Comment reconnaître les 4 tempéraments ?

Face à un pro­blème chaque tem­pé­ra­ment réagit à sa manière.

Comme il y a quatre élé­ments dans la nature, comme il y a quatre humeurs dans le corps humain, les Anciens comptent quatre tem­pé­ra­ments dans la psy­cho­lo­gie humaine.

Qu’est-ce qu’un tem­pé­ra­ment ? Le tem­pé­ra­ment d’une per­sonne est l’ensemble de ses dis­po­si­tions natives à telle ou telle réac­tion, telle ou telle manière d’être. Le tem­pé­ra­ment est donc une des pre­mières choses qui va dis­tin­guer les hommes indi­vi­duel­le­ment. C’est pour­quoi il découle d’une dis­po­si­tion cor­po­relle. En effet les âmes humaines sont toutes iden­tiques à leur créa­tion. Le tem­pé­ra­ment est donc héré­di­taire, comme tous les traits physiques.

Mais si on parle des quatre tem­pé­ra­ments, il faut dire que le tem­pé­ra­ment est un ensemble de dis­po­si­tions et de manières d’être constantes qui s’unifient dans un prin­cipe géné­ral, décrit par les Anciens comme une humeur cor­po­relle, liée à un élé­ment naturel.

Les 4 tempéraments

Les 4 tem­pé­ra­ments se défi­nissent donc en rap­port à l’humeur et à l’élément correspondant :

  • Le tem­pé­ra­ment san­guin est asso­cié au sang et à l’air : il entraîne donc un déve­lop­pe­ment par­ti­cu­lier des fonc­tions cir­cu­la­toires et res­pi­ra­toires. Il est cha­leu­reux et vivant comme le sang, mobile comme l’air et donc natu­rel­le­ment opti­miste, joueur.
  • Le tem­pé­ra­ment fleg­ma­tique est asso­cié à la lymphe et à l’eau : il tem­père tout et s’accommode faci­le­ment à son milieu dans lequel il s’installe. Il est donc arran­geant, dis­cret, calme, presque transparent.
  • Le tem­pé­ra­ment mélan­co­lique est asso­cié à la bile noire et à la terre : para­doxa­le­ment son regard assez noir le pousse à intel­lec­tua­li­ser les choses et à se tour­ner vers Dieu. Il est faci­le­ment triste mais tou­jours sou­cieux de per­fec­tion (ce qui peut le rendre scru­pu­leux), très contemplatif.
  • Le tem­pé­ra­ment bilieux est asso­cié à la bile et au feu : il déve­loppe donc une grande force pour vaincre les obs­tacles. Très faci­le­ment colé­rique, il dirige tout et brûle tout ce qu’il touche comme le feu : pour détruire ce qui s’oppose à lui, pour enflam­mer l’ardeur de ceux qui le suivent. Il est défen­seur de la jus­tice jusqu’à la vengeance.

Bien sûr cha­cun de nous pos­sède une part de ces dif­fé­rentes humeurs qui consti­tue un mélange propre à chaque per­sonne. Plutôt que d’analyser toutes les com­bi­nai­sons de tem­pé­ra­ments, nous cher­che­rons les indices de la pré­sence de tel ou tel tem­pé­ra­ment. En effet il existe des réac­tions typiques qui per­mettent d’identifier un tempérament.

Face à un problème

Face à un pro­blème chaque tem­pé­ra­ment réagit à sa manière. Le pro­blème appré­hen­dé fait jaillir une réac­tion émo­tive et cette pre­mière réac­tion est symp­to­ma­tique des dis­po­si­tions affec­tives natu­relles de la per­sonne, donc de son tempérament.

Les tem­pé­ra­ments du concu­pis­cible (san­guin et fleg­ma­tique) auront ten­dance à écar­ter le pro­blème ou à le mini­mi­ser afin de reve­nir à leur point d’équilibre, leur réac­tion ne dure­ra pas très long­temps en géné­ral. En effet, ils voient la vie du côté simple et natu­rel. Les tem­pé­ra­ments de l’irascible au contraire vont fixer les yeux sur le pro­blème, objet de leurs pas­sions dominantes.

Le san­guin plus pré­ci­sé­ment cher­che­ra à contour­ner le pro­blème. Son équi­libre est dans la joie, la pos­ses­sion du bien entre­vu, l’obstacle n’est pas objet d’étude pour lui. Mais, comme l’air qui cherche un petit trou par où s’échapper, le san­guin cher­che­ra l’endroit où il n’y a plus de pro­blème et où il peut conti­nuer à s’égayer sans obs­tacle. Ceci aga­ce­ra par­ti­cu­liè­re­ment le bilieux et le mélan­co­lique qui trou­ve­ront que le san­guin n’est pas sérieux. De ce fait la per­sé­vé­rance dans la dif­fi­cul­té lui sera très dif­fi­cile. Toutefois il res­te­ra le plus opti­miste et le plus joyeux face à des pro­blèmes insolubles.

