Brève histoire de la réforme liturgique

La révo­lu­tion et le moder­nisme ont péné­tré la Cité de Dieu par la litur­gie. Le Mouvement litur­gique a été le che­val de Troie au moyen duquel les dis­ciples de Loisy ont occu­pé l’Église.

Les pionniers du nouveau mouvement liturgique

Ce qui allait deve­nir le Mouvement litur­gique com­men­çait bien, et sous les meilleurs aus­pices avec les tra­vaux de Dom Guéranger et l’impulsion de saint Pie X. Il s’agissait, selon la défi­ni­tion de Dom Rousseau, du « renou­veau de fer­veur du cler­gé et des fidèles pour la litur­gie ». Il fal­lait, selon saint Pie X, « trou­ver le véri­table esprit chré­tien à sa source pre­mière et indis­pen­sable : la par­ti­ci­pa­tion active aux mys­tères sacro­saints et à la prière publique et solen­nelle de l’Église ».

Hélas bien vite, les pre­mières dévia­tions se firent sen­tir. Dom Lambert Beauduin pri­vi­lé­gia l’aspect apos­to­lique de la litur­gie sur son carac­tère essen­tiel­le­ment cultuel. Il envi­sa­gea, avec son aven­ture de Chevetogne (Belgique), de mettre au ser­vice de l’œcuménisme le Mouvement litur­gique. Et c’est ain­si, à côté des vrais suc­cès du Mouvement, qu’augmentaient en nombre et en gra­vi­té les déviations.

En Allemagne, Dom Herwegen veut débar­ras­ser le mis­sel de ses élé­ments médié­vaux pour le rame­ner à la pure­té patris­tique. Plus grave, pour Dom Odon Casel, il y a une jus­ti­fi­ca­tion théo­lo­gique à ce pré­sup­po­sé archéo­lo­gique : le Moyen Age, et sur­tout l’âge baroque, ont alté­ré le sens du mys­tère du culte chré­tien. Laissons le père Bouyer nous expli­quer de quoi il s’agit : « Disons d’un mot le conte­nu du « mys­tère ». C’est la réac­tua­li­sa­tion dans, par et pour l ’Église, de l’acte de Notre- Seigneur qui a accom­pli notre salut, c’est-à-dire sa Passion et sa mort dans la plé­ni­tude de leur effet ultime : la Résurrection, la com­mu­ni­ca­tion de la grâce sal­va­trice à l’humanité et la consom­ma­tion finale de toutes choses. Dans cette pers­pec­tive, la pro­prié­té cen­trale de la litur­gie, et donc ce qu’il faut sai­sir avant tout pour la com­prendre, c’est le mode unique par lequel l’acte rédemp­teur du Christ est renou­ve­lé et dis­tri­bué de façon per­ma­nente par l’Église. Bien com­prendre ce mode, qui est entiè­re­ment dif­fé­rent de celui d’une repré­sen­ta­tion théâ­trale ou ima­gi­na­tive, ou de toute répé­ti­tion phy­si­que­ment réa­liste, c’est la clef de l’intelligence de toute la litur­gie dont la perte com­men­ça pen­dant le Moyen-​âge. Et c’est cette clef que la période baroque a si pro­fon­dé­ment per­due qu’elle n’a plus gar­dé sous son regard que l’écorce vide de la litur­gie, une écorce d’autant plus déco­rée et sur­char­gée exté­rieu­re­ment que la réa­li­té inté­rieure ten­dait à être oubliée ». De la sorte, « Dom Casel nous a fait sor­tir des impasses des théo­ries post-​tridentines du sacrifice ».

Dom Pius Parsch, à côté d’études de valeur (comme « L’année du Seigneur ») entraî­na la jeu­nesse alle­mande dans une par­ti­ci­pa­tion acti­viste à la messe. La pré­sence du Seigneur dans sa parole deve­nait de plus presque aus­si impor­tante que sa pré­sence eucharistique.

En France, les efforts conju­gués du jésuite Doncœur et des domi­ni­cains Maydieu et Duployé entraî­nèrent une suc­ces­sion d’expériences litur­giques et de publi­ca­tions. Les Pères Congar et Chenu abri­taient de leur aura intel­lec­tuel tous ces tra­vaux. L’aboutissement de ces efforts fut la fon­da­tion, en 1943, sous la pré­si­dence de Dom Beauduin, du Centre de pas­to­rale litur­gique, dont les tra­vaux allaient être publiés par les édi­tions du Cerf.

« Trouver le véri­table esprit chré­tien à sa source pre­mière et indis­pen­sable : la par­ti­ci­pa­tion active aux mys­tères sacro­saints et à la prière publique et solen­nelle de l’Église. »

C’est encore Dom Beauduin qui met au point la méthode subversive :

– Faire décou­vrir et appré­cier tous les aspects de la litur­gie antique, et influen­cer la sec­tion his­to­rique de la Sacré congré­ga­tion des rites créée par Pie XI en 1930.
– Faire pré­sen­ter toutes les requêtes de réformes par les évêques, et les avan­cer sous rai­son d’avantages pastoraux.

