1er février 656

Saint Sigebert III

Saint Sigebert III (622/​656)

Le roi Clotaire II par­tage son royaume vers 623 avec son fils Dagobert, fils de sa deuxième femme. De nou­veau veuf en 618, Clotaire épouse une troi­sième femme dont il contrain­dra Dagobert d’épouser la sœur en décembre 626, mariage béni par saint Amand, en échange de l’extension de son royaume. Ainsi Dagobert devient vice-​roi de la majeure par­tie de l’Austrasie (est). Son père étant décé­dé le 18 octobre 629, Dagobert iso­la sa femme Gomatrude à Romilly, puis la répu­dia vers Reuilly (Berry) ; saint Amand [1], qui venait d’être sacré [2] évêque en 628, le lui repro­cha ver­te­ment et fut exi­lé en pays basque par le roi. Dagobert atten­ta en décembre 629 un mariage avec une ser­vante, Nantilde, qui ne lui don­na pas de fils avant 634.

« La hui­tième année de son règne [en Austrasie], comme Dagobert par­cou­rait l’Austrasie avec une pompe royale, et fort triste de ne pas avoir un fils pour régner après lui, il fit entrer dans son lit une jeune fille, nom­mée Ragnetrude, dont, il eut cette année même, par la grâce de Dieu, un fils, obte­nu à force de prières et d’aumônes. Son frère Charibert, venu à Orléans, tint ce fils sur les fonts de bap­tême. Lorsque le véné­rable Amand, évêque d’Utrecht, don­na la béné­dic­tion à cet enfant, et le reçut caté­chu­mène, à la fin de son orai­son, per­sonne, dans toute la mul­ti­tude des assis­tants, ne répon­dant Amen, le Seigneur ouvrit la bouche de l’enfant qui était âgé de neuf jours, et il répon­dit amen [au Pater Noster], si bien que tous l’entendirent. Le saint pon­tife le régé­né­ra aus­si­tôt par les eaux sacrées du bap­tême, lui don­nant pour nom Sigebert (ou Sigisbert). À ce miracle, les rois et toute l’armée furent rem­plis de joie et d’admiration. » (Gesta Dagoberti I, Regis Francorum, un moine de St-​Denis). Cet avè­ne­ment avait tel­le­ment conso­lé l’âme du roi qu’il avait fait ame­ner saint Amand à Clichy pour lui deman­der par­don et de bap­ti­ser son fils en pré­sence de nobles francs dont les saints Eloi [3] et Audouen [4]), encore laïcs.

Sigebert a d’abord le Bx Pépin de Landen pour tuteur. Alors que la noblesse aus­tra­sienne se révolte, Dagobert se voit contraint de leur concé­der en 634 un roi, son fils Sigebert, qu’il confie au tuto­rat de saint Cunibert, arche­vêque de Cologne et pre­mier ministre, et d’Adalgésil, maire du palais de Metz où se rend éga­le­ment Ragnetrude sa mère. L’Austrasie com­pre­nait alors la Provence.

En 635, Nantilde donne un fils à Dagobert, Clovis II « le Fainéant », et, à la mort de Dagobert en 639, devient régente. St Sigebert III nomme le Bx Pépin de Landen « le Vieux » comme maire du Palais. Pépin décé­dant en 640, c’est Otton, pré­cep­teur de Sigebert, qui devient maire du palais.

En 641, Radulf, nom­mé duc des Thuringiens en 633 par Dagobert, se rebelle. L’armée aus­tra­sienne menée par Sigebert, Adalgisel et Grimoald, fils de Pépin et maire du palais de Neustrie, ter­rasse Radulf, mais une mésen­tente entre les offi­ciers francs per­met aux Thuringiens de contre-​attaquer et battre les Francs et Sigebert ne dut la vie qu’à une prouesse de Grimoald. En retraite der­rière le Rhin, les Francs se réor­ga­nisent, refran­chissent le Rhin et tiennent les Thuringiens en res­pect. Ce fut la seule guerre au cours des vingt-​deux ans de règne de Sigebert.

En 642, Grimoald, jalou­sé par Otton, obtient que Leuthaire, duc d’Alémanie, tue Otton ; non­obs­tant, Sigebert nomme Grimoald suc­ces­seur d’Otton comme maire du palais d’Austrasie.

Sigebert avait une grande dévo­tion ; il finan­ça l’édification de douze abbayes (Stavelot, Malmédy, Cougnon, etc…) et de plu­sieurs hôpitaux.
Vers 646, Sigebert nomme saint Amand évêque de Tongres-​Maestricht, lequel démis­sion­ne­ra vers 649 en rai­son d’un cler­gé concu­bi­naire trop résis­tant, et ce, mal­gré les ins­tances du pape Martin 1er.

En 647, saint Sigebert III épouse Himnechilde qui lui don­ne­ra Blichilde, laquelle sera reine des Francs en 668, et St Dagobert II le jeune (6.652), alors qu’en 651 Grimoald sug­gé­rait à Sigebert de nom­mer son propre fils comme successeur…

Vers 650, le jeune saint Bont fut envoyé à la cour de saint Sigebert III. Les deux saints s’estimèrent vite mutuel­le­ment. Le roi nom­ma Bont grand échan­son, puis réfé­ren­daire ou chan­ce­lier, lui met­tant son anneau d’or et son sceau entre les mains.

Sigebert décé­da le 1er février 656. Il avait deman­dé que ses obsèques aient lieu à l’église du monas­tère St-​Martin de Metz, étant très dévot envers ce saint. Plusieurs miracles eurent lieu au tom­beau de saint Sigebert III.

En 1063, on exhu­ma son corps qui demeu­rait encore intact. Saint Sigebert appa­rut à Villain, céno­bite de ce monas­tère de Metz pour deman­der à être hono­ré dans un lieu plus décent ; en 1170, on l’enferma dans une châsse d’argent et les miracles conti­nuèrent à se pro­duire près de son corps. En 1552, le siège de Charles Quint autour de Metz obli­gea à le trans­fé­rer à l’église Notre-​Dame de Metz. En 1603, le duc Charles III de Lorraine le trans­fé­ra à Nancy. En 1740, on constate encore que la plus grande par­tie du corps est intacte. Le corps fut jeté aux flammes en 1793 par les révo­lu­tion­naires ; seuls quelques membres furent sau­vés et gar­dés secrè­te­ment jusqu’en 1803 et expo­sées dans une cha­pelle de la cathé­drale de Nancy.

Abbé Laurent Serres-​Ponthieu, prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X

Notes de bas de page
  1. Né vers 584 ; à 33 ans (v.617) à Rome le pape le nomme évêque mis­sion­naire. Décède 6.2.675/9[]
  2. Par saint Achaire (-621 évêque de Noyon Tournai 27.11.639). []
  3. Ministre de Dagobert.[]
  4. (610-Référendaire=chancelier sous Dagobert-​634 Abbé de Rebais-​641 sacré évêque de Rouen-​684[]