Lettre sur les vocations n° 20 d’avril 2012 : « Les auxiliatrices du sacerdoce »

« Les auxiliatrices du sacerdoce »

C’est d’abord par recon­nais­sance et par admi­ra­tion pour la voca­tion reli­gieuse de nos sœurs de la Fraternité que je sou­haite leur consa­crer l’éditorial de cette nou­velle lettre de la croi­sade pour les vocations.

Leur vie cachée, leurs prières, leurs sacri­fices et tout leur apos­to­lat se trouvent à l’origine de beau­coup de bien pour les prêtres et les voca­tions sacer­do­tales ; j’en ai l’intime convic­tion. Leur pré­sence, dans les prieu­rés de la Fraternité qui ont la grâce d’en comp­ter, est une béné­dic­tion ines­ti­mable pour la vie de ces mai­sons. Il nous faut prier pour que les prieu­rés puissent, un jour, être tous gra­ti­fiés de cette pré­sence reli­gieuse. Mais je pense que leur belle voca­tion demeure trop mécon­nue et je pré­sente éga­le­ment cette petite contri­bu­tion pour qu’elle le soit davantage.

Il n’est pas ano­din de com­men­cer par rap­pe­ler que les prêtres et les sœurs de la Fraternité Saint Pie X ont le même fon­da­teur. Monseigneur Lefebvre s’est tour­né vers l’une de ses sœurs de sang, éga­le­ment reli­gieuse dans la même congré­ga­tion que lui, Mère Marie-​Gabriel, pour l’aider dans la fon­da­tion de la socié­té de nos sœurs, de telle manière qu’elle en est deve­nue la co-​fondatrice. Cette évo­ca­tion des ori­gines est déjà suf­fi­sante pour signi­fier toute la pro­fon­deur des liens de famille qui existent depuis tou­jours entre les prêtres et les sœurs de la Fraternité saint Pie X.


Office divin avec les prêtres d’un prieuré

Mais pour mieux com­prendre les rai­sons qui ont pous­sé Monseigneur Lefebvre, après l’érection de la fra­ter­ni­té sacer­do­tale, à approu­ver la créa­tion d’une socié­té de sœurs, il faut se sou­ve­nir que notre Fondateur a d’abord vou­lu que les membres de la Fraternité sacer­do­tale vivent eux-​mêmes en petites com­mu­nau­tés. Et c’est dans la Fraternité Saint Pie X qu’il a réa­li­sé son des­sein. En pro­mou­vant cette vie, il répon­dait à un vœu très pro­fond de l’Eglise : que les prêtres dits « sécu­liers », retrouvent la vie de com­mu­nau­té, comme ils la pra­ti­quaient aux périodes les plus fer­ventes de l’histoire de l’Eglise. C’est ain­si qu’ils peuvent effi­ca­ce­ment se sou­te­nir les uns les autres, sur­tout dans ce monde rede­ve­nu hos­tile au sacer­doce catholique.

Dès lors, la for­ma­tion de ces petites mai­sons où habitent des reli­gieuses, à proxi­mi­té de celles où s’établissent des prêtres menant la vie com­mune, ne manque pas de se pré­sen­ter à l’esprit comme étant une solu­tion très avan­ta­geuse. Les prêtres assurent aux sœurs la messe quo­ti­dienne. Les sœurs mènent leur propre vie de com­mu­nau­té, sou­tiennent les prêtres de leurs prières, les aident dans leur apos­to­lat et les déchargent des tâches domes­tiques pour qu’ils puissent se consa­crer plus libre­ment à leur minis­tère. Cette for­mule ne rappelle-​t-​elle pas, d’ailleurs, la très ancienne tra­di­tion monas­tique de l’implantation des cou­vents de moniales non loin de la rési­dence des moines ?

Cependant, pour se rendre véri­ta­ble­ment compte de ce qu’est la voca­tion des sœurs de la Fraternité saint Pie X, il faut ouvrir l’Evangile. On y trouve cette pré­sence dis­crète mais effi­cace des saintes femmes, et sur­tout de la Sainte Vierge, auprès de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ. Certes, elles ne le suivent pas habi­tuel­le­ment dans ses courses apos­to­liques mais elles l’accompagnent de leurs prières et on ima­gine qu’elles lui rendent, à lui et à ses apôtres, de mul­tiples petits ser­vices que l’Evangile ne men­tionne pas tous.

