Conférence de Mgr Fellay : Où va l’Eglise ? Où va la Fraternité ?

Conférence don­née par son excel­lence Mgr Bernard Fellay au prieu­ré de Fabrègues le 11 mai 2014 : Où va l’Eglise ? Où va la Fraternité ?

J’ai pen­sé don­ner comme thème à cette petite confé­rence « Où va l’Eglise ? » et puis comme consé­quence « où va la Fraternité ? ».

Vous savez que toutes sortes de rumeur cir­culent, sur­tout sur la Fraternité. Il y a même un mou­ve­ment qui a vu le jour, mou­ve­ment de prêtres qui appar­te­naient à la Fraternité et qui publi­que­ment ont atta­qué sa direc­tion, en disant qu’il fal­lait résis­ter, qu’il y avait des dévia­tions, qu’il y avait des volon­tés de s’a­co­qui­ner avec la Rome moder­niste. Les termes uti­li­sés, c’est « vendre », « vendre la Fraternité », c’est « Judas », c’est « traître », c’est « Mgr Fellay est deve­nu moder­niste », enfin un peu tout, toutes sortes de termes assez vio­lents et assez forts. Il me semble que l’in­ten­tion de cette confé­rence n’est pas de répondre à ses bêtises car ce sont tout sim­ple­ment des bêtises, mais beau­coup plus sérieu­se­ment de regar­der ce qui est en train de se pas­ser dans l’Eglise. Ensuite ce ne sera pas dif­fi­cile de com­prendre ce qui se passe entre la Fraternité et Rome.

Je vou­drais donc com­men­cer par décrire un peu où en est l’Eglise et ce qui s’y passe.

Partie I – Décadence et résistance dans l’Église depuis un siècle

De Saint Pie X à Pie XII

Il n’est pas facile de décrire cor­rec­te­ment ce qui se passe ou plu­tôt ce à quoi on assiste : l’en­gen­dre­ment d’une confu­sion jamais vue, de toutes sortes de contra­dic­tions au niveau le plus haut, celui de Rome. Quand on pense au mes­sage de La Salette qui par­lait de car­di­nal contre car­di­nal, d’é­vêque contre évêque, eh bien c’est ce que l’on voit ouver­te­ment, on n’a­vait jamais vu ça aus­si clai­re­ment et avec une cadence aus­si impor­tante et ces choses-​là sont éta­lées en public.

Je reprends donc un petit peu en arrière car je pense qu’il est inté­res­sant de voir les mou­ve­ments. Quand on dit « que se passe-​t-​il dans l’Eglise ? », il ne fait aucun doute que le concile Vatican II joue un rôle de pièce maî­tresse, de pierre angulaire.

Pour com­prendre ce qui se passe encore aujourd’­hui, il faut reve­nir à Vatican II. C’est là qu’on trouve l’ex­pli­ca­tion. Cela ne veut pas dire que Vatican II a tout inven­té. Les nou­veau­tés étaient déjà dans l’air avant. Pie XII le dénon­çait ; Saint Pie X déjà le dénon­çait for­te­ment, il disait : « l’en­ne­mi est à l’in­té­rieur ! » ; Saint Pie X allait non seule­ment dénon­cer le moder­nisme mais aus­si prendre des mesures pra­tiques pour essayer de désa­mor­cer cette incur­sion enne­mie dans l’Eglise. Je crois qu’on peut dire que pen­dant une qua­ran­taine d’an­nées, cette inter­ven­tion du Pape Saint Pie X a pro­té­gé l’Eglise. Cela ne veut pas dire que le moder­nisme était mort, il était for­te­ment bles­sé mais il a sur­vé­cu, il a conti­nué. Déjà sous Saint Pie X, on voit que la méthode du moder­nisme est celle du dégui­se­ment : c’està- dire qu’on n’a­git plus ouver­te­ment. Si on agit ouver­te­ment, si l’en­ne­mi et donc le moder­nisme se montre, immé­dia­te­ment l’Eglise réagit.

Et donc déjà à cette épo­que­là on assiste à une action sub­ver­sive. Par exemple : en 1918 juste après la mort de Saint Pie X ce sont les pre­mières condam­na­tions de Teilhard de Chardin. Teilhard de Chardin demande conseil à ses amis qui lui disent « signez, signez ce que demande Rome et après, faites ce que vous vou­lez ». Déjà, appa­raît cette mal­hon­nê­te­té ! On fait croire qu’on se sou­met et en même temps on conti­nue le tra­vail de sape. Sous Pie XII aus­si, on peut dire que la vigi­lance de l’Eglise est là et donc les moder­nistes mettent au point des méthodes, des méthodes sub­ver­sives : au lieu d’é­crire des articles sous leur nom et même des articles tout courts – ils ont fait ça pen­dant un moment et ils ont vu jus­te­ment que l’Eglise veillait -, ils ont com­men­cé à faire cir­cu­ler des feuilles volantes sans signa­ture, sans nom. Elles se dis­tri­buaient dans les sémi­naires. Ils savaient très bien ce qu’ils fai­saient, ils étaient introduits.

C’est ain­si que dans l’après-​guerre, dans les années 40–50, toute une pen­sée moderne, une revi­vis­cence du moder­nisme cir­cule au point que Pie XII est obli­gé de faire une ency­clique contre les erreurs modernes (Humani gene­ris, 1950). La force du lan­gage, la force de la condam­na­tion sont du même genre que Pascendi et les textes de Saint Pie X. L’erreur est bien défi­nie, bien condam­née. Mais Pie XII n’ar­rive déjà plus à pas­ser à l’ac­tion sur l’autre volet : neu­tra­li­ser ces gens. Ceux-​ci trichent, se cachent. Certains seront pris, les noms fameux : Congar, de Lubac, Karl Rahner. Tous ces gens-​là sont sous la vigi­lance de Rome, cer­tains sont direc­te­ment condam­nés, inter­dits d’en­sei­gner. Congar par­ti­ra en exil à Jérusalem. De Lubac est inter­dit d’en­sei­gne­ment à Lyon. Son livre « Surnaturel. Études his­to­riques » est condam­né, il est même consi­dé­ré à l’é­poque comme le livre le plus condam­né des livres condam­nés ! En Amérique un prêtre, John Courtney Murray, sur la demande de la confé­rence épis­co­pale amé­ri­caine déve­loppe assez pro­fon­dé­ment l’i­dée de la liber­té reli­gieuse : il est condamné.

De Jean XXIII à Vatican II

Voyez-​vous, quand on regarde aujourd’­hui ce qui s’est pas­sé, on est stu­pé­fait de voir que les grands noms de Vatican II, ceux qui sont consi­dé­rés par les his­to­riens comme ayant mar­qué par leurs pen­sées Vatican II sont des per­son­nages qui, 10 ans avant, ont été condam­nés par l’Eglise. On dit : « Mais ce n’est pas pos­sible, ce n’est pas pos­sible, en 10 ans ? ». Ces gens, dénon­cés par l’Eglise comme dan­ge­reux et comme n’en­sei­gnant plus la véri­té, arrivent au concile en trombe et n’ar­rivent pas par la petite porte. Ils arrivent invi­tés, invi­tés par celui qu’on veut aujourd’­hui nous faire accep­ter comme un saint, Jean XXIII !

On dit de Congar qu’il a cru d’a­bord à une blague. Quand on lui a dit « vous êtes invi­té au concile » Congar a dit « non ce n’est pas pos­sible ! Vous vous fichez de moi ! ». Donc voyez, il y a eu toute une pré­pa­ra­tion, mais on peut dire que ce qui s’est pas­sé au concile c’est grâce à Jean XXIII. Jean XXIII joue un rôle impor­tant, il n’est peut-​être pas un moteur mais c’est un ouvreur de portes. C’est vrai­ment lui qui a faci­li­té ce tra­vail. D’abord, il annonce le concile à la grande sur­prise de tout le monde.

Pendant 2 ans, il y a un tra­vail immense de pré­pa­ra­tion. 72 sché­mas sont pré­pa­rés par plus de 2000 théo­lo­giens et évêques, des com­mis­sions à Rome : vrai­ment un très gros ins­tru­ment de tra­vail de pré­pa­ra­tion. A la veille du concile le car­di­nal Suenens va voir Jean XXIII et lui dit « Je n’aime pas ces sché­mas ; ils ne me plaisent pas ». Le pape de lui répondre « A moi non plus ». C’est lui le pape : il devrait alors agir nor­ma­le­ment, et dire aux com­mis­sions qui ont fait tout ce tra­vail « remettez-​vous à la tâche » ; mais non, ce n’est pas ce qu’il va faire. Il va lui-​même don­ner les conseils, les noms des car­di­naux et deman­der au car­di­nal Suenens de les visi­ter pour sabor­der le concile dès le départ. Mais c’est invrai­sem­blable ! C’est le pape qui coupe la branche sur laquelle il est assis. C’est incroyable ! Ainsi, dès la pre­mière séance du concile, cela com­mence immé­dia­te­ment. Ils sont là pour voter, pour voter les com­mis­sions. Eh bien, il y a un putsch. Le car­di­nal Liénart prend la parole. Le car­di­nal secré­taire du concile dit « non, vous ne pou­vez pas, ce n’est pas pré­vu ». Cela ne fait rien, il prend la parole et ensuite le car­di­nal de Munich qui le sou­tient, et ain­si de suite. Ils mettent tout par terre dès le départ. Il n’y aura pas de vote. C’était au départ une réunion pour faire des votes : il n’y aura pas de vote. On ren­voie sous le pré­texte qu’on ne connait pas les gens pour qui il faut voter, qu’il faut donc que les confé­rences épis­co­pales pré­sentent les noms, etc… C’est un véri­table putsch, il ne faut pas se tromper.

