous faire de nos ensei­gne­ments ? de notre pré­di­ca­tion ? de la Foi catho­lique ? Allez-​vous l’abandonner ? Allez-​vous la lais­ser dis­pa­raître de cette terre ? De grâce, de grâce, conti­nuez à gar­der ce tré­sor que nous vous avons don­né. N’abandonnez pas les fidèles ! n’abandonnez pas l’Église ! conti­nuez l’Église ! Car enfin, depuis le concile, ce que nous avons condam­né, voi­ci que les auto­ri­tés romaines l’adoptent, et le pro­fessent, com­ment est-​ce pos­sible ? Nous avons condam­né le libé­ra­lisme, nous avons condam­né le com­mu­nisme, le socia­lisme, le moder­nisme, le sillon­nisme, toutes ces erreurs que nous avons condam­nées, voi­ci main­te­nant qu’elles sont pro­fes­sées, adop­tées, sou­te­nues par les auto­ri­tés de l’Église : est-​ce pos­sible ? Si vous ne faites pas quelque chose pour conti­nuer cette Tradition de l’Église que nous vous avons don­née, tout dis­pa­raî­tra. L’Église dis­pa­raî­tra, les âmes seront toutes perdues ».

Nous nous trou­vons devant un cas de néces­si­té. Nous avons tout fait pour essayer que Rome com­prenne qu’il faut reve­nir à cette atti­tude du véné­ré Pie XII et de tous ses pré­dé­ces­seurs. Nous avons écrit, nous sommes allés à Rome, nous avons par­lé, nous avons envoyé des lettres – Monseigneur de Castro Mayer et moi-​même – plu­sieurs fois, à Rome ; nous avons essayé par ces col­loques, par ces moyens, d’arriver à faire com­prendre à Rome que depuis le Concile, cet aggior­na­men­to, ce chan­ge­ment qui s’est pro­duit dans l’Église, n’est pas catho­lique, n’est pas conforme à la doc­trine de tou­jours de l’Église. Cet œcu­mé­nisme et toutes ces erreurs, ce col­lé­gia­lisme, tout cela est contraire à la Foi de l’Église, est en train de détruire l’Église.

C’est pour­quoi, nous sommes per­sua­dés qu’en fai­sant cette consé­cra­tion aujourd’hui, nous obéis­sons à l’appel de ces papes et, par consé­quent, à l’appel de Dieu car il repré­sente Notre Seigneur Jésus Christ dans l’Église. Et pour­quoi, Monseigneur, avez-​vous arrê­té ces col­loques qui sem­blaient, cepen­dant, avoir un cer­tain suc­cès ? Précisément, parce que, en même temps que je don­nais ma signa­ture pour le pro­to­cole, à la même minute, l’envoyé du car­di­nal Ratzinger qui m’apportait ce pro­to­cole à signer, me confiait ensuite une lettre dans laquelle il me deman­dait de deman­der par­don pour les erreurs que je fai­sais. Si je suis dans l’erreur, si j’enseigne des erreurs, il est clair qu’on doit me remettre dans la Vérité. Dans l’esprit de ceux qui m’envoient cette feuille à signer, que je recon­naisse mes erreurs, c’est-à-dire

Si vous recon­nais­sez vos erreurs, nous vous aide­rons à reve­nir dans la vérité.

Quelle est cette véri­té pour eux si ce n’est la véri­té de Vatican II ? sinon la véri­té de cette Église conci­liaire ? c’est clair ! Par consé­quent, il est clair que pour le Vatican, la seule véri­té qui existe aujourd’hui, c’est la véri­té conci­liaire, c’est l’esprit du concile, c’est l’esprit d’Assise. Voilà la véri­té d’aujourd’hui. Et cela, nous n’en vou­lons pour rien au monde, pour rien au monde ! C’est pour­quoi, consta­tant cette volon­té ferme des auto­ri­tés romaines actuelles de réduire à néant la Tradition et de rame­ner tout le monde dans cet esprit de Vatican II et cet esprit d’Assise, nous avons pré­fé­ré nous reti­rer, évi­dem­ment, et nous dire : Nous ne pou­vons pas, c’est impos­sible. Il n’est pas pos­sible de nous mettre sous une auto­ri­té car nous aurions été évi­dem­ment sous l’autorité du car­di­nal Ratzinger, pré­sident de cette Commission romaine qui devait nous diri­ger. Nous nous met­tions dans ses mains et, par consé­quent, dans les mains de ceux qui veulent nous rame­ner à l’esprit du concile et l’esprit d’Assise.

