Sermon de Mgr Lefebvre – Maternité divine Saint Pie X – Diaconat – Sous-​Diaconat – 11 octobre 1981

Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères,

La Providence a vou­lu que cette ordi­na­tion au sous-​diaconat et au dia­co­nat se réa­lise en cette jour­née de la solen­ni­té de saint Pie X, notre saint Patron, que nous avons cou­tume de fêter le deuxième dimanche d’octobre et cette solen­ni­té coïn­cide avec la fête de la Maternité de la très Sainte Vierge Marie. Et de plus, au cours des prières que l’évêque exprime à l’occasion de l’ordination, en par­ti­cu­lier celle des diacres, c’est saint Étienne qui est évo­qué par­ti­cu­liè­re­ment comme modèle des diacres.

Il me semble que ces trois exemples nous sug­gèrent par­ti­cu­liè­re­ment d’exciter notre foi et à vous par­ti­cu­liè­re­ment chers amis, qui allez être ordon­nés au dia­co­nat et à vous éga­le­ment au sous-diaconat.

Vous avez besoin et vous aurez besoin, au cours de votre vie sacer­do­tale, d’approfondir, d’affermir votre foi. S’il y a un exemple de foi pro­fonde en Notre Seigneur Jésus-​Christ, c’est bien celui de la très Sainte Vierge Marie. C’est déjà sa cou­sine Élisabeth qui le dit d’une manière expli­cite : Et bea­ta, quæ cre­di­dis­ti (Le 1,46) : « Bienheureuse, vous qui avez cru ». Et la très Sainte Vierge l’a mani­fes­té aus­si par la lutte, par le com­bat qu’elle a mené contre Satan, mais aus­si tout au cours de l’Histoire, elle a vou­lu mani­fes­ter sa pré­sence dans la Sainte Église, au côté de ceux qui com­bat­taient pour le main­tien de la foi catho­lique. Elle l’a mani­fes­té pré­ci­sé­ment par sa mater­ni­té divine, la pro­cla­ma­tion de sa mater­ni­té divine contre les Ariens. Elle l’a mani­fes­té – nous l’évoquions il y a quelques jours à l’occasion de la fête du Saint Rosaire – elle l’a mani­fes­té par saint Dominique. Grâce au Rosaire, grâce à la réci­ta­tion de cette prière excep­tion­nelle, les Albigeois ont été vaincus.

Et un peu plus tard, c’est encore à l’occasion de cette fête du saint Rosaire que l’Église évoque l’intercession de la très Sainte Vierge Marie, grâce à la prière du Rosaire, à l’occasion de la vic­toire de Lépante, contre les musulmans.

Et nous pour­rions dire aus­si que la très Sainte Vierge Marie est inter­ve­nue dans les appa­ri­tions de Lourdes, les appa­ri­tions de La Salette, de Fatima. Elle est inter­ve­nue tout au cours de cette époque moderne, pour lut­ter contre les erreurs ; pour lut­ter par­ti­cu­liè­re­ment contre le moder­nisme, contre le com­mu­nisme. Elle l’a dit explicitement.

Alors la très Sainte Vierge Marie, mes chers amis, sera pour vous un exemple. Et cet exemple, saint Etienne l’a mon­tré d’une manière aus­si extra­or­di­naire. Ce sont les Actes des Apôtres qui nous le disent : Et ele­ge­runt Stephanum virum ple­num fide (Ac 6,5). Ils ont élu saint Étienne comme diacre, homme plein de foi. Dieu sait si saint Étienne a mani­fes­té sa foi, en fus­ti­geant les juifs qui ne vou­laient pas croire à Notre Seigneur Jésus-​Christ. Et alors, pleins de rage – ce sont les Actes des Apôtres qui le disent : Audientes autem hæc dis­se­ca­ban­tur cor­di­bus suis (Ac 7,54) : Ils se jetèrent sur lui pour le lapi­der. Saint Étienne, à ce moment, a eu une vision. Il a vu les cieux ouverts et le Fils de l’Homme à la droite de Dieu : Ecce video cœlos aper­tos, et Filium homi­nis stan­tem a dex­tris Dei (Ac 7,56). Voici ce que dit saint Étienne. Rempli de foi, le Bon Dieu déjà ici-​bas lui fai­sait cette grâce de voir Notre Seigneur Jésus-​Christ dans sa gloire. Car la foi n’est pas autre chose : Croire à Notre Seigneur Jésus-​Christ ; croire qu’Il est le Fils de Dieu ; croire qu’Il est dans la gloire de la très Sainte Trinité.

Et notre Saint-​Père le pape Pie X lui-​même, était pla­cé sur les autels, à cause de sa foi. Nous l’avons tout à l’heure réci­té dans l’oraison : Deus, qui ad tuen­dam catho­li­ca fidem, et uni­ver­sa in Christo ins­tau­ran­da sanc­tum Pium, Summum Pontificam, cæles­ti sapien­tia et apos­to­li­ca for­ti­tu­dine reple­vis­ti : concede pro­pi­tius ; ut, ejus ins­ti­tu­ta et exem­pla sec­tantes, præ­mia conse­qua­mur æter­na (Collecte). Dieu qui avez rem­pli de foi et de sagesse saint Pie X, Pontife Suprême, afin de défendre la foi.

En effet, s’il est un pape des temps modernes qui a vrai­ment défen­du la foi catho­lique contre les erreurs de ce temps, c’est bien saint Pie X. Quel modèle pour nous, quel modèle pour vous, mes chers amis.

