Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères,
La fête de la Purification convient admirablement à la cérémonie à laquelle nous assisterons et participerons dans quelques instants.
En effet, comme l’Enfant-Jésus se présentant au Temple, les jeunes, qui dans quelques instants se présenteront à l’autel pour revêtir le saint Habit ecclésiastique, se présentent aussi au Temple, mais à la grande différence de Notre Seigneur, Notre Seigneur se présentait dans son Temple. Notre Seigneur était le Dieu qui était adoré dans le Temple.
Eux, par contre, se présentent humblement, comme des créatures de Dieu, choisies pour prier Dieu, pour honorer Dieu dans son Temple. Vous demanderez donc, mes chers amis, à Notre Seigneur qui est venu dans son Temple, à vous apprendre à vivre dans ce Temple de Dieu ; à vivre de l’autel de Notre Seigneur, pour le prier, pour l’adorer, pour le servir, pour le faire connaître. Car, s’il est un terme qui convient bien à ce que vous allez être désormais, c’est celui de témoins. Vous serez les témoins de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Et eritis mihi testes in Jérusalem, et in omnia Judæa, et Samaria, et usque ad ultimum terræ (Ac 1,8).
« Vous serez mes témoins jusqu’aux extrémités de la terre ».
Oui, mes bien chers amis, c’est cela que signifie votre soutane, cet habit ecclésiastique que vous allez recevoir.
Être les témoins dans le monde, de Notre Seigneur Jésus-Christ, de la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ. Il faut que vous vous placiez sur ce plan de la foi, sur le plan surnaturel, sur le plan de la Révélation que Notre Seigneur Jésus-Christ est venu nous apporter et en s’incarnant, en prenant une chair semblable à la nôtre et en vivant au milieu de nous. C’est Lui que vous allez représenter ; c’est Lui que vous allez prêcher ; c’est son exemple que vous manifesterez au monde. Et c’est Lui dont a besoin le monde. Il est le seul salut du monde ; il n’y en a pas d’autre.
Par conséquent, en manifestant Notre Seigneur Jésus-Christ ouvertement, clairement par votre habit, par votre attitude, par votre exemple, vous apporterez au monde, ce dont le monde a le plus besoin, aujourd’hui, comme les jours précédents. Le monde a besoin de Notre Seigneur Jésus-Christ. Il ne peut pas se passer de Notre Seigneur Jésus-Christ. Bien plus, Il est le seul moyen nécessaire au salut, la seule voie de la vie éternelle. Et, c’est pourquoi la manifestation que vous portez et que vous exprimez par le port de votre soutane, est une expression dont le monde a besoin. Et même s’il en est qui la rejettent, c’est ce qui s’est passé avec Notre Seigneur Jésus-Christ. Tous les témoins de Notre Seigneur ont été contredits. Tous les témoins de Notre Seigneur ont été persécutés.
Alors, ne vous étonnez pas si vous aussi, à votre tour vous l’êtes parce que vous manifestez Notre Seigneur Jésus-Christ. Vous serez ses témoins comme l’ont été les bergers ; comme l’ont été les Mages ; comme l’ont été également Siméon, Anne, qui sont venus au Temple pour chanter la gloire de Notre Seigneur Jésus-Christ. Imaginez la joie de ce vieillard qui attendait la venue du Messie, de pouvoir le porter dans ses bras et chanter son Nunc dimittis.
« Oui Seigneur, vous pouvez me reprendre, j’ai vu le salut du monde, le salut des Gentils ». Mais il a ajouté aussi : « Il sera un signe de contradiction ».
Et c’est pourquoi nous ne devons pas nous étonner que nous aussi, nous soyons un signe de contradiction. Parce que nous revêtons l’habit de Notre Seigneur Jésus-Christ ; nous revêtons Notre Seigneur Jésus-Christ.
C’est la prière que vous récitez lorsque vous revêtez la soutane (Monseigneur cite ici – en latin – la prière). Cet homme nouveau que vous revêtez, c’est Notre Seigneur Jésus-Christ. Alors, vous serez fiers de porter cet habit. Oh, vous ne le serez pas à la manière des gens qui conçoivent ces choses selon le sens humain. Oh non ! Vous le serez par votre esprit de foi ; parce que vous aimez Notre Seigneur Jésus-Christ ; parce que Notre Seigneur Jésus-Christ vous a choisis, pour répandre son Nom à travers les nations.
Et pour cela, vous avez besoin de dispositions profondes dans vos âmes : disposition de foi, disposition d’humilité, disposition de zèle.
Disposition de foi, je viens de vous en parler, disposition de foi comme la très Sainte Vierge Marie qui a cru. Beata quæ credidisti (Lc 1,45) lui dit Élisabeth sa cousine : « Oh bienheureuse qui avez cru ».
Elle a cru. Et elle est devenue pour cela, la Mère de Jésus-Christ. Vous aussi, vous êtes bienheureux ; bienheureux parce que vous avez cru ; bienheureux parce que vous avez été choisis pour croire en Notre Seigneur Jésus-Christ.
