Sermon de Mgr Lefebvre – Enterrement de M. Pedroni – 4 novembre 1978

Mes chers amis,

(…) du départ pour le Ciel de notre cher ami Alphonse Pedroni.
Devoir de recon­nais­sance, parce que c’est à lui et à ses amis, que nous devons d’être ici. C’est à lui par consé­quent que nous devons d’avoir reçu ici toutes les grâces qui ont été répan­dues dans cette mai­son depuis qu’elle existe.

Nous l’en remer­cions et je suis cer­tain que du haut du Ciel il se réjouit de voir le bien qui s’est accom­pli ain­si par son inter­mé­diaire et que le Bon Dieu lui en don­ne­ra encore une plus grande récompense.

Devoir de recon­nais­sance éga­le­ment – et je pense que vous serez tous d’accord – devoir de recon­nais­sance par l’exemple, l’exemple admi­rable que ce cher ami nous a don­né, dans sa foi. Une foi pro­fonde et une confiance inébran­lable en Dieu, dans la prière, dans le Saint Sacrifice de la messe et les sacrements.

Jamais on ne pou­vait l’approcher, le ren­con­trer, sans sen­tir en lui, cette foi qui domi­nait sa vie, qui le fai­sait agir. Rien ni dans son atti­tude, ni dans son action, ni dans ses entre­tiens n’était étran­ger à sa foi. C’est là un grand exemple qu’il nous laisse.

Exemple de dévo­tion éga­le­ment envers la Sainte Eucharistie. Combien de fois j’ai eu l’occasion de le voir venir de bon matin assis­ter à la Sainte Messe, rem­pli de dévo­tion, pro­fon­dé­ment uni à Dieu et rece­vant la Sainte Eucharistie.

Combien de fois aus­si, nous l’avons enten­du par­ler avec amour de la très Sainte Vierge Marie. Il avait une dévo­tion pro­fonde, affec­tueuse, pour sa Mère du Ciel.

Et il entraî­nait les autres der­rière lui, à aimer Marie et à se confier à elle.

Aussi nous lui devons cette recon­nais­sance. Et aujourd’hui nous remer­cions Dieu de l’avoir connu, de l’avoir appro­ché et d’avoir vu en lui un vrai catholique.

Et je pense que du haut du Ciel, il se réjouit de nous voir autour de lui. Mais je pense qu’il me demande aus­si de pro­fi­ter de cette magni­fique litur­gie de l’Église catho­lique à l’occasion des funé­railles pour éle­ver un peu nos âmes vers ce qui est notre ave­nir à tous, à tous. Tous les hommes quels qu’ils soient, toutes les créa­tures spi­ri­tuelles qui sont ici-​bas sont des­ti­nées aux réa­li­tés spi­ri­tuelles qui sont infi­ni­ment plus réelles, infi­ni­ment plus belles, infi­ni­ment plus grandes, que celles que nous connais­sons ici-bas.

Toute la litur­gie nous chante l’immortalité de l’âme. Ô non, tout n’est pas fini avec la mort, Ô loin de là, non. La vie conti­nue ; la mort n’est qu’une étape dans la vie. Une étape, mais une étape qui nous fait fran­chir les choses tem­po­relles avec les choses éter­nelles. Désormais ceux qui ont tra­ver­sé cette fron­tière des réa­li­tés spi­ri­tuelles, se trouvent désor­mais pour tou­jours fixés dans leur choix. Ô plût à Dieu que ce choix soit tou­jours pour le Bon Dieu, jamais pour les esprits mau­vais, pour le mal et qu’ainsi nous soyons sûrs – autant que l’on peut l’être ici-​bas – de l’avenir de notre âme. Et nous ne pou­vons pas dou­ter de celle de notre cher ami défunt, lui qui avait une si grande foi.

Peut-​être, comme le dit aus­si l’Église – et c’est pour­quoi nous prions aujourd’hui – peut-​être est-​il pour quelque temps dans le Purgatoire. Dieu seul le sait. Dieu seul est notre juge. Il faut être si pur, si par­fait, si saint pour pou­voir entrer dans la pré­sence de Dieu, qu’il est nor­mal que beau­coup d’entre nous – que tous peut-​être – nous pas­se­rons un cer­tain temps dans le Purgatoire pour puri­fier nos âmes des der­nières taches qui s’y trouvent, afin de nous pré­sen­ter devant Dieu, dans la plus par­faite sain­te­té, dans la plus par­faite pureté.

Alors l’Église prie. Et nous prions tous ensemble, pour deman­der au Bon Dieu d’abréger son temps s’il est au Purgatoire, afin qu’il puisse bien­tôt, bien­tôt, rejoindre les élus du Ciel et jouir de la vision bien­heu­reuse de Dieu.

Voilà ce que nous apprend la litur­gie des défunts. Comme nous avons besoin d’entendre par­ler de ces choses qui trans­forment notre vie. Ô bien mal­heu­reux sont ceux qui ne croient pas à ces réa­li­tés spi­ri­tuelles. Car c’est tout le sens de notre vie.

Notre vie n’est qu’un pèle­ri­nage ; notre vie est courte. Dans quelques années, nous aus­si, nous serons réunis à celui qui vient de nous quit­ter. Où serons-​nous ? Qu’aurons-nous fait ? Voilà ce que nous devons nous demander.

Alors, fai­sons en sorte de tra­vailler ici-​bas, afin de pou­voir un jour être uni à lui pour l’éternité.

Et nous tenons à dire à ses chers parents qui sont pré­sents, toute notre affec­tion, toute notre sym­pa­thie, pour ceux qui nous ont mani­fes­té aus­si tou­jours une si grande affec­tion aus­si et un si grand soutien.

Que la Vierge Marie, nous réunisse tous un jour au Ciel dans sa grande famille, dans la famille de Dieu, dans la famille de Notre Seigneur, dans la famille de son Divin Fils. C’est notre plus cher souhait.

Au nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit. Ainsi soit-il.

Fondateur de la FSSPX

Mgr Marcel Lefebvre (1905–1991) a occu­pé des postes majeurs dans l’Église en tant que Délégué apos­to­lique pour l’Afrique fran­co­phone puis Supérieur géné­ral de la Congrégation du Saint-​Esprit. Défenseur de la Tradition catho­lique lors du concile Vatican II, il fonde en 1970 la Fraternité Saint-​Pie X et le sémi­naire d’Écône. Il sacre pour la Fraternité quatre évêques en 1988 avant de rendre son âme à Dieu trois ans plus tard. Voir sa bio­gra­phie.