On ne doit pas douter de Dieu quand Dieu parle. Mais comment discerner la parole divine ?
« Ne crains point, Zacharie, car ta prière a été exaucée : ta femme Élisabeth t’enfantera un fils que tu appelleras Jean. Il sera pour toi joie et allégresse, et beaucoup se réjouiront de sa naissance. » (Lc 1, 13–14)
Il n’est pas douteux que Zacharie ait longtemps demandé d’avoir un fils. Or, lorsque l’ange lui annonce : « Ta femme Élisabeth t’enfantera un fils et tu l’appelleras Jean », Zacharie doute : « Je suis vieux, et ma femme est avancée en âge. »
On ne doit pas douter de Dieu quand Dieu parle. Mais comment discerner la parole divine ? « Voici un moyen facile de distinguer les bons esprits des mauvais : Si la joie succède à la crainte, c’est un indice certain de l’intervention divine ; car la paix de l’âme est un signe et comme un fruit de la présence de la majesté divine. Si, au contraire, la frayeur qu’on a éprouvée persévère, c’est l’ennemi du salut qui en est la cause. » (St Athanase)
« L’ange lui répondit : Je suis Gabriel, qui me tiens devant Dieu ; j’ai été envoyé pour te parler et t’annoncer cette heureuse nouvelle. Et voici : tu seras muet et ne pourras parler jusqu’au jour où ces choses arriveront, parce que tu n’as pas cru à mes paroles, qui s’accompliront en leur temps. »
« Zacharie a fait usage de la parole pour exprimer son incrédulité, le silence lui enseignera la foi. » (Bède)
Prière universelle
La lecture de la sainte Écriture, la prière des Psaumes et des Cantiques, les sacrements et les fonctions sacrées, la tribulation même, dilatent nos cœurs et élargissent nos demandes au-delà du bien personnel.
Zacharie « était de service devant Dieu, et le sort lui échut, selon la coutume du service divin, d’avoir à entrer dans le sanctuaire du Seigneur pour offrir l’encens. Et toute la multitude du peuple était au-dehors en prière, à l’heure de l’encens. » Ainsi, dans le saint sanctuaire, Zacharie priait pour le peuple, qui priait aussi.
Ainsi nos prières doivent-elles s’élever et s’étendre au bien du peuple, c’est-à-dire de l’Église et de tous les hommes.
La venue du Sauveur
Ainsi était la prière de Zacharie dans le temple.
« Remarquons, qu’il n’est point vraisemblable qu’au moment où il offrait le sacrifice pour les péchés du peuple et pour sa rédemption, Zacharie, ce vieillard, dont la femme était avancée en âge, ait prié Dieu de lui accorder des enfants, car personne ne songe à demander dans ses prières ce qu’il n’a pas, ou plus l’espérance d’obtenir. Or Zacharie avait si peu l’espérance d’avoir des enfants qu’il refuse de croire à la promesse de l’ange. » (St Augustin)
Et en ce moment solennel, c’était la prière de tout Israël que portait le grand-prêtre en offrant l’encens : la venue du Messie tant attendu.
« C’est par une raison pleine de mystère que l’ange apparaît dans le temple. Il venait annoncer la venue du véritable grand-prêtre, et Dieu préparait déjà le sacrifice céleste, car nous ne devons pas douter de la présence des anges au sacrifice où Jésus-Christ est immolé. Il apparut à droite de l’autel de l’encens, parce qu’il apportait le signe de la miséricorde divine. » (St Ambroise)
« Le grand-prêtre, désigné au sort, était la figure d’un autre, c’est-à-dire du grand-prêtre véritable et éternel, qui devait réconcilier le genre humain avec Dieu son Père, non par le sang des victimes, mais par son propre sang. » (St Ambroise)
« Ces paroles : Votre prière a été exaucée, doivent donc s’entendre de la prière qu’il faisait pour le peuple. Mais comme le salut, la rédemption de ce peuple et la rémission des péchés devaient avoir lieu par Jésus-Christ, l’ange annonce de plus à Zacharie qu’il lui naîtrait un fils destiné à être le précurseur du Christ. » (St Augustin)
Et « pour preuve que sa prière [pour le peuple] est exaucée, il lui prédit la naissance d’un fils, qui devait un jour proclamer : Voici l’Agneau de Dieu. » (St Jean Chrysostome)
« À la question secrète de Zacharie : comment serai-je assuré de cette promesse ? l’ange répond : En voyant Élisabeth devenir mère, vous ne pourrez douter que les péchés du peuple ne soient remis. » (Théophylactus)
On le voit, d’ailleurs, dans le sublime cantique Benedictus chanté au jour de la circoncision de cet enfant intégré au mystère du salut : « Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, de ce qu’il a visité et racheté son peuple, et nous a suscité un puissant Sauveur dans la maison de David, son serviteur. » (Lc 1, 68–79)
Source : Le petit Echo de Notre-Dame n°95