Le mot du Second Assistant du District de France
Chers Croisés,
Ne sommes-nous pas pris de vertige à la vue de la société contemporaine et de l’état de notre pauvre patrie ? Oui, tout le monde en convient, la société va mal. Et il ne s’agit pas d’élucubrations de paranoïaques sordides. Il suffit de voir la réalité qui nous entoure et les faits divers tous plus horribles les uns que les autres, rapidement diffusés dans le monde entier. Personne ne soutient que nous vivons dans une société paisible, unie, prospère, où chacun peut accomplir son devoir d’état en toute quiétude. Si le constat est malheureusement facile à faire, la recherche des causes, en revanche, sera beaucoup plus sujette à discussion parmi nos contemporains. Et pourtant, nous catholiques, nous les connaissons.
Pourquoi le monde va-t-il si mal ? Parce que l’on ne veut pas écouter celui qui a dit : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; je ne la donne pas comme la donne le monde »[1]. Dans son magnifique discours après la Cène (St Jean, 14–16), Notre-Seigneur Jésus-Christ donne à ses Apôtres, et donc à nousmêmes, le programme de chacune de nos vies : aller à Dieu le Père par lui, Jésus-Christ [« Je suis la voie, la vérité et la vie ; nul ne va au Père que par moi »[2]] et pour cela vivre en état de grâce en observant ses commandements [« Si vous m’aimez, gardez mes C hers croisés, 2 commandements »[3]] et pratiquer la charité fraternelle [« Aimez-vous les uns les autres »[4]]. Et le fruit de tout cela sera précisément la paix.
En d’autres termes, il ne s’agit ni plus ni moins de ce qu’on nomme le règne de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Notre-Seigneur Jésus-Christ, étant le maître de toutes choses, créateur et fin de toutes choses, est appelé à régner sur les individus, les familles et les sociétés par sa loi. « Il faut qu’il règne »[5] nous dit saint Paul. Et d’autant plus qu’il est aussi mort pour nous et qu’il nous a rachetés. Notre-Seigneur règne-t-il aujourd’hui dans le monde ? Poser la question c’est malheureusement y répondre par la négative. Non seulement nos sociétés ne veulent pas de Jésus-Christ, mais en plus elles font tout pour détruire ce qui reste de la chrétienté ; et ce, par la laïcité et la sécularisation des Etats. Alors ne soyons pas étonnés du chaos dans lequel nous vivons.
Et pourtant la chrétienté a existé. Même si tout n’était pas parfait (les conséquences du péché originel existeront jusqu’à la fin du monde !), Notre-Seigneur était vraiment le roi dans les cités, dans les familles, dans les individus. Quelle en était la conséquence ? Laissons notre fondateur, Mgr Marcel Lefebvre, nous le dire :
« Il y avait alors cet esprit de dépendance, de simplicité, de discrétion, d’humilité dans les foyers. Dans les familles germaient des vocations en nombre considérable, parce que les gens sentaient le besoin d’aller au médecin des âmes, ils ressentaient cet appel constant d’aller à Notre-Seigneur Jésus-Christ, d’être dépendant de lui »[6].
Plus Notre- Seigneur règne dans la société, plus il y a de vocations, de personnes qui se donnent à Jésus-Christ, plus les gens se sanctifient et plus la paix règne dans le monde. L’inverse est vrai également. Plus il y a de vocations, plus les gens obéissent à la loi de Dieu et plus Notre-Seigneur règne.
Il est ainsi aisé de comprendre que cette croisade pour les vocations est fondamentale. Il nous faut toujours davantage de prêtres et de saints prêtres pour ®établir le règne individuel, familial et social de Jésus-Christ. C’est ce que disait saint Pie X au début de son Exhortation au clergé catholique du 4 août 1908, Hærent animo :
« Par cette Exhortation, ce ne sont pas seulement vos intérêts que Nous défendrons, mais aussi les intérêts communs des nations catholiques, les uns ne pouvant en aucune façon être séparés des autres. En effet, le prêtre est tel qu’il ne peut pas être bon ou mauvais pour lui seul ; mais de quelles conséquences sont pour le peuple sa conduite et sa manière de vivre ! Quel immense trésor qu’un prêtre vraiment bon, partout où il se trouve ».
Alors soyez déjà remerciés de vos prières et de vos sacrifices pour l’obtention et la persévérance des vocations sacerdotales et religieuses. Mais continuez, ne vous relâchez pas. Dieu bénira vos efforts. Certes, ce n’est peut-être qu’au Ciel que vous en verrez les fruits, mais d’ici-là vous aurez obtenu de la miséricorde de Dieu les prêtres, religieux et religieuses, qui auront travaillé au règne du Christ-Roi sur la terre et contribué à y apporter sa paix.
Abbé Emeric BAUDOT† , Assistant du Supérieur du District de France