Une foi solide au travers de sa fermeté

Il n’y a rien de plus com­pro­met­tant que la foi. Croire c’est se livrer sans réserve.

Parmi les qua­li­tés qui doivent mar­quer notre foi il y a celle men­tion­née dans le titre de cet édi­to­rial, savoir une foi solide dans son adhé­sion, c’est à dire ne jamais tran­si­ger dans ce domaine.

Au début, la foi des apôtres n’était pas ain­si. Quand ils s’enfonçaient dans les vagues, ils trem­blaient en criant : « Seigneur sauvez-​nous, nous péris­sons » et Notre-​Seigneur de répondre « Pourquoi craignez-​vous, hommes de peu de foi ? » (Mt VII, 25–26). Sans aucun doute ils avaient la foi en Jésus- Christ, on le voit dans le fait qu’ils l’invoquaient, mais leur foi était quand même vacillante.

La foi connaît divers degrés de fer­me­té. Elle peut-​être impar­faite ; on l’entrevoit, par exemple dans cette belle invo­ca­tion du père du pos­sé­dé « Seigneur, je crois, venez au secours de mon incré­du­li­té » (Mc IX, 24).

Elle peut être plus solide. On a l’exemple du cen­tu­rion de l’Évangile qui méri­ta l’admiration de Notre-​Seigneur : « Chez per­sonne en Israël je n’ai trou­vé tant de foi » (Mt VIII,10).

Ou encore ce que Notre-​Seigneur dit à la cana­néenne : « Femme, ta foi est grande » (Mat XV, 28).

Or, nous avons été appe­lés non seule­ment à vivre dans la foi mais aus­si à être des points de réfé­rence pour la foi des fidèles. Si nous ne vou­lons pas être entraî­nés par tous les vents de doc­trine, nous avons à être les témoins cou­ra­geux de la véri­té ensei­gnée par l’Église.

Et notre foi devra alors être pure comme un lys mais forte comme un chêne. C’est sur la soli­di­té de notre foi que s’assiéra celle de ceux que nous côtoyons.

Si nous avons décou­vert la véri­té, si nous y avons adhé­ré, si nous avons adhé­ré à Notre-​Seigneur comme le rocher de notre foi, nous ne pou­vons pas être comme ceux que fus­ti­geait saint Paul « ceux qui sont tou­jours en train d’apprendre sans pou­voir jamais arri­ver à la connais­sance de la véri­té » (II Tim II, 7), c’est-à-dire ceux qui sont tou­jours en recherche, qui ne trouvent jamais, parce qu’ils sont tou­jours en recherche et qui fina­le­ment perdent la foi à vou­loir tou­jours la cher­cher, sans jamais vou­loir la trouver.

Le pape Jean-​Paul Ier, disait un jour : « La véri­té n’est pas un lièvre der­rière lequel on court tou­jours sans jamais l’atteindre. » Si nous ne vivons pas de cer­ti­tudes, si nous sommes tou­jours en train de tâton­ner, de son­der le che­min ou si nous mélan­geons notre foi avec des sub­ti­li­tés humaines, nous ter­mi­ne­rons tou­jours par affai­blir note foi et celle des autres.

Il n’y a rien de plus com­pro­met­tant que la foi. Croire c’est se livrer sans réserve.

Une foi à demi teinte, la super­fi­cia­li­té dans la foi, voi­là des états anor­maux qui détruisent et sté­ri­lisent. Mais la robus­tesse de notre foi est en étroite rela­tion avec l’intégrité de notre foi.

C’est ce que d’ailleurs vous atten­dez de nous par une pré­di­ca­tion inté­grale de la foi catho­lique, l’aliment solide de la foi catho­lique sûre et intègre afin que vous puis­siez dis­cer­ner aus­si la véri­té de l’erreur que le monde et l’Église offi­cielle distillent.

Annoncer Jésus-​Christ, par­ler de Jésus-​Christ, com­mu­ni­quer Jésus-​Christ et Lui seul, voi­là un témoi­gnage impos­sible sans un pro­fond esprit de foi. Ce que vous venez cher­cher auprès de nous, ce sont des cer­ti­tudes solides, des paroles qui ne passent pas avec le temps, quelque chose d’absolu.

