Il se sert d’un moyen extérieur qui attire leur attention sur les intentions divines à leur égard, et, dans le même temps, sa grâce les touche à l’intérieur.
Dans l’histoire de la vocation de ceux qui allaient devenir les apôtres André et Jean, l’évangéliste Saint Jean nous montre la marche que Notre-Seigneur suit pour appeler à lui les âmes et pour leur faire suivre la perfection de son divin amour. Tous ceux qui ont le bonheur d’appartenir au divin Maître reconnaîtront dans cette narration leur propre histoire, ou l’histoire de la bonté, de la douceur, de l’amour de Jésus pour eux, car on voit en tout cela la douceur et la simplicité de l’Agneau de Dieu dans tout son éclat.
La circonstance extérieure
Le divin Maître pour attirer à lui et retenir ces deux disciples, leur fait dire par Saint Jean le mot qui les touchera : « Voici l’Agneau de Dieu qui efface les péchés du monde » (Joan. I, 29).
Sur Jean et André la parole du Baptiste produit l’effet d’une illumination d’en-haut ; un vif intérêt les porte vers ce Jésus, dont Jean leur raconte tant de merveilles et de choses mystérieuses ; un désir intense se fait sentir d’avoir sur lui des renseignements plus amples et plus détaillés : l’attirance se fait irrésistible, ils ne peuvent plus se refuser et le suivent.
C’est la conduite ordinaire du Sauveur vis-à-vis des âmes qu’il appelle à son service.
Il se sert d’un moyen extérieur qui attire leur attention sur les intentions divines à leur égard, et, dans le même temps, sa grâce les touche à l’intérieur.
Tout d’abord il se montre de façon confuse, comme de loin ; mais c’est un point important pour une âme de se prêter à cette première grâce et d’y être fidèle : elle manifeste ainsi au divin Maître sa bonne volonté et son empressement à répondre à toutes ses suggestions.
Ainsi touchées par cette première grâce, les âmes cherchent Notre-Seigneur avec de grands désirs de s’attirer son regard ; le divin Maître ne les fait pas attendre, de peur qu’elles ne se découragent et ne retournent en arrière.
La parole du Maître
Jésus se tourna vers les deux disciples pour leur faire comprendre qu’il savait qu’ils le suivaient. Cette complaisance de Notre-Seigneur, avec laquelle il les regarda, était déjà une grande grâce et dut porter une grande consolation dans leurs cœurs ; joie encore accrue quand il leur adressa la question : « Qui cherchez-vous ? » (Joan. I, 38). Déjà leur cœur avait été gagné au désir d’entrer dans un rapport d’intimité et de familiarité avec le bien-aimé ; à présent, ce fut une irrésistible ardeur qui les porta à toujours le suivre, et à jouir toujours de sa sainte présence.
Jésus connaît les cœurs : il ne posait la question que pour donner lieu à ce désir de se manifester extérieurement et d’obtenir l’assurance d’être comblé.
C’est ce qui arrive d’ordinaire à toutes les âmes que Jésus invite à le suivre de plus près ; rendues attentives à l’appel par une circonstance extérieure, le divin Maître leur fait sentir qu’il les voit, qu’il nourrit à leur sujet des desseins de sainteté, qu’il se complaît dans leur fidélité et leur correspondance à ce premier appel de la grâce.
Ce regard est pour l’âme si plein d’amour et de consolation qu’elle en déborde d’une sainte allégresse.
Dans l’âme de la sorte éveillée, Jésus fait entendre sa voix et par là augmente le désir de se consacrer à Dieu, provoquant ainsi de fréquents et fervents actes d’amour pour lui, et en même temps la remplit de l’espérance certaine d’obtenir ce qu’elle cherchait.
[Simon, Le prêtre d’après le Père Libermann]