Née vers 1303 à Ulvalsa, en Suède,
et morte le 23 juillet 1373 à St-Laurent-in-Panis-Perna.
Sainte Brigitte de Suède naquit à Ulvalsa, en Suède, vers 1303, du sénéchal Birger Persson et d’Ingeborge Magnusson, alliés ou apparentés aux dynasties suédoises. Des signes célestes annoncèrent la destinée de cette enfant.
Au carême 1314, Brigitte fut touchée par un sermon sur la Passion du Sauveur ; la nuit suivante, elle vit Jésus-Christ attaché à la croix qui lui disait : « C’est ainsi que j’ai été traité – Oh, mon doux Seigneur, qui vous a fait tant de mal ? – Ceux qui méprisent et oublient mon amour. » Ingeburge apprit de Dieu qu’elle-même décéderait le 21 septembre 1314. L’éducation de Brigitte fut confiée à une tante maternelle.
Agée de treize, elle est fiancée par son père au Bx Ulf, fils de Gudmar, sénéchal de Néricie ; mariés, ils gardèrent la continence deux ans, puis eurent huit enfants, dont sainte Catherine de Suède, dite Karine, une autre religieuse, et deux fils qui périrent en croisade. Brigitte ayant installé un lit somptueux, elle entendit la voix du Christ : « Sur la croix, ma tête n’avait point de lieu où se reposer. Toi, au contraire, tu cherches le repos et l’aise. » Elle résolut donc à coucher par terre les jours de pénitence. Le couple soulageait les pauvres, fonda un hôpital, et chacun devint tertiaire de St-François. En 1330, Ulf fut élu, comme son père, sénéchal de Néricie.
En 1335, le roi Magnus IV nomma Brigitte Maîtresse de son palais ; Ulf accepta, et Brigitte plaça ses enfants sous la conduite de clercs et de religieuses. Alors qu’un sien fils décéda, elle fit un pèlerinage de 35 jours pour prier saint Olaf en faveur de Magnus IV, roi négligent. Ensuite, Brigitte ayant renoncé à ses charges auprès du roi, elle conclut avec Ulf une continence perpétuelle et ils partirent l’automne 1341 en pèlerinage à Compostelle. Ils firent un détour par la Provence pour prier aux reliques de sainte Marthe à Tarascon, de sainte Marie-Madeleine à la Sainte-Baume et de saint Lazare à Marseille. Les chapelles de Vidauban et de Fréjus, les oratoires au Luc et du Beausset perpétuent le souvenir du passage de sainte Brigitte. Ayant atteint Compostelle l’été 1342, ils s’en retournèrent par Arras où l’évêque de Tournai extrémisa Ulf, tombé malade. Brigitte priait pour lui, et saint Denis lui apparut et révéla qu’il guérirait. Guéri, Ulf gagna la Suède, se démit de ses fonctions en novembre 1343 et entra au monastère cistercien d’Alvestre où il décéda le 12 février 1344 pour entrer au Purgatoire d’où il se fera entendre à Brigitte, disant : « J’étais insensé ; j’applaudissais aux sottises de mon enfant (Charles), je me délectais dans ses folies », et demandant des messes et l’aumône aux pauvres des biens auxquels il était trop attaché. Brigitte eut du Christ des révélations sur la Passion et sur des révolutions qui devaient affecter quelques royaumes. C’est ainsi qu’elle formula des oraisons, dites de Ste-Brigitte, qui procurent des grâces très précieuses et comportent des détails peu connus sur la Passion du Christ, auxquels il est permis de croire de foi humaine.
Brigitte, quant à elle, fut favorisée de grâces mystiques jusqu’à ce que le Christ l’envoie auprès du roi ; elle obtint la modération des impôts.
Brigitte percevait par l’odorat la corruption des pécheurs, lisait dans les cœurs, convertissait des pécheurs guérissait des malades, délivrait des possédés, même à distance. Mais les mondains de la cour royale n’en tenaient pas compte et insultaient la visionnaire. Aussi la Suède fut-elle punie de la peste noire en 1350.
