Sermon de Mgr Lefebvre – Saint Pierre – Saint Paul – Ordinations sacerdotales – 29 juin 1981

Mes bien chers frères,
Mes bien chers amis,

C’est avec une grande joie, une pro­fonde émo­tion que nous nous retrou­vons chaque année, à cette époque, à cette date, pour confé­rer l’ordination sacer­do­tale aux jeunes diacres qui se sont pré­pa­rés pen­dant de longues années à rece­voir l’Onction sainte du sacerdoce.

Et nous nous réjouis­sons non seule­ment de confé­rer cette ordi­na­tion à ceux de la Fraternité, mais aus­si à ceux qui ont été pré­pa­rés avec tant de soin dans les monas­tères de Dom Gérard et de Dom Augustin.

Si le nombre cette année, paraît moins grand, c’est que, avant-​hier, je fai­sais la même céré­mo­nie dans notre mai­son de Zaitzkofen, en Allemagne, où j’ordonnais cinq des membres de la Fraternité qui avaient accom­pli leurs études com­plè­te­ment soit à Weissbad, soit à Zaitzkofen. Et je dois dire que cette céré­mo­nie a été vrai­ment émou­vante, remar­quable. Remarquable par la pié­té de tous les fidèles qui étaient pré­sents, par le nombre aus­si des fidèles pré­sents qui, je pense, attei­gnait au moins trois mille. Nous avons eu vrai­ment une jour­née bénie du Bon Dieu. Et je suis sûr que, aujourd’hui aus­si – et le ciel le prouve par le soleil que le Bon Dieu nous donne – que le Bon Dieu nous bénit éga­le­ment à Écône comme de coutume.

Mes bien chers frères, nous pro­fi­tons sou­vent de cette céré­mo­nie où vous venez de par­tout, pour faire en quelque sorte le point de la situa­tion, situa­tion de la Fraternité, situa­tion aus­si de l’Église. Et nous sommes bien obli­gé de consta­ter que la Passion de l’Église conti­nue, Passion qui se mani­feste même, je dirai, dans la san­té du Chef de l’Église. C’est cor­po­rel­le­ment que le pape souffre en quelque sorte la Passion de l’Église. Dans ces temps dou­lou­reux, dif­fi­ciles, par cet acci­dent incroyable, incon­ce­vable en d’autres temps. Il a fal­lu que nous, nous vivions une époque où le pape pou­vait être en quelque sorte être frap­pé mor­tel­le­ment. Oui, nous vivons vrai­ment la Passion de l’Église !

Mais cette Passion se mani­feste d’une manière encore plus émou­vante, plus dure, plus éton­nante, lorsque l’on pense à tout ce qui se passe aujourd’hui dans le monde et qui est favo­ri­sée – il faut le dire – par le cler­gé, par les membres de l’Église.

De même que Notre Seigneur a été tra­hi par l’un des siens, que Notre Seigneur a été aban­don­né par les apôtres, lorsque la sol­da­tesque est venue mettre la main sur Notre Seigneur, de même, aujourd’hui, il en est par­mi les membres du cler­gé – et non des moindres – qui tra­hissent, qui tra­hissent de nou­veau Notre Seigneur Jésus-Christ.

Nous avons pu consta­ter hélas, dans notre cher pays de France, com­ment à l’occasion des der­nières élec­tions, des évêques, des prêtres, des reli­gieux, des reli­gieuses, ont favo­ri­sé la venue en France du socia­lisme. Et qui dit socia­lisme, dit com­bat contre Notre Seigneur Jésus-​Christ, com­bat en faveur de l’athéisme.

Ce n’est pas pour rien que le nou­veau Président est allé rece­voir – comme l’ont dit les jour­naux – l’onction laïque au Panthéon ! C’est cela qui doit nous inquié­ter. Ce ne sont pas les consé­quences éco­no­miques qui sont peu de chose à côté de ce drame que nous vivons de la lutte contre Notre Seigneur. Il semble que le démon, déchaî­né, arrive enfin à son but, par le socia­lisme qui se géné­ra­lise dans toutes les nations ; par le com­mu­nisme qui s’étend aus­si dans le monde. Le démon espère ain­si en finir avec la reli­gion catho­lique et avec Notre Seigneur Jésus-Christ.