C’est par là qu’ils ont réus­si ensuite à pla­cer leurs gens, leurs experts les modernes. C’est inouï, il serait inté­res­sant de faire une recherche his­to­rique pour voir si jamais dans l’his­toire des hommes – je ne parle pas de l’Eglise mais des hommes – on a vu une telle chose. Pendant 2 ans, vous avez l’ins­tance légis­la­tive – je n’ose pas dire une consti­tu­tion­nelle mais c’est presque cela – qui a pré­pa­ré des textes. Ces textes, ce sont les textes de loi sur les­quels on doit dis­cu­ter et voter. Eh bien, ils vont tous être mis à la pou­belle sauf un. 72 textes, 2 ans de tra­vail, 2000 per­sonnes, à la pou­belle ! Un seul texte reste : celui sur la litur­gie. Et tous les autres seront concoc­tés non pas par les auto­ri­tés en place mais par les confé­rences épis­co­pales, par des petits groupes par-​ci par-​là. Et puis bien sûr on va don­ner ça après à ceux qui se pré­sentent main­te­nant comme les com­mis­sions officielles.

Donc c’est par la petite porte qu’on fait ren­trer offi­ciel­le­ment toute cette pour­ri­ture, c’est plus qu’un amoin­dris­se­ment de la foi, c’est une démo­li­tion de la foi qui va ren­trer grâce au concile. Le concile n’a pas inven­té beau­coup mais il a pris et a cata­ly­sé les erreurs qui cir­cu­laient déjà. Cependant quelques-​unes viennent quand même du concile.

La période postconciliaire

Ensuite, il y a eu ce qu’on appelle les réformes post­con­ci­liaires qui ont toutes été faites au nom du concile. Toutes ! Ceux qui ont un petit peu d’âge s’en sou­viennent bien. Tout cela a été fait au nom du concile, dans l’es­prit du concile. Pour le jus­ti­fier, on a dit « les choses changent, il faut s’a­dap­ter ». Le grand mot de l’é­poque était aggior­na­men­to, en ita­lien cela veut dire se mettre à jour, se mettre au goût du jour. Et les fameux dis­cours du début du concile soit de Jean XXIII soit de Paul VI sont les mêmes : cette mise à l’heure du moderne tout sim­ple­ment, il faut se mettre au dia­pa­son du monde moderne. Les résul­tats ne se sont pas fait attendre. C’est la débâcle, la débâcle dans les sémi­naires, la débâcle pour les voca­tions, les prêtres qui défroquent, les cou­vents qui se vident : départ en mil­liers, en cen­taines de mil­liers. On a per­du après le concile et à cause de toute cette ambiance de l’ordre de 100 000 prêtres et de l’ordre de 200 000 à 300 000 soeurs. Cela a fait plus de mal que toutes les per­sé­cu­tions ensemble ! C’est invrai­sem­blable, invrai­sem­blable ! Des dégâts tels que le pape Paul VI lui-​même va dire « c’est un désastre ». Il va même dire « c’est une force étran­gère, c’est le diable ». Il va le dire mais c’est lui qui a fait tout ça ! Voyez-​vous, on touche là du doigt quelque chose de bien mys­té­rieux. Ces papes font le mal­heur et ensuite se lamentent sur ce mal­heur. C’est Paul VI qui a fait la nou­velle messe ; puis après il se plaint. Et cela, c’est l’é­tat de l’Eglise depuis 50 ans. Au moment où les auto­ri­tés ont essayé d’im­po­ser ces nou­veau­tés, quelques-​uns ont réagi : quelques prêtres, des fidèles, un évêque. Il n’y a vrai­ment pas beau­coup d’é­vêques qui ont réagi. Ici en Europe, il y en avait un : Mgr Lefebvre.

Il y avait des conser­va­teurs au concile. Au concile, on voit tout un groupe qui essaie de se défendre, mais après ils se sont ali­gnés, ils se sont ran­gés. C’est triste à dire mais ils n’ont pas osé. On voit la force de l’ar­gu­ment d’au­to­ri­té et de l’o­béis­sance sur­tout dans l’Eglise. J’en connais un, c’é­tait l’é­vêque du Valais : Mgr Adam. Après la pre­mière ses­sion, il était tel­le­ment dégoû­té de ce qui se pas­sait à Rome qu’il n’y est plus allé. Dans la deuxième ses­sion, il a fait croire aux valai­sans qu’il allait à Rome, qu’on ne pou­vait pas le voir à Sion et il est allé se cacher dans la ferme du Grand- Saint-​Bernard – il était ancien pré­vôt du Grand-​Saint- Bernard – du côté d’Aoste. Il s’est caché là. Mgr Lefebvre, qui le connais­sait, lui a dit : « il ne faut pas faire ça, il faut que vous des­cen­diez, il faut vous battre, il ne faut pas vous cacher ». Mgr Adam a dit plus tard au cha­noine Berthod qui était un des direc­teurs du sémi­naire d’Ecône et qui venait aus­si de la congré­ga­tion du Grand- Saint-​Bernard « Mgr Lefebvre a refu­sé 2 textes du concile. Moi, je les ai tous refu­sés. Je n’en ai pas signé un seul parce que je ne les juge pas dignes d’un concile ». Malheureusement en 1975 il a tout lâché. Jusque-​là il ne pou­vait pas voir le pape, c’é­tait stric­te­ment porte fer­mée. Du moment qu’il a lâché, dans les 10 jours il voyait le pape et le visi­tait. C’est une tra­gé­die : on voit très bien que Mgr Adam était conser­va­teur mais après il n’a pas tenu le coup.

Mgr Lefebvre : Résistance courageuse et pragmatique

Il y avait des évêques qui voyaient bien que cela se pas­sait mal et qui essayaient au moins dans leur tête de résis­ter mais celui qui a vrai­ment osé résis­ter publi­que­ment c’est Mgr Lefebvre.

On voit dès le début que ce n’est pas une volon­té de s’af­fi­cher, c’est sim­ple­ment dire « Je ne fais pas, je ne vais pas sur ce che­min. La nou­velle messe ? Non, je ne la célèbre pas ». Interventions à Rome, ils sont encore un groupe, ils essaient d’ob­te­nir des car­di­naux. Il y en a 2 qui ont signé, il y en aurait peut-​être eu plus mais il y a eu indis­cré­tion : il y a eu une madame, une laïque qui était tel­le­ment heu­reuse de savoir déjà cela qu’elle a publié la chose. Ainsi tous les autres se sont ran­gés. Sinon il n’au­rait pas été impos­sible d’a­voir au départ plus de résis­tance à la nou­velle messe.

Enfin, cela appar­tient à l’his­toire et c’est comme ça. Petit à petit, ces conser­va­teurs se trouvent iso­lés, iso­lés les uns des autres et puis décou­ra­gés. Il n’y en a vrai­ment qu’un où l’on voit ce cou­rage ; il ne faut réel­le­ment pas avoir peur de saluer ce cou­rage de Mgr Lefebvre. Il est vrai­ment seul. Il y a au Brésil Mgr de Castro Mayer, mais c’est bien loin. Ici, il est seul avec une pres­sion de tous les côtés : « Vous déso­béis­sez, vous êtes contre tous les évêques, tous les évêques du monde. Vous êtes un orgueilleux », et tout ce que vous pou­vez ima­gi­ner. Et il a tenu bon ! D’abord il démis­sionne de la congré­ga­tion du Saint-​Esprit. Il dit « moi je ne veux pas démo­lir ma congré­ga­tion ». Rome a obli­gé à ce qu’il y ait un cha­pitre pour que la congré­ga­tion se mette à jour avec le concile. Mgr est en train de se rendre compte que ce serait la fin de sa socié­té. Il dit « moi je ne peux pas ». Il s’a­dresse à Rome pour deman­der conseil. Dans la congré­ga­tion on essaie déjà de le neu­tra­li­ser, on sait qu’il est conser­va­teur, on essaie d’im­po­ser 3 chefs pour le cha­pitre lui-​même. Il est supé­rieur géné­ral, il est au milieu de son man­dat ; on essaie d’im­po­ser 3 direc­teurs ou pré­si­dents du cha­pitre. Mgr dit « Cela ne va pas. C’est moi le supé­rieur. Tout est réglé par nos sta­tuts ; il faut les respecter ».

Il va deman­der ce qu’il faut faire à la Congrégation des reli­gieux et celle-​ci répond : « Faites comme un autre supé­rieur de reli­gieux qui est par­ti en vacances. Alors vous allez par­tir en vacances, et puis vous les lais­sez faire et puis vous reve­nez après et puis voi­là ». C’est le conseil qu’il a reçu de Rome. Il a dit « moi je ne peux pas. Ca ne tient pas debout ». C’est là qu’il a démis­sion­né, démis­sion qui a été immé­dia­te­ment accep­tée. Il se retrouve, on peut le dire, à la rue ; pas tout à fait, il a encore de menus tra­vaux : la congré­ga­tion des mis­sions, c’est tout ; la congré­ga­tion des mis­sions, c’est ce qu’on appelle la propagande.

Les débuts d’Écône : Résistance mais esprit de l’Église

A ce moment-​là en 1968 /​1969, ça bouge par­tout. Il y a à Rome des sémi­na­ristes du sémi­naire fran­çais qui sont affo­lés et qui viennent le voir en disant : « Faites quelque chose, faites quelque chose ! ». Mgr dit « Mais qu’est-​ceque vous vou­lez que je fasse ?, je n’ai plus rien, je suis tout seul », « aidez-​nous, au secours ! ». Et fina­le­ment c’est pous­sé par la divine Providence, c’est pous­sé par cet appel de sémi­na­ristes qui le prient « Ecoutez, faites quelque chose » qu’il va dire : « il me semble que l’u­ni­ver­si­té de Fribourg en Suisse semble un peu se tenir, essayons de les envoyer là ». Donc il réunit un petit groupe de jeunes gens, il loue un étage chez les salé­siens à Fribourg pour abri­ter ce petit début de quelque chose, pour essayer de for­mer encore selon les prin­cipes traditionnels.