La préparation des réformes

L’encyclique Mediator Dei du 20 novembre 1947 n’allait pas décou­ra­ger les réfor­ma­teurs. L’admirable docu­ment que l’on ne se lasse pas de relire allait être habi­le­ment dépas­sé. C’est Mgr Martimort qui a noté la remarque de Dom Beauduin : « L’encyclique Mediator Dei a don­né dans le monde le branle à un essor litur­gique inouï. »

Une com­mis­sion pon­ti­fi­cale pour la réforme litur­gique était créée en 1948. Présidée par le car­di­nal Micara, nous trou­vons par­mi ses membres le R.P. Fernando Antonelli dont la vie et l’œuvre viennent d’être retra­cées par Nicola Giampietro. Parmi les plus célèbres membres, notons le Père Agostino Bea, et sur­tout le secré­taire qui sera de toutes les com­mis­sions, Annibale Bugnini, direc­teur des Éphémérides liturgiques.

Et oui déjà, Mgr Bugnini qui, dès juillet 1946, était invi­té aux réunions du CPL (Centre de Pastorale Liturgique), et qui confiait au Père Duployé sur le che­min du retour : « J’admire ce que vous faites, mais le plus grand ser­vice que je puisse vous rendre est de ne jamais dire à Rome un mot de tout ce que je viens d’entendre ».

Ce furent la réforme du jeûne eucha­ris­tique, puis celle de la Semaine sainte, et une réforme des rubriques et du bré­viaire. Les experts romains ne réa­li­saient sans doute pas que toute réforme allait dans le sens des élé­ments les plus avan­cés du Mouvement litur­gique, par le simple fait qu’elle ébran­lait l’édifice. C’est ce qu’observait le Père Duployé en France : « Si nous par­ve­nons à res­tau­rer dans sa valeur pre­mière la vigile pas­cale, le Mouvement litur­gique l’aura empor­té ; je me donne dix ans pour cela ».

C’était jus­te­ment en 1956, tan­dis que le Père Louis Bouyer répan­dait dans le grand public les thèses de Dom Casel. L’oratorien écri­vait dans La vie de la litur­gie : « Ainsi l’élément de “com­mu­nion, écrit- il, signi­fie que l’Eucharistie est un repas, un repas de com­mu­nau­té dans lequel tous les par­ti­ci­pants sont ras­sem­blés pour par­ti­ci­per en com­mun à des biens com­muns. » Et un peu plus loin : « L’emploi de ces termes sacri­fi­ciels ne vient pas, comme on pour­rait le sup­po­ser, de l’idée que la croix est repré­sen­tée d’une cer­taine manière à la messe. Tout au contraire, les don­nées his­to­riques nous conduisent plu­tôt à pen­ser que l’Église en est arri­vée à appli­quer habi­tuel­le­ment à la croix la ter­mi­no­lo­gie sacri­fi­cielle parce que l’on com­pre­nait que la croix est au cœur du sacri­fice offert par l’Église dans la célé­bra­tion eucha­ris­tique. » L’action de grâces, telle que la com­prend l’oratorien, nous laisse déjà entre­voir les modi­fi­ca­tions de l’offertoire que nous savons : « C’est une action de grâces à Dieu pour tous ses dons, écrit-​il, qui inclut en une seule pers­pec­tive tout l ’ensemble de la créa­tion et de la Rédemption, mais qui prend tou­jours comme point de départ le pain et le vin, repré­sen­ta­tifs de toutes les choses créées, et dont la consom­ma­tion est l ’occa­sion effec­tive du repas comme de la célé­bra­tion qui y est atta­chée. » Le mémo­rial envi­sa­gé dans sa rela­tion à la Parole de Dieu per­met au Père Bouyer d’écrire, dans la tra­di­tion ouverte par Dom Pius Parsch : « La célé­bra­tion eucha­ris­tique tout entière est aus­si un mémo­rial (…) Il y a une connexion néces­saire entre les deux par­ties de la synaxe chré­tienne, entre les lec­tures de la Bible et le repas. Car les lec­tures conduisent au repas (…) Et les lec­tures sont indis­pen­sables au repas, pour nous mon­trer de quelle manière il faut l’envisager, non pas comme un évé­ne­ment d’aujourd’hui qui vau­drait par lui- même, mais comme un évé­ne­ment qu’on ne peut com­prendre que par réfé­rence à une action déci­sive accom­plie une fois pour toutes dans le pas­sé. Cette consi­dé­ra­tion nous amè­ne­ra, le moment venu, à voir que toute la messe n ’est qu’une seule litur­gie de la Parole, qui a com­men­cé par par­ler à l’homme, qui lui a par­lé de façon de plus en plus intime, qui fina­le­ment lui a par­lé au cœur en tant que Parole faite chair, et qui main­te­nant, du cœur même de l’homme, s’adresse à Dieu le Père par l’Esprit. »

