20 octobre 1976

Abbé Coache : « Le peuple chrétien a vu et il a dit non, on ne l’aura plus maintenant »

Discours enflam­mé de l’ab­bé Louis Coache à Paris lors d’un grand ras­sem­ble­ment de fidèles atta­chés à la Tradition, le soir du 20 octobre 1976, au sein de la Maison de la Mutualité.

Résumé

Dans un dis­cours enflam­mé, l’ab­bé Louis Coache rejette la fausse com­mi­sé­ra­tion envers les catho­liques de Tradition et les expli­ca­tions bien com­modes des auto­ri­tés conci­liaires pour détour­ner l’at­ten­tion du vrai pro­blème : il s’a­git de la reli­gion catho­lique à conser­ver et de l’Eglise à sau­ver. Sauver l’Eglise fon­dée par Jésus-​Christ d’une autre reli­gion : le culte de l’Homme. Les enne­mis de l’Eglise la détruisent de l’in­té­rieur, dit le pape saint Pie X, ils sont rem­plis de rage contre « Mgr Lefebvre et les siens », les frap­pant et les calom­niant, ils se disent aga­cés par les rumeurs qui sou­lignent l’é­chec du concile Vatican II. Il n’empêche que le peuple chré­tien aler­té par tant d’in­jus­tice a réagi, désor­mais le pro­ces­sus est enclen­ché : les hommes de l’Eglise post­con­ci­liaire devront bien un jour recon­naître le droit aux fidèles de res­ter catho­lique et jus­tice sera ren­due à Mgr Lefebvre.

Le peuple chrétien n’a pas à être frustré de sa messe

Le cœur de la doc­trine, le plus beau geste de l’Eglise, c’est la messe, la messe-​sacrifice, la vraie messe, la messe mil­lé­naire. Le peuple chré­tien n’a plus le droit d’être frus­tré de sa messe, car il tient à son salut. Le prêtre catho­lique n’a pas le droit d’être pri­vé de la messe, car il est ordon­né pour cela et un ersatz, ou la messe pro­tes­tan­ti­sante, ne lui suf­fit pas, ne peut lui suf­fire. Il n’a pas été ordon­né, le prêtre, pour jouer la comé­die. C’est pour­quoi le vrai com­bat de la Foi ne se dés­in­té­resse pas de la messe et n’a pas peur de déplaire aux évêques en com­bat­tant sur l’es­sen­tiel. Méfions-​nous des grosses voix qui pré­tendent être d’ac­cord avec Mgr Lefebvre, mais qui le désap­prouvent quand il s’a­git du concile et de la messe ! Notre force est de tenir à toute la véri­té catho­lique et seule cette fidé­li­té don­ne­ra la victoire.

Qui sont véritablement ceux qui créent la division ?

Ceux qui déso­béissent à l’Eglise, ce ne sont pas les catho­liques de Tradition, mais bien plu­tôt ceux qui patronnent des caté­chismes et des revues qui sapent et détruisent la doc­trine et la foi. Ils poussent des cris de répro­ba­tion contre ceux qui « créent la divi­sion » à pro­pos de la messe, mais eux, tou­jours à pro­pos de la messe, favo­risent toutes les expé­riences, jus­qu’aux plus odieux sacri­lèges. Ils pro­tègent ceux qui sou­haitent des prêtres mariés, man­da­tés par la base, un sacer­doce qui n’a plus rien de catho­lique. Arrachons-​leur leur masque, ils sont traîtres à Notre-​Seigneur Jésus-​Christ et à l’Eglise car ils pro­fitent de leur place pour livrer les âmes au démon. Quand donc les entendons-​nous dénon­cer le péché et prê­cher la péni­tence, exal­ter la Croix admi­rable de notre Sauveur, louer le Cœur de Jésus ? Quand donc les voyons-​nous détour­ner les fidèles de ce monde per­vers et les conduire vers le Ciel ? Pratiquement jamais, ils pré­fèrent par­ler d’un monde social et nou­veau à bâtir. Voilà leur idéal : plaire aux hommes et favo­ri­ser les enne­mis de l’Eglise, c’est de la félo­nie. Partout sont bafouées les lois de l’Eglise, la loi natu­relle et les com­man­de­ments de Dieu, sans que l’é­pis­co­pat fran­çais ne bouge.