C’est sur ces entre­faites qu’ar­rive la nou­velle messe. L’introduction de cette messe a lieu le pre­mier dimanche de l’avent 1969. Et là, Mgr dit « non, non on ne la dit pas, je ne la dis pas c’est mau­vais, c’est pro­tes­tant on le voit bien ». Il y a toute une étude qui est envoyée à Rome, je vous l’ai dit. Là-​dessus Mgr a toute une réflexion ; il voit bien ce qui se passe ; il se dit « mais ces prêtres que je suis en train de for­mer, ce sera impos­sible de les envoyer dans leurs dio­cèses, ils vont se retrou­ver dans une situa­tion infer­nale ». Cette consta­ta­tion va le pous­ser à dire « Bon, il faut que l’on fasse quelque chose, il faut que l’on fasse une petite socié­té pour ces futurs prêtres ». Et c’est comme cela que com­mence la Fraternité.

Remarquez tou­jours en même temps ce regard sur la divine pro­vi­dence : qu’est-​ce que veut le Bon Dieu ? Il dit « le signe que la pro­vi­dence veut bien cela, ce sera le pla­cet, l’ac­cord de l’é­vêque du lieu Mgr Charrière ». Ce geste de Mgr vous montre com­bien, même dans cette résis­tance, il garde l’es­prit de l’église.

Il va voir Mgr Charrière et lui demande ce qu’il en pense. Et c’est Mgr Charrière qui approuve : « oui, oui, faites ça ». Vous savez qu’il ne faut pas prendre Mgr Charrière pour un conser­va­teur : en 1960 il a fait par­tie de la toute pre­mière réunion pré­li­mi­naire de mise au point de ce qu’on appel­le­ra ensuite la liber­té reli­gieuse ; celle-​ci avait eu lieu à Fribourg avec Mgr De Smetd, qui sera le grand rap­por­teur à Rome des dis­cus­sions de la liber­té reli­gieuse, et avec un autre domi­ni­cain, Hamer, qui devien­dra car­di­nal. On est là 10 ans plus tard et Mgr Charrière dit « il faut des sémi­na­ristes, faites ça ». Mgr Lefebvre s’ap­puie­ra tou­jours sur cette recon­nais­sance de l’Eglise. Mgr Charrière n’é­tait pas un cham­pion de l’anti-​modernisme, mais c’é­tait l’é­vêque du lieu. Pour Mgr cela suf­fi­sait : il y a une appro­pria­tion de l’Eglise. Regardez tout ce que Mgr Charrière a pu dire comme bêtises ; mais bon, à l’é­poque les évêques se tenaient encore à peu près. Ce qui est très inté­res­sant, vous voyez, c’est que Mgr Lefebvre regarde beau­coup plus haut que sim­ple­ment les per­sonnes, il regarde le Bon Dieu.

C’est le Bon Dieu qui a ins­ti­tué ces auto­ri­tés et donc on les res­pecte. Mgr qui aura pu dire toutes sortes de chose sur les papes, les res­pecte. Il demande de prier pour eux même si on est hor­ri­fié de ce qu’ils peuvent dire.

Pour par­ler un peu de notre pape actuel c’est invrai­sem­blable, abso­lu­ment invrai­sem­blable. Cela dépasse tout. Mais on prie encore pour lui. On dit : « bon, selon toutes les indi­ca­tions que l’on a dans nos mains, il est pape ». On ver­ra bien si un jour des élé­ments nous poussent à dire autre chose. Pour l’ins­tant les élé­ments que l’on a dans nos mains nous font affir­mer qu’il est pape. Et donc on prie pour lui. Cela ne veut pas dire qu’on cesse d’ob­jec­ter au concile, à ses réformes et à la des­truc­tion de l’Eglise. Non, au contraire ; on réagit mais on dit « le Bon Dieu per­met une épreuve extra­or­di­naire, très dif­fi­cile à l’Eglise ».

Les interventions de Rome contre Écône : précision sur les divergences

Revenons à notre bref his­to­rique : le com­bat devient de plus en plus aigu. Les évêques fran­çais sont jaloux. En 1974, Mgr Etchegaray annonce à Marseille, 6 mois avant que les choses ne se passent, qu’Ecône sera fer­mé. Le plan est déjà là, il est éta­bli ; ils ont déci­dé la mort d’Ecône. Et donc il y aura une visite apos­to­lique, c’est-​à-​dire un contrôle par les auto­ri­tés romaines du sémi­naire d’Ecône où les envoyés de Rome scan­da­lisent les sémi­na­ristes, les pro­fes­seurs et Mgr Lebebvre. Ces envoyés de Rome inter­rogent les sémi­na­ristes. A l’un d’eux, ils diront exac­te­ment ce que disait Pilate à Notre-​Seigneur : « Qu’est-​ce-​que la véri­té ? ». Vous vous ren­dez compte ! Auprès d’un autre sémi­na­riste ils mettent en doute la Résurrection en lui disant « mais ce n’est pas du tout sûr, la Résurrection de Notre-​Seigneur ! ». A Mgr Lefebvre, ils diront « On est train de pré­pa­rer les prêtres mariés, ça va bien­tôt sor­tir ». C’était vrai­ment les révo­lu­tion­naires qui arri­vaient à Ecône pour nous juger. Et ça bouillon­nait dans le sémi­naire : qu’est-​ce qu’ils venaient faire ici ?

C’est à ce moment-​là que Mgr a fait cette fameuse décla­ra­tion du 21 novembre 1974. Cela vient de là : ils ont tous été cho­qués par les envoyés de Rome qui étaient cen­sés les exa­mi­ner, et qui néam­moins étaient capables de dire à la fin de la visite que 95 à 98 % des choses étaient en ordre à Ecône. Il n’y a qu’une toute petite chose qui ne va pas : c’est le refus de la nou­velle messe. Mais tout le reste est en ordre, ils le recon­naissent. Il y a eu une seule visite sub­sé­quente : la visite de Mgr Gagnon en 1987 qui a été aus­si extrê­me­ment posi­tive ; ils ont sim­ple­ment dit qu’il y avait 2 pro­blèmes dans la Fraternité : la biblio­thèque du sémi­naire d’Ecône ne conte­nait que des livres trop vieux et ne com­por­tait pas de livres modernes, et au sémi­naire de Zaitzkofen les pro­fes­seurs étaient trop jeunes ; trop vieux, trop jeunes, c’est tout. Ce sont les seules remarques qu’ils nous ont faites sur toutes leurs visites. Vous voyez qu’on ne va pas loin avec ça !

La résistance d’Écône à l’auto-​démolition : comprendre les enjeux

Et pen­dant ce temps-​là, l’Eglise conti­nue à se démo­lir de tous les côtés. C’est triste. Mgr pour­suit de son côté en disant « ça je ne peux pas, là je ne peux pas ». « Démolir ce sémi­naire, le fer­mer – c’est ce que deman­dait Paul VI – non je ne peux pas ; les ordres ne sont pas justes ; et il y va vrai­ment des âmes ». Ce n’est pas sim­ple­ment une ques­tion dis­ci­pli­naire. Si ce n’est qu’une ques­tion dis­ci­pli­naire, on doit obéir même si ça ne nous plaît pas mais là on voit très bien qu’il y a un enjeu énorme.

Plus on avance, plus on le voit : cet enjeu, c’est la défense et la conser­va­tion de la Tradition ; et quand on dit « de la Tradition » cela veut dire « de l’Eglise » parce que l’Eglise est Tradition ; c’est la nature même de l’Eglise que de trans­mettre ce qu’Elle a reçu. Elle ne peut pas chan­ger, elle n’a pas le droit de chan­ger mais au contraire elle doit selon la fameuse parole de St Paul trans­mettre ce qu’elle a reçu. Cela c’est l’Eglise, c’est jus­te­ment Tradition. St Pie X lui-​même a dit : « tout catho­lique est tra­di­tion­nel » parce que toute notre vie, tout notre patri­moine nous l’a­vons reçu, reçu de Notre-​Seigneur donc de Dieu. C’est la Révélation, trans­mise ensuite de géné­ra­tion en géné­ra­tion jus­qu’à la fin. C’est pour cela que l’on dit que, la Révélation s’é­tant ter­mi­née avec la mort du der­nier des apôtres, il n’y a plus d’évolution.

Ce n’est pas pos­sible, la véri­té ne change pas ; il peut y avoir quelques petites modi­fi­ca­tions – appelons-​le comme cela – mais elles ne changent pas le fond : des pré­ci­sions dans les termes avec l’é­vo­lu­tion de la phi­lo­so­phie ; il peut y avoir des per­fec­tions dans la phi­lo­so­phie ; ce n’est pas la théo­lo­gie, ce n’est pas la Foi. On va pro­fi­ter de cer­tains affi­ne­ments, on va uti­li­ser des termes – et même des termes nou­veaux – pour ne dire rien de neuf ; par exemple : le mot trans­sub­stan­tia­tion, qui arrive au tout début du Moyen-​Age, après que les phi­lo­sophes se soient un peu dis­pu­tés sur la ques­tion de la sub­stance ; avec ce mot-​là, l’Eglise va blo­quer toutes les héré­sies sur la Sainte Eucharistie ; c’est un terme tech­nique, phi­lo­so­phique mais de St Pierre jus­qu’à aujourd’­hui la chose à laquelle on croit est exac­te­ment la même : Notre- Seigneur est réel­le­ment pré­sent dans l’hos­tie. Maintenant on pré­cise sub­stan­tiel­le­ment, par mode de sub­stance, mais la chose est exac­te­ment la même, nous avons exac­te­ment la même Foi que St Pierre et les pre­miers apôtres ; c’est cela qui est beau ; c’est magni­fique ; c’est jus­te­ment cela l’Eglise et ça ne change pas. Et tout d’un coup, après des siècles et des siècles où l’on a tou­jours ensei­gné cela, on nous dit que main­te­nant, avec le concile, ça peut chan­ger. Non, ça ne va pas !

C’est ce qui s’est pas­sé au concile, ils ont com­men­cé à dire « ça peut chan­ger » ; ils ont été habiles, les théo­lo­giens, dans ce tra­vail de sape.

