« Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits, c’est à Moi que vous l’avez fait. »
(Mt 25, 40)
Le soin des malades
Tout Chrétien doit prendre soin de ses malades. Il suffit de penser que Notre Seigneur Jésus-Christ considère comme fait à Lui-Même ce qui se fait aux malades. Le jour du Jugement dernier, Il dira aux justes : « Venez, les bénis de mon Père, prendre possession du Royaume céleste qui vous a été préparé depuis le commencement du monde, car j’ai été malade et vous m’avez visité ». Et les justes lui demanderont : « Seigneur, quand as-tu été malade et avons-nous été Te visiter ? » Et Jésus-Christ répondra : « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits, c’est à Moi que vous l’avez fait ».
Un jour que sainte Isabelle de Hongrie avait couché un malade dans son propre lit, son mari entra dans la chambre et vit que c’était Notre Seigneur Jésus-Christ. Un jour que saint Jean de Dieu lavait, en son hôpital de Grenade, les pieds à un malade abandonné, il voulu les lui baiser ; il se rendit compte à cet instant que c’était Jésus-Christ, qui disparut aussitôt et une grande lueur remplit tout l’hôpital.
Patience
Celui qui s’occupe d’un malade doit tout d’abord s’armer de patience. De cette façon, il gagnera beaucoup de mérites pour le Ciel, et n’ajoutera pas aux douleurs et aux peines du malade. Cette patience sera d’autant plus nécessaire que le malade se plaindra non seulement à cause de ses douleurs, mais aussi à cause de son manque de vertu.
Sollicitude
A la patience, il faut ajouter une joyeuse sollicitude. Que le malade perçoive que nous le traitons avec joie et affection. Lui faire comprendre que s’occuper de lui n’est pas pesant, mais bien au contraire source de joies. En certaine occasion, un malade montrait sa profonde gratitude à saint François Régis, le saint lui répondit : « C’est moi qui doit te remercier. Je gagne davantage que toi en te prêtant ce service insignifiant. »
Zèle apostolique avec les malades
A la sollicitude corporelle doit s’unir le soin spirituel du malade. Il faut l’encourager, non pas avec des motifs purement humains, mais bien mieux et principalement, avec des motifs surnaturels. On doit l’exhorter à souffrir avec résignation, par amour et à l’imitation de Jésus-Christ crucifié, de la Vierge des Douleurs, et pour la satisfaction de ses péchés, pour la diminution de son propre Purgatoire et augmenter sa gloire dans le Ciel.
Les maladies éloignent du péché, rapproche de Dieu en purifiant l’âme, et nous rendent plus semblables à Jésus-Christ. L’esprit de l’Église est que, dans les maladies même non mortelles, le malade reçoive au moins le Sacrement de Pénitence, en profitant du temps disponible et des conditions favorables pour faire une bonne confession. Quand la maladie doit durer un certain temps, ou à l’occasion d’une fête importante, il est fort à conseiller de faire la Sainte Communion, que les Prêtres apporteront au domicile du malade, si celui-ci ne peut se déplacer à l’église.
L’Eglise, en sa sollicitude maternelle pour les malades, a par ailleurs prévu plusieurs bénédictions spéciales pour eux : adultes, enfants, pèlerins ; d’autre part, il existe aussi des bénédictions pour les remèdes, les pansements et bandages, le vin destiné spécialement au malade et même pour le lit du malade.
Maladies graves
Si tout malade mérite notre sollicitude spirituelle, à plus forte raison la mérite le moribond.
Il n’y a rien de plus important que le moment de la mort, car de ce moment dépend notre éternité. Malgré l’importance crucial de ce moment terrible, beaucoup de Chrétiens mal inspirés, en vue de ne pas fâcher ou indisposer le malade, voire en raison de quelque croyance plus ou moins superstitieuse selon laquelle cela pourrait avancer le moment de la mort, permettent que leurs malades passent à l’autre monde sans avoir reçu les derniers sacrements, ou les ayant reçus une fois qu’ils ont perdu connaissance. Quand ce n’est pas une fois le pauvre malade mort, s’occupent d’appeler le Prêtre.
