Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères,
L’Église a coutume de fêter les missionnaires au mois d’octobre, sans doute parce que ce mois est celui du départ des missionnaires dans des régions très éloignées ; des régions qui connaissent encore peu l’Évangile. Cependant la fête de l’Épiphanie est vraiment la fête de la Mission.
Pourquoi la fête de la mission ? Parce que c’est en ce jour que par un dessein secret de la Providence, Notre Seigneur s’est manifesté au monde. Il remplissait ainsi sa mission essentielle, de se manifester au monde. Jusqu’alors, seul le peuple d’Israël, choisi par Dieu pour donner l’Enfant-Dieu, avait eu seul la grâce de la venue de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Mais désormais, les frontières d’Israël s’étendront jusqu’aux confins du monde. C’est le nouvel Israël : l’Église.
Jésus ainsi se manifeste à ces Rois Mages, mais d’une manière tout à fait particulière, d’une manière qui pour vous, mes chers amis, est un grand enseignement. Sans doute pour toute âme chrétienne, mais le cheminement que la Providence a choisi pour que ces personnes éloignées, ces âmes très éloignées de Notre Seigneur Jésus-Christ viennent à Lui, est tout à fait instructif et significatif. En effet, dans nos vies, si nous sommes appelé par Dieu, si nous avons une vocation, particulièrement une vocation de consacrés à Dieu, alors l’étoile ressemble à cette grâce, cette grâce très discrète, mais très sûre, qui nous appelle. C’est un premier appel. Nos âmes sont alors touchées par la lumière de Notre Seigneur. Oh, lumière encore bien faible, de cette petite étoile qui guidera les Mages. Et les Mages eux aussi, sont persuadés que cette petite lumière qui leur apparaît, cette petite lumière de l’étoile est un signe, un signe certain.
Ils ne se seraient sûrement pas mis en route pour faire un long voyage s’ils n’avaient été certains, que cette lumière qui leur apparaissait était le signe de la naissance du Sauveur. Et qu’ont-ils fait ? Sont-ils allés directement à Bethléem ? Eh non, ils se sont dirigés vers l’Église d’alors. Vers ceux qui étaient mandatés officiellement par Dieu, pour leur indiquer où se trouvait le Sauveur.
Et c’est ainsi qu’ils se sont rendus à Jérusalem, auprès des Princes des prêtres. Auprès des premiers prêtres qui, loin de vouloir eux aussi suivre l’étoile, avaient au contraire, dans leur cœur, des desseins perfides, des desseins pervers, de supprimer le Sauveur, de Le poursuivre dès sa naissance.
Oui, avec quelle perfidie Hérode dit aux Mages, d’une manière très secrète d’ailleurs – il les appelle en secret – et leur dit : « Prenez bien soin de voir où se trouve cet enfant et lorsque vous l’aurez trouvé, lorsque vous saurez où il se trouve, faites-moi prévenir, afin que moi aussi, je puisse aller l’adorer. »
Est-il possible de mentir et de contredire ce qu’il a dans sa pensée, de cette manière, lui qui n’a d’autre intention que de le faire périr et qui bientôt – dans quelques jours – enverra tous les soldats pour tuer tous les enfants de moins de deux ans, afin d’être bien persuadé que Notre Seigneur est tué Lui aussi. Et que le Sauveur aura disparu.
Mais cependant, c’est à l’Église que cette étoile les conduit. C’est aux Princes des prêtres, car ce sont eux qui ont les Écritures et ce sont eux qui leur disent : « Cet enfant doit naître à Bethléem ».
Ainsi nous devons toujours nous adresser à l’Église quels que soient les hommes d’Église. Car ils possèdent les Écritures, ils possèdent l’interprétation des Écritures. Et, par conséquent, en cela ils nous donnent la Vérité.
Mais leur cœur est parfois rempli d’idées mauvaises et perverses. Et ainsi, c’est par l’Église aussi, mes chers amis, que vous avez été appelés, que vous avez été dirigés dans votre vocation et vous allez de nouveau suivre cette étoile. Et cette étoile vous amènera au séminaire et un jour, nous l’espérons, au sacerdoce.