Les saintes femmes se sont natu­rel­le­ment pla­cées sous l’autorité de la très sainte Vierge Marie qui, par sa prière et son exemple, plus encore que par sa parole, leur est une par­faite maî­tresse de vie chré­tienne. Elles se sont dis­tin­guées spé­cia­le­ment dans les heures les plus cruelles, en par­ti­cu­lier au moment de la Passion. Elles se trouvent dou­lou­reu­se­ment pré­sentes au pied de la croix. Puis, c’est l’une d’entre elles, Marie-​Madeleine, qui mérite même d’être appe­lée « l’apôtre des apôtres » car c’est à elle que fut réser­vé l’honneur d’être pour eux « l’ange Gabriel » de la nou­velle de la Résurrection de Notre-​Seigneur. En réa­li­té, les saintes femmes de l’Evangile se sont consa­crées au ser­vice de ce sacer­doce nou­veau que Notre-​Seigneur Jésus-​Christ, Souverain Prêtre, est venu éta­blir sur la terre.


Ecoles, caté­chismes, camps

La vie de nos sœurs de la Fraternité saint Pie X se rap­proche étroi­te­ment de ce modèle lais­sé par les saintes femmes de l’Evangile. En effet, leur voca­tion fait d’elles aus­si des « auxi­lia­trices du sacer­doce ». Monseigneur Lefebvre n’a pas hési­té à employer cette très belle expres­sion pour dési­gner l’orientation reli­gieuse de nos sœurs. « Les reli­gieuses seront des auxi­liaires des prêtres dans tous les minis­tères deman­dés à la Fraternité Sacerdotale. » C’est lorsqu’on se recueille un ins­tant pour creu­ser le sens de cette for­mule qu’apparaît toute la gran­deur de cette voca­tion fémi­nine, si proche de la vie de la très sainte Vierge Marie par­faite auxi­lia­trice de son Fils dans l’œuvre de la Rédemption.

En consé­quence, l’essentiel de la voca­tion de ces auxi­lia­trices du sacer­doce se réa­lise par leur assis­tance quo­ti­dienne à la sainte messe, à l’instar de la très sainte Vierge Marie dont tout la vie fut orien­tée vers sa sublime obla­tion au pied de la croix, en union avec son divin Fils. La pre­mière dévo­tion des sœurs, sous l’égide de Notre Dame de Compassion, leur sainte patronne, consiste dans leur par­ti­ci­pa­tion au saint sacri­fice de la Croix renou­ve­lé sur les autels.

Voilà le cœur de leur exis­tence et de cha­cune de leurs jour­nées. Leur vie ne consiste en rien d’autre que d’aller de messe en messe. Comme les vagues inlas­sables de la mer, elles s’élancent chaque matin vers le banc de la com­mu­nion d’où elles ne refluent dou­ce­ment qu’après avoir recueilli en leur cœur le fruit eucha­ris­tique. Elles y puisent toute leur force et toute leur joie et lui consacrent tout l’amour dont leurs âmes sont ren­dues capables.

Si les reli­gieuses sont donc de pré­cieuses aides pour la vie domes­tique des mai­sons de la Fraternité et si elles se dévouent en de mul­tiples œuvres apos­to­liques, elles ne méritent cepen­dant leur nom d’auxiliaires du sacer­doce que par leur esprit tout imbi­bé de l’esprit de la sainte messe. Leur vie est une per­ma­nente obla­tion qu’elles font d’elles-mêmes, en union avec la divine vic­time de l’autel. Comme le Christ s’offre en holo­causte à son Père, elles s’immolent chaque jour par amour dans les mille cir­cons­tances de leur quotidien.


