Que signifie ce titre pour un chrétien ?
C’est là le titre que nous avons tous si nous avons reçu le sacrement de confirmation dans lequel, par lequel la force nous est donnée pour nous rendre plus aptes à combattre le mal qui nous assaille. Elle nous fortifie dans la lutte que nous avons à livrer à nos défauts et nos tentations.
Ce combat est quotidien et il entre dans la profession chrétienne, mais il est sous un certain point de vue, du négatif, or, c’est avant tout du positif, du constructif qu’opère en nous la confirmation. Elle édifie et bâtit l’adulte chrétien, et c’est par ce côté positif d’abord qu’elle nous atteint et nous met à même de faire ensuite face à la lutte, c’est à dire au côté négatif.
Il faut alors distinguer :
Une force générale, celle de l’adulte. C’est la croissance de notre être chrétien qui passe de l’âge de l’enfance à l’âge adulte. Cette force complète le baptême et nous rend parfaits chrétiens. Elle atteint notre vie quotidienne et nous fait professer la foi catholique dans nos actions de tous les jours.
Une 2ème force, spéciale, celle du lutteur. Elle est un effet du développement général de l’organisme chrétien qui, fortifié, nous rend robustes dans la lutte quotidienne, désormais plus ardue, contre nos défauts et nos tentations et nous pare ainsi pour le côté négatif de la profession de foi.
Une 3ème force, celle du soldat. C’est toujours un effet de notre croissance générale, en ce que sa robustesse nous rend aptes à satisfaire avec vigueur non plus seulement aux actions quotidiennes de la vie d’adulte chrétien mais également aux actes moins habituels et plutôt exceptionnels de cette vie, c’est à dire à la confession de la foi pour sa maintenance, sa propagation, sa défense.
Il ne faut pas confondre cette triple force avec l’accroissement du don de force, résultat aussi du développement de l’être chrétien et qui spécialement donne au confirmé plus de souplesse pour accomplir les actes de la vertu de force déjà reçue au baptême et accrue à la confirmation. La vertu de force est celle qui règle les sentiments du chrétien dans les moments difficiles. Le don de force lui inspire d’entreprendre les œuvres ardues pour opérer son salut, lui donne confiance et courage dans les dangers que court son âme, et le fait triompher de la crainte de la mort.
Au sacrement de confirmation, nous recevons une onction. L’idée de signer le front des confirmés, est venue aux premiers chrétiens du milieu grec ou romain où ils vivaient. Les païens imprimaient leur marque personnelle (leur cachet, leur sceau) à l’aide d’un fer rougi sur la chair des esclaves et des soldats, qui portaient ainsi jusqu’à la mort, la marque de leur maître sur le front, marque de propriété, ineffaçable et définitive.
Déjà l’onction du baptême, au sommet de la tête, signifie que le fidèle appartient à Jésus-Christ. A la confirmation, le signe de la croix au front, la signature de l’évêque, de l’Église, du Christ, c’est tout un, a la même signification, mais insistante, de propriété définitive. Le cachet de Notre-Seigneur, imposé au confirmé signifie son appartenance entière à Jésus-Christ, dans sa milice. En signant le confirmé l’évêque met donc la frappe de Notre-Seigneur sur le parfait chrétien pour indiquer que le confirmé est désormais un soldat qui va défendre sa grande patrie, l’Église.
Alors nous pouvons partir au combat. Notre organisme d’adulte est mieux approprié qu’à l’époque de l’enfance pour résister aux dangers intérieurs et extérieurs de l’existence. Nous jouissons désormais d’une effervescence et d’une vigueur, qui nous permettent de nous enrôler dans la milice de Jésus-Christ, et qui nous rendent dès lors capables de nous opposer aux faiblesses de notre organisme, de nous défendre nous-mêmes contre les éléments hostiles qui nous entourent et d’accomplir aussi, en public, les actions viriles qui lui sont propres.
La confirmation nous offre des grâces actuelles pour nous donner la force d’agir selon notre état d’adulte chrétien ; ces grâces de secours achèvent de nous mettre à même de professer vigoureusement notre foi, c’est à dire de lutter pour la défendre au-dedans contre les tentations et les mauvais exemples et de la confesser non moins vigoureusement, en la défendant contre les attaques du dehors comme aussi en la propageant.
Ainsi nous réaliserons, et jusqu’au témoignage du sang s’il nous l’est demandé, l’ordre de Notre-Seigneur à ses apôtres : « vous serez mes témoins ». Et cela en raison du caractère que nous donne ce sacrement de confirmation.
Devenus ainsi adultes dans le Christ, à partir de ce sacrement nous participons activement à la mission du Christ, nous devenons officiellement un citoyen actif de l’Église, nous pratiquons et nous confessons sa religion au dehors. Nous prenons part à son activité chrétienne, à son développement, à sa propagation, à sa défense. En un mot, nous participons à sa vie publique.
Pour résumer on pourrait dire que :
- le caractère du baptême nous confère plutôt un droit que des devoirs, le droit de nous asseoir à la table du père de famille et de profiter de tous ses biens spirituels,
- le caractère de la confirmation nous confère plutôt des devoirs que des droits, ceux de collaborer à la vie de l’Église par des actions viriles et publiques.
Maubert
Source : Acampado N° 210 – janvier 2025