Sous Pie XII les textes qu’ils ont publiés l’ont été le plus sou­vent sous un aspect his­to­rique, on va par­ler d’his­toire des dogmes. A chaque fois que vous tom­bez sur un livre qui a cela dans son titre, vous n’a­vez même pas besoin de le lire, vous pou­vez le lais­ser de côté : c’est à peu près sûr que c’est un livre moder­niste qui essaie de vous mon­trer qu’il y a eu évo­lu­tion du dogme, c’est-​àdire que le dogme a chan­gé. Très habile : une page vraie, une page fausse, c’é­tait leur méthode. On peut dire que jus­qu’i­ci, eux, ils n’ont pas chan­gé de méthode !

Jean-​Paul II : Approfondissement des conséquences du Concile

Alors, on arrive sous Jean-​Paul II qui conti­nue à avan­cer et tire toutes les consé­quences du concile ; l’une des plus spec­ta­cu­laires est Assise ; vrai­ment un scan­dale énorme qui touche pro­fon­dé­ment – on ne peut pas aller plus pro­fond que ça – à ce lien unique entre l’Eglise et Dieu ; il n’y a qu’une seule Eglise fon­dée par Notre- Seigneur, c’est l’Eglise Catholique. Et néces­sai­re­ment cela veut dire que la seule qui est capable de plaire à Dieu c’est l’Eglise Catholique. Au concile on a com­men­cé à dire que « non, il y a du bien par­tout ; un peu par­tout on peut plaire à Dieu ». Et hop, on ouvre les portes ; au concile on est habile, on ne va pas dire les choses entiè­re­ment, on ne va pas dire les héré­sies comme ça, on va dire des petites phrases comme : « le Saint-​Esprit ne dédaigne pas prendre les autres reli­gions comme moyen de salut » ; on va dire qu’il y a des moyens de sanc­ti­fi­ca­tion chez les autres chré­tiens. A stric­te­ment par­ler, ce qui est dit n’est pas faux ; c’est très habile, ce qui est faux c’est le non-​dit : si vous dites et si vous recon­nais­sez que dans cer­taines sectes pro­tes­tantes il y a encore le bap­tême donc des sacre­ments, qu’il y a encore l’é­cri­ture sainte – un peu fal­si­fiée -, dire qu’il y a encore quelque chose qui pour­rait sanc­ti­fier (un bap­tême valide peut sanc­ti­fier, ce n’est pas faux ; le pro­blème est qu’il ne peut pas avoir son effet parce qu’il y a des obs­tacles et cela on ne le dit plus !) fait tout de suite croire que cela peut sau­ver. C’est clair ; si vous pre­nez un avion où il manque le pilote, les moteurs et la queue et si vous vous éver­tuez à dire « Regardez ces ailes ! Elles sont magni­fiques, ces ailes ! Ce sont des ailes avec les­quelles on peut voler ! », c’est vrai : avec ces ailes on peut voler, mais l’a­vion ne vole­ra pas parce qu’il n’y a ni pilote ni moteurs ni queue ! C’est le pro­blème de ces confes­sions chré­tiennes qui en par­tant ont pris quelques mor­ceaux à l’Eglise Catholique : elles ont volé (les mor­ceaux) mais elles ne peuvent pas voler (comme l’avion) !

C’est trom­per ; tout sim­ple­ment c’est trom­per ; mais c’est habile et la plu­part des erreurs du concile sont de ce gen­re­là. On va mêler le vrai et le faux et même, on va taire le faux ; on ne va pas dire for­cé­ment beau­coup de faus­se­tés, on va les taire ; ça trompe.

Et après jus­te­ment vous avez un pape, Jean-​Paul II, qui va en tirer les consé­quences et faire Assise où tout le monde est là. Il va écrire l’en­cy­clique Ut Unum Sint dans laquelle il dit que toutes les reli­gions ont pour abou­tis­se­ment Notre-​Seigneur. Mais ce n’est pas vrai, pure­ment et sim­ple­ment pas vrai. Comment affir­mer que toutes ces reli­gions qui pensent que dire « Notre-​Seigneur est Dieu » est un blas­phème, peuvent conduire à Notre-​Seigneur ? C’est ridi­cule ; mais c’est ce que vous trou­vez dans ses encycliques !

Benoît XVI : Moderniste-Conservateur

On arrive à Benoit XVI. L’évolution de l’Eglise a conduit celle-​ci à la déca­dence ; la réa­li­té de l’Eglise est qu’elle s’ef­fi­loche ; de tous les côtés ça part en petits mor­ceaux, gen­ti­ment ; ce n’est peut-​être pas tou­jours spec­ta­cu­laire mais quand on fait le total ça devient impres­sion­nant ; quand on regarde la France, si j’ai bien com­pris, on est en train de démo­lir 7 000 églises catho­liques parce qu’il n’y a plus per­sonne, parce que cela coûte trop cher à l’é­tat ; et si j’ai bien com­pris, en 2015 – c’est très proche – on va dimi­nuer d’un tiers les dio­cèses en France et les réor­ga­ni­ser : c’est un plan d’il y a quelques années. Bref, c’est un désastre.

Arrive Benoit XVI qui est un mélange ; au point de vue intel­lec­tuel c’est un pro­fes­seur, quel­qu’un qui vit dans la spé­cu­la­tion et à ce niveau-​là il est très pro­fon­dé­ment tou­ché par le moder­nisme ; chaque fois qu’il part dans la théo­rie on ne com­prend plus rien, on ne sait pas ce qu’il veut dire, c’est effrayant ; quand il est dans le concret ça va un peu mieux : en ce qui concerne la litur­gie, on le voit, il aime ça, il veut une belle litur­gie. Il y a comme une espèce de dicho­to­mie chez lui, comme 2 aspects : l’as­pect théo­rie où ça part dans les étoiles et un aspect plus concret qui est aus­si un peu plus conser­va­teur. Il a essayé pen­dant son pon­ti­fi­cat de mettre les freins, d’ar­rê­ter cer­taines choses, de cor­ri­ger même et de faire – je ne sais s’il faut l’ap­pe­ler comme ça – cer­taines res­tau­ra­tions ; on le voit avec la Sainte Messe même si l’on peut récla­mer et dis­cu­ter sur la qua­li­té de ce fameux motu pro­prio.

Celui-​ci n’a pas eu beau­coup d’ef­fets dans les faits mais cepen­dant il affirme fon­da­men­ta­le­ment au niveau du droit que l’an­cienne messe n’a jamais été abro­gée. Au niveau du droit c’est une pièce maî­tresse, au point de vue juri­dique cette phrase est d’une force extra­or­di­naire. Cela veut dire que cette loi est res­tée dans son état anté­rieur ; et la loi c’est la loi uni­ver­selle de la litur­gie romaine. Affirmer qu’elle n’est pas abro­gée cela veut dire qu’elle est res­tée dans cet état : l’an­cienne messe est loi uni­ver­selle de l’Eglise. Le pro­blème est qu’on a fait une deuxième.

Ce qui est éton­nant c’est que le pape ait pro­non­cé cette phrase, parce qu’il pose un pro­blème juri­dique : vous avez 2 lois dif­fé­rentes sur le même sujet. C’est un peu comme si vous disiez « on peut rou­ler à droite » et « on peut rou­ler à gauche » : ça pose cer­tains pro­blèmes ! Néammoins pour nous c’est extrê­me­ment pré­cieux d’a­voir cette phrase du pape. Elle est vrai­ment très pré­cieuse. On peut dis­cu­ter de cer­taines choses, il reste que ça, c’est vrai­ment très fort.

Donc vous avez un pape qui essaie, qui voit bien que cer­taines choses ne vont pas. Il essaie vaille que vaille ; il n’est pas très fort, on le sait bien ; cela va même aller jus­qu’à la démis­sion. Ce n’est pas un acte de force, la démis­sion. Il n’en peut plus. Je pense qu’on écri­ra encore des livres sur les rai­sons de sa démis­sion. Il me semble que celle qui a été don­née, c’est-​à-​dire l’in­ca­pa­ci­té de gou­ver­ner, est plau­sible. Cela ne veut pas dire qu’il n’y en a pas d’autres, conjointes ; mais celle qui a été pré­sen­tée d’une fai­blesse phy­sique – d’au­cuns diront fai­blesse psy­cho­lo­gique – est en tout cas pos­sible. Il peut y avoir des pres­sions, je ne l’ex­clue pas ; mais avant de pou­voir l’af­fir­mer, il fau­drait avoir les preuves.

Benoit XVI : Dédouaner le Concile – Le Concile des médias

Ce qui est inté­res­sant c’est qu’à la fin de son pon­ti­fi­cat Benoit XVI va faire ce qu’on ne peut pas appe­ler tout à fait un bilan, un des tout der­niers textes qu’on a de lui. C’est une confé­rence où il va par­ler libre­ment pen­dant 40 mn au cler­gé de Rome, une dizaine de jours avant de par­tir. Il raconte au cler­gé romain son expé­rience du concile ; il leur dit com­ment il a vécu le concile. Cela vaut la peine ; je trouve cette confé­rence pré­cieuse parce qu’elle nous le montre comme il est ; on voit déjà là ce double aspect, un aspect qui veut res­ter conser­va­teur, qui veut gar­der les choses mais en même temps un aspect qui veut faire du nou­veau ; pour lui il fal­lait faire du nou­veau, c’é­tait nor­mal (atten­tion, je cite le pape !) ; et après il se lamente sur les choses qui se sont pas­sées. Il recon­naît qu’il y a des choses qui se sont pas­sées qui n’au­raient pas dû se pas­ser ; il va même jus­qu’à dire « on ne veut pas ça ».

