Apôtres (Ier siècle).
Fête le 28 octobre.
L’Église fête dans sa liturgie ces deux apôtres le même jour. Associés dans les listes évangéliques indiquant les membres du Collège apostolique, ils le furent aussi, les dernières années de leur vie, dans les labeurs de l’apostolat chrétien. Ils travaillèrent ensemble à la conversion de la Perse et subirent le martyre, le même jour probablement, soit dans ce pays, soit en Arménie. Il est donc tout naturel de ne pas les séparer dans le culte qu’on leur rend au jour anniversaire de leur naissance au ciel. Cependant, ainsi que nous le verrons, les fidèles aiment à les invoquer séparément, dans des circonstances ou pour des intentions bien différentes, car la dévotion catholique a assigné à chacun d’eux, dans le cours des siècles, un pouvoir particulier d’intercession au ciel.
L’Evangile et les Actes des Apôtres fournissent bien peu de renseignements sur saint Simon et saint Jude. Certains ouvrages apocryphes, dont plusieurs remontent aux premiers siècles, sont autrement documentés. Mais l’historien sérieux ne peut pas admettre tous les récits contenus dans les pseudo-Actes de Simon et de Jude : il en est de purement fabuleux ou légendaires.
Saint Simon surnommé le Cananéen ou mieux « le Zélé ».
Dans la liste des douze apôtres donnée par les évangélistes, saint Matthieu (x, 2–4) et saint Marc (iii, 16–19), le nom de l’apôtre Simon est accompagné dans le texte de la Vulgate de l’adjectif Cananaeus (en grec Kananitès). Selon saint Jérôme et d’autres anciens commentateurs, cette épithète de Cananéen signifierait que Simon était originaire de la petite ville de Cana en Galilée. Il n’en est rien. Ce surnom a le même sens que le mot araméen quânana (enflammé de zèle) d’où il dérive. Saint Luc l’a exactement compris. A deux reprises, dans son Evangile (vi, 15) et dans les Actes des Apôtres (i, 13,) il fait suivre le nom de Simon du mot Zelotés (zélé). Simon le Zélé – et non pas Simon le Zélote, quoiqu’il n’y ait en hébreu qu’un seul terme pour cette double signification, – telle est la dénomination évangélique de cet apôtre. Le surnom doit être entendu dans le sens d’un zèle ardent pour Dieu, plutôt que comme synonyme de partisan de la secte des Zélotes, cette secte animée d’un zèle farouche pour l’indépendance absolue d’Israël.
L’Evangile associe le nom de Simon à celui de Judas (ou Jude) que saint Matthieu et saint Marc appellent « Thaddée » (c’est-à-dire homme intrépide ou courageux). D’après quelques exégètes, Simon l’apôtre s’identifierait avec le personnage du même nom mentionné par saint Matthieu (xiii, 55) ; il aurait donc été un cousin de Jésus et en même temps le frère de saint Jacques le Mineur et de saint Jude. Cette parenté demeure fort incertaine.
Simon est de tous les apôtres celui dont l’histoire est la moins connue. Il aurait composé, dit-on, le verset suivant du Symbole des apôtres : « Je crois à la rémission des péchés. »
On n’est pas non plus très bien fixé sur son véritable champ d’apostolat. Les traditions conservées par le Bréviaire romain lui font prêcher la foi en Egypte et en Cyrénaïque, et ensuite, avec saint Jude, en Mésopotamie et en Perse où il endura le martyre. Les Bollandistes regardent comme fabuleuse l’évangélisation de la Grande-Bretagne par Simon le Zélé.
Saint Jude, apôtre au triple nom et cousin du Seigneur.
L’apôtre que nous nommons ordinairement Jude plutôt que Judas – Judas est cependant son vrai nom – est désigné dans saint Luc (vi, 16 ; Actes, i, 13) par l’expression : « Judas (frère) de Jacques. » Saint Jean l’appelle ainsi : « Judas non l’Iscariote » ; saint Matthieu (x, 4) et saint Marc (iii, 18) ne le connaissent que sous le nom de Thaddée (beaucoup de manuscrits grecs portent : « Lebbée surnommé Thaddée » et vraisemblablement Lébbée est la leçon originale de saint Matthieu : en hébreu ces deux surnoms sont d’ailleurs à peu près synonymes). Il est visible que les trois Evangiles synoptiques, et saint Jean, tout comme eux, ont voulu empêcher que l’on pût confondre Judas ou Jude avec l’apôtre prévaricateur, Judas l’Iscariote. C’est pour cela qu’ils ont ajouté à son vrai nom de Judas un déterminatif ou qu’ils ont désigné cet apôtre par un surnom.