Et mal­heu­reu­se­ment, encore une fois, nous sommes obli­gé de consta­ter, qu’aussi bien en Amérique du Sud, que dans les épis­co­pats d’Amérique du Nord, que dans presque tous les épis­co­pats – on peut le dire – de l’Europe, ces mou­ve­ments de lutte contre Notre Seigneur, sont favo­ri­sés volon­tai­re­ment ou invo­lon­tai­re­ment par les épis­co­pats. C’est là un drame par­ti­cu­lier de l’Église de nos jours.

Saint Pie X l’avait déjà annon­cé. Désormais les enne­mis de l’Église ne sont plus à l’extérieur de l’Église, mais ils sont à l’intérieur. Et il dési­gnait lui-​même les sémi­naires. Et en dési­gnant les sémi­naires, il dési­gnait néces­sai­re­ment les pro­fes­seurs de ces sémi­naires ; ceux qui par consé­quent, for­maient le cler­gé d’alors. Et c’est ain­si que ce cler­gé for­mé aux idées moder­nistes, aux idées libé­rales en est arri­vé au point où nous en sommes aujourd’hui. Nous sommes bien obli­gé de consta­ter, nous ne pou­vons pas nier que cette Passion de l’Église se trouve par­tout. L’Église souffre par­tout et elle souffre d’abord – il faut le dire – dans ceux qui dans la Curie romaine, conti­nuent à pro­pa­ger les idées moder­nistes, en main­te­nant envers et contre tout ces réformes qui ont été ins­ti­tuées après le concile Vatican II et qui sont en train de détruire l’Église, d’autodétruire l’Église, comme le disait lui-​même le pape Paul VI.

Cette auto­des­truc­tion de l’Église, com­ment vient-​elle, sinon par le cler­gé lui-​même ; sinon par ceux qui sont pla­cés dans les dicas­tères romains pour pro­té­ger la foi de l’Église et qui ne la pro­pagent plus. Est-​ce que sont condam­nés ces soi-​disant phi­lo­sophes, ces soi-​disant théo­lo­giens qui cor­rompent la foi, qui sont de véri­tables héré­tiques, est-​ce qu’ils sont pour­sui­vis réel­le­ment ? Est-​ce que l’on pour­suit les évêques qui font un œcu­mé­nisme qui n’est ni plus ni moins que la dif­fu­sion de l’hérésie, en admet­tant que les pro­tes­tants viennent concé­lé­brer avec eux ?

Est-​ce que sont condam­nés les évêques, qui, lorsqu’ils étaient supé­rieurs de sémi­naires, ensei­gnaient la por­no­gra­phie dans les sémi­naires ? Et cela, Rome le sait. Et l’on pour­rait citer indé­fi­ni­ment des exemples de ce genre.

Est-​ce que sont condam­nés les évêques du Mexique, qui dans leur Semaine dio­cé­saine, qui dans les jour­naux, font des articles en faveur de la révo­lu­tion, contre le San Salvador, en deman­dant aux fidèles de don­ner de l’argent, d’aller eux-​mêmes s’ils le peuvent, lut­ter phy­si­que­ment contre le gou­ver­ne­ment du San Salvador, pour semer la révo­lu­tion, pour semer le communisme ?

Mes bien chers frères, nous sommes tra­his. Vous, vous êtes tra­his, tous les hon­nêtes gens sont tra­his, tous ceux qui ont la foi catho­lique ; tous ceux qui croient en Notre Seigneur Jésus-​Christ ; tous ceux qui veulent défendre la foi en Notre Seigneur ; ceux qui veulent défendre les véri­tés fon­da­men­tales de leur foi dans le véri­table caté­chisme. Ceux qui veulent défendre la morale ; qui veulent défendre le Décalogue ; ceux qui veulent défendre la véri­table Écriture sainte ; tous ceux-​là sont trahis.

Trahis par les idées moder­nistes. Ces idées moder­nistes rem­placent la foi par la recherche, idée pure­ment maçon­nique. Nous sommes tous en recherche de la véri­té. « Elle n’existe pas. On ne la trou­ve­ra jamais ».

