Le soin des malades

Crédit : Pascal Deloche / Godong

« Chaque fois que vous l’a­vez fait à l’un de ces petits, c’est à Moi que vous l’a­vez fait. »

(Mt 25, 40)

Le soin des malades

Tout Chrétien doit prendre soin de ses malades. Il suf­fit de pen­ser que Notre Seigneur Jésus-​Christ consi­dère comme fait à Lui-​Même ce qui se fait aux malades. Le jour du Jugement der­nier, Il dira aux justes : « Venez, les bénis de mon Père, prendre pos­ses­sion du Royaume céleste qui vous a été pré­pa­ré depuis le com­men­ce­ment du monde, car j’ai été malade et vous m’a­vez visi­té ». Et les justes lui deman­de­ront : « Seigneur, quand as-​tu été malade et avons-​nous été Te visi­ter ? » Et Jésus-​Christ répon­dra : « Chaque fois que vous l’a­vez fait à l’un de ces petits, c’est à Moi que vous l’a­vez fait ».

Un jour que sainte Isabelle de Hongrie avait cou­ché un malade dans son propre lit, son mari entra dans la chambre et vit que c’é­tait Notre Seigneur Jésus-​Christ. Un jour que saint Jean de Dieu lavait, en son hôpi­tal de Grenade, les pieds à un malade aban­don­né, il vou­lu les lui bai­ser ; il se ren­dit compte à cet ins­tant que c’é­tait Jésus-​Christ, qui dis­pa­rut aus­si­tôt et une grande lueur rem­plit tout l’hôpital.

Bénédiction des malades à Lourdes.

Patience

Celui qui s’oc­cupe d’un malade doit tout d’a­bord s’ar­mer de patience. De cette façon, il gagne­ra beau­coup de mérites pour le Ciel, et n’a­jou­te­ra pas aux dou­leurs et aux peines du malade. Cette patience sera d’au­tant plus néces­saire que le malade se plain­dra non seule­ment à cause de ses dou­leurs, mais aus­si à cause de son manque de vertu.

Sollicitude

A la patience, il faut ajou­ter une joyeuse sol­li­ci­tude. Que le malade per­çoive que nous le trai­tons avec joie et affec­tion. Lui faire com­prendre que s’oc­cu­per de lui n’est pas pesant, mais bien au contraire source de joies. En cer­taine occa­sion, un malade mon­trait sa pro­fonde gra­ti­tude à saint François Régis, le saint lui répon­dit : « C’est moi qui doit te remer­cier. Je gagne davan­tage que toi en te prê­tant ce ser­vice insignifiant. »

Zèle apostolique avec les malades

A la sol­li­ci­tude cor­po­relle doit s’u­nir le soin spi­ri­tuel du malade. Il faut l’en­cou­ra­ger, non pas avec des motifs pure­ment humains, mais bien mieux et prin­ci­pa­le­ment, avec des motifs sur­na­tu­rels. On doit l’ex­hor­ter à souf­frir avec rési­gna­tion, par amour et à l’i­mi­ta­tion de Jésus-​Christ cru­ci­fié, de la Vierge des Douleurs, et pour la satis­fac­tion de ses péchés, pour la dimi­nu­tion de son propre Purgatoire et aug­men­ter sa gloire dans le Ciel.

Les mala­dies éloignent du péché, rap­proche de Dieu en puri­fiant l’âme, et nous rendent plus sem­blables à Jésus-​Christ. L’esprit de l’Église est que, dans les mala­dies même non mor­telles, le malade reçoive au moins le Sacrement de Pénitence, en pro­fi­tant du temps dis­po­nible et des condi­tions favo­rables pour faire une bonne confes­sion. Quand la mala­die doit durer un cer­tain temps, ou à l’oc­ca­sion d’une fête impor­tante, il est fort à conseiller de faire la Sainte Communion, que les Prêtres appor­te­ront au domi­cile du malade, si celui-​ci ne peut se dépla­cer à l’église.

L’Eglise, en sa sol­li­ci­tude mater­nelle pour les malades, a par ailleurs pré­vu plu­sieurs béné­dic­tions spé­ciales pour eux : adultes, enfants, pèle­rins ; d’autre part, il existe aus­si des béné­dic­tions pour les remèdes, les pan­se­ments et ban­dages, le vin des­ti­né spé­cia­le­ment au malade et même pour le lit du malade.

Maladies graves

Si tout malade mérite notre sol­li­ci­tude spi­ri­tuelle, à plus forte rai­son la mérite le moribond.

Il n’y a rien de plus impor­tant que le moment de la mort, car de ce moment dépend notre éter­ni­té. Malgré l’im­por­tance cru­cial de ce moment ter­rible, beau­coup de Chrétiens mal ins­pi­rés, en vue de ne pas fâcher ou indis­po­ser le malade, voire en rai­son de quelque croyance plus ou moins super­sti­tieuse selon laquelle cela pour­rait avan­cer le moment de la mort, per­mettent que leurs malades passent à l’autre monde sans avoir reçu les der­niers sacre­ments, ou les ayant reçus une fois qu’ils ont per­du connais­sance. Quand ce n’est pas une fois le pauvre malade mort, s’oc­cupent d’ap­pe­ler le Prêtre.