Un ouvrage grec du ve siècle identifie Jude avec l’un des soixante-douze disciples, du nom de Thaddée (ou Addaï). Si l’on en croit les Actes de Thaddée, ouvrage apocryphe des premiers siècles, l’épithète de Thaddée fut donnée à Jude quand Jean le Précurseur le baptisa.
Quoi qu’il en soit, cet apôtre était fils de Cléophas (ou Alphée), frère de saint Joseph, et de Marie (Jean, xix, 25), sœur ou seulement proche parente de la Sainte Vierge. Il avait pour frères saint Jacques le Mineur, premier évêque de Jérusalem, Joseph et Simon. Ces personnages sont appelés dans saint Matthieu (xiii, 55) « les frères », c’est-à-dire les cousins de Jésus. On sait que chez les hébreux le terme de frère est souvent pris dans un sens large pour exprimer un degré de parenté assez éloigné. Il est certain que Jude était en même temps que saint Jacques un proche parent du Sauveur, un descendant de la famille de David. Lors de la persécution de Domitien, les descendants de Jude furent recherchés, au témoignage d’Eusèbe et d’Hégésippe, parce qu’appartenant à la famille du Christ ; finalement on les laissa en paix, car, quoique de race royale, ils furent jugés n’être nullement dangereux pour l’empire romain.
Avant de marcher à la suite du Christ, Jude, si l’on en croit un passage des Constitutions apostoliques (ouvrage datant du ive ou du ve siècle), était occupé à la culture des champs : « Qu’il n’y ait parmi les fidèles aucune personne oisive. Que si quelqu’un veut l’être, qu’il ne mange point. Car Pierre a été pêcheur ainsi que les autres apôtres ; Jude, frère de Jacques, a été agriculteur. » Il fut marié et eut des enfants : Hégésippe, historien du milieu du iie siècle, parle de sa descendance.
A la suite du Maître. – Une question posée durant le discours de la dernière Cène.
L’absence, dans les Evangiles, de tout renseignement sur sa vocation apostolique, comme d’ailleurs sur celle de ses frères, a été interprétée ainsi par certains auteurs : les écrivains sacrés n’ont pas cru devoir parler de ce que bout le monde savait, c’est-à-dire de ces relations déjà anciennes et fréquentes qui avaient fait naturellement des enfants de Cléophas les premiers disciples du Maître. Dans les listes des apôtres, données par saint Matthieu et saint Marc, le nom de Thaddée se trouve au dixième rang, avant celui de Simon : au contraire saint Luc lui assigne l’avant-dernière place, juste avant le traître. Dans ces listes comme d’ailleurs dans celle du Canon de la messe, le nom de Jude est associé à celui de Simon, on ne sait au juste pourquoi.
Le cousin germain et apôtre de Jésus l’a constamment suivi comme les Douze dans ses courses évangéliques. II n’est cependant question de lui que la veille de la Passion, au moment où le Sauveur prononce cet admirable et touchant discours d’après la Cène. Le Maître vient de promettre à ses disciples sa présence, celle du Père et de l’Esprit-Saint. Lui-même viendra à eux. Le monde ne le verra pas, sa vie étant une vie toute spirituelle. Mais ses disciples vivant de la même vie le verront et ils connaîtront le secret de cette union qui les rattache au Père : Jésus sera en eux, eux en lui et lui en son Père. Cette union ne se fera pas seulement par la foi, mais surtout par la charité : « Celui qui a mes commandements et qui les garde, dit Jésus, c’est celui-là qui m’aime : et celui qui m’aime sera aimé de mon Père et moi je l’aimerai et je me manifesterai à lui. » (Jean, xiv, 21.)