Cette foi, fon­de­ment et racine de la jus­ti­fi­ca­tion, doit donc être l’atmosphère de notre vie, et c’est pré­ci­sé­ment ce qui nous pro­té­ge­ra, ce qui nous évi­te­ra de tom­ber dans une mon­da­ni­té si facile de nos jours. Il ne faut pas que le doute s’installe, et il ne faut pas per­mettre non plus que la fatigue ou la dés­illu­sion émoussent cette foi qui était la nôtre au temps de notre pre­mière jeu­nesse, cette foi qui est exi­gée par notre état de bap­ti­sés. Que nous demande t‑on ? d’être forts dans la foi. Une foi sem­blable à celle de la Sainte Vierge Marie, la Vierge fidèle au pied de la croix, dont le cœur pos­sé­dait la foi vive de toute l’Église, pré­ci­sé­ment au moment où cette ver­tu flan­chait chez la plu­part de ceux qui avaient sui­vi Notre-Seigneur.

Mais c’est vrai, il faut bien l’avouer, l’Évangile nous confond par­fois, car Notre-​Seigneur nous demande tran­quille­ment des choses éton­nantes, comme de mar­cher sur les eaux, de sou­le­ver des mon­tagnes. Vous connais­sez la scène évan­gé­lique. Notre-​Seigneur va à la ren­contre des siens en mar­chant sur les eaux, et, sur sa parole, Pierre ne doute pas. Il enjambe la barque, et le voi­ci à son tour mar­chant sur les eaux « mais voyant le vent violent, il eut peur » et il com­men­ça à s’enfoncer (voi­là c’est là que Notre-​Seigneur l’attendait. Facile dans les périodes calmes de l’Église, mais quand le vent devient violent, alors ?). Mais si en géné­ral, mar­cher sur les eaux n’est tout de même pas natu­rel à un homme, pour­tant Notre-​Seigneur éten­dit la main, la sai­sit et lui dit : « Homme de peu de foi, pour­quoi as-​tu douté ? »

Notre-​Seigneur nous demande de ne pas dou­ter de lui, même lorsque l’on marche sur les eaux. Même leçon dans la tem­pête apai­sée, dans la gué­ri­son de l’enfant épi­lep­tique, pour la fille de la Cananéenne, pour le ser­vi­teur du centurion.

A tra­vers toutes ces scènes évan­gé­liques, Notre-​Seigneur nous parle direc­te­ment et tou­jours il nous pose la même ques­tion : « Crois-​tu en moi de cette façon ? » Et cette façon c’est une foi abso­lue, incon­di­tion­nelle et qui plus est, est la preuve qu’on le traite en Dieu. Une telle foi gran­dit au milieu des épreuves de la vie.

L’Évangile ne cultive pas les âmes en serre chaude, mais cultive les âmes au plein vent du monde et du mau­vais. Combien notre foi est éprou­vée à ce plein vent de la vie !

Combien Dieu est silen­cieux par­fois… et comme il dort !

Pourquoi le triomphe des méchants ?

Voyez, c’est sou­vent qu’il faut mar­cher sur les eaux, qu’il faut sou­le­ver les mon­tagnes… Les mon­tagnes énormes d’indifférence, d’incompréhension, ces mon­tagnes énormes des pré­ju­gés, de l’habitude, de la vul­ga­ri­té humaine, les mon­tagnes de plus en plus énormes de la police de la pen­sée qui veut nous faire taire.

A ce moment là Notre-​Seigneur fait entendre sim­ple­ment ces mêmes mots : « Pourquoi as-​tu dou­té, homme de peu de foi ? »

La même qua­li­té de la foi nous est deman­dée quand il s’agit de la rémis­sion des péchés. On sait que c’est un plus grand miracle de faire rever­dir un cœur des­sé­ché que de faire mar­cher un para­ly­tique. Et pour­tant, dans l’Évangile, Notre-​Seigneur affirme qu’il accorde ce miracle à la foi.

Nous nous sommes quit­tés nous-​mêmes parce que nous avions foi en Notre-​Seigneur. Mais si notre foi se des­sèche, alors tout s’arrête et tota­le­ment. Pour rece­voir le tré­sor de la foi, n’oublions pas l’humilité. Notre Seigneur le dit : il faut se faire humble comme un enfant : « Celui qui ne rece­vra pas le règne comme un enfant, n’y entre­ra pas. » Car la foi est un don. Il faut la men­dier, la dési­rer, la recher­cher, l’attendre lon­gue­ment par­fois, mais le pre­mier germe reçu, alors il faut savoir par­tir. Et là la foi va alors deman­der la géné­ro­si­té, une géné­ro­si­té d’enfant qui ne cal­cule pas.

Elle requiert des âmes qui sachent se don­ner. Et c’est sans doute pour cela que Dieu nous la réclame avec insis­tance. Alors allez‑y don­nez lui cette foi sans réserve.

Source : L’Acampado n° 178