« Il est évident, ose- t‑il encore écrire, que cette notion équi­li­brée de la célé­bra­tion eucha­ris­tique peut nous per­mettre d’embrasser plei­ne­ment la pré­sence réelle du Christ dans son Église. En un mot, nous ne devons pas concen­trer notre contem­pla­tion exclu­si­ve­ment sur le pain et le vin sacra­men­tels mais aus­si bien sur deux autres réa­li­tés (…) Sa pré­sence en tant que grand-​prêtre de toute la hié­rar­chie. D’autre part, le Christ doit fina­le­ment être pré­sent dans tout le corps de l’Église, car l’Église ne jouit de la pré­sence eucha­ris­tique que pour être faite une dans le Christ et avec le Christ, par la célé­bra­tion eucha­ris­tique, et spé­cia­le­ment par la consom­ma­tion de celui-​ci dans le repas sacré. » C’est dans la litur­gie juive que le Père Bouyer trouve cette « concep­tion équi­li­brée de la célé­bra­tion eucha­ris­tique ». La litur­gie des repas sacrés lui four­nit la for­mule eucha­ris­tique idéale : « Béni, sois-​tu, Seigneur notre Dieu, roi de toute éter­ni­té, qui as fait pro­duire le pain à la terre ; Béni, sois-​tu, Ô Seigneur notre Dieu, roi de toute éter­ni­té, qui as créé le fruit de la vigne. » Là encore, redisons-​le, les stu­dios Lercaro-​Bugnini qui ont réa­li­sé la nou­velle messe ont trou­vé leur scé­na­rio dans les ouvrages du Mouvement litur­gique des années 1950–1960.

Le nou­vel offer­toire n’est que la reprise des béné­dic­tions juives tant van­tées par le Père Bouyer. L’année 1956 connaît éga­le­ment la fon­da­tion de l’Institut supé­rieur de litur­gie de Paris, diri­gé par Dom Bernard Botte avec, pour sous- direc­teur, le Père Gy et pour secré­taire, l’abbé Jounel. C’était aus­si l’époque des réunions inter­na­tio­nales d’études litur­giques qui réunis­saient chaque année l’intelligentsia litur­gique du monde entier.

Vers le concile Vatican II

La mort de Pie XII et l’élection de Jean XXIII furent une explo­sion de joie dans les milieux du Mouvement litur­gique : « S’ils éli­saient Roncalli, tout serait sau­vé : il serait capable de convo­quer un concile et de consa­crer l’œcuménisme » confiait Dom Beauduin au Père Bouyer. En atten­dant le Concile, Jean XXIII se conten­ta de faire abou­tir les tra­vaux de la com­mis­sion pour la réforme de la litur­gie, fon­dée en 1948. L’ensemble était très en retrait des aspi­ra­tions des lea­ders du Mouvement qui atten­daient avec impa­tience le Concile. Ce fut le motu pro­prio « Rubricarum instruc­tum » du 25 juillet 1960 qui entra en vigueur le 1er jan­vier 1961.

Et c’est sans doute ici le lieu de citer l’ouvrage de Dom Adrien Nocent, pro­fes­seur à St-​Anselme de Rome et lau­réat de l’Institut litur­gique de Paris : L’avenir de la litur­gie. Ce livre montre l’état des tra­vaux des réfor­ma­teurs de l’ombre à cette époque. Don Nocent y énonce tout d’abord le prin­cipe et fon­de­ment du culte nou­veau : « Une grande varié­té de célé­bra­tions serait donc per­mise autour du noyau cen­tral tou­jours res­pec­té et qui serait célé­bré seul aux jours simples ». L’autel doit être face au peuple, sans nappe en dehors des célé­bra­tions, les prières de pré­pa­ra­tion doivent être sim­pli­fiées, les lec­tures mul­ti­pliées, la prière uni­ver­selle res­tau­rée. L’offertoire, après le Credo réci­té seule­ment le dimanche, est très rac­cour­ci. Le célé­brant ne fait qu’élever les oblats en silence. Le calice est posé à droite de l’hostie, la pale facul­ta­tive, l’encensement rapide. Le lava­bo n’a lieu que si le célé­brant a les mains sales, car il faut évi­ter ce sym­bo­lisme facile et sans inté­rêt majeur. L’Orate fratres est réci­té à voix haute, ain­si que la secrète. Le Canon est dépouillé de toute prière d’intercession, des per Christum Dominum nos­trum, moins de signes de croix et de génu­flexions, Canon réci­té à haute voix, même en langue ver­na­cu­laire, Pater réci­té par tous ; on se serre la main à l’Agnus Dei, pen­dant lequel a lieu la frac­tion de l’hostie. La frac­tion de toutes les hos­ties a lieu à par­tir du même pain ordi­naire. Communion sous les deux espèces, debout et dans la main. Bénédiction, Ite mis­sa est, plus de der­nier évan­gile, ni prières de Léon XIII. Notre réfor­ma­teur passe ensuite en revue tous les sacre­ments et pro­pose éga­le­ment des réformes qu’il nous serait trop long de reprendre ici, mais qui sont en sub­stance les sacre­ments réfor­més de l’Église conciliaire.