En entendant ces dernières paroles, Jude, qui comme les autres apôtres et les Juifs croyaient à une manifestation éclatante et triomphale du Messie jetant par là le monde entier à ses pieds, fut très surpris. Il se permit de demander à Jésus pourquoi il voulait ne se manifester qu’aux seuls disciples : « Seigneur, comment se fait-il que vous vouliez vous manifester à nous et non au monde ? » Et Jésus de lui répondre : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole et mon Père l’aimera et nous viendrons à lui, et nous ferons en lui notre demeure. » (Jean, xiv, 23.) Par ces paroles si formelles, Jésus lui donne à entendre que le Sauveur se manifeste d’une façon tout intérieure, aux âmes qui l’aiment et gardent sa parole : alors la Sainte Trinité vient en elles et cette venue se prolonge en un séjour. Or, le monde par définition n’aime pas Jésus, il est l’ennemi de Jésus, il le hait ; Jésus ne peut se manifester à lui, puisque l’amour est la condition de sa venue et de son séjour dans les âmes. Le Maître n’exclut personne de son royaume : mais il faut pour y entrer la robe nuptiale de la divine charité. Jude a raison de vouloir que la gloire du Christ brille comme le soleil sur le monde, qu’elle s’étende sur toute la grande famille humaine, mais cette gloire n’est visible et efficace que pour les âmes justes, que pour les disciples en esprit et en vérité du Sauveur, que pour ceux qui l’aiment dans la pratique de sa doctrine.
A la conquête des âmes. – Travaux apostoliques.
Les auteurs ecclésiastiques ont enregistré des traditions assez diverses sur la vie et les travaux apostoliques de Jude. D’après Nicéphore Calliste, il aurait d’abord évangélisé la Judée, la Samarie, l’Idumée. Selon d’autres, il alla d’abord en Afrique ou encore en Mésopotamie, puis il revint à Jérusalem, après le martyre de saint Jacques. Saint Augustin dit que le onzième article du symbole des apôtres : « Je crois à la résurrection de la chair » a été formulé et présenté par Jude. On peut croire qu’après l’Ascension, il évangélisa les contrées adjacentes à celles où avait prêché le Prince des apôtres, car dans son épître canonique, Jude combat les mêmes hérétiques que vise la seconde lettre de saint Pierre.
Le Martyrologe et le Bréviaire romain affirment que Jude prêcha l’Evangile en Mésopotamie. De là il se rendit avec Simon en Perse. La composition de l’épître qu’il adressa aux Eglises d’Orient, en particulier aux juifs convertis à l’Evangile, est antérieure à sa venue en Perse et aussi à la ruine de Jérusalem ; le texte de la lettre ne fait aucune allusion à ce terrible châtiment qui, nécessairement, en raison du sujet, aurait été mentionné s’il avait déjà été infligé quand Jude écrivait.
L’Epître canonique de saint Jude.
L’épître deutérocanonique qui porte le nom de « Jude serviteur de Jésus-Christ et frère de Jacques » appartient au groupe des épîtres catholiques. Traduite en latin dès le iie siècle, elle est utilisée par les plus anciens écrivains ecclésiastiques ; Tertullien, Clément d’Alexandrie et d’autres la citent. Elle est reçue dans les Eglises de Rome et d’Afrique comme un ouvrage inspiré.
Selon l’opinion communément admise par les anciens commentateurs et les exégètes catholiques, l’auteur de cette épître est un personnage des temps apostoliques, l’apôtre Jude. Il se désigne par sa parenté avec le disciple le plus populaire dans les communautés judéo-chrétiennes, saint Jacques le Mineur, premier évêque de Jérusalem : c’est son frère.
La lettre est adressée aux Eglises qui relevaient de Jude ou auxquelles il s’intéressait spécialement. L’apôtre exhorte les nouveaux convertis, des judéo-chrétiens, à combattre pour la foi. Il les met en garde contre de faux docteurs qui se glissent dans la communauté chrétienne et se rendent coupables de toutes sortes d’infamies. A l’exemple de Sodome et de Gomorrhe, ils souillent leur chair ; ils ne veulent point du Seigneur Jésus pour maître ; ils méprisent l’autorité ; ils sont hautains, parlent d’une manière injurieuse des choses qu’ils ignorent, etc. Ces hérétiques, météores errants, nuages sans eau, arbres sans fruits, recevront leur châtiment ; ils seront frappés comme le furent leurs ancêtres, d’après l’histoire de l’Ancien Testament et les traditions juives.
