La situation actuelle de l’Église est grave, préoccupante, effrayante même. Certains points fixes qui avaient, vaille que vaille, résisté au moins en partie à la tempête conciliaire, sont tout simplement en train d’être détruits, arrachés, broyés. Je pense évidemment, en premier lieu, à la sainteté du mariage.
Et si une certaine réaction se fait jour, dont les Dubia des quatre cardinaux sont l’expression la plus éclatante, cette réaction est feutrée, partielle, souvent insuffisante voire incohérente, inspirée qu’elle reste des faux principes dont les derniers rebondissements sont malheureusement les conséquences assez logiques.
Fidèle à l’héritage de Mgr Lefebvre, la Fraternité Saint-Pie X continue à contester ces orientations mortifères, à protester contre les erreurs, à refuser les dérives. Elle le fait négativement, par de nombreux textes où nos supérieurs, nos évêques et nos prêtres pointent du doigt ces égarements et dissipent les sophismes qui tentent de les justifier, et ceci à la lumière de la vraie doctrine catholique. Elle le fait positivement, en s’efforçant chaque jour de prêcher la foi authentique, de prôner la morale de l’Évangile, de célébrer une liturgie digne de Dieu et sanctifiante pour les âmes, de vivre une vie chrétienne fervente.
Mais nous sommes si peu nombreux, si petits, si médiocres parfois quand nous faisons notre examen de conscience, qu’un vertige nous prend, qu’un sentiment d’impuissance nous saisit : comment pourrions-nous arrêter ce déluge d’erreurs et de péchés ? Qui sommes-nous face à des adversaires si puissants, si organisés, si formidables, qui semblent avoir toutes les cartes en main ?
C’est ce que pensait le serviteur d’Élisée lorsqu’il sortit le matin et qu’il vit la ville de Dothan entourée par les troupes du roi de Syrie venues capturer le prophète. Il dit alors à son maître, comme nous avons nous-mêmes la tentation de le faire :
« Hélas ! mon seigneur, hélas ! Que ferons-nous ? » Mais l’homme de Dieu lui répondit : « Ne craignez pas, car il y a plus de monde avec nous qu’il n’y en a avec eux. » Et alors le serviteur vit le ciel empli de chevaux et de chariots de feu qui protégeaient Élisée et qui, de fait, le délivrèrent des menées criminelles du roi de Syrie.
De la même façon, « si Dieu est avec nous, qui sera contre nous ? » (Rm 8, 31). C’est donc vers Dieu, comme ultime mais très puissant recours, que nous devons nous tourner en cette heure si critique pour l’Église. Et c’est pourquoi la croisade du rosaire lancée par Mgr Fellay depuis le 15 août 2016, et destinée à durer jusqu’au 22 août de la présente année, est si importante et si nécessaire.
Certains seront peut-être tentés de dire : « Encore une croisade du rosaire ? » Je leur réponds : « Plus que jamais, une croisade du rosaire ! » Nous devons mettre toutes nos forces dans cette bataille immense, et nos forces sont d’abord celle du Ciel, de la sainte Vierge « puissante comme une armée rangée en bataille ».
En cette année du centenaire des apparitions de Fatima, il est bon de se souvenir de ce que disait soeur Lucie au père Fuentès le 26 décembre 1957 :
« La très sainte Vierge, en ces derniers temps que nous vivons, a donné une efficacité nouvelle à la récitation du rosaire. De telle façon qu’il n’y a aucun problème, si difficile soit-il, temporel ou surtout spirituel, se référant à la vie personnelle de chacun de nous, de nos familles, des familles du monde ou des communautés religieuses, ou bien à la vie des peuples et des nations, aucun problème, dis-je, si difficile soitil, que nous ne puissions résoudre par la prière du saint rosaire. »
Alors, reprenons notre chapelet et récitons-le chaque jour avec ferveur pour les intentions indiquées dans cette croisade : au premier chef, les intentions de la bienheureuse Vierge Marie à Fatima, à savoir l’extension de la dévotion au cœur immaculé de Marie, pour hâter le triomphe de ce Cœur immaculé, ce qui passe par la consécration « ecclésiale » (pape et évêques) de la Russie ; en deuxième instance, la protection de la Mère de Dieu sur la Fraternité Saint-Pie X et sur les œuvres de la Tradition en général, pour qu’au milieu des dangers et des illusions, elles demeurent sur la ligne de crête définie par notre vénéré fondateur.
Ayons confiance dans l’efficacité surnaturelle du chapelet car, comme le disait notre saint patron à ses diocésains le 21 septembre 1885, « il est impossible que Marie n’exauce pas la prière du saint rosaire par laquelle l’Église implore son patronage ».
Abbé Christian Bouchacourt †, Supérieur du District de France de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X
Sources : Fideliter n° 235 de janvier-février 2017