Et si nous nous repor­tons à l’Épître aux Hébreux, nous voyons que saint Paul fait l’éloge de tous ceux qui dans l’Ancien Testament, ont mani­fes­té leur foi. Ce n’est pas seule­ment dans le Nouveau Testament que la foi s’est mani­fes­tée par des per­sonnes saintes et au cœur ardent, mais c’est aus­si dans l’Ancien Testament. Et saint Paul énu­mère tous ceux qui ont com­bat­tu à cause de leur foi et qui ont été mar­ty­ri­sés à cause de leur foi.

Et alors saint Paul conclut, après avoir énu­mé­ré cette longue liste des témoins de la foi, il conclut : Fer patien­tiam cur­ra­mus ad pro­po­si­tion nobis cer­ta­nem (He 12,1) : Par la patience, allons au devant du com­bat qui nous est proposé.

Adspicientes in auc­to­rem fidei, et consum­ma­to­rem Jesum, qui pro­po­si­to sibi gau­dio sus­ti­nuit cru­cem, confu­sione contemp­ta, adque in dex­tra sedis Dei sedet (He 12,2). Ayant les yeux fixés sur Jésus, l’auteur et l’annonciateur de la foi, Jésus qui siège à la droite de Dieu.

On dirait que saint Paul a encore dans les oreilles, cette affir­ma­tion de saint Étienne – car il était pré­sent au mar­tyre de saint Étienne – et disent les Actes des Apôtres : Il était consen­tant au mar­tyre de saint Étienne, C’est lui qui por­tait ses vête­ments pen­dant qu’on le lapi­dait. Et cer­tai­ne­ment, saint Paul se sou­ve­nant de cette vision de saint Étienne rap­pelle : Jésus consom­ma­teur de la foi qui siège à la droite de Dieu.

Voici, mes chers amis, ce que la foi doit vous com­mu­ni­quer : cette convic­tion que Notre Seigneur Jésus-​Christ est Dieu et que c’est Lui que vous servez.

Et saint Paul conti­nue encore : Fili mi, noli negli­gere dis­ci­pli­nam Domini (He 12,5). Si vous avez la foi, vous ne devez pas négli­ger la voie des com­man­de­ments de Dieu : Itaque regnum immo­bile sus­ci­pientes, habe­mus gra­tiam : per quam ser­via­mus pla­cantes Deo (Hb 12,28).

Voilà mes bien chers amis, ce que doit être votre programme.

Oui, par la foi, nous par­ta­geons et nous par­ti­ci­pons déjà à l’immutabilité de Dieu.

Saint Paul le dit : Les choses qui sont chan­geantes, dis­pa­raî­tront pour lais­ser place aux choses immuables, aux choses éter­nelles. Et alors, déjà ici-​bas, avant même que ces choses éphé­mères aient dis­pa­ru, nous par la foi, nous par­ti­ci­pons déjà à l’immutabilité de Dieu, parce qu’étant uni à Notre Seigneur Jésus-​Christ – Notre Seigneur Jésus-​Christ qui est Dieu – est déjà immuable pour l’éternité.

Comme tout cela doit nous conso­ler ; comme tout cela doit nous affer­mir dans notre convic­tion que la foi qui nous a été trans­mise par vingt siècles d’Église, est tou­jours la même ; que nous ne devons pas la chan­ger : Jesus-​Christus heri et hodie, ipse et in sæcu­la (He 13,8) : Jésus-​Christ hier, aujourd’hui et dans les siècles, est tou­jours le même.

Alors, ayons confiance. Attachons-​nous à Notre Seigneur Jésus-​Christ à la suite de tous ceux qui nous ont mon­tré le che­min de la foi. Chemin de la foi qui néces­site un com­bat et dans la mesure où pré­ci­sé­ment nous gar­dons la foi, nous serons persécutés.

Ce monde, par­ti­cu­liè­re­ment aujourd’hui, monde ratio­na­liste, monde moder­niste, ne peut pas sup­por­ter la foi. Alors dans la mesure où nous la mani­fes­tons, nous, la mani­fes­tons exté­rieu­re­ment, ne serait-​ce que par notre habit, que par notre atti­tude, nous serons per­sé­cu­tés, c’est normal.

Tous ceux qui ont pro­fes­sé la foi ont été per­sé­cu­tés. La Vierge Marie elle-​même est appe­lée la Reine des mar­tyrs. Elle aus­si, à cause de sa foi, a subi le mar­tyre, auprès de Notre Seigneur, tout près de la Croix.

Alors, attendons-​nous à ce que nous soyons per­sé­cu­tés, mais ne flé­chis­sons pas dans notre foi. Ne soyons pas faible, mais soyons ferme, comme tous ceux qui nous ont mon­tré l’exemple et qui nous ont pré­cé­dés, que ce soit de l’Ancien Testament, que ce soit du Nouveau Testament.

Au nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit. Ainsi soit-il.

Fondateur de la FSSPX

Mgr Marcel Lefebvre (1905–1991) a occu­pé des postes majeurs dans l’Église en tant que Délégué apos­to­lique pour l’Afrique fran­co­phone puis Supérieur géné­ral de la Congrégation du Saint-​Esprit. Défenseur de la Tradition catho­lique lors du concile Vatican II, il fonde en 1970 la Fraternité Saint-​Pie X et le sémi­naire d’Écône. Il sacre pour la Fraternité quatre évêques en 1988 avant de rendre son âme à Dieu trois ans plus tard. Voir sa bio­gra­phie.