Or nous, nous savons qu’elle existe et nous la connais­sons et nous vou­lons main­te­nir notre foi.

On rem­place le Décalogue par les Droits de l’homme. On a main­te­nant la reli­gion des Droits de l’homme à la place du Décalogue. Or nous savons très bien que les droits de l’homme et la jus­tice dans ce monde n’existeront que par le Décalogue ; lorsque nous accom­plis­sons nos devoirs envers Dieu et envers notre pro­chain, la jus­tice régne­ra. Mais non pas dans la lutte contre l’autorité de Dieu et contre toute auto­ri­té. Les Droits de l’homme ne sont pas autre chose qu’une lutte contre l’autorité de Dieu et contre toutes les autorités.

On rem­place la loi par la conscience. Chacun fait ce qu’il veut ; cha­cun s’adresse à sa conscience et non plus à la loi. Voilà les idées moder­nistes que l’on répand dans le monde. Et ain­si, on a vou­lu nous faire une litur­gie dans cet esprit, dans cette esprit de liber­té, de plu­ra­lisme, en défi­ni­tive de désacralisation.

(Monseigneur emploie alors un ton véhé­ment et fort).

On ne veut plus ado­rer Dieu. On ne veut plus recon­naître son auto­ri­té sou­ve­raine ; on ne veut plus croire en notre Créateur et en notre Sauveur, en notre Rédempteur, en notre juge bientôt.

Et tout cela est favo­ri­sé, favo­ri­sé par les dicas­tères romains – peut-​être pas tous – mais cer­tai­ne­ment par ceux du Culte, par ceux des évêques et par ceux des reli­gieux et éga­le­ment par la Secrétairerie d’État.

Car en défi­ni­tive, qui a pro­mu la liber­té de toutes les reli­gions, en Espagne, en Irlande, ici dans l’État du Valais et dans tous les pays où la reli­gion catho­lique était uni­que­ment rete­nue comme la seule véri­table reli­gion ? On a vou­lu y éta­blir – encore une fois – ce faux œcu­mé­nisme qui est la grande héré­sie de notre époque. Et, dif­fu­sant cette héré­sie, on a détruit ce qui était encore catho­lique dans les États qui recon­nais­saient Notre Seigneur Jésus-​Christ comme leur Chef et leur Souverain.

Et tout cela a été favo­ri­sé et est encore favo­ri­sé par la Secrétairerie d’État. Comment cela se fait, mes bien chers frères, je n’en sais pas plus que vous. Je constate les faits. Je ne cherche même pas les expli­ca­tions ; je constate. Et consta­tant cela, notre réso­lu­tion est prise pour toujours !

Qui autem per­se­ve­ra­ve­rit usgue in finem, hic sal­vus erit (Mt 24,13) : « Mais celui-​là sera sau­vé qui per­sé­vère jusqu’à la fin ».

Celui qui per­sé­vère jusqu’à la fin, celui-​là sera sau­vé. Persévérer dans quoi ? Je vous le demande : Persévérer dans la foi catho­lique ; Persévérer dans ce que Notre Seigneur Jésus-​Christ nous a ensei­gné : qu’il n’y a qu’une seule vraie reli­gion, que les autres reli­gions ont été inven­tées par le diable pour détour­ner les âmes de Notre Seigneur Jésus-​Christ. C’est évident ! C’est bien ce que dit encore le pape saint Léon dans la leçon d’aujourd’hui de (la fête) de saint Pierre et saint Paul que : « Rome était avant la venue de Pierre et de Paul l’endroit où l’on recon­nais­sait tous les dieux et que c’était le diable qui était l’auteur de cette inven­tion pour main­te­nir les hommes dans l’erreur. Et Rome est deve­nue la maî­tresse de Vérité ». Voilà ce que dit saint Léon.

Alors nous devons main­te­nir notre foi catho­lique, per­sé­vé­rer jusqu’au bout. Et pour main­te­nir notre foi catho­lique, mes chers amis, c’est à vous que je m’adresse, vous qui allez être ordon­nés prêtres dans quelques ins­tants : Quel est le moyen ? Maintenir votre Sainte Messe !