Nous n’avons pas besoin de leur compassion

Qu’allons-​nous faire ? « Ces que­relles ne servent à rien » disent les tenants de la nou­velle reli­gion. C’est curieux, quand la contes­ta­tion vient de gauche, ils disent qu’elle est « construc­tive » ! Nous ne cédons pas à un vent de panique, la panique est pour eux car nous deve­nons chaque jour plus nom­breux et plus grou­pés. Inutile donc aux pères évêques de cher­cher des remèdes trom­peurs, de jeter une larme sur notre souf­france ou de cher­cher une voie nou­velle. Nous pas besoin de leur com­pas­sion, ni de nou­velles expli­ca­tions du concile, qu’ils changent de cap tout sim­ple­ment, qu’ils reprennent le vrai che­min, c’est-​à-​dire le Seigneur Jésus cru­ci­fié et le royaume de Dieu.

Ce que nous allons faire

Puisque les auto­ri­tés conci­liaires ne sont pas dis­po­sées à com­prendre, nous allons pas­ser à l’ac­tion. Voilà ce que nous allons faire pour plaire à Dieu :

  1. Nous retrou­ver tou­jours plus nom­breux dans les centres litur­giques tra­di­tion­nels. La nou­velle messe, ou comme dirait le pro­fes­seur Arnould « ce vieux ramas­sis d’hé­ré­sies ancienne », même quand elle reste digne déplait à Dieu, qu’elle soit valide ou non. Par tout ce qu’elle omet de sacré, elle conduit au pro­tes­tan­tisme, sou­vent elle est une pro­fa­na­tion. En France, nous avons plus de 400 centres, fai­sons donc un très grand effort en nous gênant pour consti­tuer ces assem­blées de Dieu vivantes. Persuadons-​nous, même si cette véri­té nous semble dure, que si nous n’a­vons pas la vraie messe à notre por­tée, l’o­bli­ga­tion tombe puisque l’Eglise oblige à la messe catho­lique et non pas à une « eucha­ris­tie » moder­niste. En ce cas, sanc­ti­fions le dimanche et accor­dons à Dieu un large temps de prière, comme en temps de persécution.
  2. Nous décré­tons la grève du denier du culte. Inutile de don­ner son argent aux fos­soyeurs de l’Eglise, réser­vons ce denier du culte aux prêtres fidèles et persécutés.
  3. Nous allons inten­si­fier l’o­pé­ra­tion « assai­nis­se­ment des églises », c’est-​à-​dire la des­truc­tion des jour­naux empoi­son­nés qui sont sur les pré­sen­toirs. Si l’on craint l’ac­cu­sa­tion de vol, il faut savoir que la loi inter­dit de vendre des numé­ros péri­més, ils sont donc sim­ple­ment offerts et nous pou­vons les prendre. De plus, en déchi­rant et en salis­sant sur place on prend moins de risques, si l’on craint les risques.
  4. Nous détrui­rons éga­le­ment les pein­tures, fresques ou repré­sen­ta­tions blas­phé­ma­toires dans les églises.
  5. Enfin, d’i­ci six mois, nous pren­drons une église à Paris,[1] car nous sommes chez nous dans l’Eglise catho­lique ! Beaucoup plus chez nous que ceux qui occupent les églises et n’y pro­fessent plus la sainte reli­gion catho­lique. Nous ne sommes pas des parias, nous sommes fidèles à l’Eglise éter­nelle pen­dant que les intrus d’une cer­taine Eglise post­con­ci­laire pro­fanent les lieux saints, et comme nous sommes des foules, nous y arri­ve­rons. A moins que, mais c’est un rêve sans doute, l’au­to­ri­té ne nous accorde publi­que­ment droit de cité, en tout cas nous y avons droit, et nous offre d’elle-​même une église à Paris. A moins encore que le Saint-​Siège et les évêques ne nous recon­naissent offi­ciel­le­ment ce droit que nous avons, et dont nous pro­fi­tons d’ailleurs, de célé­brer la messe mil­lé­naire. A moins encore que le Saint-​Siège ne recon­naisse à Mgr Lefebvre des pou­voirs de juri­dic­tion per­son­nelle. Le pro­ces­sus est enga­gé, nous avons un droit sur­na­tu­rel, natif, à être trai­tés en enfants de Dieu et pour l’hon­neur de Dieu, ce droit nous l’exercerons.

