Voici l’Homme que l’on a plongé dans un flacon d’urine

Abbé Régis de Cacqueray,
supé­rieur du dis­trict de France

Suresnes, le 10 avril 2011
En ce pre­mier dimanche de la Passion 

Voilà un homme qui a eu l’idée de plon­ger dans son urine l’image d’un autre homme. Il a ensuite réa­li­sé une pho­to­gra­phie de l’image de cet homme qu’il a enfer­mée dans le bain de son urine, et il a déci­dé de l’exposer dans le monde entier.

Je demande aux hommes : y a‑t-​il un seul homme qui puisse accep­ter que l’on traite ain­si un autre homme, fût-​il son pire enne­mi ? Et dans toute l’histoire de l’humanité, y a‑t-​il l’exemple d’un homme, si atroces qu’aient pu être ses crimes, dont l’image et la mémoire aient été ain­si condamnées ?

Nous pen­sons qu’aucun homme n’a jamais méri­té ni ne méri­te­ra jamais que sa mémoire et son image soient trai­tées de la sorte. C’est pour­quoi nous deman­dons à ceux qui ont la charge des cités des hommes et du res­pect de leur digni­té que ne soit pas infli­gée un ins­tant de plus à l’image de cet homme cette ignoble captivité.

Mais il se trouve que cet homme, que l’on a plon­gé dans ce bain d’urine, est un homme de race juive, un des­cen­dant du roi David. C’est en Israël que ce juste est né, c’est en Israël qu’il a pas­sé sa vie et c’est encore sur cette terre meur­trie qu’il est mort.

Et je demande aux hommes : mais pour­quoi celui qui a osé trem­per dans le bain de son urine l’image d’un autre homme a‑t-​il choi­si que cette image soit celle d’un homme juif ? Cette race n’a‑t-elle pas suf­fi­sam­ment souf­fert ? N’a‑t-elle pas été suf­fi­sam­ment bri­mée et humi­liée ? Pourquoi s’en prendre encore à l’un de ses membres ? Et com­ment est-​il pos­sible que l’image de cet homme juif, plon­gée dans le bain d’urine où l’y a pla­cée la main d’un autre homme, puisse être consi­dé­rée comme un chef d’œuvre et faire le tour de la terre ?

Nous pen­sons qu’il est d’une insou­te­nable gra­vi­té que l’on ait osé repré­sen­ter un homme juif bai­gnant dans l’urine d’un autre homme et nous deman­dons répa­ra­tion pour la mémoire de ce juif et de ce juste.

Mais cet homme juif que l’on a plon­gé dans un bain d’urine est regar­dé comme un modèle de pure­té et de bon­té par la majo­ri­té des hommes qui ont vécu et qui vivent sur cette terre. Il est celui que la plus grande majo­ri­té des hommes de tous les siècles ont consi­dé­ré et consi­dèrent encore aujourd’hui comme le plus saint de tous.

Et je demande aux hommes : c’est cet homme-​là que l’on a choi­si de plon­ger dans l’urine ? Et l’on croit que les cen­taines de mil­lions de chré­tiens qui l’adorent, et même que les cen­taines de mil­lions de musul­mans qui le vénèrent comme le plus saint des pro­phètes, vont sup­por­ter ce spec­tacle ? A tout prendre, la mise en croix qu’Il a subie était encore plus noble que cette des­cente aux urines ! Il est déjà mon­té sur le Calvaire pour nos péchés : cela ne suffit-​il pas encore ?

Nous deman­dons que l’image de Jésus-​Christ, qui est et qui demeure depuis vingt siècles l’homme le plus aimé sur la terre, soit reti­rée de ce bain d’urine par celui qui l’y a mis et par tous ceux qui se sont faits ses com­plices en expo­sant cette image ou en finan­çant l’exposition de celle-​ci. Que sa mémoire cesse d’être outra­gée et que l’on cesse d’ulcérer ain­si nos cœurs en tou­chant à la per­sonne que nous aimons le plus.

Mais cet homme dont on a plon­gé l’image dans un fla­con d’urine a une mère qui se trou­vait déjà auprès de Lui quand Il a subi sa Passion et qu’Il est mort sur la croix. Rien ne lui a été épar­gné du spec­tacle du sup­plice de son Fils.