Oh ce n’est pas parce que votre messe est du rite latin ; il y a d’autres messes dans d’autres rites. Mais ces rites contiennent tous les véri­tés de notre foi catho­lique et ils les proclament.

Alors qu’aujourd’hui, ce nou­veau rite, infes­té par l’œcuménisme – par un faux œcu­mé­nisme – ne pro­clame plus notre foi comme la messe de tou­jours. Et c’est comme cela que nous consta­tons que les fidèles sont en train de perdre la foi. Plus ou moins rapi­de­ment, selon la manière dont les prêtres s’efforcent de gar­der la Tradition, mais les consé­quences viennent ; elles sont claires, évidentes.

Alors que faudra-​t-​il faire ? Eh bien, il faut main­te­nir notre Sainte Messe de tou­jours. C’est elle qui est la pierre fon­da­men­tale de l’Église. C’est elle qui est le tré­sor que Notre Seigneur Jésus-​Christ nous a donné :

Hic est enim calix Sanguinis mei, novi et æter­ni tes­ta­men­ti : Du nou­veau et de l’éternel Testament. Voilà le tes­ta­ment de Notre Seigneur Jésus-​Christ : son Sang répan­du pour nous, pour la rémis­sion de nos péchés.

C’est en cela que vous croi­rez, mes chers amis. Faisant cela, vous croi­rez au Sacrifice de la messe, au Sacrifice de Notre Seigneur Jésus-​Christ renou­ve­lé par vous-​même. Pauvres pécheurs ! Nous sommes tous de pauvres pécheurs. Comment le Bon Dieu peut-​il nous don­ner un pou­voir sem­blable ; de faire venir son Corps, son Sang, sur nos autels, afin qu’ils servent à la rémis­sion de nos péchés, qu’ils contri­buent et conti­nuent pour la rémis­sion de nos péchés.

Et puis vous main­tien­drez ce sens pro­fond de votre Saint Sacrifice de la messe qui n’est autre que la grande cha­ri­té de Notre Seigneur Jésus-Christ.

En pro­non­çant les paroles de la Consécration, vous pen­se­rez au der­nier sou­pir de Notre Seigneur Jésus-​Christ. Vous pen­se­rez à son Cœur trans­per­cé. Peut-​on mani­fes­ter un plus grand amour que de don­ner sa vie pour ceux que l’on aime. Notre Seigneur Jésus-​Christ a d’abord don­né sa vie pour son Père, pour la gloire de son Père, pour réta­blir la gloire de son Père. Jamais le Père n’a reçu une gloire aus­si grande que lorsque Notre Seigneur a exha­lé son der­nier sou­pir et lorsque son Cœur a été trans­per­cé. C’est pour Lui qu’il a fait cela.

Vous aus­si, vous offri­rez toutes vos vies à Dieu d’abord, à Dieu. Et par consé­quent, dans un esprit de prière, dans un esprit d’adoration, dans un esprit d’humilité, dans un esprit de sainteté.

Et puis ensuite, eh bien vous irez por­ter la parole de l’Évangile, por­ter votre foi, si bien expri­mée dans le caté­chisme du concile de Trente qui sera la base de votre ensei­gne­ment. Portez la lumière de la foi, pour atti­rer à la lumière de la cha­ri­té ; pour atti­rer au feu de la cha­ri­té. Ce feu embra­se­ra vos cœurs et vos âmes, et vous irez por­ter la grâce du Bon Dieu, par le bap­tême, par les sacre­ments, par le sacre­ment de péni­tence particulièrement.

On ne confesse plus aujourd’hui. (Il y a) des pays entiers, comme la Hollande où l’on ne confesse plus. Les catho­liques sont depuis deux, trois, quatre ans, sans se confes­ser et ils vont com­mu­nier quand ils en ont l’occasion. Et cela on peut le dire du monde entier, du monde catho­lique entier.

Alors vous per­met­trez aux âmes, de déver­ser dans votre cœur les secrets de leur conscience et vous lave­rez ces âmes par le Sang de Notre Seigneur Jésus-​Christ, par votre abso­lu­tion. S’il vous faut res­ter des jour­nées entières au confes­sion­nal, c’est le plus beau ser­vice que vous puis­siez rendre aux âmes et à l’Église.