Le fleg­ma­tique mini­mise aus­si le pro­blème, plu­tôt en le fil­trant. L’événement en ques­tion sus­cite chez tous les autres une réac­tion pas­sion­nelle qui cherche à entraî­ner la rai­son dans des conclu­sions hâtives. Les pas­sions du fleg­ma­tique sont très faibles ; il puri­fie donc sa réac­tion et apporte un regard sérieux sur le pro­blème, mais en le sim­pli­fiant au maxi­mum. Ainsi il démêle tran­quille­ment les dif­fi­cul­tés pré­sen­tées et peut s’avérer de très bon conseil.

Le mélan­co­lique au contraire maxi­mise les pro­blèmes : tout pro­blème est inso­luble. C’est de lui qu’on dit qu’il se noie dans un verre d’eau, parce qu’il se fixe tel­le­ment sur tous les détails du pro­blème, aux­quels il veut don­ner toute leur impor­tance, qu’il n’arrive jamais à une solu­tion. Toutefois, il est de très bon conseil parce qu’il voit les pro­blèmes dans le détail.

Le bilieux prend les pro­blèmes à bras-​le-​corps. C’est sa spé­cia­li­té, il vit de pro­blèmes à résoudre, d’obstacles à détruire, comme le feu se nour­rit de com­bus­tible. Il dirige les opé­ra­tions, car il a la solu­tion, c’est un homme d’action. Parfois il se brûle, mais il reprend bien­tôt le com­bat de plus belle.

Quelques réflexions dans les actions non-réfléchies

On dit que c’est en voyant les gens mar­cher, jouer, faire le ménage ou la vais­selle, bref, dans les actions les moins réflé­chies, que l’on découvre le plus faci­le­ment le tempérament.

Le san­guin ne marche pas, il danse, sa démarche n’est jamais guin­dée. Le fleg­ma­tique éco­no­mise tou­jours son éner­gie : éven­tuel­le­ment il traîne la savate, en tout cas il ne fera pas de détours inutiles. Le mélan­co­lique marche avec appli­ca­tion, le regard bais­sé et jamais très vite. Le bilieux quant à lui va droit au but, il marche vite et en ligne droite, sans voir ceux qui seraient sur son passage !

Sanguin et mélan­co­lique ne lésinent pas sur les quan­ti­tés de pro­duits de net­toyage, le pre­mier pour mani­fes­ter exté­rieu­re­ment le net­toyage, même si ce n’est pas tou­jours effi­cace, le second pour être sûr d’avoir net­toyé, c’est-à-dire d’être pas­sé 3 ou 4 fois au même endroit. Flegmatique et bilieux s’entendent sur un prin­cipe : « le moins pos­sible d’effort pour le maxi­mum de résul­tat », mais le fleg­ma­tique voit sur­tout la pre­mière par­tie, le bilieux la seconde.

Aspects physiques

Certains méde­cins, en par­ti­cu­lier le Dr Carton, déve­loppent des liens entre le tem­pé­ra­ment et le phy­sique. Le san­guin a les voies res­pi­ra­toires et cir­cu­la­toires déve­lop­pées, il a la tête ronde. Le fleg­ma­tique a un fort appa­reil nutri­tif et diges­tif (étage bas du visage par­ti­cu­liè­re­ment). Le mélan­co­lique déve­loppe son cer­veau au point d’avoir par­fois une tête en tri­angle ren­ver­sé. Le bilieux, quant à lui, déve­loppe sa force phy­sique avec un phy­sique très car­ré et angu­leux, même au niveau de la tête. La forme de l’écriture est aus­si liée au tem­pé­ra­ment. En influant sur celle-​ci, on peut orien­ter quelqu’un vers l’acquisition d’un tem­pé­ra­ment qui lui manque.

Le diag­nos­tic n’est pas tou­jours facile. Autant cer­tains tem­pé­ra­ments entiers se cernent très vite, autant cer­taines per­sonnes dont le tem­pé­ra­ment est très mélan­gé, qui n’ont que peu de pas­sions, ou qui ont fait un grand tra­vail de ver­tu sur leurs dis­po­si­tions natives, sont presque impos­sible à clas­ser. Il vaut mieux ne pas pré­ci­pi­ter le diag­nos­tic afin de ne pas se trom­per de solu­tions. Nous ver­rons ensuite les forces et les fai­blesses de chaque tempérament.

Abbé Louis-​Marie Gélineau

Source : L’Acampado n°174