Loin d’être une simple formalité ou un acte de politesse, accueillir les nouveaux est un geste profondément chrétien qui nous sanctifie et nous aide les uns les autres à persévérer dans notre vie chrétienne.
L’arrivée d’un nouveau visage dans notre paroisse n’est pas quelque chose d’inhabituel. Et cela est heureux. Mais pour la personne qui vient dans notre église pour la première fois, c’est un moment précieux, mélangé d’espoir et d’appréhension. Pour chacun d’entre nous, cela doit être une invitation à s’oublier, à sortir de sa routine pour faire une place à celui qui arrive. Il y a là un appel à la charité concrète, une occasion de mettre en pratique les commandements de Notre ‑Seigneur Jésus-Christ. Loin d’être une simple formalité ou un acte de politesse, accueillir les nouveaux est un geste profondément chrétien qui nous sanctifie et nous aide les uns les autres à persévérer dans notre vie chrétienne.
Un acte de charité contre l’égoïsme
Il y a un piège dans toute routine. Nous avons nos habitudes, y compris dans la paroisse et à la messe dominicale. Et cela peut parfois nous enfermer dans un cercle de connaissances, où nous nous sentons à l’aise, reconnu et en sécurité. Nous sommes tentés de ne parler qu’à ceux que nous connaissons, de rester dans une sorte de cercle de confort. Pourtant, l’Évangile nous appelle à plus. En effet, Jésus-Christ ne s’est pas limité à ses disciples, il est allé à la rencontre de tous, des Juifs, des païens, des pécheurs, des malades, des étrangers. En sachant faire attention aux nouveaux arrivants et en les accueillant, nous imitons le Christ.

Cet accueil est ainsi l’occasion de lutter concrètement contre notre propre égoïsme, qui nous pousse à nous préoccuper uniquement de nos propres intérêts et de notre petit groupe. Il empêche le mouvement de la charité et le don de soi. Au contraire, saint Pierre nous exhorte d’avoir une charité persévérante : « Exercez entre vous l’hospitalité sans murmurer. Que chacun mette au service des autres le don spirituel qu’il a reçu, comme doivent faire de bons dispensateurs de la grâce de Dieu [1]. » Et saint Jean renchérit : « A ceci nous avons connu l’amour de Dieu : c’est qu’il a donné sa vie pour nous ; et nous devons aussi donner notre vie pour nos frères. Si quelqu’un possède les biens de ce monde, et que, voyant son frère dans le besoin, il lui ferme ses entrailles, comment l’amour de Dieu demeure-t-il en lui ? Mes petits enfants, n’aimons pas en paroles ni avec la langue, mais par les actes et en vérité. » [2]. Par amour surnaturel de Dieu, lorsque nous tendons la main à un nouvel arrivant, ou lorsque nous lui offrons un sourire ou un mot de bienvenue, nous laissons la charité prendre la place de notre individualisme. Nous ne pensons plus à notre confort personnel, mais au bien de l’autre. Salutaire ascèse !
Un soutien fraternel pour la persévérance
L’Église est un corps, une société, et chaque membre a besoin des autres pour vivre et se perfectionner. Un paroissien qui reste seul est comme une étincelle isolée : elle risque de s’éteindre. Ainsi, c’est une épreuve redoutable sur le chemin de la vie chrétienne que la solitude. Au contraire, le soutien mutuel, l’aide réciproque que l’on peut se procurer, les attentions bienveillantes d’une discussion charitable, tout cela peut raviver et intensifier la flamme de la foi.
Une personne qui arrive dans une nouvelle paroisse, pour des raisons de déménagement ou de retour à la foi, peut se sentir perdue ou découragée si elle ne rencontre personne. Les difficultés de la vie, les doutes ou les tentations peuvent alors devenir des montagnes insurmontables sans le soutien charitable du prochain. En l’accueillant, nous lui offrons le soutien spirituel et humain indispensable. En quelque sorte nous devenons les mains et le cœur du Christ pour elle :
En vérité, je vous le dis, toutes les fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits d’entre mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.
Matthieu 25, 40
Accueillir les nouveaux, c’est précisément cela : sortir de notre zone de confort pour offrir le soutien et la charité dont notre prochain a besoin pour persévérer.
Une aide précieuse pour la découverte de la foi et de la liturgie
Parmi les nouveaux visages qui franchissent les portes de nos églises, certains sont des chercheurs de Dieu qui découvrent la foi ou la liturgie. Attirés par la beauté du rite, par la paix du lieu, ils peuvent néanmoins se sentir étrangers, ne comprenant pas toujours les gestes, les chants ou les silences. Il faut alors avoir la simplicité d’aller vers eux, de leur proposer une explication, leur montrer les passages du missel. C’est leur permettre de faire un pas de plus vers la pleine connaissance du Christ-Jésus. Et n’est-ce pas l’évangélisation dont tout chrétien est capable ? Nous transmettons ainsi, à notre tour, l’héritage précieux de la foi catholique que nous avons reçu.
Et remarquons que ce bienfait est réciproque. En prenant le temps d’aider quelqu’un à comprendre le déroulement de la messe, ou les raisons des rites traditionnels, les symboles et les prières, nous l’aidons à mieux suivre la liturgie et à s’y intégrer. Mais, en même temps, nous approfondissons notre foi et nous avons l’occasion de poser un acte de charité. Il y a là un enrichissement mutuel, celui précisément qui est voulu par le Bon Dieu qui nous a créé pour vivre en société, nous aidant les uns les autres.
Sortir de sa zone de confort pour sanctifier le dimanche
L’accueil des nouveaux paroissiens ne devrait pas être l’apanage de quelques-uns, mais la responsabilité de tous. C’est un appel à chacun de nous à sortir de notre zone de confort, à dépasser notre timidité ou nos habitudes. Cela demande un certain détachement de soi, une simplicité et une générosité de l’âme qui nous permettent de ne pas nous contenter de notre propre sort, mais de nous soucier des autres.
En faisant cela, nous prolongeons la grâce de la messe du dimanche. Sanctifier le dimanche ne se limite pas à assister à la messe, mais demande de vivre pleinement toutes les vertus chrétiennes.
Plus qu’une simple courtoisie, l’accueil des nouveaux paroissiens est bien un acte de foi et de charité qui nous sanctifie, nous permet de grandir en vertu et d’aider les autres à persévérer dans leur vie chrétienne. Quelle belle et simple manière d’être de véritables disciples du Christ !
Source : Le Seignadou, septembre 2025.