La Bienheureuse Vierge Marie

Les quatre semaines qui pré­parent à Noël et qu’on appelle le temps de l’Avent reçoivent par­fois le nom de « mois de Marie liturgique ».

Il est impos­sible en effet de sépa­rer l’incarnation du Verbe et sa venue dans le monde, de la voie qu’il a emprun­tée : la Vierge Marie. Dans son trai­té du Fils de Dieu incar­né, saint Thomas d’Aquin com­mence par dire de la Vierge Marie tout ce dont il est capable. Il raconte l’histoire théo­lo­gique de Jésus-​Christ avec le pre­mier cha­pitre : « L’entrée du Fils de Dieu dans ce monde ». Ce qui s’est fait, dit-​il, en quatre étapes : 1) par sa concep­tion ; 2) par sa nati­vi­té ; 3) par sa cir­con­ci­sion ; 4) par son bap­tême. (Somme théo­lo­gique, 3a pars, q. 27).

Marie Immaculée

La Bienheureuse Vierge Marie a‑t-​elle été sanc­ti­fiée avant sa nais­sance ? Saint Thomas d’Aquin n’a pas ensei­gné l’Immaculée Conception, telle que nous la pro­fes­sons depuis la pro­cla­ma­tion du dogme le 8 décembre 1854. Saint Thomas com­bat même cette idée telle qu’elle était phra­sée par d’autres à l’époque. Saint Thomas affirme que Marie a été sanc­ti­fiée dès le sein de sa mère (sainte Anne), c’est à dire dès que l’âme ration­nelle fut créée et unie à son corps. Ce qu’il n’a pas su dire, et que nous pro­fes­sons, c’est que Marie n’a pas été puri­fiée (comme saint Jean Baptiste) mais pré­ser­vée, ceci grâce et en vue des mérites anti­ci­pés de Notre Seigneur Jésus-​Christ. Le dogme éclaire tout et explique com­ment : a) Marie est sainte et sans péché, b) tout en étant sau­vée par son Fils Jésus-Christ.

Saint Thomas cite la litur­gie, qui fête la Nativité de Marie : elle est née sainte, sans péché. Il cite le Cantique des Cantiques 4, 7 « Tu es toute belle, ô mon amie, et il n’y a en toi aucune tâche ». Il cite saint Augustin : « Quand il s’agit de péché, je ne veux pas pour l’honneur du Christ qu’il soit aucu­ne­ment ques­tion de la sainte Vierge Marie ».

Donc « la Vierge n’a jamais com­mis aucune faute ». La rai­son : elle a été choi­sie pour être la Mère de Dieu qui l’a ren­due digne d’un tel hon­neur. « Tu as trou­vé grâce auprès de Dieu » lui dit l’ange. Il est évident que si elle avait un jour péché, la Mère de Dieu n’aurait pas eu la digni­té qui lui était pour­tant indis­pen­sable . Argument impos­sible : a) l’ignominie de la mère serait retom­bée sur le fils ; b) l’affinité très spé­ciale de la mère et son enfant aurait été comme l’accord du Christ et de Bélial. c) Dieu ne sau­rait « entrer dans une âme qui médite le mal, et habi­ter dans un corps esclave du péché » (Sagesse 1,4).

Ce que l’on dit néga­ti­ve­ment du péché doit être dit posi­ti­ve­ment de la grâce. Marie est sans péché. Marie est pleine de grâce. Là saint Jérôme est convo­qué : « Marie est vrai­ment pleine de grâce, car les autres n’ont reçu qu’en dons par­tiels la per­fec­tion de la grâce qui lui a été livrée com­plè­te­ment en une seule fois ».

Marie toujours Vierge

Un autre pri­vi­lège éton­nant, que le Fils de Dieu a vou­lu pour sa Mère ter­restre, est la vir­gi­ni­té. C’était tel­le­ment néces­saire qu’un pro­phète fut char­gé de l’annoncer : « Ecce Virgo conci­piet » ; « Voici qu’une Vierge enfan­te­ra » (Isaïe 7, 14). Il est dit aus­si en saint Luc 2, 23 : « On croyait Jésus, fils de Joseph ».

Saint Augustin va don­ner la rai­son : « Il fal­lait que notre Tête naquit, selon le corps, d’une vierge par un insigne miracle, qui mon­tre­rait que ses membres devaient naître, selon l’esprit, de cette vierge qu’est l’Église ».

Cela n’est pas remis en cause par la généa­lo­gie de Jésus, que donne saint Matthieu et qui ter­mine à Joseph. Cela est obli­ga­toire car Joseph est père selon la léga­li­té de son mariage avec Marie ; de plus cette généa­lo­gie prouve effi­ca­ce­ment la lignée davi­dique de Jésus. En effet Joseph, des­cen­dant de David, ne pou­vait pas épou­ser une fille qui ne fut pas de sa famille, et donc elle aus­si fille de David.

La vir­gi­ni­té per­pé­tuelle de Marie n’est pas remise en cause par le nom de frères don­nés aux cou­sins de Jésus. En hébreux frère signi­fie parent. C’est ain­si qu’Abraham put pré­sen­ter Sarah son épouse comme étant sa sœur, sans faire de men­songe, puisqu’elle était sa parente.

Le concile d’Ephèse ajoute une lumière : « la femme qui engendre une chair pure cesse d’être vierge. Mais le Verbe de Dieu, né dans une chair, a gar­dé la vir­gi­ni­té de sa Mère, démon­trant qu’il était vrai­ment le Verbe ».

Par le miracle de la mater­ni­té vir­gi­nale de Marie, Dieu a mêlé admi­ra­ble­ment et divi­ne­ment la déli­ca­tesse à la toute-puissance.

Félicitations à Marie Immaculée : « Tota pul­chra es Maria, Inviolata et sem­per Virgo ».

Source : Apostol n°158