Le privilège de l’Immaculée Conception

Jusepe de Ribera http://www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com

Ce pri­vi­lège sin­gu­lier de la Mère de Dieu n’a été défi­ni dans l’Eglise qu’au XIXe siècle. Mais sa sain­te­té émi­nente a tou­jours été pro­cla­mée. Il existe ain­si une fête de la Conception de Marie dès le VIIe siècle. Le haut Moyen-​Age cher­che­ra la solu­tion théo­lo­gique qui conci­lie l’universalité du salut par le Christ et la concep­tion imma­cu­lée de la Vierge.

Dès 1477, le pape Sixte IV pres­crit la fête et l’office de la Conception Immaculée de la Vierge Marie à Rome. Le concile de Trente ne tran­che­ra pas la ques­tion, mais il pré­cise qu’il n’entend pas inclure la sainte Vierge dans son ensei­gne­ment sur le péché ori­gi­nel. Et en 1616, le pape Paul V défend d’enseigner le contraire de l’Immaculée Conception.Le 8 décembre 1854, le pape Pie IX pro­cède à la défi­ni­tion solen­nelle par la bulle Ineffabilis Deus.Il faut noter les textes scrip­tu­raires sur les­quels s’appuie la définition.

Gn 3, 15 : « Je met­trai une ini­mi­tié entre toi et la femme, entre ta pos­té­ri­té et sa pos­té­ri­té ; celle-​ci te meur­tri­ra à la tête, et tu la meur­tri­ras au talon. » Tous les com­men­ta­teurs s’accordent à dire que la femme annon­cée est la Vierge. Ce texte annonce donc la vic­toire de Marie sur le démon, ce qui implique l’exemption de tout péché.

St. Lc 1, 28 : Ave gra­tia ple­na, Dominus tecum. Les Pères de l’Eglise tiennent que cette plé­ni­tude de grâce est telle qu’elle exclut tout péché.

La définition de la bulle Ineffabilis

La bulle du 8 décembre 1854 s’exprime ain­si : « Nous défi­nis­sons que la doc­trine qui tient que la Bienheureuse Vierge Marie, dans le pre­mier ins­tant de sa concep­tion, a été, par une grâce et un pri­vi­lège spé­cial du Dieu tout-​puissant, en vue des mérites de Jésus-​Christ, Sauveur du genre humain, pré­ser­vée et exempte de toute tache du péché ori­gi­nel, est révé­lée de Dieu, et par consé­quent qu’elle doit être crue fer­me­ment et invio­la­ble­ment par tous les fidèles ».

Explication des expres­sions utilisées :

« Premier ins­tant de sa concep­tion » désigne le moment de l’union du corps avec l’âme rationnelle.

« Privilège spé­cial » qui exempte la Vierge de la loi com­mune : elle a été conçue selon les lois de la nature, dont un effet est sus­pen­du pour elle.

« En vue des mérites de Jésus-​Christ » : l’Immaculée Conception pro­cède du mérite du Christ, Notre Dame est donc bien rache­tée par le Sauveur.

« Toute tache » : la faute comme la peine due au péché, c’est pour­quoi les souf­frances subies par la Très Sainte Vierge n’ont pas valeur de châtiment.

« Révélée » : il s’agit donc d’un dogme, quoique seule­ment impli­ci­te­ment conte­nu dans la Révélation. Il est donc de foi que la Vierge Marie a été pré­ser­vée de toute tache de la faute originelle.

La théologie se plaît à rechercher les raisons de convenance qui expliquent l’Immaculée Conception

En se pla­çant par rap­port au Christ : le fait de naître d’une mère sou­mise au péché serait déshonorant.

Par rap­port à la sainte Trinité : il ne serait pas conve­nable qu’une per­sonne ayant une telle proxi­mi­té avec la sainte Trinité vive ne serait-​ce que quelque ins­tants dans l’état de péché.

Du côté de l’Eglise :

* Notre Dame est la pre­mière des rache­tés. Elle doit avoir la per­fec­tion suprême entre tous les rache­tés, qui consiste dans le rachat par mode de pré­ser­va­tion, et non de restauration.

* Un média­teur ne doit pas s’opposer à l’un des termes à réunir. Or la Vierge est média­trice de toutes grâces, rôle qu’elle exerce dans la dépen­dance du Christ. Elle doit donc être sans péché.

Du dogme de l’Immaculée Conception découle le fait que Notre Dame ait eu la grâce dès le pre­mier ins­tant de sa concep­tion, puisque le péché ori­gi­nel est la pri­va­tion de la grâce sanctifiante.

Source : m‑i.info