Il est très inté­res­sant que, pour essayer d’ex­pli­quer ce qui s’est pas­sé, il invoque ce qu’il appelle le concile des media. Il n’est pas le pre­mier à nous en par­ler, mais cette fois-​ci c’est le pape qui nous en parle. Cette idée cir­cule pen­dant le pon­ti­fi­cat de Benoit XVI. On va la retrou­ver sous l’i­dée d’her­mé­neu­tique de la conti­nui­té. Elle consiste à dire « il y a un vrai concile qui est un bon concile et qui a vou­lu être fidèle ; puis il y a eu des dévia­tions mais celles-​ci ne viennent pas du vrai concile ; elles viennent d’un faux concile qui s’est sub­sti­tué au vrai » ; ce faux concile, le pape l’ap­pelle le concile des media. Autrement dit, les media ont récu­pé­ré les déci­sions du concile ; ils ont bro­dé là-​dessus et, selon lui, ce qui est arri­vé aux fidèles n’est plus le vrai concile ; ce n’est pas vrai­ment ce que le concile a vou­lu ; c’est la manière des media d’in­ter­pré­ter le concile, manière évi­dem­ment de ce monde c’est-​à-​dire poli­tique, hori­zon­tale, et qui oublie com­plè­te­ment la dimen­sion ver­ti­cale de l’Eglise. Il va si loin qu’il va tout mettre sur le dos de ce fameux concile des media qui est pour moi de la scien­ce­fic­tion. Quelques élé­ments sont vrais : les media ont pu jouer d’une part les cour­roies de trans­mis­sion et d’autre part faire de la pro­pa­gande, des fal­si­fi­ca­tions, de l’in­tox ; mais pré­tendre que tout le concile, pen­dant plus de 40 ans, est arri­vé aux fidèles de manière faus­sée, fait poser beau­coup de ques­tions sur ce qu’ont fait les auto­ri­tés de l’Eglise pen­dant ce temps-​là. Si pen­dant plus de 40 ans un faux concile a été don­né aux gens, que faisaient-​ils à Rome pen­dant ce temps­là ? A nous, il sem­blait qu’ils étaient tout à fait d’ac­cord avec toutes ces nou­veau­tés, avec ce qu’il appelle main­te­nant le concile des media. Il y a quelque chose qui ne va pas !

Ce qui est inté­res­sant c’est de voir un pape essayer de se dédoua­ner en disant qu’il y a un tas de choses qui se sont mal pas­sées mais que ce n’est pas de leur faute. Il y a des méchants, ce sont les media.

Que va-​t-​il nous don­ner en illus­tra­tion ? La col­lé­gia­li­té : il nous dit que les media ont pré­sen­té l’a­na­lyse de l’Eglise d’une manière poli­tique en par­lant des com­bats progressistes/​conservateurs, etc…, en par­lant des confé­rences épis­co­pales comme d’une ver­sion hori­zon­tale, démo­cra­ti­sante, etc… ; il n’y a plus la ver­sion ver­ti­cale : c’est la faute du concile des media, dit-​il. Mais en réa­li­té il est évident que la col­lé­gia­li­té, c’est intro­duire la démo­cra­tie et c’est le texte lui-​même qui l’in­tro­duit. Il y a même eu tout un com­bat à ce moment-​là sur la col­lé­gia­li­té. Encore aujourd’­hui nous nous bat­tons là-​dessus, sur le texte du concile.

Que va-​t-​il nous dire encore ? La nou­velle messe : le pape va dire que cette nou­velle messe qui est apla­tie, hori­zon­tale, au niveau des hommes, c’est le concile des media. Il va nous dire : les sémi­naires vides, les congré­ga­tions reli­gieuses vidées, tout cela est dû au concile des media. Je trouve cela un peu facile ! C’est ain­si qu’il explique les choses, comme pour dire « on a vou­lu faire quelque chose mais ça a raté parce qu’il y a eu le concile des media ».

Et puis à la fin, il nous dit : « rassurez-​vous, le concile des media est en train de se dis­si­per ». Comme le nuage se dis­sipe main­te­nant le soleil arrive : le vrai concile arrive ! Et lui s’en va !… En fait, il s’a­git d’une fausse pro­blé­ma­tique ; mais ce qui est inté­res­sant c’est qu’il y a la recon­nais­sance que des choses ne vont pas dans l’Eglise ; il y a au moins ça.

Le Pape François : Homme de Praxis

Arrive le pape François. J’ai envie de dire rebe­lote. « Tout va bien ! ». Avec le pape Benoît il y a des choses qui ne vont pas. Avec le pape sui­vant tout va bien. Le concile des media ? Il n’existe plus, c’est fini. Et puis les chan­ge­ments, c’é­tait très bien, il fal­lait ça ; il va jus­qu’à dire qu’il est abso­lu­ment hors de ques­tion de dis­cu­ter le concile, c’est la vie de l’Eglise, c’est fait.

D’ailleurs, voyez : Jean-​Paul II ne fait que par­ler du concile, il res­sasse et res­sasse le concile, le concile, le concile. Benoit XVI, c’est mélan­gé. François ? Il n’en parle pra­ti­que­ment jamais, mais s’il y en a un qui vit le concile et l’in­tro­duit dans la vie de l’Eglise c’est lui ; beau­coup plus que tous les autres. C’est lui qui passe à l’action.

Comprendre François ? Ce n’est pas facile. Un argen­tin m’a don­né la clé de com­pré­hen­sion. Il m’a dit « Faites atten­tion ! Vous les Européens, vous aurez beau­coup de peine à le com­prendre : il n’est pas un homme de doc­trine. C’est un homme de praxis, de pratique ».

Voyez ! Quand on parle d’un homme de doc­trine, cela veut dire qu’il est un homme de prin­cipe ; il agit selon des prin­cipes ; il y a des choses qu’il ne fera pas à cause de ses prin­cipes même s’il doit en souf­frir ; c’est la foi qui dit qu’il y a des choses qu’on ne fait pas ; l’homme de prin­cipe est prêt à sup­por­ter quelque chose de dou­lou­reux au nom de ses prin­cipes ; il se tient, c’est tout. L’homme de praxis est comme une anguille qui essaie de se fau­fi­ler dans la réa­li­té et d’en tirer le maxi­mum d’a­van­tages, peu importe ce qui se passe autour, peu importe les théo­ries. Dire cela du pape, vous vous ren­dez compte ! Mais on le voit tous les jours, excusez-​moi de devoir dire ça comme ça.

Cependant, de nou­veau ce n’est pas aus­si simple qu’on le vou­drait ; dans beau­coup de ser­mons de Ste Marthe le matin, le pape a un lan­gage qui nous est très fami­lier ; en fait c’est le même que nous : il parle du Ciel, de l’en­fer, du péché, de la néces­si­té de la contri­tion, toutes choses qui nous sont extrê­me­ment fami­lières… Mais serait-​il conser­va­teur par hasard ?… Il dit des choses comme cela mais c’est tou­jours de la pra­tique ; sou­vent ça a l’air rai­son­nable ; puis, tout d’un coup, il y a une petite phrase qui détonne et on se dit « mais ça ne va pas, ça ! ».

Je vous en donne une : il est en train de par­ler dans une église, devant lui il a des SDF en mino­ri­té catho­liques, les autres étant des musul­mans. Il leur parle, il leur parle à un moment de la Croix, il leur dit qu’il faut por­ter la croix, qu’il faut mon­trer la croix, puis il dit « voyez-​vous, c’est nor­mal, les chré­tiens doivent prier ; eh bien, priez avec la Bible », puis il s’a­dresse aux musul­mans : « Vous les musul­mans, priez avec le coran » ; comme si les 2 étaient com­plè­te­ment à éga­li­té ! Mais ce n’est pas sim­ple­ment comme si ; la phrase sui­vante est : « Vous savez, ce qui est impor­tant c’est d’être fidèle à ce que nos parents nous ont don­né. Soyez fidèles, tenez ça et tout ira bien ». Catholiques, musul­mans, vrai, faux, blas­phèmes, héré­sies, peu importe, il faut être fidèles à ce que nous avons reçu de nos parents et tout ira bien ! Là ça ne va plus ! Il est en train de par­ler à tous ces gens, il n’est pas en train de par­ler seule­ment à des catho­liques. S’il ne par­lait qu’à des catho­liques, oui c’est ce qu’il faut dire « gar­dez, soyez fidèles à ce que vous avez reçu de vos parents ». Evidemment ! mais on ne dit ça qu’à des catho­liques, pas aux autres !

C’est un tout petit exemple du pro­blème du pape François, pape fon­ciè­re­ment moderne ; il l’a dit plu­sieurs fois, il a expri­mé très clai­re­ment son dédain ou son incom­pré­hen­sion (je ne sais pas com­ment il faut dire) de tout ce qui serait atta­che­ment au pas­sé ; vrai­ment, il le condamne clai­re­ment, pas sim­ple­ment dans des inter­views à des athées, mais même à ses jésuites dans un article soi­gné et aus­si dans l’ex­hor­ta­tion apos­to­lique. C’est tou­jours la même chose, on voit très bien qu’il est comme ça, il est moderne à un point qui doit nous effrayer. La défi­ni­tion qu’il donne du concile c’est « la relec­ture de l’Evangile à la lumière de la culture moderne ». En théo­lo­gie, en phi­lo­so­phie aus­si, la lumière c’est ce qui donne la spé­ci­fi­ci­té, et pour un catho­lique la lumière c’est la Révélation. Donc, quand on lit l’Evangile, la seule lumière qui nous est per­mise c’est la lumière de la Foi. Dire « lire l’Evangile à la lumière de la phi­lo­so­phie moderne », cela veut dire que la phi­lo­so­phie moderne va dic­ter la manière dont on va le lire ; pour un catho­lique c’est un non-​sens ; mais pour le pape François cela va de soi ! Et il dit ensuite « c’é­tait évident pour les pères du concile que ça impli­quait néces­sai­re­ment l’œ­cu­mé­nisme », puis « dans ce domaine de l’œ­cu­mé­nisme, on n’a vrai­ment pas fait grand-​chose, on a fait très peu de choses ».