Et puis vous don­ne­rez sur­tout, par le Saint Sacrifice de la messe la sainte Communion, le Corps même de Notre Seigneur Jésus-​Christ avec tout le res­pect qu’on Lui doit. Lui qui est notre Dieu, qui est notre Sauveur, notre Rédempteur. Et vous appren­drez aux âmes le Sacrifice. On ne parle plus du Sacrifice de la messe ; on parle d’une eucha­ris­tie, d’une com­mu­nion, d’un par­tage. Ce n’est pas cela dont il s’agit dans la Sainte Messe. Il s’agit du Saint Sacrifice, du Sacrifice de Notre Seigneur. L’esprit du Sacrifice, c’est l’esprit catho­lique. Là où il n’y a pas de sacri­fice, il n’y a plus de catho­li­cisme. Et vous le savez bien, mes bien chers frères, et vous en êtes un exemple, un magni­fique exemple.

Partout où je passe, où j’ai l’occasion de pas­ser, je retrouve cette ambiance de per­sonnes qui ont la foi, qui veulent gar­der la foi. Nous retrou­vons ces belles familles chré­tiennes, avec de nom­breux enfants, d’où sortent les voca­tions reli­gieuses, d’où sortent les voca­tions sacer­do­tales. Comme cela est beau !

Voilà ce que fait l’Église. Voilà ce que pro­duit la grâce de Notre Seigneur, par la Sainte Messe et par la Sainte Communion. Car il ne faut pas oublier, mes bien chers frères, que le sacre­ment de mariage a son sym­bole, son image, sa signi­fi­ca­tion dans le Calvaire. Notre Seigneur a don­né nais­sance à son Épouse et s’est uni à son Épouse, au Calvaire en répan­dant son Sang, par son Cœur trans­per­cé, son Sang et l’eau qui cou­laient de son Cœur. Voilà le sym­bole du mariage, des noces mys­tiques de Notre Seigneur avec son Épouse (l’Église).

Par consé­quent, la grâce du sacre­ment de mariage se renou­velle au Sacrifice de la messe. Les foyers chré­tiens, ne peuvent pas ali­men­ter la grâce du sacre­ment de mariage sans assis­ter fré­quem­ment à la Sainte Messe. Et c’est ce que vous faites et nous vous en féli­ci­tons. Et c’est ce qui fait que ces familles que l’on appelle tra­di­tio­na­listes – qui sont tout sim­ple­ment catho­liques – ont de nom­breux enfants et rayonnent la joie, la paix et sont à l’origine de ces nom­breuses voca­tions que nous avons dans nos sémi­naires, qui sont ici et qui sont dans les monas­tères ; qui sont dans les congré­ga­tions reli­gieuses que nous connais­sons, toutes ces reli­gieuses qui sont ici pré­sentes, qui ont de nom­breuses vocations.

Vous serez des sou­tiens, mes chers amis, de ces foyers chré­tiens, et en même temps des modèles. Et je vou­drais finir sur ces paroles. Vous avez étu­dié, vous vous êtes pen­chés sur les Livres saints, sur ces livres qui sont à la base de la doc­trine de l’Église, livres de phi­lo­so­phie, de théo­lo­gie ; vous avez inter­ro­gé vos pro­fes­seurs ; vous avez éclai­ré votre intel­li­gence ; vous avez aug­men­té votre foi et vous vous sen­tez pro­fon­dé­ment atta­chés à l’Église, au Souverain Pontife, à tous les évêques – dans la mesure où ils demeurent catho­liques – donc à toute l’Église, à Rome ; Rome qui ne peut pas se sépa­rer de l’Église. Vous vous sen­tez atta­chés à toutes ces valeurs fon­da­men­tales qui ont fait toute l’Histoire de l’Église pen­dant vingt siècles et que vous vou­lez transmettre.

C’est pour cela que vous êtes tra­di­tio­na­listes, comme le disait si bien saint Pie X : « Le catho­lique est tra­di­tio­na­liste, parce que l’Église est une tra­di­tion ». Alors vous trans­met­trez cela à toutes les âmes qui s’adresseront à vous, mais vous ne serez rien, mes chers amis, sans la sainteté.