Cette lettre, écrite probablement aux environs de l’an 70, est avant tout une exhortation morale, non un exposé de la doctrine. Toutefois, elle présente les points fondamentaux de la foi chrétienne ; nécessité de faire son salut en croyant à l’Evangile et au Christ le Sauveur, accomplir ses commandements, ne pas suivre les doctrines des hommes débauchés et pervers.
Evangélisation de la Babylonie et de la Perse.
Selon la tradition la plus répandue, c’est en Perse que les apôtres Simon et Jude se réunissent : c’est là qu’ils travaillent ensemble et subissent le martyre. Des détails plus ou moins authentiques sur leur apostolat et leur mort se trouvent dans un ouvrage intitulé : Histoires apostoliques. C’est un recueil composé dans le monde franc, au vie siècle. L’auteur y réunit diverses légendes sur les apôtres. Certaines d’entre elles sont assurément anciennes, et, quoique apocryphes, doivent contenir une part de vérité. La légende qui s’occupe des apôtres Simon et Jude mentionne parmi leurs compagnons un Juif nommé Abdias. Il aurait été établi évêque de Babylone et aurait écrit une relation des efforts accomplis par les deux apôtres dans le royaume persan : c’est du moins ce que racontent les Actes apocryphes de Simon et de Jude.
Selon le pseudo-Abdias, les deux missionnaires de l’Evangile arrivèrent en Perse au moment où Varadach, général des armées du roi de Babylone, faisait marcher ses soldats contre les Indiens qui avaient passé la frontière. Le général avait dans son camp de nombreux prêtres païens, des devins, des magiciens, qui par des sacrifices, des consultations des démons, cherchaient à connaître l’issue de la guerre. Le jour où les apôtres se trouvèrent en contact avec l’armée, les démons et les magiciens ne donnèrent plus aucune réponse. On consulta sur ce silence une idole très vénérée. Les nouveaux venus en étaient la cause : la puissance de ces hommes de Dieu était si grande que nul démon ne pouvait parler en leur présence.
Varadach, mis au courant par les païens furieux, fit venir les coupables. Après avoir interrogé Simon et Jude et écouté leurs réponses, il se convainquit que c’étaient des hommes de bien. Les oracles consultés par le général avaient tous déclaré que la guerre serait sanglante, longue. « Ces oracles ne sont qu’un pur mensonge, dirent les deux apôtres. Demain à cette heure, vous verrez revenir à vous ceux que vous avez envoyés, porteurs d’un traité de paix. Ils seront accompagnés des ambassadeurs indiens qui vous proposeront la fin des hostilités à des conditions très avantageuses. »
La chose arriva comme elle avait été prédite par les disciples du Christ : ces derniers durent même intercéder auprès du général en faveur des magiciens que celui-ci avait condamnés à mort.
Tous ces événements firent une grande impression sur l’esprit du général Varadach et sur celui du roi. Les apôtres eurent toute liberté de prêcher l’Evangile et d’organiser la pratique de la religion chrétienne dans la ville de Babylone. Leurs prédications, appuyées par la sainteté de leur vie et par de nombreux miracles tels que celui qui consista à rendre doux comme des agneaux deux tigres altérés de sang, amenèrent un grand nombre de conversions. On dit que la famille royale elle-même, les dignitaires de la cour, le général Varadach, se convertirent.
Alors, après avoir pourvu à l’organisation de cette Eglise locale, Simon et Jude se mirent à évangéliser les autres centres importants de la Perse. Leurs travaux apostoliques et leurs souffrances gagnèrent encore beaucoup d’âmes à Jésus-Christ ; mais le divin Maître se préparait à leur donner à son tour la récompense promise aux bons serviteurs, aux fidèles témoins de sa mission divine.
Martyre des deux Apôtres.
Si l’on en croit les Actes apocryphes déjà cités, ce fut dans une ville de Perse nommée Suanyr que les deux apôtres furent saisis et emprisonnés à l’instigation des prêtres du Soleil et de la Lune et de la foule excitée par d’odieuses calomnies. On conduisit chacun d’eux dans un temple païen différent, on les pressa de sacrifier aux idoles qui y étaient vénérées. Les prisonniers refusèrent, et pour prouver aux idolâtres que Jésus-Christ était le seul vrai Dieu, en son nom ils commandèrent aux démons de quitter les statues et le temple. A cet ordre, les édifices furent violemment secoués et les idoles se brisèrent en morceaux dans leur chute. La vue de ces débris augmenta encore la fureur de la foule qui réclama à grands cris la punition exemplaire des auteurs d’un pareil sacrilège. Les deux apôtres furent donc mis à mort.