Pendant ce temps, se pré­pa­rait le docu­ment de Vatican II sur la litur­gie. Il est regret­table, à notre avis, que le car­di­nal Stickler n’émette aujourd’hui aucune réserve sur ce texte du concile. Certes, de tous les sché­mas pré­pa­ra­toires du concile, le seul à ne pas avoir été repous­sé fut celui sur la litur­gie. C’est que l’aile pro­gres­siste ne pou­vait qu’être satis­faite d’un texte dont l’auteur prin­ci­pal était le Père Bugnini, c.m., secré­taire de la Commission pré­pa­ra­toire de litur­gie. Citons les noms de quelques membres de cette com­mis­sion : Dom Capelle, Dom Botte (il avait soixante- dix ans en 1963), le cha­noine Martimort, l’abbé Hängi (futur évêque de Bâle, alors pro­fes­seur à Fribourg en Suisse), le Père Gy, l’abbé Jounel. Le pré­sident de cette com­mis­sion était le vieux car­di­nal Gaetano Cicognani, qui s’opposa de toutes ses forces à ce sché­ma qu’il jugeait très dan­ge­reux. Le pro­jet de sché­ma, pour être pré­sen­té dans l’aula conci­liaire, devait être revê­tu de la signa­ture du cardinal…

Jean XXIII l’obligea à le signer : « Plus tard, écrit le Père Wiltgen, un expert de la com­mis­sion pré-​conciliaire de litur­gie affir­ma que le vieux car­di­nal était au bord des larmes, qu’il agi­tait le docu­ment en disant « On veut me faire signer ça, je ne sais que faire ». Puis il posa le texte sur son bureau, prit une plume et signa. Quatre jours plus tard, il était mort. »

C’est le 22 octobre 1962 que ce sché­ma pré­pa­ra­toire fut pré­sen­té dans l’aula conci­liaire, et c’est le 4 décembre 1963 que le nou­veau pape Paul VI pro­mul­gua la consti­tu­tion « Sacrosanctum conci­lium » . Elle avait été approu­vée par 2 151 voix contre 4 ! Pour une étude détaillée de cette consti­tu­tion, nous ren­voyons nos audi­teurs aux ouvrages de MM. Pierre Tilloy et Jean Vaquié. Nous résu­mons sim­ple­ment ici, à leur suite, les carac­té­ris­tiques de cette constitution :

1. Elle une loi cadre, c’est-à-dire qu’elle énonce seule­ment les grandes lignes d’une doc­trine litur­gique dont le Consilium et les com­mis­sions litur­giques natio­nales et dio­cé­saines s’inspireront pour éla­bo­rer la nou­velle litur­gie (a. 44- 45).

2. Elle inau­gure une trans­for­ma­tion fon­da­men­tale de la litur­gie ; en par­ti­cu­lier, elle annonce la révi­sion du rituel de la messe (a. 50), un nou­veau rite de la concé­lé­bra­tion (a. 58), la révi­sion des rites du bap­tême (a. 66), de la confir­ma­tion (a. 71), de la péni­tence (a. 72), des ordi­na­tions (a. 76), du mariage (a. 77), des sacra­men­taux (a. 79), etc.

3. Elle consti­tue un com­pro­mis entre le tra­di­tio­na­lisme et le pro­gres­sisme qu’elle cherche à équi­li­brer l’un par l’autre. Pour satis­faire la majo­ri­té tra­di­tio­na­liste sans prin­cipe ferme, on res­pec­te­ra les prin­cipes fon­da­men­taux de la litur­gie, mais sans aucune appli­ca­tion pra­tique. Pour la mino­ri­té pro­gres­siste agis­sante, on assu­re­ra l’évolution ulté­rieure dans le sens du pro­gres­sisme. Cela en par­ti­cu­lier pour les ques­tions si impor­tantes des rap­ports culte-​pédagogie dans la litur­gie (a. 33), et de l’emploi du latin (a. 36, 54, 101).

Telle est donc la consti­tu­tion « Sacrosanctum conci­lium » : « Une loi cadre, inau­gu­rant une trans­for­ma­tion fon­da­men­tale, écrit M. Vaquié, et s’inspirant de deux doc­trines contra­dic­toires, ain­si se pré­sente la consti­tu­tion litur­gique du 4 décembre 1963. »

Les étapes d’une agonie

Ainsi le vœu de Jean XXIII, émis en 1960, était-​il réa­li­sé, les Pères du Concile s’étaient pro­non­cés sur les prin­cipes fon­da­men­taux concer­nant la réforme litur­gique. La révo­lu­tion litur­gique était enga­gée ; la nou­velle litur­gie issue de la consti­tu­tion allait être didac­tique, évo­lu­tive, démo­cra­tique et libre. Restait à mener à bien cette réforme ; le pape Paul VI allait y consa­crer toutes ses éner­gies, sou­te­nant sans cesse le par­ti ultra-​réformiste contre l’aile tra­di­tio­na­liste dans l’interprétation de la consti­tu­tion. Acceptée par une bonne majo­ri­té d’évêques fidèles, mais man­quant de convic­tions ou, tout au moins, de connais­sances litur­giques, la consti­tu­tion conci­liaire sur la litur­gie va ser­vir à la des­truc­tion de la litur­gie catho­lique. Mais voyons les étapes de cette ago­nie. La machine mise en branle abou­ti­ra au Novus Ordo Missae.

