Miles Christi – Soldat du Christ ?

Saint Georges terrassant le dragon. Crédit : Philippe Lissac / Godong

Que signi­fie ce titre pour un chrétien ?

C’est là le titre que nous avons tous si nous avons reçu le sacre­ment de confir­ma­tion dans lequel, par lequel la force nous est don­née pour nous rendre plus aptes à com­battre le mal qui nous assaille. Elle nous for­ti­fie dans la lutte que nous avons à livrer à nos défauts et nos tentations.

Ce com­bat est quo­ti­dien et il entre dans la pro­fes­sion chré­tienne, mais il est sous un cer­tain point de vue, du néga­tif, or, c’est avant tout du posi­tif, du construc­tif qu’opère en nous la confir­ma­tion. Elle édi­fie et bâtit l’adulte chré­tien, et c’est par ce côté posi­tif d’abord qu’elle nous atteint et nous met à même de faire ensuite face à la lutte, c’est à dire au côté négatif.

Il faut alors dis­tin­guer :
Une force géné­rale, celle de l’adulte. C’est la crois­sance de notre être chré­tien qui passe de l’âge de l’enfance à l’âge adulte. Cette force com­plète le bap­tême et nous rend par­faits chré­tiens. Elle atteint notre vie quo­ti­dienne et nous fait pro­fes­ser la foi catho­lique dans nos actions de tous les jours.

Une 2ème force, spé­ciale, celle du lut­teur. Elle est un effet du déve­lop­pe­ment géné­ral de l’organisme chré­tien qui, for­ti­fié, nous rend robustes dans la lutte quo­ti­dienne, désor­mais plus ardue, contre nos défauts et nos ten­ta­tions et nous pare ain­si pour le côté néga­tif de la pro­fes­sion de foi.

Une 3ème force, celle du sol­dat. C’est tou­jours un effet de notre crois­sance géné­rale, en ce que sa robus­tesse nous rend aptes à satis­faire avec vigueur non plus seule­ment aux actions quo­ti­diennes de la vie d’adulte chré­tien mais éga­le­ment aux actes moins habi­tuels et plu­tôt excep­tion­nels de cette vie, c’est à dire à la confes­sion de la foi pour sa main­te­nance, sa pro­pa­ga­tion, sa défense.

Il ne faut pas confondre cette triple force avec l’accroissement du don de force, résul­tat aus­si du déve­lop­pe­ment de l’être chré­tien et qui spé­cia­le­ment donne au confir­mé plus de sou­plesse pour accom­plir les actes de la ver­tu de force déjà reçue au bap­tême et accrue à la confir­ma­tion. La ver­tu de force est celle qui règle les sen­ti­ments du chré­tien dans les moments dif­fi­ciles. Le don de force lui ins­pire d’entreprendre les œuvres ardues pour opé­rer son salut, lui donne confiance et cou­rage dans les dan­gers que court son âme, et le fait triom­pher de la crainte de la mort.

Au sacre­ment de confir­ma­tion, nous rece­vons une onc­tion. L’idée de signer le front des confir­més, est venue aux pre­miers chré­tiens du milieu grec ou romain où ils vivaient. Les païens impri­maient leur marque per­son­nelle (leur cachet, leur sceau) à l’aide d’un fer rou­gi sur la chair des esclaves et des sol­dats, qui por­taient ain­si jusqu’à la mort, la marque de leur maître sur le front, marque de pro­prié­té, inef­fa­çable et défi­ni­tive.
Déjà l’onc­tion du bap­tême, au som­met de la tête, signi­fie que le fidèle appar­tient à Jésus-​Christ. A la confir­ma­tion, le signe de la croix au front, la signa­ture de l’évêque, de l’Église, du Christ, c’est tout un, a la même signi­fi­ca­tion, mais insis­tante, de pro­prié­té défi­ni­tive. Le cachet de Notre-​Seigneur, impo­sé au confir­mé signi­fie son appar­te­nance entière à Jésus-​Christ, dans sa milice. En signant le confir­mé l’évêque met donc la frappe de Notre-​Seigneur sur le par­fait chré­tien pour indi­quer que le confir­mé est désor­mais un sol­dat qui va défendre sa grande patrie, l’Église.

Le sacre­ment de confir­ma­tion confé­ré par Mgr Tissier de Mallerais en 2022.

Alors nous pou­vons par­tir au com­bat. Notre orga­nisme d’adulte est mieux appro­prié qu’à l’époque de l’enfance pour résis­ter aux dan­gers inté­rieurs et exté­rieurs de l’existence. Nous jouis­sons désor­mais d’une effer­ves­cence et d’une vigueur, qui nous per­mettent de nous enrô­ler dans la milice de Jésus-​Christ, et qui nous rendent dès lors capables de nous oppo­ser aux fai­blesses de notre orga­nisme, de nous défendre nous-​mêmes contre les élé­ments hos­tiles qui nous entourent et d’accomplir aus­si, en public, les actions viriles qui lui sont propres.
La confir­ma­tion nous offre des grâces actuelles pour nous don­ner la force d’agir selon notre état d’adulte chré­tien ; ces grâces de secours achèvent de nous mettre à même de pro­fes­ser vigou­reu­se­ment notre foi, c’est à dire de lut­ter pour la défendre au-​dedans contre les ten­ta­tions et les mau­vais exemples et de la confes­ser non moins vigou­reu­se­ment, en la défen­dant contre les attaques du dehors comme aus­si en la propageant.

Ainsi nous réa­li­se­rons, et jusqu’au témoi­gnage du sang s’il nous l’est deman­dé, l’ordre de Notre-​Seigneur à ses apôtres : « vous serez mes témoins ». Et cela en rai­son du carac­tère que nous donne ce sacre­ment de confir­ma­tion.
Devenus ain­si adultes dans le Christ, à par­tir de ce sacre­ment nous par­ti­ci­pons acti­ve­ment à la mis­sion du Christ, nous deve­nons offi­ciel­le­ment un citoyen actif de l’Église, nous pra­ti­quons et nous confes­sons sa reli­gion au dehors. Nous pre­nons part à son acti­vi­té chré­tienne, à son déve­lop­pe­ment, à sa pro­pa­ga­tion, à sa défense. En un mot, nous par­ti­ci­pons à sa vie publique.

Pour résu­mer on pour­rait dire que :
- le carac­tère du bap­tême nous confère plu­tôt un droit que des devoirs, le droit de nous asseoir à la table du père de famille et de pro­fi­ter de tous ses biens spi­ri­tuels,
- le carac­tère de la confir­ma­tion nous confère plu­tôt des devoirs que des droits, ceux de col­la­bo­rer à la vie de l’Église par des actions viriles et publiques.

Maubert

Source : Acampado N° 210 – jan­vier 2025