Il s’agit simplement pour le peuple de Dieu de pratiquer sa foi

Nous appor­tons la paix, mais puis­qu’on ne veut pas de notre paix, ce sera la guerre. Jésus, qui a répé­té « je vous donne ma paix », a dit aus­si « je suis venu mettre le feu sur la terre », « dres­ser le père contre le fils », car il est signe, lui Jésus, de contra­dic­tion. D’ailleurs, rien ne se bâtit sur la confu­sion : d’a­bord la clar­té et la lumière, alors s’en­gendre la vraie paix. Il ne s’a­git pas de deman­der un synode natio­nal, l’i­dée ne tient pas debout, un synode c’est une assem­blée d’é­vêques et non de prêtres, encore moins de laïcs. Il s’a­git seule­ment pour le peuple de Dieu bri­mé et bafoué, d’exis­ter, d’af­fir­mer sa foi et de la pra­ti­quer. Ah, ils espé­raient endor­mir ce peuple de Dieu, le recy­cler, le faire glis­ser tout dou­ce­ment vers le pro­tes­tan­tisme et l’a­po­sta­sie à force de slo­gans cen­trés sur l’homme et sous pré­texte d’o­béis­sance, et bien c’est fini, c’est cas­sé, c’est dévoi­lé, nous avons cas­sé leur machine grâce à Mgr Lefebvre !

Les modernistes vont devoir compter avec cette masse de fidèles

Le peuple chré­tien s’est levé, il a vu et il a dit non, on ne l’au­ra plus main­te­nant. Si beau­coup, hélas, se trouvent endoc­tri­nés et trouvent très bien de mépri­ser leur mère l’Eglise sous pré­texte qu’elle se serait trom­pé pen­dant vingt siècles, une très large frac­tion de la chré­tien­té en France a com­pris et s’est sou­le­vée. Devant cette réac­tion de la fille aînée de l’Eglise, ses enne­mis vont devoir mar­quer le pas, désor­mais les moder­nistes apos­tats vont devoir comp­ter avec cette masse de fidèles. Nous allons donc tenir dans la confiance, nous inten­si­fie­rons nos prières, nous dif­fu­se­rons le bon caté­chisme, nous gar­de­rons la vraie messe, en mot nous seront fidèles à Notre-​Seigneur Jésus-​Christ, à l’en­sei­gne­ment de tous les Pères et Docteurs de l’Eglise, à l’exemple tous les saints.

Vive mon­sei­gneur Lefebvre, vive le Christ-Roi !

Le discours

Notes de bas de page
  1. L’église Saint-​Nicolas-​du-​Chardonnet (dans le 5e arron­dis­se­ment de Paris) à été prise le 27 février 1977, un peu plus de quatre mois après ce dis­cours.[]

L’abbé Louis Coache (1920–1994) est une figure du com­bat de la Tradition en France. Il fut curé de Montjavoult (Oise) mais, étant ardem­ment oppo­sé aux réformes moder­nistes liées au concile Vatican II, son évêque le des­ti­tua en 1969. Il fonde alors la revue Le Combat de la foi, se rap­proche de Mgr Lefebvre et par­ti­cipe à la prise de l’é­glise Saint-​Nicolas-​du-​Chardonnet en 1977. Initiateur de nom­breux pèle­ri­nages, il est éga­le­ment fon­da­teur d’un couvent des Petites Sœurs de saint François d’Assise, dont sa propre sœur, Mère Thérèse-​Marie Coache, devint la supé­rieure. C’est lui qui légua à la Fraternité Saint-​Pie X la mai­son du Moulin du Pin et la Maison Lacordaire à Flavigny (aujourd’­hui deve­nue un séminaire).