Le 25 jan­vier 1964, Paul VI, par le motu pro­prio « Sacram litur­giam », met en appli­ca­tion immé­diate cer­taines dis­po­si­tions de la consti­tu­tion et annonce la créa­tion d’une com­mis­sion spé­ciale char­gée de mettre en appli­ca­tion cette consti­tu­tion. Le 29 février 1964, le pape crée le « Consilium ad exse­quen­dam consti­tu­tio­nem de sacra litur­gia » ; il en confie les postes aux élé­ments les plus avan­cés du Mouvement litur­gique, en par­ti­cu­lier la pré­si­dence au car­di­nal Lercaro et le secré­ta­riat au Père Bugnini. Le Consilium peut très exac­te­ment être com­pa­ré au Comité de salut public de la Révolution fran­çaise ; il va fonc­tion­ner, jusqu’en 1969, comme un véri­table tri­bu­nal d’exception, dépos­sé­dant la Sacrée Congrégation des Rites de presque tous ses pou­voirs. Paul VI inter­vient per­son­nel­le­ment le 20 octobre 1964 et le 7 jan­vier 1965 pour sou­te­nir le Consilium alors en conflit avec la Congrégation romaine. Laissons Dom Botte nous expli­quer la struc­ture de cet organe révo­lu­tion­naire : « Le Conseil, écrit-​il, était consti­tué de deux groupes dif­fé­rents. Il y avait tout d’abord une qua­ran­taine de membres pro­pre­ment dits – pour la plu­part car­di­naux ou évêques – qui avaient voix déli­bé­ra­tive. Ensuite, il y avait le groupe des consul­teurs, beau­coup plus nom­breux, char­gés de pré­pa­rer le tra­vail. Les séances se tenaient le plus sou­vent au palaz­zo Santa Marta, der­rière la basi­lique Saint-​Pierre, dans la grande salle du rez-de-chaussée. »

Plusieurs experts étaient grou­pés et tra­vaillaient ensemble, sous la direc­tion d’un rela­tor. Dom Botte fut char­gé de la révi­sion du pre­mier tome du pon­ti­fi­cal, et nous lui devons, en grande par­tie du moins, la dis­pa­ri­tion des ordres mineurs ain­si que le nou­veau rituel des ordi­na­tions et le nou­veau rite de la confir­ma­tion. Mgr Wagner, direc­teur de l’Institut litur­gique de Trèves, fut le rela­tor du groupe char­gé de la réforme de la messe, dont les membres les plus actifs furent : le pro­fes­seur Fischer, Mgr Schnitzler, le Père Jungmann, le Père Louis Bouyer, le Père Gy, Dom Vaggagini et Dom Botte.

Le 26 sep­tembre 1964, le Consilium auto­rise l’usage facul­ta­tif de la langue vul­gaire dans tous les rites sauf la pré­face et le Canon de la messe ; le psaume « Judica me » et les prières après la messe dis­pa­raissent, de nom­breuses rubriques de la messe sont modi­fiées et, enfin, pour la pre­mière fois, des pou­voirs litur­giques sont confiés aux confé­rences épis­co­pales. Le décret entra en vigueur le 7 mars 1965.

La révo­lu­tion se radi­ca­lise encore, le 4 mai 1967, avec l’instruction « Tres abhinc », qui auto­rise la réci­ta­tion du Canon de la messe à haute voix et en langue vul­gaire. Mais cela ne suf­fi­sait pas aux nova­teurs, la messe tri­den­tine, même muti­lée et réfor­mée, demeu­rait un obs­tacle à l’œcuménisme, à ce chris­tia­nisme uni­ver­sel tant dési­ré. Le car­di­nal Lercaro et le Père Bugnini, qui n’avaient pas per­du leur temps depuis le Concile, avaient réus­si en trois ans à mettre au point une nou­velle litur­gie de la messe, conforme en tous points aux desi­de­ra­ta du Mouvement liturgico-​œcuménique. La quin­tes­sence de l’hérésie anti litur­gique allait voir le jour. On bap­ti­sa ce culte nou­veau messe nor­ma­tive, et on le pré­sen­ta aux évêques réunis à Rome en synode le 14 octobre 1967. Voici la rela­tion que le « Courrier de Rome » don­na de l’événement : « Une “pre­mière” à la cha­pelle Sixtine : c’est de la messe nor­ma­tive, mon­tée dans les stu­dios de la com­mis­sion Lercaro-​Bugnini, dont nous vou­lons par­ler. Par une déli­cate atten­tion, les pro­duc­teurs avaient tenu, avant de sou­mettre leur inven­tion au vote du synode, à exé­cu­ter devant eux une repré­sen­ta­tion géné­rale. Il fal­lait « tester ».

