Nous sommes en guerre, en guerre sanitaire certes ; nous ne luttons ni contre une armée ni contre une autre nation, mais l’ennemi est là… et cela requiert notre mobilisation générale. Nous sommes en guerre. »
Tels sont les graves propos que M. Emmanuel Macron a prononcés solennellement le 16 mars 2020. Même s’il n’y a pas le choc des photos pour nous horrifier, il y a le poids des mots et le nombre de morts pour nous ébranler. Et le péril est si grand que tous les citoyens sont appelés à se battre. Comme la santé de tous est en péril, une partie du bien commun est touchée ; l’enjeu est crucial. La cause est juste. Il revient au chef d’État de déclencher cette guerre défensive. Il faut faire face à cet agresseur injuste : le virus. Cette guerre est donc légitime, tous doivent de la mener ; c’est une guerre moderne : il n’y a plus de distinction entre les combattants et les non-combattants.
Eh bien non. Ce n’est pas une guerre. Les propos présidentiels sont métaphoriques et les distinctions qui y ont été apportées le prouvent. Ainsi dit-on qu’un médecin livre une guerre sans merci à la maladie qui affecte son patient. Mais une guerre est une hostilité de nation à nation. Alors, nous ne sommes pas en guerre ! Le Docteur, tout angélique qu’il fut, parle de la guerre dans sa fameuse Somme : « il appartient aux princes (c’est-à-dire aux chefs d’État) de défendre le bien public par le glaive de la guerre contre les ennemis du dehors ». Mais la rhétorique entendait bien émouvoir. L’effet fut réussi : la crainte s’est installée partout. Une peur collective a envahi le territoire ; la mort plane sur tous ; la mobilisation est générale. C’est ce que l’on appelle depuis 1789 la Terreur ! Bref le discours fut terrifiant.
Mais comment ne pas s’étonner d’un tel discours du Président six mois avant l’encyclique de l’évêque de Rome, Fratelli Tutti, cette encyclique louée par M. Luc Mélanchon à la tribune de l’Assemblée nationale ? François l’a signée à Assise, le 3 octobre 2020. « Dans le cadre de sa réflexion sur la fraternité universelle où il s’est particulièrement senti stimulé par saint François d’Assise et également par d’autres frères qui ne sont pas catholiques : Martin Luther King, Desmond Tutu, Mahatma Mohandas, Gandhi et beaucoup d’autres encore », François s’est interrogé sur la guerre. Il la déclare injuste. Il répète le discours qu’il fit à l’ONU : « la guerre est la négation de tous les droits et une agression dramatique contre l’environnement. Si l’on veut un vrai développement humain intégral pour tous, on doit poursuivre inlassablement l’effort pour éviter la guerre. » Bref, François faisait la guerre à la guerre et demandait de convertir l’argent des armes en nourriture pour les habitants des pays les plus pauvres pour leur éviter de déménager !
Quel irénisme ! Car enfin, de même que chacun reste toujours capable de se déchirer soi-même en raison des restes d’infection qu’il porte du péché originel, de même des nations sont capables pour bien des motifs, de vouloir s’opposer les unes aux autres.
Pire encore. François affirme sans coup férir : « il est très difficile de défendre aujourd’hui les critères rationnels mûris en d’autres temps pour parler d’une possible guerre juste. Jamais plus la guerre. » Affirmer tout bonnement qu’il n’y a plus de possibilités de guerre juste, c’est reconnaître qu’aucune nation n’aura plus à se défendre d’une injuste agression étrangère. Mais alors les nations ne sont plus que des parties d’un grand tout et non plus diverses les unes les autres. Autrement dit, elles intègrent toutes cette fraternité universelle que toutes les religions confondues promeuvent. Bref, ici le discours est lénifiant.
Ni la terreur, ni le pacifisme ne sont le remède à la condition de l’homme voué à la discorde, la maladie et la mort à cause du péché originel. La conversion à Jésus-Christ est l’unique source de salut : son sacrifice renouvelé sur l’autel nous obtient la grâce, la patience et l’espérance dont nous avons besoin pour supporter les épreuves nécessaires de ce monde. À chacun d’imiter l’Apôtre : « Je me réjouis dans mes souffrances… et ce qui manque aux souffrances du Christ, je le complète dans ma chair pour son corps qui est l’Église. » Rien ne sert de se masquer la face, la panacée c’est le sacrifice de la messe.
Source : Fideliter n°258 (à paraître)