Il n’y a pas d’autre vérité que nous ayons à croire ici-bas : que Notre Seigneur est le Fils de Dieu. C’est saint Jean lui-même qui le dit, à la fin de son évangile. Saint Jean résume tout son évangile en disant : « Je n’ai pas dit autre chose ; tout mon Évangile se résume en ceci : Que Notre Seigneur JésusChrist est le Fils de Dieu et que croyant cela, nous ayons la vie éternelle ».
Voilà le résumé de l’Évangile. Ce n’est pas autre chose que la Sainte Écriture ; toute la Sainte Écriture est résumée dans ces termes.
Mais alors, nous devons proclamer la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ, dans toute sa réalité, dans toute son extension. Et elle est grande ; et elle est grave pour chacun des hommes qui naît ici-bas. Pour chaque créature spirituelle, Notre Seigneur Jésus-Christ est le Roi, est le Sauveur, est le Prêtre. C’est cela la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Notre Seigneur Jésus-Christ est Dieu. Il est par conséquent le seul Sauveur, le seul salut. Il est le seul Prêtre ; Il est le seul Roi.
Tirez les conclusions de cela et vous verrez comme elles sont importantes. Si nous croyons que Notre Seigneur Jésus-Christ est le seul salut, alors nous devons être missionnaires. D’abord nous sauver nous-mêmes en recevant Notre Seigneur Jésus-Christ en nous, en l’adorant, en le reconnaissant comme notre Maître, comme notre salut.
Mais aussi, s’il est vrai qu’aucun homme ici-bas ne peut se sauver sans le nom de Notre Seigneur Jésus-Christ, qu’il n’y a pas d’autre nom donné ici-bas pour le salut des âmes, alors nous devons tous être missionnaires. Il ne serait pas permis que nous, qui avons la grâce de croire en Notre Seigneur Jésus-Christ, nous ne soyons pas missionnaires.
Vous le serez, mes chers amis, vous le serez déjà par votre attitude ; par votre habit. Plus tard par la parole et par les sacrements que vous administrerez et particulièrement, le Saint Sacrifice de la messe, vous serez missionnaires ; vous proclamerez qu’il n’y a pas d’autre salut. Vous proclamerez qu’il n’y a pas d’autre Prêtre et vous le croirez, que vous êtes prêtre, mais seulement comme ministre de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Il est le seul Prêtre. Lorsque vous monterez à l’autel et que vous offrirez le Saint Sacrifice de la messe, c’est encore Notre Seigneur Jésus-Christ qui offrira le Saint Sacrifice de la messe. Vous n’en êtes que les ministres.
Et c’est donc à son Sacerdoce que vous participerez, que vous commencez déjà, d’une certaine manière, à participer par les divers degrés que vous allez franchir. Selon la doctrine du concile de Trente – car nous voulons demeurer fidèle à ce qui a été défini par l’Église pour toujours par le saint Concile de Trente – il n’est pas possible que l’on renie ce qui une fois pour toutes, a été proclamé solennellement par la Sainte Église. Nous devons donc garder fidèlement ces traditions. Et si nous tenons à vous donner la tonsure et les ordres mineurs, à suivre la gradation que le concile de Trente a prévue pour l’accès au sacerdoce, c’est parce que l’Église l’a défini d’une manière solennelle et définitive.
Et si aujourd’hui, on s’acharne après le sacerdoce, après le prêtre et le Sacrifice de la messe (qu’il célèbre) c’est pour faire périr l’Église dans ce qu’elle a de plus essentiel, dans ce qu’elle a de plus profond. Le démon sait parfaitement que s’il vient à ruiner l’idée du sacerdoce, s’il vient à ruiner le Sacrifice de la messe, alors l’Église elle-même disparaîtra.
Reconnaissons donc que Notre Seigneur Jésus-Christ est le seul Prêtre ; est le seul Grand-Prêtre. Et vous reconnaîtrez aussi qu’Il est votre Roi. Roi de vos âmes, Roi des personnes, Roi des familles, Roi de toute la Cité. C’est cela que vous prêcherez : le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ, le règne dans toutes les âmes, dans tous les individus, dans toutes les familles, dans toutes les Sociétés.
Notre Seigneur nous l’a demandé dans sa prière, dans son Notre Père : « Que votre règne arrive, que votre volonté soit faite sur la terre comme au Ciel ». Que votre règne arrive ; que votre volonté soit faite sur la terre comme au Ciel ! Imaginez le royaume de Dieu au Ciel ; ce qu’il est et concevez qu’il doit être ici-bas, ce qu’il est au Ciel, voilà notre idéal. Voilà ce que nous devons poursuivre.
Quand bien même, nous nous trouvons dans des situations qui semblent être impossibles pour le règne de Notre Seigneur, il n’y a rien d’impossible pour Dieu. Dieu est tout-puissant. Il attend précisément que nous soumettions notre volonté à sa divine toute-puissance afin d’opérer des merveilles et de rendre son règne social effectif ici-bas.