On avait expli­qué, avant de tour­ner, aux 183 pré­lats qu’ils devaient s’imaginer jouer le rôle de parois­siens assis­tant à la nou­velle messe, active, consciente, com­mu­nau­taire, sim­pli­fiée. Six sémi­na­ristes feraient la scho­la can­to­rum, un lec­teur lirait les deux plus une lec­tures, et le Père Annibal Bugnini lui-​même se dévoue­rait pour célé­brer et pro­non­ça l’homélie. Cette « messe nor­ma­tive » serait appe­lée à rem­pla­cer celle que saint Grégoire le Grand, saint Thomas d ’Aquin, saint Philippe de Néri, Bossuet, le Curé d’Ars ont célé­brée sans jamais se dou­ter qu’ils célé­braient une messe pas­sive, incons­ciente, indi­vi­dua­liste et com­pli­quée. La messe nor­ma­tive sup­prime le Kyrie, le Gloria et l’offertoire. Elle pul­vé­rise le Confiteor. Elle glisse sur l’intercession des saints, sur le sou­ve­nir des âmes du pur­ga­toire, sur tout ce qui exprime l’offrande per­son­nelle du prêtre humain. Elle pro­pose quatre canons de rechange. Elle cor­rige les paroles de la consé­cra­tion. Et, bien enten­du, elle rem­place le latin par l’idiome natio­nal. A fin de lever tout doute dans l’esprit de nos lec­teurs, nous devons pré­ci­ser que cette messe “expé­ri­men­tale” vou­lait être une messe véri­table, un vrai sacri­fice, avec pré­sence réelle de la Victime sainte du Calvaire. »

Les évêques refu­sèrent cette messe lors du vote du 27 octobre 1967. A la ques­tion : « La struc­ture géné­rale de la messe dite nor­ma­tive, telle qu’elle a été décrite dans le rap­port et la réponse, a‑t-​elle l’accord des Pères ? », les réponses furent : Placet : 71 ; non Placet : 43 ; Placet jux­ta modum : 62 ; abs­ten­tions : 4. L’échec rela­tif de la Missa Normativa ne décou­ra­gea pas le Consilium … Le pape met­trait son auto­ri­té dans la balance. En effet, le 3 avril 1969, Paul VI pro­cla­mait la consti­tu­tion apos­to­lique Missale roma­num par laquelle il réfor­mait le rite de la messe et intro­dui­sait de force la messe nor­ma­tive à peine retou­chée. Le 6 avril 1969, la Sacrée Congrégation des Rites pro­mul­guait le Novus Ordo Missae, avec son Institutio gene­ra­lis ; le nou­veau mis­sel devait entrer en vigueur le 30 novembre 1969.

Le Consilium avait mené à terme la révo­lu­tion litur­gique, il pou­vait dis­pa­raître. Le 8 mai 1969, Paul VI, par la consti­tu­tion apos­to­lique Sacra rituum congre­ga­tio, sub­sti­tua à l’antique Congrégation des Rites deux nou­velles congré­ga­tions inti­tu­lées, l’une pour la Cause des Saints, l’autre pour le Culte Divin, cette der­nière héri­tant des com­pé­tences de l’ancien dicas­tère et absor­bant le Consilium. Le pré­fet de la Congrégation pour le Culte Divin était le car­di­nal Gut, le secré­taire, l’âme dam­née de cette réforme, Annibal Bugnini.

Notons au pas­sage le juge­ment très modé­ré du Père Antonelli sur le Père Bugnini : « Je pour­rais dire beau­coup de choses sur cet homme, tou­jours sou­te­nu par Paul VI. Je ne vou­drais pas me trom­per, mais la lacune la plus notable chez le Père Bugnini est le manque de for­ma­tion et de sen­si­bi­li­té théo­lo­giques. Manque et lacune grave, parce que dans la litur­gie chaque parole et chaque geste tra­duisent une idée qui est une idée théo­lo­gique. J’ai l’impression qu’il y a eu beau­coup trop de conces­sions, sur­tout en matière de sacre­ments, à la men­ta­li­té pro­tes­tante. Non pas que le Père Bugnini ait fait lui-​même ces conces­sions, non en fait, il ne les a pas créées ; mais il s’est ser­vi de beau­coup de monde, et je ne sais pas pour­quoi, il a intro­duit dans le tra­vail des gens habiles, mais de colo­ra­tion pro­gres­siste. Et, ou il ne s’en est pas ren­du compte, ou il n’a pas résis­té, comme il aurait dû résis­ter à ces tendances. »

Grâce à Dieu, les réfor­ma­teurs étaient allés un peu loin, et un peu vite, ce qui entraî­na la salu­taire réac­tion tra­di­tio­na­liste. Saisissant enfin où on les menait, les catho­liques fidèles réagirent. Le 3 sep­tembre 1969, les car­di­naux Ottaviani et Bacci écri­virent à Paul VI leur célèbre lettre ouverte, pré­sen­tant au pape le Bref exa­men cri­tique du Novus Ordo Missæ. A par­tir de cette date, la résis­tance catho­lique allait deve­nir ce que l’on sait, grâce sur­tout à la fer­me­té et au zèle intré­pide de Mgr Lefebvre.