Vous aurez beau avoir une intel­li­gence très éclai­rée, une connais­sance de la phi­lo­so­phie, de la théo­lo­gie, de l’Écriture sainte, du Droit canon, extra­or­di­naire, vous ne ferez rien, si vous n’avez pas la sainteté.

Et voyez comme modèle de la sain­te­té pour le sacer­doce, la très Sainte Vierge Marie. Pourquoi ? Parce que voyez com­ment Dieu, com­ment Notre Seigneur Jésus-​Christ Lui-​même a vou­lu pré­pa­rer sa mère pour qu’elle soit digne de Le rece­voir. Elle a été imma­cu­lée dans sa concep­tion ; elle n’a jamais eu la domi­na­tion du péché, ni du démon. Son âme est pure, son âme est sainte, son âme est vrai­ment divine. Le Saint-​Esprit l’habite, la Trinité Sainte l’habite avec joie dans cette âme qui n’a jamais connu le péché. Et par son Fiat, pré­pa­rée dans sa vir­gi­ni­té totale, elle pré­pare la venue du Seigneur, elle a accep­té la venue du Seigneur.

Alors, vous aus­si, vos lèvres pro­non­çant les paroles de la Consécration, répètent en quelque sorte le Fiat de la Vierge Marie, et fait venir Jésus Lui-​même sur l’autel ; Jésus auquel vous pour­rez vous unir avant de Le don­ner et de Le dis­tri­buer aux âmes.

Alors si le Bon Dieu a vou­lu que la Vierge Marie fut d’une sain­te­té admi­rable, d’une sain­te­té qui dépasse la sain­te­té de toutes les créa­tures, vous, prêtres, prêtres de Jésus-​Christ, vous qui allez faire venir Notre Seigneur Jésus-​Christ sur l’autel, vous devez aus­si être saints. On ne peut pas conce­voir un prêtre qui ne soit pas saint ; qui ne recherche pas la sain­te­té ; qui ne recherche pas l’humilité, comme celle de la très Sainte Vierge Marie.

Respexit humi­li­ta­tem ancil­læ suæ : Il a regar­dé. Il a consi­dé­ré mon humi­li­té, l’humilité de sa ser­vante, dit la Sainte Vierge. Oui, elle peut chan­ter la gloire de Dieu, parce qu’elle a été humble.

Alors vous aus­si, vous serez des cœurs humbles. Parce que ces grâces que vous allez rece­voir, vous ne les devez pas à vous-​même, vous les devez à Dieu. Vous avez été choi­sis par Dieu. Et c’est par la Vierge Marie aus­si que vous allez les recevoir.

Comme les apôtres au Cénacle, entou­rant la Vierge Marie, ont reçu les grâces qu’ils ont reçues par la Vierge Marie, vous aus­si, dans quelques ins­tants ; par l’imposition des mains de l’évêque et par les paroles du sacre­ment de l’ordination, vous rece­vrez l’Esprit Saint et vous Le rece­vrez par votre très Bonne Mère du Ciel, la Très Sainte Vierge Marie.

Alors, demeu­rez unis à la Vierge, comme les apôtres autour d’elle dans le Cénacle ; demeu­rez avec elle pen­dant toute votre vie et vous ferez ain­si un magni­fique apos­to­lat et ain­si, per­sé­vé­rant jusqu’à la fin, vous serez sau­vés vous aus­si avec toutes les âmes que vous aurez sanctifiées.

Au nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit. Ainsi soit-il.

Fondateur de la FSSPX

Mgr Marcel Lefebvre (1905–1991) a occu­pé des postes majeurs dans l’Église en tant que Délégué apos­to­lique pour l’Afrique fran­co­phone puis Supérieur géné­ral de la Congrégation du Saint-​Esprit. Défenseur de la Tradition catho­lique lors du concile Vatican II, il fonde en 1970 la Fraternité Saint-​Pie X et le sémi­naire d’Écône. Il sacre pour la Fraternité quatre évêques en 1988 avant de rendre son âme à Dieu trois ans plus tard. Voir sa bio­gra­phie.