Ceux-ci, bien loin d’aimer le malade, le haïssent plutôt, si l’on en croit Saint Augustin : « mal aimer c’est haïr ». Qui oserait prétendre aimer le malade, si, prenant prétexte de ne pas lui faire de peine, parce que le remède serait amer ou douloureux, ne lui donnerait pas le traitement prescrit ? Est-ce agir d’une façon plus sensée de ne point l’aviser qu’il reçoive les derniers sacrements à temps, c’est-à-dire, avec pleine conscience.
Combien seraient aujourd’hui dans la gloire, au lieu d’être pour l’éternité condamnés à l’Enfer, s’ils avaient fait une bonne confession à l’heure de la mort.
Confession et viatique
Quand la maladie devient plus grave, il faut prévenir sans retard le Prêtre pour qu’il administre les derniers sacrements au malade. Ceci vaudrait également pour les enfants qui, étant parvenu à l’âge de raison, n’ont cependant pas encore reçu la communion. En effet, ils pourraient avoir commis quelque péché qu’il leur faudrait alors confesser, et de toutes manières, ils doivent recevoir la communion en viatique.
Pour la Communion on prépare toujours :
Et si possible :
Ensuite, et tant que dure le péril de mort, ou l’incapacité réelle du malade à se déplacer à l’église, il pourra recevoir avec beaucoup de fruit la Communion toutes les fois que cela sera possible. Pour le jeûne eucharistique, le malade en est dispensé pour le viatique ; pour les autres communions, on s’en tiendra aux règles accoutumées, pour l’ordinaire. À noter que les médicaments stricto sensu ne rompent pas le jeûne eucharistique.
Quand le péril de mort est certain moralement, on doit administrer le sacrement de l’Extrême-Onction. Est à réprouver absolument la coutume d’attendre la dernière extrémité pour ce faire : autant que possible, le malade devrait pouvoir la recevoir en pleine conscience pour en retirer tout le fruit spirituel. Que de fois on n’appelle le Prêtre que lorsqu’il est très tard, et même souvent hélas trop tard, sous de faux prétextes dictés par le manque d’esprit de Foi, la peur d’effrayer le malade, etc. Ne vaut-il pas mieux une frayeur salutaire qu’une condamnation éternelle « en toute tranquillité » ? De plus l’expérience sacerdotale montre que les malades sont d’ordinaire très heureux de voir le Prêtre, même les vieux anticléricaux ronchons, qui à l’approche de la mort voient les choses de la vie sous un angle peut-être insoupçonné jusqu’alors.
Pour l’Extrême-Onction on prépare toujours :
- une petite table bien propre
- une nappe blanche sur la table
Et si possible :
- un Crucifix et deux cierges
- quelques petites boules de coton
- quelques morceaux de mie de pain
- une rondelle de citron.
Ce sacrement a plusieurs effets :
1. L’augmentation de la Grâce sanctifiante ;
2. Il efface les péchés véniels, et même les péchés mortels que le malade, qui en a la contrition, ne pourrait confesser ;
3. Il donne des forces pour supporter patiemment la maladie, résister aux tentations et mourir saintement, et aide aussi à recouvrer la santé, si c’est pour le bien de l’âme.
Oraisons jaculatoires
A mesure que le malade approche de l’issue fatale, on l’aidera avec profit en lui suggérant à l’oreille, et sans le fatiguer, quelques oraisons jaculatoires qui l’encourageront à la contrition de ses péchés et à la confiance en la miséricorde divine. La récitation d’oraisons jaculatoires en ces circonstances est munie d’indulgences, quelles que soient les oraisons utilisées. Les affections qu’il convient de produire sont des actes de Foi, Espérance et Charité ; de douleur des péchés commis, pardon des offenses reçues et conformité à la volonté divine.
Il convient d’appeler le Prêtre pour les derniers moments, afin qu’il récite les prières liturgiques des agonisants, et puisse assister le malade de son ministère jusqu’au bout.
Source : Le Parvis n° 138