Oblations, ado­ra­tion, Fête-​Dieu : « Les sœurs de la Fraternité ne res­sortent jamais de la chapelle
comme elles y sont entrées. C’est la faim eucha­ris­tique qui les y a pous­sées
 »

C’est pour­quoi toute leur exis­tence, tis­sue de leurs exer­cices de pié­té et de leurs dif­fé­rentes acti­vi­tés pla­cées au ser­vice du sacer­doce, se passe à vivre tou­jours plus inten­sé­ment de l’esprit de la sainte messe. Les sœurs de la Fraternité ne res­sortent jamais de la cha­pelle comme elles y sont entrées. C’est la faim eucha­ris­tique qui les y a pous­sées ; elles en res­sortent ras­sa­siées, com­blées du mets divin qui leur a été ser­vi. Et pour le res­tant de la jour­née, elles se trouvent tel­le­ment recon­nais­santes du témoi­gnage d’amour qu’elles ont reçu de l’époux de leur âme et dont elles demeurent péné­trées, qu’elles n’ont d’autre vou­loir que de lui mani­fes­ter toute la réci­pro­ci­té de leur cha­ri­té à tra­vers les labeurs si variés de leur quo­ti­dien dévoué au sacerdoce.

Elles com­prennent alors en pro­fon­deur les paroles si humbles et si pro­fondes de leur Fondateur : « Quand on me demande quelle est la spi­ri­tua­li­té de la Fraternité, je réponds que ce n’est pas une spi­ri­tua­li­té spé­ciale, c’est la spi­ri­tua­li­té de l’Eglise, c’est le saint sacri­fice de la messe. » Mais, en réa­li­té, quelle plus belle spi­ri­tua­li­té recher­cher que celle de la messe, renou­vel­le­ment non san­glant du Sacrifice du Golgotha et chef‑d’œuvre par­fait de la vie chrétienne ?


De Ruffec (36) elles partent ensei­gner leur Dieu d’a­mour dans le monde entier :
ici, sur les pho­tos, en République Dominicaine et au Gabon., mais aus­si sur les cinq continents !

Telle est la clef de leur exis­tence. Lorsqu’on l’a don­née, on a presque envie d’en res­ter là car, d’une cer­taine manière, tout est dit ! Le reste de leur vie s’unifie autour de leur messe quo­ti­dienne. Leurs consti­tu­tions qui entre­mêlent, dans leurs jour­nées, leurs exer­cices de pié­té avec les autres tra­vaux dont elles s’occupent favo­risent une union de l’âme tou­jours plus étroite avec le Bon Dieu. Que l’on fasse le caté­chisme aux enfants, que l’on pré­pare les repas, que l’on confec­tionne des orne­ments litur­giques ou que l’on répète les pièces gré­go­riennes de la pro­chaine messe chan­tée, il faut apprendre à tou­jours tout faire pour l’amour de Notre-​Seigneur, pour la fruc­ti­fi­ca­tion de l’apostolat des prêtres et pour la conver­sion des âmes.

Il n’est pas dif­fi­cile de voir – ou plu­tôt d’entendre- que leur exis­tence leur apporte ce fruit du Saint-​Esprit qui s’appelle la joie chré­tienne tant leurs récréa­tions sont ponc­tuées d’éclats de rire qui n’ont rien à envier à la gaie­té légen­daire des fils et filles de saint François ! Ne nous mépre­nons pas ! Cette constante bonne humeur est l’aboutissement de beau­coup de renon­ce­ments quo­ti­diens où l’on apprend à ces­ser de trop s’occuper de soi-​même et de ses petites tri­bu­la­tions per­son­nelles pour tou­jours don­ner aux autres cette cha­ri­té qui consiste à rendre la vie com­mune agréable aux autres et à ne jamais leur être à charge.


Vœux de reli­gion et véri­tables « auxi­lia­trices du sacerdoce »

En vous deman­dant, chers croi­sés, de prier avec fer­veur pour que le Bon Dieu envoie à nos sœurs de nom­breuses et de saintes voca­tions, vous com­pre­nez que c’est pour le sacer­doce catho­lique lui-​même que vous œuvrez en réalité.

Abbé Régis DE CACQUERAY † , Supérieur du District de France

Capucin de Morgon

Le Père Joseph fut ancien­ne­ment l’ab­bé Régis de Cacqueray-​Valménier, FSSPX. Il a été ordon­né dans la FSSPX en 1992 et a exer­cé la charge de Supérieur du District de France durant deux fois six années de 2002 à 2014. Il quitte son poste avec l’ac­cord de ses supé­rieurs le 15 août 2014 pour prendre le che­min du cloître au Couvent Saint François de Morgon.