Et là, vous trouverez Notre Seigneur Jésus-Christ. Vous avez déjà trouvé Notre Seigneur Jésus-Christ. Mais vous le trouverez encore plus. Pourquoi chercher Notre Seigneur Jésus-Christ ? Pour manifester votre foi en sa divinité.
C’est ce qu’ont fait les Rois Mages. Ils ont manifesté leur foi en la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ par les présents qu’ils ont apportés. Les présents qui signifient la royauté de Notre Seigneur Jésus-Christ. Et ils L’ont adoré : Et adoraverunt eum. Ils ont adoré Celui qui est notre Sauveur.
Tout est là, dans l’histoire du salut de nos âmes : adorer, croire à la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ. Ainsi, de même que Notre Seigneur rendait témoignage de la très Sainte Trinité et de ce plan divin absolument extraordinaire, de ces intentions divines, de racheter les hommes par l’Incarnation.
De même que Jésus se révélait aux Rois Mages, les Rois Mages, eux aussi, par leur foi, par cette manifestation, allaient commencer, eux aussi, à révéler Notre Seigneur Jésus-Christ au monde.
Et il ne fait pas de doute, que ces Rois Mages, rentrés chez eux, ont prêché Notre Seigneur Jésus-Christ. Et voyez avec quelle sagesse, l’Église aujourd’hui, réunit les trois miracles, comme dit l’Antienne des secondes vêpres :
Tribus miraculis ornatum sanctum diem hodie colimus.
Nous avons la joie aujourd’hui de fêter ensemble trois miracles. Le premier miracle, c’est celui de l’Étoile qui conduit les Mages vers Notre Seigneur Jésus-Christ.
Le second miracle, c’est le baptême de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Le troisième miracle, c’est l’eau changée en vin aux noces de Cana.
Pourquoi cette jonction par l’Église de ces trois miracles ? Mais précisément ; parce que le rôle de celui qui doit manifester sa foi en Notre Seigneur Jésus-Christ, s’accomplira par ces miracles à l’exemple de celui des Mages : par le baptême. Après avoir manifesté d’une manière publique, officielle, la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ et c’est ce que vous faites actuellement, mes chers amis, mes bien chers frères, ici, dans cette chapelle, par cette liturgie, par votre assistance au Saint Sacrifice de la messe, vous manifestez votre foi en la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ, en sa royauté. Vous la manifestez. Et vous êtes missionnaire, par le fait même, parce que vous êtes témoin. Les gens qui vous voient venir prier ; les gens qui vous voient venir adorer Notre Seigneur Jésus-Christ, ceux-là reçoivent de vous, un témoignage.
Et vous devez toujours témoigner de la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ. N’oublions pas que le premier témoignage c’est l’adoration, précisément. C’est être missionnaire que de manifester par l’adoration, dans la sainte Liturgie, notre foi en Notre Seigneur Jésus-Christ. C’est notre premier et essentiel témoignage, avant celui de parcourir le monde pour aller prêcher Notre Seigneur Jésus-Christ.
Cependant, il faudra baptiser : Allez, enseignez toutes les nations, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Baptisez-les. Notre Seigneur Jésus-Christ Lui-même a voulu être baptisé et Il a manifesté la présence de la très Sainte Trinité, car l’Esprit Saint s’est manifesté sous l’aspect d’une colombe. Et Dieu le Père a parlé pour dire : « Voici mon Fils. Voici Celui en qui j’ai mis toutes mes complaisances ».
Manifestation de la Sainte Trinité par le baptême. Manifestation de l’Esprit Saint par le baptême. Ainsi donc, soyez persuadés que lorsque vous baptiserez, lorsque vous ferez couler l’eau sur le front de ces enfants que vous baptiserez, ce sera vraiment le Saint-Esprit et toute la Trinité Sainte que vous donnerez à ces enfants pour la rédemption de leurs péchés.
Baptême et aussi bénédiction et sanctification du mariage. Pourquoi rapprocher de ce miracle – celui de l’Épiphanie et du baptême de Notre Seigneur – celui des noces de Cana ?
Il est très important de penser que Notre Seigneur Jésus-Christ a voulu – et certainement ce n’est pas sans une volonté très explicite de sa part – a voulu que le premier miracle fut accompli au moment d’un mariage. Et l’Église a toujours considéré cette présence de Notre Seigneur aux noces de Cana, comme la sanctification du mariage et la manifestation de l’institution du sacrement de mariage.