Quand on voit tout ce qu’ils ont fait au nom de l’œ­cu­mé­nisme depuis le concile, on tombe des nues ! Et lui de dire : « moi, j’ai l’hu­mi­li­té et l’am­bi­tion de faire quelque chose ! ». Qu’est-​ce qui va se pas­ser alors ? Pour l’œ­cu­mé­nisme on n’a encore rien fait, alors que – bien que ce soit encore théo­ri­que­ment défen­du – on voit des échanges où le pas­teur prend la place du curé et le curé la place du pas­teur ? En Australie, ils ont fait un accord à 3 : angli­cans, luthé­riens et catho­liques ; cet accord est le sui­vant : cha­cun des 3 change chaque dimanche et va dans l’é­glise d’un autre, et les fidèles sont invi­tés indif­fé­rem­ment à aller à l’une ou à l’autre ; autre­ment dit, tout se vaut. En Suisse, au niveau ensei­gne­ment, la facul­té théo­lo­gique de Lucerne a fait un accord d’é­qui­va­lence des grades aca­dé­miques avec la facul­té théo­lo­gique pro­tes­tante de Bâle ; autre­ment dit, ça vaut exac­te­ment la même chose ; vous avez un pro­tes­tant qui a fait sa thèse de théo­lo­gie pro­tes­tante à Bâle et cela est accep­té et recon­nu exac­te­ment au même niveau qu’un doc­to­rat de théo­lo­gie catho­lique ; autre­ment dit, théo­lo­gie pro­tes­tante et théo­lo­gie catho­lique se valent exac­te­ment ! Vous vous ren­dez compte ! Cela est public, ce n’est pas caché. Qu’est-​ce qu’ils font à Rome ? Ils laissent faire. Cela, c’est la situa­tion de l’Eglise.

Où va l’Eglise ? Comme il n’y a pas de grands prin­cipes, c’est très dif­fi­cile de le dire.

Quelques idées du Pape François

Le pape a expo­sé quelques idées :

1° il faut décen­tra­li­ser le pou­voir romain, c’est-​à-​dire qu’il faut le dis­tri­buer aux confé­rences épis­co­pales. Benoit XVI disait que les confé­rences épis­co­pales n’a­vaient pas de fon­de­ment théo­lo­gique, et le pape François dit qu’il faut réflé­chir pour voir si on n’en trouve pas un. Voilà déjà une idée qui montre la dis­so­lu­tion du gou­ver­ne­ment dans l’Eglise.

2° au niveau des moeurs et de la morale, il y a cette fameuse ques­tion de la com­mu­nion aux divor­cés. Vous allez voir, avec ça c’est tout qui va venir car ce point est un ver­rou qui pro­tège encore toutes les notions de la famille, de la famille chré­tienne, de son indis­so­lu­bi­li­té. Il tra­vaille de manière extrê­me­ment habile ; fait-​il cela par ingé­nui­té ou est-​ce cal­cu­lé ? J’ai beau­coup réflé­chi et je crois que c’est cal­cu­lé ; je peux me trom­per, j’es­père que je me trompe mais je pense que c’est cal­cu­lé : on donne un coup puis après un car­di­nal essaie de récu­pé­rer les affaires, puis on redonne un coup et on essaie de nou­veau de récu­pé­rer les affaires, et à la fin plus per­sonne ne sait ce qu’il faut croire ou pas. Sur cette ques­tion du refus de la com­mu­nion aux divor­cés rema­riés c’est tel­le­ment fort : un faux mariage comme ça est un état de for­ni­ca­tion, un état de péché et il est abso­lu­ment impos­sible de don­ner la com­mu­nion à quel­qu’un en état de péché. C’est l’en­sei­gne­ment de l’Eglise et aucune varia­tion n’est pos­sible ; néam­moins il cherche ! Lors du der­nier consis­toire en pré­pa­ra­tion du synode de cet automne, sur cette ques­tion le pape a deman­dé au car­di­nal Kasper de faire une confé­rence qui a duré 2h, ensuite les autres car­di­naux ont par­lé ; envi­ron les ¾ des car­di­naux étaient oppo­sés à la thèse pré­sen­tée par le car­di­nal Kasper qui est pour l’ou­ver­ture ; celui-​ci a dit une phrase qui cor­res­pond à ce que nous disons de leurs méthodes « il faut faire avec cette ques­tion exac­te­ment ce qu’a fait le concile » et qu’a fait le concile ? Il a réaf­fir­mé la doc­trine catho­lique et ensuite il a ouvert les portes, autre­ment dit il a nié ce qu’il venait d’af­fir­mer. Le car­di­nal Kasper ne le dit pas comme ça mais c’est la réa­li­té ; il a dit « c’est ce qu’il faut faire main­te­nant ». Je vous donne un exemple frap­pant de cette méthode de tra­vail : c’est la com­mu­nion dans la main ; vous rendez-​vous compte que la com­mu­nion dans la main a été intro­duite grâce à un texte qui dénonce la com­mu­nion dans la main comme un abus, qui la condamne ? Ils sont forts quand même ; on fait un texte qui dénonce la com­mu­nion dans la main et c’est ce texte-​là qui va pour­tant per­mettre l’ar­ri­vée de la com­mu­nion dans la main dans le monde entier, puis­qu’a­près avoir dit que ce n’é­tait pas bon, on va ajou­ter que « là où on le fait déjà on peut continuer ».

Et voi­là com­ment cela s’est pas­sé. C’est ce que je crains pour cette ques­tion de la com­mu­nion aux divor­cés ; ils vont dire « mais non, mais non ! on ne peut pas ! … mais, si dans tel cas …», vous allez voir !

3° Il y a aus­si une ques­tion annexe, celle de l’in­tro­duc­tion de la femme dans les déci­sions impor­tantes de l’Eglise. Je ne sais pas com­ment ils vont faire ça, mais c’est un dada du pape. Quand on lui a dit « vous vou­lez des femmes car­di­nales ? », il a répon­du « non, non ; ça c’est du clé­ri­ca­lisme ». Bon ! Qu’a-​t-​il dans la tête ? Il a aus­si dit qu’il y avait des choses vétustes dans l’Eglise qu’il ne fal­lait pas avoir peur de balayer, qu’il fal­lait sup­pri­mer les vieillot­te­ries et rajeu­nir l’Eglise, balayer, mettre dehors.

Qu’est-​ce qui va nous res­ter ? Dieu sait ! C’est vrai­ment effrayant.

Quelques réactions actuelles au sein de l’Église

Il y a un grand espoir c’est le bon Dieu, c’est clair mais au niveau des hommes il y a peut-​être un tout petit espoir : j’ai cru com­prendre qu’un cer­tain groupe de car­di­naux était en train de pré­pa­rer quelque chose ; l’un d’eux a dit « si, lors du synode d’oc­tobre, ils font pas­ser la com­mu­nion aux divor­cés, alors il y aura un schisme dans l’Eglise ». Cela veut dire que cer­tains vont réagir ; il y a des car­di­naux qui vont dire « ça, ce n’est pas pos­sible ! ». Je ne sais pas com­bien ils sont ; je prie, je sup­plie qu’ils aient le cou­rage de par­ler ; qu’ils n’at­tendent pas, qu’ils se dépêchent ! Il n’est pas impos­sible, comme je l’ai déjà dit, que l’on arrive à une situa­tion encore plus confuse. Imaginez que le pape se trouve du côté des mal­fai­teurs, qu’un groupe de « bons » car­di­naux réagisse et qu’il faille bien sûr sou­te­nir les bons contre un pape schis­ma­tique, cela va être une de ces pagailles ! On n’a pas fini de rire. Enfin, ce sont des sché­mas, on ver­ra bien com­ment les choses vont se pas­ser ; il faut prier le Bon Dieu qu’il nous pro­tège dans toute ces affaires.

Partie II – Savoir nous positionner dans le contexte actuel

Nous, que faisons-​nous là-​dedans ? Nous nous tenons de côté tout simplement.

2012 : Notre lutte pour la révision de l’autorité du Concile

En 2012, il y a eu un tout petit espoir qu’ils abais­se­raient la qua­li­té du concile. Ce petit espoir était dans une des phrases de ce que nous pro­po­sait Rome : « il y a une dis­cus­sion légi­time sur les points qui font pro­blème » donc du concile ; s’il y a une dis­cus­sion légi­time sur le concile, cela veut dire que le concile n’est plus obli­ga­toire, qu’il n’o­blige plus. Pour moi c’é­tait une modi­fi­ca­tion qua­li­ta­tive du concile qui ame­nait à peu près à ce que nous disons, à savoir que ce concile n’a pas l’au­to­ri­té des autres conciles et donc devient dis­cu­table. Cela nous a pris plus de 6 mois pour bien véri­fier que cette phrase vou­lait dire ça et à la fin c’est retour à la case départ : il fal­lait d’a­bord accep­ter le concile puis dis­cu­ter après, c’est ce qu’ils m’ont dit. Moi j’ai dit « ça ne sert à rien, il n’y a pas de dis­cus­sion. On ne peut pas accep­ter, c’est tout. C’est contre ce que l’Eglise a ensei­gné ». Cela a tout bloqué.

La ques­tion qui res­tait était de savoir de quel côté se trou­vait le pape Benoît XVI. Je rece­vais des mes­sages qui me disaient « ce que l’on vous pro­pose n’est pas ce que veut le pape, il veut mieux, il veut des choses plus conser­va­trices », mais à la fin il s’est ali­gné sur la Congrégation de la Foi. Je lui ai écrit que je ne com­pre­nais plus et qu’il me dise clai­re­ment une fois pour toutes ce qu’il vou­lait et il a remis un texte sti­pu­lant que nous devions accep­ter ce concile comme par­tie inté­grante de la Tradition. Et même il dit « de la dite Tradition » car la phrase pré­cé­dente était qu’il fal­lait accep­ter que le Magistère soit la norme de la Tradition apos­to­lique qui nous dit ce qui appar­tient à la Tradition (Ce qui est vrai, le Bon Dieu a don­né aux papes cette mis­sion de veiller sur le dépôt révé­lé ; c’est le pape qui peut nous dire ce qui appar­tient à l’Ecriture Sainte ; les pro­tes­tants ne sont pas d’ac­cord, mais c’est le pape qui décide ; il a ce pou­voir et lui seul). Mais alors de dire ensuite qu’il faut accep­ter que le concile fait par­tie de la Tradition apos­to­lique c’est-​à-​dire de l’en­sei­gne­ment des apôtres, c’est faux, ça ne va plus.