Ce n’est pas possible.

C’est pour­quoi j’ai envoyé une lettre au pape en lui disant très clairement :

Nous ne pou­vons pas, mal­gré tous les dési­rs que nous avons d’être en pleine union avec vous. Étant don­né cet esprit qui règne main­te­nant à Rome et que vous vou­lez nous com­mu­ni­quer, nous pré­fé­rons conti­nuer dans la Tradition, gar­der la Tradition, en atten­dant que cette Tradition retrouve sa place, en atten­dant que cette Tradition retrouve sa place dans les auto­ri­tés romaines, dans l’esprit des auto­ri­tés romaines.

Cela dure­ra ce que le Bon Dieu pré­voit. Ce n’est pas à moi à savoir quand la Tradition retrou­ve­ra ses droits à Rome mais je pense que c’est mon devoir de don­ner les moyens de faire ce que j’appellerais cette opé­ra­tion sur­vie, opé­ra­tion sur­vie de la Tradition.

Aujourd’hui, cette jour­née, c’est l’opération sur­vie et si j’avais fait cette opé­ra­tion avec Rome, en conti­nuant les accords que nous avons signés et en pour­sui­vant la mise en pra­tique de ces accords, je fai­sais l’opération sui­cide. Alors il n’y a pas de choix, je suis obli­gé, nous devons sur­vivre. C’est pour­quoi aujourd’hui, en consa­crant ces évêques, je suis per­sua­dé de conti­nuer, de faire vivre la Tradition, c’est-à-dire l’Eglise catholique.

Vous savez bien, mes bien chers frères, vous savez bien qu’il ne peut y avoir de prêtres sans évêque. Tous ces sémi­na­ristes qui sont ici pré­sents, si demain le Bon Dieu me rap­pelle, et ce sera sans doute sans tar­der, eh bien, ces sémi­na­ristes de qui recevront-​ils le sacre­ment de l’ordre ? Des évêques conci­liaires, dont les sacre­ments sont tous dou­teux, parce qu’on ne sait pas exac­te­ment quelles sont leurs inten­tions ? Ce n’est pas pos­sible ! Or, quels sont les évêques qui ont gar­dé vrai­ment la Tradition, qui ont gar­dé les sacre­ments tels que l’Église les a don­nés pen­dant vingt siècles jusqu’au concile Vatican II ? Eh bien, c’est Monseigneur de Castro Mayer et moi-​même. Je n’y peux rien, c’est comme ça. Et donc, beau­coup de sémi­na­ristes se sont confiés à nous, ont sen­ti qu’il y avait là la conti­nui­té de l’Eglise, la conti­nui­té de la Tradition et donc sont venus dans nos sémi­naires, mal­gré les dif­fi­cul­tés qu’ils ont ren­con­trées, pour rece­voir une véri­table ordi­na­tion sacer­do­tale et pour pou­voir offrir le vrai sacri­fice du cal­vaire, le vrai sacri­fice de la Messe et vous don­ner les vrais sacre­ments, la vraie doc­trine, le vrai catéchisme.

Voilà le but de ces sémi­naires. Alors je ne puis pas en conscience lais­ser ces sémi­na­ristes orphe­lins et je ne peux pas vous non plus vous lais­ser orphe­lins en dis­pa­rais­sant sans rien faire pour l’avenir. Ca n’est pas pos­sible. Ce serait contraire à mon devoir. C’est pour­quoi nous avons choi­si, avec la grâce de Dieu, des jeunes prêtres, des prêtres de notre Fraternité, qui nous ont sem­blé les plus aptes et, en même temps, qui sont dans des lieux et dans des fonc­tions qui leur per­mettent le plus faci­le­ment de rem­plir leur minis­tère épis­co­pal, de don­ner la confir­ma­tion à vos enfants et de pou­voir don­ner les ordi­na­tions dans nos divers sémi­naires. Ainsi, je crois qu’avec la grâce du Bon Dieu, nous aurons dans cette consé­cra­tion – Monseigneur de Castro Mayer et moi-​même –, don­né les moyens à la Tradition de conti­nuer, don­né les moyens aux catho­liques qui le dési­rent de se main­te­nir dans l’Église de leurs parents, de leurs grands-​parents, de leurs ancêtres, ces églises pour les­quelles vos paroisses ont été fon­dées, toutes ces belles églises qui avaient de beaux autels qui ont été sou­vent détruits pour y mettre une table à la place, mani­fes­tant ain­si le chan­ge­ment radi­cal qui s’est opé­ré depuis le Concile à pro­pos du Saint Sacrifice de la Messe, qui est le cœur de l’Église et qui est aus­si le but du sacer­doce. Donc, nous vou­lons vous remer­cier d’être venus nom­breux pour nous encou­ra­ger dans l’accomplissement de cette céré­mo­nie et nous nous tour­nons vers la Vierge Marie.

