La grâce sanctifiante est personnelle. L’inhabitation divine se réalise dans chaque âme séparément. La vision béatifique est elle aussi une grâce accordée distinctement à chaque âme bienheureuse. La personne de chaque fidèle n’a pas à se noyer dans une personnalité collective annihilante. Le Sauveur promet même aux âmes fidèles un nom qui leur sera propre : « Au vainqueur Je donnerai de la manne cachée, et Je lui donnerai un caillou blanc ; sur ce caillou est écrit un nom nouveau, que personne ne connaît, si ce n’est celui qui le reçoit. » (Apoc 2, 17)
Mais la nature humaine est aussi sociale, et le salut se réalise en fait à plusieurs ; cela à trois niveaux.
En premier lieu celui de l’Eglise, qui est la voie nécessaire et normale du salut, sauf miracle. En elle on participe au culte divin, par lequel on reçoit la grâce dans les sacrements. On reçoit encore d’elle la doctrine authentique de Jésus-Christ, la connaissance des mystères de foi et celle de la discipline de la sainteté.
Ensuite, il y a les rapports particuliers d’amitié – à condition qu’elle soit édifiante – d’émulation, de travail commun, tels que les liens qui ont uni Saint Dominique Savio à saint Jean Bosco, saint Paul et saint Timothée, saint Thomas d’Aquin et saint Albert le Grand, etc.
Enfin il y a le soutien invisible de la foule des âmes déjà bienheureuses, et celui de la communion des saints, qu’ils soient au ciel, ici bas ou au purgatoire.
Ainsi, que la charité des uns soutienne et encourage celle des autres, et le diable ne pourra pas nous persuader que nous sommes isolés et sans force. « Environnés d’une telle nuée de témoins » (Hebr 12, 1), nous n’avons pas à opérer des distinctions subtiles entre « prier ensemble » et « être ensemble pour prier » : l’unité catholique, au sein de laquelle toutes les âmes de bonnes volonté sont les bienvenues, suffit à repousser la malédiction qui frappe l’homme seul (Eccl 4, 10). Selon l’adage, on ne se sauve jamais seul. Les tarifs de groupes sont toujours plus avantageux !
Abbé Nicolas Cadiet