Et je demande à toutes les mères des hommes : y en a‑t-​il une seule, même si son enfant avait com­mis toutes les tur­pi­tudes de la terre, qui sup­por­te­rait de voir sa mémoire et son image indé­fi­ni­ment salies, jusqu’à être des­cen­dues dans un fla­con d’urine ?

Nous deman­dons à toutes les mères des hommes, dont le cœur sait ce qui se trouve dans le cœur d’une mère, de libé­rer leurs sen­ti­ments et de faire entendre le cri d’horreur et de révolte qu’une mère éprouve quand on prend plai­sir à salir l’image et la mémoire de son enfant.

Mais, pour ter­mi­ner, cet homme qui s’appelle Jésus-​Christ et dont l’image baigne aujourd’hui dans l’urine, nous croyons que cet homme est vrai­ment le Messie que l’on a atten­du depuis des siècles, le Fils de Dieu Lui-​même qui est venu sur terre pour sau­ver tous les hommes. C’est pour la rémis­sion de nos péchés qu’Il a ver­sé son sang pour nous.

Et je pose la ques­tion aux hommes : com­ment nous autres, pauvres petits hommes qui pas­sons si vite sur la terre mais qui aurons bien­tôt à pas­ser en juge­ment devant Dieu, osons-​nous por­ter la main sur Celui qui est Dieu ? Que cha­cun s’interroge bien au fond de lui-​même avant de por­ter la main sur Lui et de déci­der de se ran­ger dans le camp des blas­phé­ma­teurs ! Que cha­cun songe à cet ins­tant de sa mort où il aura à répondre de sa vie…

Je sais que ceux que j’ai cités ne par­tagent pas tous la Foi que j’exprime ici. Cette Foi qui est la nôtre et qui est celle de tous les chré­tiens est bien la véri­té. Et la haine et le mépris de ceux qui s’acharnent contre la mémoire et l’image de Jésus-​Christ, jusqu’à avoir ima­gi­né de la bai­gner et de la repré­sen­ter dans l’urine, ne s’acharneraient pas de la sorte s’ils ne soup­çon­naient en Lui ce Dieu qui les trouble dans l’assouvissement de leurs vices.

Si vous croyez en la divi­ni­té de Jésus-​Christ, reti­rez son image de l’urine ! Si vous ne croyez pas en la divi­ni­té de Jésus-​Christ mais que vous n’êtes pas insen­sible à la dou­leur de la très sainte Vierge Marie et à la dou­leur de toute mère, et que vous ne vou­lez pas atteindre au plus intime des cœurs de mères, reti­rez l’image de cet enfant de ce bain d’urine !

Si votre cœur reste de marbre en pré­sence du cri de toutes les mères, mais que vous ne vou­lez tout de même pas offus­quer ces hommes innom­brables qui aiment la per­sonne de Jésus-​Christ jusqu’à être prêts à don­ner leur vie pour Elle, reti­rez cette image de ce bain d’urine ! Si vous ne vou­lez pas res­pec­ter les convic­tions les plus sacrées de la plu­part de vos contem­po­rains mais que vous ne vou­driez pour rien au monde être soup­çon­né de mépris pour un homme de race juive, reti­rez cette image de ce bain d’urine ! Si vous vou­lez pas­ser outre ce soup­çon que l’on por­te­ra contre vous, mais que vous pré­ten­dez cepen­dant être un expert en huma­ni­té et un phi­lan­thrope, reti­rez l’image de cet homme qui trempe dans un bain d’urine !

Abbé Régis de Cacqueray, prêtre catho­lique, Supérieur du District de France de la FSSPX

Capucin de Morgon

Le Père Joseph fut ancien­ne­ment l’ab­bé Régis de Cacqueray-​Valménier, FSSPX. Il a été ordon­né dans la FSSPX en 1992 et a exer­cé la charge de Supérieur du District de France durant deux fois six années de 2002 à 2014. Il quitte son poste avec l’ac­cord de ses supé­rieurs le 15 août 2014 pour prendre le che­min du cloître au Couvent Saint François de Morgon.