2012 : La question de la Messe… et deux tristes rapports

Et puis il fal­lait accep­ter que la nou­velle messe n’é­tait pas sim­ple­ment valide mais licite. Là aus­si, j’ai dit « non ». Licite ça veut dire qu’elle est bonne. J’ai dit « non » ; nous avons tou­jours dit le contraire ; même si elle est valide, elle n’est pas licite. Ils ont eu des argu­ments rela­ti­ve­ment subtils :

  • Est-​ce-​que vous recon­nais­sez qu’elle est valide si elle est dite cor­rec­te­ment avec tous les élé­ments qu’il faut ?
  • Oui – Si elle est valide, c’est que Notre-​Seigneur est réel­le­ment pré­sent sur l’autel ?
  • Oui – Mais Notre-​Seigneur est infi­ni­ment saint ?
  • Oui – Il y a le sacri­fice de Notre-Seigneur ?
  • Oui – Sacrifice lui aus­si infi­ni­ment saint ?
  • Oui
  • Alors, com­ment pouvez-​vous dire que cette messe est mau­vaise puis­qu’il y a toute la sain­te­té de Dieu, de Notre-​Seigneur, du sacrifice.

Alors nous leur expli­quons ce qu’est la Liturgie. La Liturgie est un ensemble de gestes, de paroles qui sont de l’ordre sen­sible, de l’ordre du signe comme les sacre­ments, qui indique une réa­li­té beau­coup plus pro­fonde. Si une messe est valide, cela veut dire que cette réa­li­té essen­tielle est là. Mais la Liturgie est – j’al­lais dire – le signe, le véhi­cule qui nous apporte ces grâces essen­tielles, et c’est lui qui a été abî­mé. Le signe, c’est-​à-​dire ce qu’il devrait signi­fier, ce qu’il devrait repré­sen­ter, ce qu’il devrait nous appor­ter du niveau sen­sible vers ces réa­li­tés, a été endommagé.

Si vous vou­lez un exemple un peu plus simple, quand vous man­gez une pomme vous ne man­gez pas d’a­bord l’es­sence de la pomme ; ce que vous man­gez ce sont les acci­dents : la cou­leur, le goût, la quan­ti­té ; ce n’est pas l’es­sence. Si ces élé­ments sont amo­chés, si vous avez une pomme pour­rie, si elle est encore suf­fi­sam­ment pomme pour dire que c’est une pomme, l’es­sence de la pomme est là, mais elle est pour­rie et vous ne la man­gez pas. Ce n’est pas compliqué.

La Liturgie c’est du même genre. Vouloir sim­ple­ment s’ac­cro­cher en disant « l’es­sen­tiel est là » est insuf­fi­sant ; l’es­sen­tiel de la Liturgie c’est plus que ça, c’est tout cet ensemble vou­lu par le Bon Dieu et qui va nous conduire au Bon Dieu. Voyez cette belle litur­gie, les gestes, se mettre à genoux, la musique, les chants, tout cela nous conduit vers cette réa­li­té du Sacrifice. Si on enlève ces élé­ments, on n’ar­rive jus­qu’à nier cette réa­li­té du Sacrifice.

C’est ce qu’on voit dans la nou­velle messe : les prêtres nient cette réa­li­té. La quan­ti­té de prêtres qui aujourd’­hui nient la réa­li­té de la pré­sence réelle est invrai­sem­blable. J’avais fait une esti­ma­tion et j’ar­ri­vais à 40% ; c’est déjà énorme et je pen­sais avoir été sévère. J’ai dis­cu­té avec des prêtres modernes et ils m’ont dit que c’é­tait 60%. L’an der­nier j’ai eu 2 rap­ports. L’un du dio­cèse de Trèves en Allemagne ; c’est le vicaire géné­ral qui annonce que 80 % de prêtres ne croient pas en la pré­sence réelle ! L’autre vient du dio­cèse de Sidney en Australie ; ils ont dres­sé un ques­tion­naire adres­sé aux prêtres avec réponse ano­nyme : 78% ne croient pas en la pré­sence réelle. Tels sont les résul­tats et com­ment pouvez-​vous dire que cette messe est bonne ! Jamais de la vie ! Cette messe est mauvaise.

- Donc, ont-​ils dit, la messe du pape est mau­vaise ?
- Oui. Vous l’a­vez faite comme ça, vous avez enle­vé tous ces élé­ments qui appe­laient et nour­ris­saient la Foi.

Voilà le résultat.

Le Pape François et la FSSPX

Avec le pape actuel, comme c’est un homme pra­tique, il va regar­der les per­sonnes. Ce que pense, ce que croit une per­sonne lui est fina­le­ment assez égal. Ce qui compte c’est que cette per­sonne lui soit sym­pa­thique, qu’elle lui paraisse droite, on peut le dire comme ça.

Et ain­si il a lu 2 fois le livre de Mgr Tissier de Mallerais sur Mgr Lefebvre et ce livre lui a plu ; il est contre tout ce que nous repré­sen­tons, mais comme vie ça lui a plu. Lorsque, encore car­di­nal, il était en Amérique du Sud, le Supérieur du dis­trict est venu lui deman­der un ser­vice admi­nis­tra­tif n’ayant rien à voir avec l’Eglise : pro­blème de visa, de per­mis de séjour. L’état argen­tin qui est très à gauche pro­fite du concor­dat cen­sé pro­té­ger l’Eglise pour nous embê­ter très sérieu­se­ment et nous dit « vous vous pré­ten­dez catho­liques, il faut donc que vous ayez la signa­ture de l’é­vêque pour rési­der dans le pays ». Le supé­rieur de dis­trict est donc allé lui expo­ser le pro­blème : il y avait une solu­tion facile, c’é­tait de nous décla­rer église indé­pen­dante, mais nous ne vou­lions pas car nous sommes catho­liques. Et le car­di­nal nous a dit : « non, non, vous êtes catho­liques, c’est évident ; je vais vous aider » ; il a écrit une lettre en notre faveur à l’é­tat qui est tel­le­ment de gauche qu’il a réus­si à trou­ver une lettre contra­dic­toire de la part du nonce. Donc 0 à 0. Maintenant il est pape et notre avo­cat a eu l’oc­ca­sion d’a­voir une ren­contre avec le pape. Il lui a dit que le pro­blème conti­nuait pour la Fraternité et lui a deman­dé de bien vou­loir dési­gner un évêque d’Argentine avec qui l’on puisse trai­ter pour résoudre ce pro­blème. Le pape a dit « Oui, et cet évêque, c’est moi, j’ai pro­mis d’ai­der et je le ferai ».

J’attends tou­jours, mais enfin il l’a dit, de même qu’il a dit « ces gens-​là croient que je vais les excom­mu­nier, ils se trompent » ; il a dit autre chose d’as­sez inté­res­sant : « Je ne les condam­ne­rai pas et je n’empêcherai per­sonne d’al­ler chez eux ». Encore une fois, moi j’at­tends pour voir.

Ce que je vois en même temps, c’est que le car­di­nal Müller qui est évi­dem­ment sous le pape – mais enfin, il parle -, dit : « mais ces gens-​là, ils sont excom­mu­niés ! » ; on lui dit que l’ex­com­mu­ni­ca­tion a été levée ; il répond « oui, mais il reste l’ex­com­mu­ni­ca­tion sacra­men­telle ! ». Je ne la connais pas celle-​là ! Même dans les livres, elle n’existe pas ! Mais lui en a inven­té une pour nous et il dit que de toutes façons nous sommes schis­ma­tiques. Donc le n°2, qui sur les ques­tions morales attaque le pape, redit la véri­té avec force sur cel­les­ci et se fait reprendre par des car­di­naux, a éga­le­ment une posi­tion contraire à celle du pape vis-​à-​vis de nous. Voyez-​vous, il ne faut pas se faire d’illu­sion, vrai­ment pas !

Pas encore d’entrevue avec le Pape

Jusqu’ici, je n’ai pas deman­dé d’au­dience. Et juste aujourd’­hui, c’est amu­sant, court un bruit sur Internet. Quelqu’un dit pos­sé­der la preuve que Mgr Fellay a vu le pape, c’est une ren­contre qui était pré­pa­rée, etc…, etc… Je vais vous dire ce qui s’est exac­te­ment pas­sé. La com­mis­sion Ecclesia Dei avait deman­dé que je les ren­contre. Je suis allé à Rome en décembre 2013 et, à midi, nous sommes allés man­ger à Ste Marthe. Le pape mange aus­si à Ste Marthe dans ce vaste réfec­toire plus grand que cette église, à l’é­cart des autres convives. Nous n’a­vons pas man­gé à sa table ! Lorsque les Monseigneurs ont vu que le pape avait fini et sor­tait, ils m’ont pris ; nous sommes sor­tis du réfec­toire et dans le cou­loir l’é­vêque qui était avec moi m’a pré­sen­té au pape. Je l’ai salué. Le pape a dit « Enchanté de faire votre connais­sance », j’ai répon­du « je prie beau­coup » ; je n’ai même pas dit que je priais pour lui mais sim­ple­ment « je prie beau­coup ». Il m’a répon­du « priez beau­coup pour moi ». Et c’é­tait fini ; c’est tout.

Si vous vou­lez appe­ler cela une ren­contre, vous le pou­vez et vous pou­vez aus­si dire qu’elle était pré­pa­rée mais cela ne sert stric­te­ment à rien !