Vous savez bien, mes bien chers frères, vous savez bien – on a dû vous le dire – que Léon XIII, dans une vision pro­phé­tique qu’il a eu, a dit que, un jour, le Siège de Pierre devien­drait le siège de l’iniquité. Il l’a dit dans un de ses exor­cismes, dans l’« Exorcisme de Léon XIII ».

Est-​ce que c’est aujourd’hui ? Est-​ce que c’est demain ? Je ne sais pas. Mais en tout cas, cela a été annon­cé. L’iniquité, cela peut tout sim­ple­ment l’erreur. C’est une ini­qui­té l’erreur : ne plus pro­fes­ser la Foi de tou­jours, ne plus pro­fes­ser la Foi catho­lique, c’est une grave erreur. S’il y a une ini­qui­té, c’est bien celle-​là, qui est grande. Et je crois vrai­ment pou­voir dire qu’il n’y a jamais eu une ini­qui­té plus grande dans l’Église que cette jour­née d’Assise qui est contraire au pre­mier com­man­de­ment de Dieu et contraire au pre­mier article du Credo. C’est une chose incroyable que cette chose ait pu jamais se réa­li­ser dans l’Église, devant les yeux de toute l’Église humi­liée. Nous n’avons jamais subi une humi­lia­tion sem­blable. Vous pour­rez d’ailleurs retrou­ver cela dans le petit livre de l’abbé Le Roux qui a été édi­té spé­cia­le­ment pour vous don­ner des ren­sei­gne­ments sur la situa­tion romaine d’aujourd’hui.
Et non seule­ment le bon pape Léon XIII a pro­phé­ti­sé ces choses mais Notre Dame…

Dernièrement, notre prêtre qui est char­gé du prieu­ré de Bogota, en Colombie, m’a appor­té un livre fait sur les appa­ri­tions de Bon Successo – du Bon Succès – qui a une église, grande église en Equateur, à Quito, capi­tale de l’Equateur – et des appa­ri­tions qui ont eu lieu à une reli­gieuse d’un couvent de Quito et cela peu de temps après le concile de Trente.

C’est donc à plu­sieurs siècles, comme vous le voyez. Eh bien, la Très Sainte Vierge a dit à cette reli­gieuse – cela a été consi­gné, cette appa­ri­tion a été recon­nue par Rome, par les auto­ri­tés ecclé­sias­tiques puisqu’on a construit une magni­fique église pour la Vierge dont, d’ailleurs, disent les his­to­riens, le visage de la Vierge aurait été ter­mi­né, le sculp­teur était en train de ter­mi­ner le visage de la Vierge lorsqu’il a trou­vé le visage de la Vierge fait mira­cu­leu­se­ment, cette Vierge mira­cu­leuse est donc là hono­rée avec beau­coup de dévo­tion par les fidèles de l’Équateur – et cette Vierge a pro­phé­ti­sé pour le XXe siècle, elle a dit explicitement :

Pendant le XIXe siècle et la plus grande par­tie du XXe siècle, des erreurs se pro­pa­ge­ront de plus en plus for­te­ment dans la Sainte Église, met­tront l’Église dans une situa­tion de catas­trophe abso­lue, de catas­trophe, et les mœurs se cor­rom­pront, et la Foi disparaîtra.

Il semble que nous ne pou­vons pas ne pas consta­ter et, je m’excuse de conti­nuer ce récit de cette appa­ri­tion, mais elle parle d’un pré­lat qui s’opposera abso­lu­ment à cette vague d’apostasie et à cette vague d’impiété en pré­ser­vant le sacer­doce, en fai­sant des bons prêtres. Vous ferez l’application si vous vou­lez ; moi je ne veux pas la faire, je ne puis pas. J’ai été moi-​même stu­pé­fait en lisant ces lignes, je ne peux pas le nier, c’est comme cela, c’est ins­crit, c’est impri­mé, c’est consi­gné dans les archives de cette apparition.