Démasqué par cette lettre ouverte, le Père Bugnini annon­ça le 18 novembre 1969 une nou­velle rédac­tion de l’Institutio gene­ra­lis, « pour une meilleure com­pré­hen­sion pas­to­rale et caté­chis­tique » ; nou­velle rédac­tion qui demeure aus­si mau­vaise que la pre­mière, et qui laisse inchan­gé le rite lui-​même. De son côté, les 19 et 26 novembre, Paul VI s’efforça de tran­quilli­ser les fidèles. Déjà, le 20 octobre 1969, la Congrégation pour le Culte Divin avait publié l’instruction « De constiu­tione mis­sale roma­num gra­da­tim ad effec­tum dedu­cen­da » par laquelle l’introduction du N.O.M. était repor­tée au 28 novembre 1971, et lati­tude était lais­sée aux confé­rences épis­co­pales de fixer une date ulté­rieure. On sait que plu­sieurs épis­co­pats euro­péens pro­fi­tèrent de cette occa­sion pour décla­rer inter­dite la messe tra­di­tion­nelle. Le pape Paul VI ne déclara- t‑il pas la même chose au Consistoire de mai 1976 ?

La nouvelle liturgie moteur d’une ample révolution

C’est donc avec la pro­mul­ga­tion du Nouvel Ordo Missæ que nous ache­vons notre étude du Mouvement litur­gique. Cette Nouvelle Messe est, effet, comme la syn­thèse de toutes les erreurs et dévia­tions de ce grand cou­rant d’idées. Brisés par saint Pie X, les moder­nistes ont com­pris qu’ils ne pou­vaient péné­trer l’Église par la théo­lo­gie, par un expo­sé clair de leurs doc­trines. Ils ont uti­li­sé la notion mar­xiste de praxis, et ont com­pris que l’Église pour­rait deve­nir moder­niste par l’action, par l ’Action sacrée par excel­lence qu’est la litur­gie. La révo­lu­tion uti­lise tou­jours les forces vives d’un orga­nisme, elle les inves­tit peu à peu et, fina­le­ment, les fait ser­vir à la des­truc­tion du corps à abattre. C’est le pro­ces­sus bien connu du che­val de Troie. Le Mouvement litur­gique de Dom Guéranger, de saint Pie X et des monas­tères belges, au moins à leurs ori­gines, était une force consi­dé­rable dans l’Église, un moyen pro­di­gieux de rajeu­nis­se­ment spi­ri­tuel, qui d’ailleurs pro­dui­sit de bons fruits. Le Mouvement litur­gique était donc le che­val de Troie idéal pour la révo­lu­tion moder­niste. Il fut facile à tous les révo­lu­tion­naires de se cacher à l’intérieur de cette grande car­casse… Avant « Mediator Dei », qui se sou­ciait de litur­gie dans la hié­rar­chie catho­lique ? Quelle vigi­lance apportait-​on à déce­ler cette forme par­ti­cu­liè­re­ment sub­tile de moder­nisme pratique ?

C’est ain­si que, dès les années 1920, et sur­tout pen­dant et après la deuxième guerre mon­diale, le Mouvement litur­gique est deve­nu « l’égout col­lec­teur de toutes les héré­sies ». Dom Beauduin pri­vi­lé­gia tout d’abord de façon exces­sive l’aspect péda­go­gique et apos­to­lique de la litur­gie, il conçut ensuite l’idée de la faire ser­vir au Mouvement œcu­mé­nique auquel il se dévoua corps et âme. Dom Parsch lia le Mouvement au renou­veau biblique. Dom Casel en fit le véhi­cule d’un archéo­lo­gisme for­ce­né et d’une concep­tion toute per­son­nelle du Mystère chré­tien. Ces pre­miers révo­lu­tion­naires furent lar­ge­ment dépas­sés par la géné­ra­tion des néo-​liturges des divers CPL.

Après la deuxième guerre mon­diale, le Mouvement était deve­nu une force que plus rien n’arrêterait. Protégés en haut lieu par d’éminents pré­lats, les néo-​liturges inves­tirent peu à peu la Commission de réforme de la litur­gie, fon­dée par Pie XII, ils influen­cèrent les réformes éla­bo­rées par cette com­mis­sion, à la fin du pon­ti­fi­cat de Pie XII et au début de celui de Jean XXIII. Déjà maîtres, grâce au pape, de la Commission pré-​conciliaire de litur­gie, les néo-​liturges firent accep­ter aux Pères du concile un docu­ment contra­dic­toire et plein d’ambiguïté, la consti­tu­tion « Sacrosanctum conci­lium ». Le pape Paul VI, le car­di­nal Lercaro et le Père Bugnini, eux-​mêmes membres très actifs du Mouvement litur­gique ita­lien, diri­gèrent les tra­vaux du Consilium, qui abou­tirent à la pro­mul­ga­tion de la nou­velle messe.

