« Ce n’est pas l’Église qui a imposé Fatima, c’est Fatima qui s’est imposé à l’Église », par la gravité et l’urgence des messages de la Vierge Marie, la vie sainte des trois pastoureaux et les bienfaits innombrables répandus dans les âmes.
Le 13 octobre 1930, dom José Alves Correia da Silva, Évêque de Leiria, publia la Lettre pastorale qui approuvait les Apparitions de Fatima. En voici la conclusion : « Invoquant humblement l’Esprit-Saint et nous confiant à la protection de la Très Sainte Vierge, après avoir entendu les Révérends Consulteurs de notre Diocèse, Nous décidons :
1) De déclarer dignes de foi les visions des petits bergers à la Cova da Iria, paroisse de Fatima, dépendant de ce diocèse, (qui ont eu lieu) du 13 mai au 13 octobre 1917.
2) De permettre officiellement le culte de Notre Dame de Fatima ».
« Ces simples paroles, écrit le P. De Marchi[1], allaient ouvrir le cycle des grandioses pèlerinages qui devaient attirer des grâces si précieuses sur le Portugal » et sur le monde entier.
« Ce n’est pas l’Église qui a imposé Fatima, c’est Fatima qui s’est imposé à l’Église[2] », par la gravité et l’urgence des messages de la Vierge Marie, la vie sainte des trois pastoureaux et les bienfaits innombrables répandus sur les âmes.
« La voix de Notre Dame de Fatima est le cri lancinant d’une mère qui voit s’ouvrir d’insondables abîmes de misère devant ses enfants affolés. C’est un appel, c’est une espérance, c’est le salut, dans cette heure apocalyptique[3] ».
Lors des Apparitions de l’Ange et de Notre Dame à Fatima et de celles de Pontevedra et de Tuy, qui en sont le prolongement, il fut question :
- onze fois du Cœur Immaculé de Marie ;
- sept fois de la conversion des pécheurs ;
- six fois de la réparation des péchés, commis contre Dieu, le T.S. Sacrement et la Sainte Vierge ;
- six fois de la récitation quotidienne du chapelet ;
- deux fois de la conversion de la Russie par sa consécration au Cœur Immaculé de Marie.
Ces thèmes n’ont rien perdu de leur actualité ! La Bonté de Marie, l’hôpital des pécheurs (saint Basile), est toujours prête à combler les âmes de ses bienfaits. Puisse Fatima s’imposer à nous. L’heure est grave ! Ne laissons pas le doute, l’inaction, l’esprit de division, le découragement prendre le dessus !
La Croix demeure, tandis que ce monde tourne[4]. Notre Dame est venue freiner sa course éperdue en lui procurant « les derniers recours que Dieu donne à notre temps[5] » : son Cœur Immaculé et le Saint Rosaire. Après le Saint Sacrifice de la Messe, rien n’agrée plus à Dieu.
Méditons ces paroles du Chanoine Barthas[6] :
« Catholiques du XXIe siècle, ne nous attirons pas de la part de notre Mère la plainte que son Fils adressait à sa patrie : “Ah ! Si du moins en ce jour tu pouvais reconnaître ce qui te procurerait la paix[7] !” Notre devoir à nous, qui connaissons ce message, est donc de le faire connaître à notre tour, d’en suivre fidèlement les prescriptions, d’en recommander l’observation autour de nous et, en particulier de réciter et de faire réciter le chapelet pour obtenir, par l’intercession de Notre Dame du Rosaire et de son Cœur Immaculé, la conversion des pécheurs et le retour de la paix sur cette pauvre terre ».
Pour bien manifester le caractère universel du Message de Fatima, le pape Pie XII décida que la clôture du Jubilé de l’Année sainte 1950 se réaliserait le 13 octobre 1950 au Sanctuaire de la Cova da Iria. Le Saint-Père y fut représenté officiellement par un Légat pontifical, le cardinal Tedeschini. Le 12 octobre au soir, le Cardinal Légat arrivait à la Cova da Iria, où il était reçu solennellement par l’évêque de Leiria, en présence d’une foule d’environ 800 000 personnes. C’est à ce même Cardinal que Pie XII fit confidence du phénomène solaire qu’il contempla à Rome au cours de l’année sainte 1950, à l’occasion de la proclamation du dogme de l’Assomption, et qui reproduisit le miracle du soleil du 13 octobre 1917 à Fatima.