Et puis vous connais­sez bien les appa­ri­tions de La Salette où Notre Dame dit que Rome per­dra la Foi, qu’il y aura une éclipse à Rome. Voyez ce que cela peut signi­fier de la part de la Très Sainte Vierge. Et puis enfin le secret de Fatima qui est encore plus proche de nous. Sans doute le troi­sième secret de Fatima devait faire des allu­sions à ces ténèbres qui ont enva­hi Rome, ces ténèbres qui enva­hissent le monde depuis le Concile. Et c’est bien pour cela que le pape Jean XXIII a jugé bon de ne pas publier le secret, étant don­né qu’il aurait fal­lu qu’il prenne des mesures telles qu’il ne se sen­tait peut-​être pas capable de chan­ger com­plè­te­ment les orien­ta­tions qu’il com­men­çait à prendre en vue du Concile et pour le Concile.

Voilà des faits, n’est-ce pas, sur les­quels, je pense, nous pou­vons aus­si nous appuyer.

Alors nous nous en remet­tons à la Providence. Et nous sommes per­sua­dés que le Bon Dieu sait ce qu’Il fait et que, dans quelques années, de même que quand le car­di­nal Gagnon a fait sa visite – qua­torze ans après la pre­mière visite de Rome et que nous avons été sus­pens et que nous avons été dits hors de la com­mu­nion de Rome, contre le pape, que nous étions rebelles, dis­si­dents, pen­dant ces qua­torze années –, et puis une visite vient de Rome et le car­di­nal Gagnon lui-​même recon­naît que ce que nous fai­sons sera sans doute ce qu’il fau­dra pour la nou­velle recons­truc­tion de l’Église. Et puis il a assis­té lui-​même, pon­ti­fi­ca­le­ment, à la messe que je célé­brai le 8 décembre pour la réno­va­tion des pro­messes de nos sémi­na­ristes alors que je suis sus­pens en prin­cipe, que je ne devais plus dire les sacre­ments. Donc qua­torze ans après, on nous donne presque un blanc-​seing en nous disant : « Vous avez bien fait ! ».

Alors nous avons bien fait de résis­ter ? Je suis per­sua­dé que nous sommes dans les mêmes cir­cons­tances aujourd’hui. Nous fai­sons un acte qui appa­rem­ment, appa­rem­ment… et mal­heu­reu­se­ment les médias ne nous aident pas dans ce sens parce, évi­dem­ment, ils vont titrer sans doute en tête de leurs jour­naux : « Le schisme », « L’excommunication », tant qu’ils pourront.

Pour nous, nous sommes per­sua­dés, toutes ces accu­sa­tions dont nous sommes l’objet, toutes ces peines dont nous sommes l’objet sont nulles, abso­lu­ment nulles !

C’est pour­quoi nous n’en tenons abso­lu­ment aucun compte. De même que nous n’avons pas tenu compte de la sus­pens et que nous avons fini par être féli­ci­tés par l’Église et même par l’Église pro­gres­siste, de même, dans quelques années – je ne sais pas : le Bon Dieu seul connaît le nombre des années qu’il fau­dra pour que le jour où la Tradition retrouve ses droits à Rome –, nous serons embras­sés par les auto­ri­tés romaines qui nous remer­cie­ront d’avoir main­te­nu la foi dans les sémi­naires, dans les familles, dans les cités, dans nos pays, dans nos cou­vents, dans nos mai­sons reli­gieuses, pour la plus grande gloire du Bon Dieu et pour le salut des âmes.

Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. Ainsi soit-il.

† Marcel Lefebvre

Fondateur de la FSSPX

Mgr Marcel Lefebvre (1905–1991) a occu­pé des postes majeurs dans l’Église en tant que Délégué apos­to­lique pour l’Afrique fran­co­phone puis Supérieur géné­ral de la Congrégation du Saint-​Esprit. Défenseur de la Tradition catho­lique lors du concile Vatican II, il fonde en 1970 la Fraternité Saint-​Pie X et le sémi­naire d’Écône. Il sacre pour la Fraternité quatre évêques en 1988 avant de rendre son âme à Dieu trois ans plus tard. Voir sa bio­gra­phie.