Dire que j’ai eu une audience ou je ne sais pas quoi, ce n’est pas vrai. On uti­lise des petites choses vraies pour en faire des mon­tagnes. On en fait des his­toires qui sont com­plè­te­ment fausses. On a dit aus­si que l’ab­bé Nély avait man­gé avec le pape. C’est faux. Il était aus­si à Ste Marthe. C’est une hôtel­le­rie pour le cler­gé. Le pape mange dans un coin ; vous man­gez dans un autre coin ; vous ne pou­vez pas dire que vous avez man­gé avec lui ; ou vous dites de manière tel­le­ment large que vous avez man­gé avec le pape que cela n’a pas de sens, ce n’est pas sérieux. Là-​dessus on construit toutes sortes de choses : « regar­dez, voyez, ils sont en train de faire des accords » ; ce n’est abso­lu­ment pas vrai.

Pas d’accord possible dans la situation actuelle

On a aus­si sor­ti récem­ment une autre affaire, je crois que c’est Monseigneur Williamson qui sort ça : « oui, oui, ils l’ont annon­cé, il va y avoir une recon­nais­sance sans contre­par­tie, c’est une tolé­rance ! ». En fait, ce qu’on essaye d’ex­pli­quer c’est qu’il n’y aura pas d’ac­cord, que c’est abso­lu­ment impos­sible dans la situa­tion actuelle. Tout sim­ple­ment. Et depuis 2012 il n’y a plus rien. Alors ce qu’on constate c’est que le pape dit qu’il ne veut pas nous condam­ner, c’est ce qu’on appelle une tolé­rance de sa part. Si cela nous ouvre de temps en temps l’une ou l’autre église pour un pèle­ri­nage, nous ne sommes pas contre mais cela ne veut pas dire que nous nous met­tons à plat ventre devant Rome !

On mélange tout, on fausse tout ! Nous tolé­rer ce n’est même pas dit, et aujourd’­hui dans une église on nous tolère, dans l’autre on nous jette dehors. C’est la situa­tion, tout sim­ple­ment. C’est la situa­tion. Dans quelques endroits ça va, dans d’autres ça ne va pas. Pourquoi ? Parce que la situa­tion de l’Eglise se déglingue, et cer­tains un petit peu plus près de nous nous donnent quelques faci­li­tés ; mais s’ils essaient de se mon­trer avec nous, ils se font tout de suite brûler.

Quelques évêques sont avec nous et nous le disent, mais en secret ; sim­ple­ment dire leurs noms et c’est fini : ils sont grillés ! Telle est la situa­tion de l’Eglise.

Restons surnaturels, il ne sert à rien de s’énerver ou de s’impatienter

On n’a pas fini de se battre ; cela ne doit pas vous décou­ra­ger ; on conti­nue, c’est tout ; on conti­nue­ra ce com­bat le temps qu’il fau­dra avec la grâce du Bon Dieu, serei­ne­ment ; ça ne sert à rien de se fâcher ni de s’é­ner­ver. Cela ne change pas la situation.

Il y a des choses de plus en plus scan­da­leuses ; toutes ces cano­ni­sa­tions deviennent main­te­nant ridi­cules ; l’Eglise jette le dis­cré­dit sur elle-​même avec ces choses-​là ; ils parlent main­te­nant de la béa­ti­fi­ca­tion de Paul VI. Il n’est pas dif­fi­cile de mon­trer les choses scan­da­leuses qu’ont faites ces per­sonnes. Cela choque, c’est scan­da­leux ; on ne peut pas cano­ni­ser un scan­da­leux. Ils font n’im­porte quoi. C’est cela mettre le dis­cré­dit sur l’au­to­ri­té ; c’est grave ce qui se passe.

Nous ne pou­vons pas faire autre chose que de conti­nuer, c’est tout ; alors nous conti­nuons. Je pense que ce n’est pas le moment de dire qu’il n’est plus pape ou je ne sais pas trop quoi d’autre.

Il y des blagues qui cir­culent, une par­tie est blague, une par­tie est vraie. Voilà une blague que j’ai enten­due : il y a des prêtres à Rome qui prient au canon « pro pon­ti­fice nos­tro Benedicto et pro anti­stite nos­tro Francisco », pour notre pape Benoît et notre évêque François ; celui-​ci dit tou­jours qu’il est l’é­vêque de Rome, il ne veut pas être le pape mais l’é­vêque de Rome. Bon, ça c’est une blague. Mais main­te­nant ce qui est vrai, c’est qu’il y a des prêtres à Rome qui prient en même temps pour les 2, pour Benoît et François : ils sont tel­le­ment trou­blés qu’ils ne savent plus qui est le vrai pape ; ce ne sont pas des gens de chez nous mais des modernes. Voilà à quel point de trouble on arrive. Cela devient insensé !

Ne décidons pas ce que Dieu doit faire ou ne pas faire pour résoudre la crise

Nous, nous conti­nuons, c’est très simple, nous conti­nuons comme nous sommes. Cela dure­ra le temps que cela dure­ra. Le Bon Dieu per­met cette épreuve ; nous, elle nous semble longue ; mais c’est le secret du Bon Dieu. On espère tous les jours la fin de l’é­preuve ; un jour cela vien­dra, mais je pense qu’on sera sur­pris par la manière qu’u­ti­li­se­ra le Bon Dieu. Je ne sais pas laquelle, je n’ai aucune idée. Quand vous essayez d’i­ma­gi­ner, vous avez toutes les pos­si­bi­li­tés ! Cataclysme, guerre mon­diale, per­sé­cu­tion par les musul­mans, révolte à l’in­té­rieur de l’Eglise pas néces­sai­re­ment de notre côté mais du côté des modernes, …, je n’en sais rien. Nous ver­rons bien.

Mais vou­loir à pré­sent pro­je­ter, déci­der com­ment les choses vont s’ar­ran­ger, je n’en sais rien.

Nous lais­sons cela dans les mains du Bon Dieu ; ce n’est pas notre affaire ; notre affaire c’est de faire notre devoir d’é­tat. Ca, oui ! Quand nous nous pré­sen­te­rons devant le Bon Dieu à la fin de notre vie, Il ne nous deman­de­ra pas « alors, il était pape ou pas ? », mais « qu’as-​tu fait de tes jour­nées ? qu’as-​tu fait des grâces que je t’ai don­nées ? » ; c’est de cela que nous devrons répondre et pas de vou­loir se mêler de résoudre tous les pro­blèmes de l’hu­ma­ni­té. Ceux qui sont de notre niveau, oui bien sûr, et cela suffit.

Plus les épreuves sont grandes, plus grand doit être notre amour de Dieu

Et donc je vous invite à beau­coup de séré­ni­té mal­gré tout cela, séré­ni­té en regar­dant le Bon Dieu, qui per­met ces épreuves redou­tables, ter­ribles et qui demandent de notre part un accrois­se­ment de prières.

C’est pour cela que je lance ces croi­sades, pour vous pous­ser à la prière et à toute la pra­tique chré­tienne car les temps sont durs : Il nous faut don­ner quelque chose qui soit pro­por­tion­née à cette situa­tion, un zèle plus grand envers le Bon Dieu.

Ces épreuves doivent nous aider et nous aident à gran­dir dans l’a­mour du Bon Dieu ; elles nous obligent à faire des efforts que nous n’au­rions pas faits si tout allait bien. Ce sont des « felix culpa », le Bon Dieu per­met ces épreuves pour nous éprou­ver et nous faire gran­dir dans la ver­tu. Il faut lui faire cette confiance, il faut lui deman­der cette grâce comme à chaque fois que l’on a une épreuve. Que cette épreuve serve au Bien, qu’elle serve à nous rap­pro­cher de Lui, à nous rap­pro­cher du Ciel ; c’est cela qu’il faut deman­der beau­coup plus que d’être libé­rés de l’épreuve.

Evidemment nous deman­dons la fin de cette crise, il faut la deman­der, c’est nor­mal ; mais en même temps, tant que le Bon Dieu la per­met, qu’elle nous serve à nous faire gran­dir dans toutes les ver­tus : la Foi, mais aus­si la Charité, mais aus­si la Justice, toutes les ver­tus sans chose à moitié !

Voici le temps de la Sainte Vierge

Bien sûr pour moi il est évident ce temps de la Sainte Vierge ; elle a suf­fi­sam­ment par­lé pour qu’on ignore encore son mes­sage. Elle a dit que Dieu lui-​même avait mis dans ses mains la paix des nations. La paix même des nations est dans les mains de la Ste Vierge. Que dire alors de la paix de l’Eglise ! Il est évident que la mère de l’Eglise a son mot à dire. Vivons cette dévo­tion à la Sainte Vierge. C’est le mois de mai, vivons inti­me­ment cette rela­tion à Notre Mère du Ciel ; Mère de Dieu qui va deve­nir notre mère, vous vous ren­dez compte ! Reine de l’u­ni­vers, reine du Ciel et de la Terre qui nous prend pour ses enfants et qui a payé au pied de la croix pour cha­cun d’entre nous ! C’est ce qu’on appelle la co-rédemption.

Nous lui sommes chers, nous lui avons coû­té ; nous ne devons pas l’ou­blier ; la dévo­tion à la Sainte Vierge n’est pas une petite chose à prendre ou à lais­ser. Le culte de la Sainte Vierge est une néces­si­té pour les catho­liques et c’est dans ses mains que je vais vous laisser.

Le temps est comp­té : il est l’heure des Vêpres et du Salut du Saint-​Sacrement, puis je dois partir.

Ce sur quoi je veux insis­ter une der­nière fois, c’est que toutes les bêtises qui cir­culent sur Internet sur un pré­ten­du accord entre la Fraternité et Rome, dépassent tout alors qu’en réa­li­té il n’y en a pas. Il n’y en a pas.

Fin de la confé­rence de Mgr Fellay

Source : Apostol n° 78 de juin 2014

FSSPX Premier conseiller général

De natio­na­li­té Suisse, il est né le 12 avril 1958 et a été sacré évêque par Mgr Lefebvre le 30 juin 1988. Mgr Bernard Fellay a exer­cé deux man­dats comme Supérieur Général de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X pour un total de 24 ans de supé­rio­rat de 1994 à 2018. Il est actuel­le­ment Premier Conseiller Général de la FSSPX.