Le Christ lui révéla en 1346 le devoir de fonder l’Ordre du Très-Saint-Sauveur, à Watstena[1]. Elle y plaça soixante religieuses, et établit à quelque distance un couvent de treize prêtres, de quatre diacres et de huit frères convers sous la règle de saint Augustin quelque peu modifiée. La prieure devait diriger les hommes et les femmes au temporel, tandis qu’au spirituel, les prêtres dirigent les religieuses. Cette règle sera approuvée en 1370 par le Bx pape Urbain V, mais sera réformée au cours des siècles suivants. En 1346, le Christ lui dicta aussi une lettre au pape français Clément VI afin qu’il s’établît à Rome, mais il n’en fit aucun cas. En 1349, Brigitte partit pour l’Année sainte à Rome où Dieu l’obligea à apprendre le latin et où sa fille Catherine la rejoignit. Brigitte dit à une dame romaine : « Vous me paraissez médisante, coquette, curieuse, avide de louanges, personnelle, avare, éprise de la beauté créée, indifférente de la beauté du Créateur », la pécheresse dit qu’on ne lui parla jamais comme ça, et se réforma.
De Rome, elle alla en juillet 1365 vers Assise, où elle sermonnait les franciscains relâchés, au Mont-Gargan, à Bari, à Naples où elle admonesta la reine Jeanne, avant de regagner Rome en août 1367 pour accueillir le 16 octobre le Bx pape Urbain V qui venait de quitter Avignon. Elle pérégrine ensuite à Bari, à Amalfi, et au Mont-Cassin avant de rentrer dans Rome au printemps 1370. Urbain V étant rentré en Avignon, il y décède le 19 décembre. Brigitte transmet au nouveau pape Grégoire XI la volonté de la Vierge Marie qu’il aille à Rome. Engagée par le Christ le 25 mai 1371 à partir en pèlerinage à Jérusalem, elle ne partit pas avant l’automne, faisant escale à Naples où elle obtient une audience de la reine, lorsque Charles, fils aîné de Brigitte, venu la rejoindre, s’éprend de la reine ; Jeanne 1ère veut l’épouser, mais il est déjà marié ; qu’à cela ne tienne, les « noces » sont prévues pour le 24 février 1372. Brigitte supplie le Ciel d’empêcher cet adultère. Le jour venu, Charles se fait attendre, et pour cause, il est mourant, a reçu les derniers sacrements puis rend son âme réconciliée à Dieu. Ré-embarqués, les pèlerins font escale à Chypre entre deux tempêtes qui n’ont pas réussi à désarçonner la sainte. Arrivés en Terre Sainte, ils passent par Rama avant d’arriver à Jérusalem. Au tombeau du Christ, elle obtient la libération de son fils du Purgatoire. Elle y écrivit une lettre sermonnant les Lusignan de Chypre. En septembre, ils reprennent voile, mais Brigitte soufre de fièvre, menace les chypriotes au passage, arrivent à Naples qui déjà était punie de la peste. Brigitte n’y fit que quelques conversions. Là, elle prophétise le retour du pape à Rome, puis s’y rend elle-même. A Rome, sa longue agonie fut assortie de tentations inhabituelles. Elle écrivit de nouveau deux fois au pape ; quand le 23 juillet 1373 elle demanda à être déposée sur un cilice pour recevoir les derniers sacrements, et de décéder. Son corps, enseveli dans l’église St-Laurent-in-Panis-Perna, fut transféré en 1374 au monastère de Wastein, en Suède, dont elle est la patronne, comme aussi de l’Irlande.
Boniface IX la canonisa le 7 octobre 1391.
Chaque lundi de Pâques à Vidauban se célèbre une bravade en son honneur : après une courte bénédiction des pèlerins, la statue de Sainte-Brigitte quitte l’église Saint-Jean-Baptiste pour monter à la chapelle qui lui est consacrée au sommet de la colline dominant la commune. Les bravadeurs ouvrent la route, suivis par Sainte-Brigitte portée par quatre hommes. Derrière la statue, le prêtre et les fidèles en prière. Aux ordres du chef de la Bravade, la procession marquait un temps d’arrêt, le temps pour les hommes en armes de lâcher une salve tonitruante au commandement : « Pour sainte Brigitte, faites du bruit ! » Le prêtre célèbre la messe dans la petite chapelle. Une fois l’office terminé, le prêtre bénit la commune et le terroir.
Il est à noter qu’il y a d’autres saintes Brigitte plus anciennes, principalement deux irlandaises du cinquième siècle.
Abbé L. Serres-Ponthieu
- On les appellera Brigittines.[↩]