Et s’il y a dans la Sainte Église, un sacrement qui est important et qui a son importance capitale, c’est bien le sacrement de mariage.
Nous devrons, mes chers amis, prêcher sur la sanctification du mariage, manifester cette intention de Notre Seigneur, d’avoir voulu sanctifier le mariage. Et sanctifier comment ?
Voyez avec quelle délicatesse Notre Seigneur indique toutes ses pensées, en changeant l’eau en vin. Notre Seigneur a voulu certainement manifester aussi l’annonce de la Sainte Eucharistie. L’annonce du Saint Sacrifice de la messe, l’annonce de la transsubstantiation. Mais quelle transsubstantiation ! Bien plus parfaite, bien plus divine, bien plus extraordinaire du pain qui se change en le Corps de Notre Seigneur et du vin qui se change en le Sang de Notre Seigneur, que de celui de l’eau en vin.
Mais cependant c’est là un signe aussi par lequel Notre Seigneur a voulu montrer que la sanctification du mariage se fera par la Sainte Eucharistie, par la dévotion qu’auront les gens qui sont mariés, unis par le sacrement de mariage, au Saint Sacrifice de la messe et à la Sainte Eucharistie. C’est là qu’ils puiseront les grâces pour accomplir le mariage tel que le Bon Dieu l’a voulu, particulièrement pour l’éducation de leurs enfants. Et s’il y a quelque chose aujourd’hui qui est pénible pour les parents catholiques, c’est de ressentir que bien souvent, l’éducation chrétienne de leurs enfants, leur échappe à cause des scandales de ce monde. Parce que ceux qui devraient protéger la famille, ceux qui devraient aider les parents à éduquer leurs enfants chrétiennement, ceux-là, au contraire, sont ceux qui les scandalisent, ceux qui les amènent au péché, ceux qui les détournent de Notre Seigneur Jésus-Christ. Que de douleurs, que de drames dans les familles aujourd’hui. Que de lettres nous recevons de parents éplorés, suppliant que le séminaire prie pour leurs enfants, pour un fils, pour une fille, complètement détournés de Dieu, ayant abandonné toute pratique religieuse, vivant d’une façon immorale. Et des familles chrétiennes, profondément chrétiennes, profondément catholiques.
Ces grâces de l’éducation chrétienne des enfants, viendront avant tout de cette dévotion que les parents chrétiens doivent avoir pour la Sainte Eucharistie. C’est là que leurs enfants puiseront les grâces dont ils ont besoin pour résister à tous les scandales du monde.
Voyez comme cette fête de l’Épiphanie, c’est toute la mission du prêtre qui est décrite : mission de témoignage, mission d’union à l’Église, de témoignage de la Vérité, de la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ : mission pour baptiser, comme Notre Seigneur l’a demandé ; mission pour sanctifier par le Saint Sacrifice de la messe et l’Eucharistie ; le sacrement de mariage. C’est tout un programme.
Eh bien, demandons aujourd’hui, mes chers amis, d’avoir un grand esprit missionnaire et de faire en sorte que cette préparation qui vous est donnée ici, vous prépare vraiment, à faire de vous des apôtres, des apôtres qui manifesteront toujours leur foi dans la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ et sauront que c’est dans cette manifestation qu’ils trouveront les grâces nécessaires pour sanctifier les âmes vers lesquelles ils seront envoyés.
Et nous n’oublierons pas, que de même que la Sainte Vierge était présente lorsque les Mages ont adoré Notre Seigneur, elle était présente aussi aux noces de Cana. Et c’est même sur sa demande que la transsubstantiation de l’eau a été faite pour le vin. Et donc, d’une certaine manière, on peut dire aussi que c’est sur la demande de la très Sainte Vierge qu’a été sanctifié le mariage et que le mariage a été en quelque sorte uni au Saint Sacrifice de la messe et à la Sainte Eucharistie.
Nous demanderons à la très Sainte Vierge Marie, de nous éclairer sur ces admirables desseins, cette admirable sagesse de Dieu, afin d’être toujours davantage missionnaires.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.