Ce rite nou­veau reprend à son compte toutes les erreurs émises depuis le com­men­ce­ment des dévia­tions du Mouvement. Ce rite est œcu­mé­nique, archéo­lo­gique, com­mu­nau­taire, démo­cra­tique, presque tota­le­ment désa­cra­li­sé ; il se fait aus­si l’écho des dévia­tions théo­lo­giques moder­nistes et pro­tes­tantes : atté­nua­tion du sens de la pré­sence réelle, dimi­nu­tion du sacer­doce minis­té­riel, du carac­tère sacri­fi­ciel et sur­tout pro­pi­tia­toire de la messe. L’eucharistie y devient une agape com­mu­nau­taire, bien plus que le renou­vel­le­ment du sacri­fice de la croix. Par ce rite nou­veau, les moder­nistes et les révo­lu­tion­naires de toute espèce, veulent trans­for­mer la foi des fidèles. Mgr Dwyer l’avouait, dès 1967 : « La réforme litur­gique est, déclarait-​il, dans un sens très pro­fond, la clé de l’aggiornamento. Ne vous y trom­pez pas, c’est là que com­mence la révo­lu­tion. » Déjà, en 1965, Paul VI n’avait pas caché ses inten­tions aux fidèles : « Vous prou­vez par là, leur disait-​il, que vous com­pre­nez com­ment la nou­velle péda­go­gie reli­gieuse, que veut ins­tau­rer la pré­sente réno­va­tion litur­gique, s’insère pour prendre la place de moteur cen­tral dans le grand mou­ve­ment ins­crit dans les prin­cipes consti­tu­tion­nels de l ’Eglise de Dieu. »

Aussi donc, cela est sûr, la révo­lu­tion et le moder­nisme ont péné­tré la Cité de Dieu par la litur­gie. Le Mouvement litur­gique a été le che­val de Troie au moyen duquel les dis­ciples de Loisy ont occu­pé l’Église.

Et je vou­drais, pour conclure cette trop longue confé­rence, vous citer le juge­ment que Mgr Lefebvre por­tait sur cette nou­velle messe. Nous étions au début du pon­ti­fi­cat de Jean-​Paul II, je me per­met­tais de deman­der à Mgr Lefebvre si nous ne pour­rions pas par­ler de litur­gie dégra­dée pour enta­mer un dia­logue avec les auto­ri­tés romaines. Il me répon­dit dans une lettre inédite du 17 avril 1979 : « Quant à l’expression de “litur­gie dégra­dée”, je trouve qu’elle ne répond pas à la réa­li­té, elle est trop faible. L’influence pro­tes­tante et moder­niste a ren­du ces messes dan­ge­reuses pour la foi. C’est pour­quoi je pré­fère dire qu’elles sont empoi­son­nées. C’est ce que j’ai dit à l’ex Saint-​Office. Il est de plus en plus évident que la réforme litur­gique a pour résul­tat de com­mu­ni­quer l’esprit pro­tes­tant sur le sacer­doce, sur la messe, sur l’Eucharistie, sur l’Église, sur les véri­tés dog­ma­tiques et morales, sur l’Ecriture sainte, sur l’œcuménisme et la liber­té reli­gieuse. Que d’assister à la nou­velle messe dite avec dévo­tion une fois ou deux par an ne pro­duise pas cet effet, c’est évident. Mais je suis per­sua­dé qu’une assis­tance régu­lière même une fois par mois est très nocive, car la résis­tance au poi­son dimi­nue dès lors qu’on accepte cette fré­quence ! Nous sommes obli­gés en conscience d’être très fermes à ce sujet. Les réfor­ma­teurs savent qu’ils ont eu tort, ils constatent comme nous les effets. Tenir ferme dans le refus de ces réformes est un devoir et le seul remède pour la res­tau­ra­tion de l’Église et le salut des âmes. »

« La réforme litur­gique est, déclarait-​il, dans un sens très pro­fond, la clé de l’aggiornamento. Ne vous y trom­pez pas, c’est là que com­mence la révolution. »

Abbé Didier Bonneterre

Source : Pour qu’il Règne n°139, Bulletin du dis­trict du Benelux

FSSPX † 2009

L’abbé Didier Bonneterre (1954–2009), ordon­né prêtre par Mgr Marcel Lefebvre à Ecône en 1977, fut pro­fes­seur de litur­gie au sémi­naire d’Ecône, puis direc­teur du sémi­naire d’Albano. En 1982, il fut nom­mé prieur du prieu­ré Saint-​Louis à Nantes, puis en 2004, prieur de la cha­pelle Sainte-​Germaine à Paris.