Voici un extrait du discours du Cardinal Légat, qui y fait allusion :
- « Signum Dei ! » Nous avons vu le « signe de Dieu » ! Telle était la réflexion que faisait la foule stupéfaite, (en ce 13 octobre 1917). Marie, « revêtue du soleil » avait, pour ainsi dire, secoué seulement quelques instants le bord de son manteau céleste. Le soleil avait obéi à ses ordres et, en lui obéissant, avait imprimé aux messages de Fatima un sceau plus éclatant que n’aurait pu le faire aucun empereur.
Tout ici est grandiose, tout y est digne de la Reine des Cieux ! C’est une merveille encore jamais vue !
Toutefois, et à titre purement personnel, je voudrais dire à mes amis portugais, jeunes et vieux, et à tous les pèlerins qui se sont unis à eux, une chose encore plus merveilleuse. Je leur dirai qu’une « autre personne » a vu ce miracle. Elle l’a vu hors de Fatima. Elle l’a vu à des années de distance. Elle l’a vu à Rome. Et cette personne c’est le pape, le pape Pie XII lui-même !
Cette grâce a‑t-elle été pour lui une récompense ? A‑t-elle été un signe, montrant que la définition du dogme de l’Assomption avait été souverainement agréable à Dieu ? A‑t-elle été un témoignage céleste, destiné à authentiquer la connexion des merveilles de Fatima avec le Centre, le Chef de la Vérité et du Magistère catholique ? Les trois choses à la fois.
Cela s’est passé à quatre heures de l’après-midi, les 30 et 31 octobre, et le 1er novembre de l’année dernière 1950 ; et, encore une fois, à la même heure, au jour octaval du 1er novembre, c’est-à-dire du jour de la définition dogmatique de l’Assomption de Marie. Dans les jardins du Vatican, le Saint-Père jeta un regard sur le soleil, et, alors, se renouvela à ses yeux le prodige dont fut témoin la Cova da Iria le 13 octobre 1917. Le disque solaire, qui peut le fixer ? Or le Saint-Père put le fixer ces quatre jours-là. Il le vit, entouré d’un halo, et comme vivant sous la main de Marie, palpitant, agité de mouvements violents. Il semblait transmettre, par ces mouvements mystérieux, un message silencieux, mais éloquent, au Vicaire du Christ.
N’est-ce pas là Fatima transporté au Vatican ? N’est-ce pas là le Vatican transformé en un nouveau Fatima ? Le binôme Fatima-Vatican s’est donc manifesté, plus que jamais, durant le Jubilé de l’Année sainte 1950 ».
Écoutons enfin ces paroles ardentes du Pape Pie XII lorsque, en des messages radiodiffusés (31 octobre 1942 et 13 mai 1946), il s’adressait à la Nation Portugaise :
« Il faut que, dociles au conseil maternel qu’Elle donnait aux serviteurs des noces de Cana, nous fassions tout ce que Jésus nous a dit. Elle-même nous a dit à tous de faire pénitence (“Penitentiam agite (Mt 14, 17)”), d’amender notre vie, de fuir le péché, cause principale des grands châtiments que la Justice de l’Éternel inflige au monde. Au milieu de ce monde matérialisé et paganisé, où “toute chair a corrompu sa voie” (Gen. 6, 12), soyez le sel qui préserve et la lumière qui éclaire !
Cultivez soigneusement la pureté, manifestez dans vos mœurs la sainte austérité de l’Évangile, et, hardiment, coûte que coûte, comme l’a proclamé la Jeunesse catholique à Fatima, vivez « en catholiques, sincères et convaincus, à cent pour cent » ! Bien plus : remplis du Christ, répandez autour de vous, près et loin, la bonne odeur du Christ ! Par la prière assidue, particulièrement par le chapelet quotidien, et par les sacrifices que Dieu vous inspirera, procurez aux âmes pécheresses la vie de la grâce et la vie éternelle ».
A lire :
Abbé Bertrand Labouche, Fatima, le message pour notre temps, Éditions de Chiré, 2017.
- Témoignages sur les Apparitions de Fatima, p. 290.[↩]
- Cardinal Cerejeira, le 30 octobre 1942.[↩]
- Extrait du discours du Cardinal Cerejeira, du 30 mai 1947. Il se trouve in extenso en annexes, à la fin du livre Fatima, le message pour notre temps. – Ed. de Chiré.[↩]
- Devise des chartreux.[↩]
- Sœur Lucie au P. Fuentes, en 1957.[↩]
- Op. cit.[↩]
- Luc, 19, 42.[↩]