Ainsi vous aurez la foi en Notre Seigneur Jésus-Christ, vous la proclamerez. Mais vous le ferez avec humilité. Cette vérité ne vous appartient pas.
Non enim possumus aliquid adversus veritatem, sed pro veritatæ (2 Co 13,8), dit saint Paul.
Qu’est-ce que nous pouvons contre la Vérité. La Vérité est la Vérité. Nous n’y pouvons rien. Elle n’est pas à nous. Elle ne nous appartient pas. Ce n’est pas nous qui l’avons établie. Même si vous venez l’étudier ici-même, si vous venez scruter les livres et les Écritures, scruter les ouvrages de philosophie et de théologie, vous ne pouvez pas dire pour autant que cette Vérité vous appartient. Cette Vérité, c’est Dieu ; vous ne pouvez que la transmettre, la connaître, la transmettre et l’aimer de toute votre âme, de tout votre cœur.
Et par conséquent savoir que ne vous appartenant pas, vous devez la proclamer certes, mais non pas comme si vous en étiez les maîtres et de ce fait, en toute humilité.
C’était également ainsi que la très Sainte Vierge a été choisie, à cause de son humilité :
Quia respexit humilitatem ancillæ suæ : « Le Seigneur a regardé mon humilité ». C’est pourquoi elle a été la Mère de Dieu.
Alors dans la manière dont vous porterez ce message de la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ, vous le ferez dans l’humilité, dans la douceur, dans la simplicité et dans la fermeté.
Fermeté, parce que précisément, encore une fois cette Vérité ne nous appartient pas. Nous ne pouvons pas changer la Vérité ; elle est ce qu’elle est ; elle est ce que Notre Seigneur Jésus-Christ nous a donné par la sainte Révélation. Nous ne pouvons que l’étudier avec respect, avec amour et la transmettre aux autres, aux générations futures.
Foi, humilité et zèle. Vous aurez aussi comme disposition le zèle. Zèle d’abord pour le Bon Dieu. Ne soyez pas de ces activistes qui ne pensent qu’à l’apostolat d’une manière humaine, active, je dirai, mais songez que votre apostolat est premièrement et avant tout, un apostolat de la prière.
L’apôtre doit d’abord se mettre à genoux. Il faut d’abord prier. Il faut honorer le Seigneur que nous voulons prêcher. Il faut manifester notre foi et notre adoration envers ce Dieu que nous prêchons. La prière, et la seule grande prière, c’est le Saint Sacrifice de la messe. Et c’est cela qui sera le cœur de votre apostolat. Vous ne pourrez rien comprendre à votre apostolat si vous ne comprenez pas ce qu’est le Saint Sacrifice de la messe. Parce que le Saint Sacrifice de la messe est la grande prière de Notre Seigneur.
Le Calvaire a été la grande prière de Notre Seigneur. C’est là qu’il s’est offert véritablement à Dieu. C’est là qu’Il s’est offert à son Père. C’est là aussi que vous trouverez la source de votre apostolat. C’est là que vous trouverez le zèle dont vous aurez besoin pour aller prêcher aux âmes. Et vous attirerez les âmes à Notre Seigneur Jésus-Christ, vous les attirerez à l’autel précisément. C’est cela votre rôle.
Alors ne séparez jamais, dans votre apostolat, dans votre pensée apostolique, ne séparez jamais la prière de votre apostolat. Ne croyez pas que vous ferez un apostolat efficace, si vous ne pensez qu’à parcourir les routes qui vous sont tracées, aller visiter les âmes qui vous attendent, si vous n’avez pas d’abord prié et si vous ne manifestez pas votre prière.
Que les gens sentent et voient, constatent, que le prêtre est d’abord et avant tout l’homme du Sacrifice de la messe, l’homme de la prière. C’est capital. C’est en cela que consistera d’abord votre zèle. Prenez garde de vous laisser tenter par cet apostolat de l’action qui finit par tuer l’esprit de prière et qui finit par empêcher l’esprit de prière et qui alors, ruine votre apostolat.
Voilà, mes chers amis, ce que vous serez avec la grâce de Dieu. Nous allons prier pour cela au cours de cette cérémonie.
Tous ceux qui sont venus ici, et particulièrement je pense à vos chers professeurs qui sont là, qui se penchent sur vous tous les jours, pour vous former, pour vous donner cette doctrine, combien ils sont heureux de vous voir à l’autel.
Et tous ceux, amis, parents, qui sont venus également, sont heureux de participer à cette cérémonie, de vous voir revêtir cette soutane et qui aussi vous donne l’image de Notre Seigneur Jésus-Christ, qui fait de vous vraiment des lieutenants de Notre Seigneur Jésus-Christ. Ils seront fiers de vous et ils prieront de tout cœur avec nous, afin que par l’intercession de la très Sainte Vierge Marie, vous receviez les grâces dont vous avez besoin.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.