L’obstacle à la consécration de la Russie : Vatican II

Pourquoi cette consé­cra­tion, si simple en soi, est-​elle si dif­fi­cile à réa­li­ser en pratique ? 

Notre-​Dame a deman­dé que la consé­cra­tion de la Russie à son Cœur Immaculé soit réa­li­sée par le pape et les évêques du monde entier1. Elle a expli­qué que si cela était fait, il y aurait la paix dans le monde ; sinon la Russie répan­drait ses erreurs, c’est-à-dire le com­mu­nisme, dans le monde. Cette consé­cra­tion n’a pas été réa­li­sée telle qu’elle a été deman­dée. C’est pour­quoi le com­mu­nisme s’est pro­pa­gé sur toute la terre. Pourquoi cette consé­cra­tion, si simple en soi, est-​elle si dif­fi­cile à réa­li­ser en pratique ? 

Première rai­son. La consé­cra­tion au Cœur Immaculé de Marie est un acte reli­gieux qui porte sur une nation, c’est-à-dire sur une réa­li­té poli­tique. Elle est donc contraire au libé­ra­lisme poli­tique des États, prô­né par Vatican II dans Dignitatis huma­nae.

Deuxième rai­son. De plus, une consé­cra­tion à Marie n’est rien d’autre qu’une « pré­pa­ra­tion au Règne de Jésus-​Christ » ((Traité de la vraie dévo­tion à la Sainte Vierge, n° 227.)). Or, depuis le Concile, la Rome moder­niste n’a ces­sé de décou­ron­ner socia­le­ment Jésus-​Christ. En effet, c’est elle qui a orga­ni­sé sys­té­ma­ti­que­ment l’apostasie des nations catho­liques au nom de Vatican II2.

Troisième rai­son. Cette consé­cra­tion entraî­ne­rait le retour des schis­ma­tiques à l’Église catho­lique3. Elle est donc contraire à la théo­rie conci­liaire des « églises-​soeurs » (le sub­sis­tit in de Lumen gen­tium), selon laquelle les églises catho­lique, ortho­doxe et pro­tes­tante sont trois par­ties de l’Église du Christ.

Quatrième rai­son. Cette consé­cra­tion est un acte de dévo­tion à la Sainte Vierge. C’est un appel à sa Médiation uni­ver­selle de toutes grâces. Or, depuis le Vatican II, les hommes d’Église pensent que la Vierge est un « motif de polé­mique » vis-​à-​vis des pro­tes­tants, qui vien­drait contra­rier l’œcuménisme4.

Cinquième rai­son. Cette consé­cra­tion vise une conver­sion en vue du salut. Cela est contraire à la doc­trine conte­nue dans les docu­ments conci­liaires Lumen gen­tium et Unitatis redin­te­gra­tio qui enseignent la valeur sal­vi­fique des reli­gions au-​delà des limites visibles de l’Église.

Sixième rai­son. Outre l’orthodoxie, trois reli­gions sont offi­ciel­le­ment consi­dé­rées comme appar­te­nant à la tra­di­tion russe : le judaïsme, l’islamisme et le boud­dhisme. Rechercher la conver­sion de la Russie est donc contraire à la doc­trine conci­liaire conte­nue dans Nostra aetate rela­tive à ces religions.

Septième rai­son. Cette consé­cra­tion doit être faite au Cœur Immaculé de Marie. C’est rap­pe­ler l’Immaculée Conception et, du même coup, le péché ori­gi­nel ; c’est donc dénon­cer la fausse digni­té humaine et le culte de l’homme pro­mus par Vatican II.

Huitième rai­son. Cette consé­cra­tion est annon­cée comme remède au com­mu­nisme « intrin­sè­que­ment per­vers » ((Cf. l’encyclique Divini Redemptoris de Pie XI du19 mars 1937.)). Or, Vatican II, pour des rai­sons « pas­to­rales », a refu­sé de condam­ner le com­mu­nisme. Cette consé­cra­tion est donc contraire au carac­tère pré­ten­du « pas­to­ral » du concile Vatican II.

Neuvième rai­son. Cette consé­cra­tion a pour but d’obtenir la paix dans le monde par un autre moyen que les réunions inter­re­li­gieuses dont le pro­to­type fut celle du 27 octobre 1986 à Assise. Cette consé­cra­tion s’oppose donc à ce que les hommes d’Église appellent « l’esprit d’Assise ».

Dixième rai­son. L’origine de cette consé­cra­tion est sur­na­tu­relle. Elle est deman­dée au pape et aux évêques unis au pape comme à leur chef. Puisqu’elle s’accomplirait par voie hié­rar­chique, c’est-à-dire sur injonc­tion du Ciel, via le pape, elle ne serait pas le fruit d’une démarche syno­dale et col­lé­giale du peuple de Dieu si chère au pape actuel.

Vatican II est donc le prin­ci­pal obs­tacle à la consé­cra­tion de la Russie au Cœur imma­cu­lé de Marie. Ainsi, tant que Rome res­te­ra atta­chée au Concile et à ses réformes, cette consé­cra­tion sera mora­le­ment impos­sible… Cependant, un miracle peut tou­jours être obte­nu par la prière et la péni­tence5.

Source : Le Combat de la Foi /​La Porte Latine (11 novembre 2016)

  1. Demande annon­cée en 1917 à Fatima, mais expli­ci­tée à Tuy en 1929. []
  2. Cf. Les nom­breux exemples appor­tés par Daniel Leroux dans Pierre m’aimes-tu ? Éditions Fideliter, 1988, pp. 20–21. []
  3. C’est la thèse du père Pierre Caillon, fati­mo­logue fran­çais renom­mé. []
  4. Cf. Courrier de Rome, si si no no de novembre 1997, p. 4. []
  5. C’est le but de la croi­sade lan­cée par Mgr Fellay entre le 15 août 2016 et le 22 août 2017 (12 mil­lions de cha­pe­lets et cin­quante mil­lions de sacri­fices). []