On ne connaît pas le genre de supplice qu’ils eurent à endurer. D’après une tradition, Simon aurait vu les membres de son corps séparés les uns des autres par le travail de la scie. C’est pour cela que dans l’iconographie chrétienne, il est souvent représenté une scie à la main. Quant à Jude, il aurait été cloué à une croix, et ensuite tué à coups de flèches ou de massue. On le représente ordinairement avec une croix renversée, ou encore avec une lance ou une massue : parfois il tient l’image de Notre-Seigneur.
L’année du martyre des deux apôtres est inconnue. Il est certain que ceux-ci n’étaient plus en vie à l’époque de la persécution de Dioclétien. Le martyrologe romain fixe au 28 octobre le jour de leur naissance au ciel.
Culte rendu aux saints Simon et Jude.
L’histoire des apôtres attribuée à Abdias, évêque de Babylone, raconte que le roi de cette ville y ramena les corps des deux apôtres, les déposant dans une église élevée en leur honneur. Ce fut vraisemblablement à l’époque où les musulmans s’emparèrent de la Perse que ces reliques furent transportées à Rome. De nos jours, on les vénère encore à Saint-Pierre. La basilique Saint-Sernin à Toulouse se glorifie depuis des siècles de posséder une partie de ce trésor. Elle lui serait venue par l’intermédiaire de Charlemagne qui, lors de son couronnement à Rome, obtint du Pape saint Léon III une quantité assez considérable de reliques des saints apôtres. Un pieux évêque arménien, qui vint vers le xiiie siècle à Cologne, apporta avec lui une petite partie d’un bras de l’apôtre saint Simon. Cette relique fut ensuite donnée au monastère des Prémontrés de Seyn. Au témoignage de plusieurs historiens, elle opéra dans le cours des siècles un grand nombre de guérisons.
Saint Jude est le patron de Magdebourg et d’autres localités. Les scieurs de bois se mettent sous la protection de saint Simon, qui est aussi, en Auvergne, le patron des corroyeurs ; cela vient de la similitude de son nom avec celui du corroyeur hospitalier qui reçut à Joppé saint Pierre dans sa maison. Quant à saint Jude, il est spécialement invoqué dans les causes pressantes ou désespérées. On a donné des explications assez diverses de ce curieux patronage. L’une des plus vraisemblables paraît être l’assistance inattendue que cet apôtre et son compagnon donnèrent au général perse Vardachar dont l’armée se trouvait dans une situation très critique.
A Rome, à Béziers, dans de nombreux diocèses de Pologne, on rencontre des églises ou des autels dédiés à saint Simon et à saint Jude, ou à ce dernier apôtre seulement. Le nom de Thaddée est très porté par les Polonais : ils ont pour ce parent de Jésus-Christ une vénération spéciale ; il est vrai que leur grand héros national, Kosciusko († 1817), s’appelait Thaddée.
L’Eglise latine célèbre le même jour, le 28 octobre, la fête des apôtres Simon et Jude. Le Pape saint Pie V l’éleva au rite double de seconde classe : il changea aussi l’office, l’oraison exceptée. Comme tous les offices des apôtres, cet office se trouve dans les anciens sacramentaires. Quand l’un des deux apôtres est titulaire d’une église, on fête séparément chacun d’eux. C’est à des jours différents, le 10 mai et le 19 juin, que les Grecs et les Syriens font mémoire de saint Simon et de saint Jude.
F. C. Sources consultées. – Acta Sanctorum, t. XII d’octobre (Bruxelles, 1884). – Mgr Paul Guérin, Les Petits Bollandistes, t. XIII (Paris, 1897). – Tillemont, Mémoire pour servir à l’histoire eccl. des six premiers siècles, t. I (Paris, 1701). – Pétin, Dictionnaire hagiographique, t. II (Paris, 1850). – V. Érmoni, Jude, dans le Dictionnaire biblique, t. III (Paris, 1910). – J.-B. Colon, Epître de Jude, dans le Dictionnaire de théologie catholique, t. VIII (Paris, 1925). – Mgr A. Battandier, Annuaire pontifical de 1900 (Paris, Bonne Presse). – (V. S. B. P., nos 194 et 768.)