La société souffre nécessairement de la diminution du nombre de prêtres

ô Marie, par­lez au cœur des parents, afin qu’ils sentent tout l’hon­neur qui leur revien­drait, si Dieu choi­sis­sait un de leurs fils pour l’ap­pe­ler au ser­vice des autels.

Tout le monde ici est convain­cu que le prêtre rem­plit, de par son minis­tère sur­na­tu­rel auprès des âmes, une fonc­tion sociale. Ne lui demandez-​vous pas de se mon­trer, en chaire comme au confes­sion­nal, le pro­fes­seur de jus­tice ou le répa­ra­teur de l’injustice ?

A lui la parole qui rap­pelle le com­man­de­ment divin ; à lui la sanc­tion, qui fait plus encore que le ser­mon. Mais s’il faut des prêtres pour dire aux fidèles leurs véri­tés selon leurs besoins éter­nels et sui­vant les besoins du moment, il s’a­git de savoir si l’Église de France ne vien­dra pas un jour à man­quer de prêtres et si, dans cer­tains endroits, elle n’en manque pas déjà. Nous sommes plu­sieurs évêques qui avons jeté le cri d’a­larme, pour le pré­sent et plus encore pour l’a­ve­nir. Nous nous sommes adres­sés, bien enten­du, aux familles chré­tiennes, aux col­lèges chré­tiens, aux écoles chré­tiennes. Nous avons dit à cha­cune de ces ins­ti­tu­tions son devoir.

Mais nous avons dit encore, en pas­sant, à la socié­té tout entière, que l’af­faire des voca­tions ecclé­sias­tiques est son affaire aus­si, et que, même du point de vue social, du point de vue tem­po­rel, pour autant que le tem­po­rel puisse se dis­tin­guer de l’é­ter­nel, la socié­té ne peut se pas­ser de prêtres, que la socié­té souffre néces­sai­re­ment de la dimi­nu­tion du nombre des prêtres, et qu’en­fin la socié­té ne peut pas se croire quitte envers elle-​même en rem­pla­çant un prêtre de moins par un gen­darme de plus.

C’est l’hon­neur du sacer­doce catho­lique d’être un enga­ge­ment volon­taire pris devant Dieu seul. Quand on songe que l’ordre et la paix sociale doivent tant à cette fonc­tion béné­vole, on tremble à la pen­sée des maux sans nombre qui s’a­bat­traient sur le monde si la fonc­tion ces­sait d’être rem­plie. Sans doute, nous avons le droit de comp­ter que Dieu, qui choi­sit les prêtres, sau­ra bien les sus­ci­ter encore dans la mesure où ils seront néces­saires à son Église ; mais c’est aus­si le devoir des peuples qui en reçoivent le bien­fait de se pré­oc­cu­per de la ques­tion des voca­tions ecclésiastiques.

L’allocution se ter­mi­na par la très belle et très oppor­tune prière que nous allons citer, et que per­sonne, après l’a­voir lue, ne s’é­ton­ne­ra de voir repro­duite in exten­so dans notre Recrutement Sacerdotal :

« O Marie, très sainte et très auguste patronne de nos mai­sons, vous le savez, c’est pour don­ner des âmes à votre Fils que nous pei­nons et que nous vou­lons pei­ner encore. Études pré­pa­ra­toires à la vie pré­sente, diplômes qui ouvrent les portes des car­rières du monde, ce n’est que la moindre par­tie de notre tâche. Nous vou­lons faire des chré­tiens, des fidèles dont la foi anime toute la vie, pour la conso­la­tion de l’Église et pour la gloire de Dieu.

Nous vou­lons aus­si, sachant en cela vous être agréables, ô Mère du Prêtre éter­nel, nous vou­lons aus­si pré­pa­rer des ministres, des auxi­liaires du sacer­doce de votre divin Fils. Nous, vous en prions, secondez-​nous prin­ci­pa­le­ment dans ce grand ouvrage.

Parlez au cœur des parents, afin qu’ils sentent tout l’hon­neur qui leur revien­drait, si Dieu choi­sis­sait un de leurs fils pour l’ap­pe­ler au ser­vice des autels.

Parlez au cœur des maîtres pour leur ins­pi­rer le zèle com­mu­ni­ca­tif qui enflamme une jeune âme du feu de l’apostolat.

Parlez au cœur des enfants, et vous qui aimez à être appe­lée la Reine du cler­gé, recru­tez par­mi nos élèves, non-​seulement dans nos petits sémi­naires, mais dans nos col­lèges même, ceux que vous jugez les plus dignes de conti­nuer dans l’Église, par la parole, par le sacri­fice, par l’a­mour, le divin modèle du prêtre, Jésus-​Christ, que Dieu a don­né au monde par vous, ô Mère incom­pa­rable, et qui, par vous encore, exau­ce­ra cette prière, où il va de sa gloire. Ainsi soit-​il ! ».

[Le recru­te­ment sacer­do­tal, jan­vier 1922, p. 2–5]

Source : fsspx.ch