Ceux-​ci, bien loin d’ai­mer le malade, le haïssent plu­tôt, si l’on en croit Saint Augustin : « mal aimer c’est haïr ». Qui ose­rait pré­tendre aimer le malade, si, pre­nant pré­texte de ne pas lui faire de peine, parce que le remède serait amer ou dou­lou­reux, ne lui don­ne­rait pas le trai­te­ment pres­crit ? Est-​ce agir d’une façon plus sen­sée de ne point l’a­vi­ser qu’il reçoive les der­niers sacre­ments à temps, c’est-​à-​dire, avec pleine conscience.

Combien seraient aujourd’­hui dans la gloire, au lieu d’être pour l’é­ter­ni­té condam­nés à l’Enfer, s’ils avaient fait une bonne confes­sion à l’heure de la mort.

Confession et viatique

Quand la mala­die devient plus grave, il faut pré­ve­nir sans retard le Prêtre pour qu’il admi­nistre les der­niers sacre­ments au malade. Ceci vau­drait éga­le­ment pour les enfants qui, étant par­ve­nu à l’âge de rai­son, n’ont cepen­dant pas encore reçu la com­mu­nion. En effet, ils pour­raient avoir com­mis quelque péché qu’il leur fau­drait alors confes­ser, et de toutes manières, ils doivent rece­voir la com­mu­nion en viatique.

Pour la Communion on pré­pare toujours :

  • une petite table bien propre
  • une nappe blanche sur la table
  • un verre d’eau potable

Et si possible :

  • un Crucifix et deux cierges.

Ensuite, et tant que dure le péril de mort, ou l’in­ca­pa­ci­té réelle du malade à se dépla­cer à l’é­glise, il pour­ra rece­voir avec beau­coup de fruit la Communion toutes les fois que cela sera pos­sible. Pour le jeûne eucha­ris­tique, le malade en est dis­pen­sé pour le via­tique ; pour les autres com­mu­nions, on s’en tien­dra aux règles accou­tu­mées, pour l’or­di­naire. À noter que les médi­ca­ments stric­to sen­su ne rompent pas le jeûne eucharistique.

L’Extrême-​Onction

Quand le péril de mort est cer­tain mora­le­ment, on doit admi­nis­trer le sacre­ment de l’Extrême-​Onction. Est à réprou­ver abso­lu­ment la cou­tume d’at­tendre la der­nière extré­mi­té pour ce faire : autant que pos­sible, le malade devrait pou­voir la rece­voir en pleine conscience pour en reti­rer tout le fruit spi­ri­tuel. Que de fois on n’ap­pelle le Prêtre que lors­qu’il est très tard, et même sou­vent hélas trop tard, sous de faux pré­textes dic­tés par le manque d’es­prit de Foi, la peur d’ef­frayer le malade, etc. Ne vaut-​il pas mieux une frayeur salu­taire qu’une condam­na­tion éter­nelle « en toute tran­quilli­té » ? De plus l’ex­pé­rience sacer­do­tale montre que les malades sont d’or­di­naire très heu­reux de voir le Prêtre, même les vieux anti­clé­ri­caux ron­chons, qui à l’ap­proche de la mort voient les choses de la vie sous un angle peut-​être insoup­çon­né jusqu’alors.

Pour l’Extrême-​Onction on pré­pare toujours :

  • une petite table bien propre
  • une nappe blanche sur la table

Et si possible :

  • un Crucifix et deux cierges
  • quelques petites boules de coton
  • quelques mor­ceaux de mie de pain
  • une ron­delle de citron.

Ce sacre­ment a plu­sieurs effets :

1. L’augmentation de la Grâce sanctifiante ;

2. Il efface les péchés véniels, et même les péchés mor­tels que le malade, qui en a la contri­tion, ne pour­rait confesser ;

3. Il donne des forces pour sup­por­ter patiem­ment la mala­die, résis­ter aux ten­ta­tions et mou­rir sain­te­ment, et aide aus­si à recou­vrer la san­té, si c’est pour le bien de l’âme.

Oraisons jaculatoires

A mesure que le malade approche de l’is­sue fatale, on l’aidera avec pro­fit en lui sug­gé­rant à l’o­reille, et sans le fati­guer, quelques orai­sons jacu­la­toires qui l’en­cou­ra­ge­ront à la contri­tion de ses péchés et à la confiance en la misé­ri­corde divine. La réci­ta­tion d’o­rai­sons jacu­la­toires en ces cir­cons­tances est munie d’in­dul­gences, quelles que soient les orai­sons uti­li­sées. Les affec­tions qu’il convient de pro­duire sont des actes de Foi, Espérance et Charité ; de dou­leur des péchés com­mis, par­don des offenses reçues et confor­mi­té à la volon­té divine.

Il convient d’ap­pe­ler le Prêtre pour les der­niers moments, afin qu’il récite les prières litur­giques des ago­ni­sants, et puisse assis­ter le malade de son minis­tère jus­qu’au bout.

Source : Le Parvis n° 138