Les cloches de l’église conventuelle sonnent à toute volée en cette froide matinée du jeudi 26 janvier. Le monastère pavoisé attend sa Souveraine.
Tout est prêt, pour accueillir la Vierge Pèlerine de Notre-Dame du Rosaire qui nous fait l’insigne honneur de revenir chez nous, après un premier séjour, effectué en septembre 2008. Conduite par notre aumônier, M. l’abbé François, notre Reine franchit les grilles de la propriété à dix heures trente-cinq, portée sur un brancard, par quatre Petites-Soeurs.
Au chant des vingt-cinq couplets de l’Ave Maria de Fatima, la procession, formée de la communauté et d’une trentaine de fidèles, s’achemine lentement vers l’église. Bientôt, la statue est installée dans le sanctuaire, à gauche de l’autel, sur un socle garni de feuillage évoquant le chêne vert des apparitions.
Avant de chanter les litanies de Notre-Dame de Lorette, M. l’abbé François commence la méditation d’un premier chapelet.
« Je veux que vous récitiez le chapelet tous les jours », disait Notre-Dame aux trois petits bergers de Fatima. Nous correspondons à sa demande, en lui offrant durant sa présence parmi nous, un Rosaire médité par jour.
A dix huit heures, les cloches de l’église carillonnent à nouveau pour annoncer la Messe chantée en l’honneur du Coeur Immaculé de Marie. Dans son homélie, M. l’abbé François nous résume les trois demandes de Notre-Dame à Fatima : prière, sacrifices généreux, et établissement dans le monde de la dévotion au Coeur Immaculé de Marie. Nous devons recevoir cette Vierge pèlerine dans un esprit de réparation publique, et de sanctification personnelle, en utilisant les deux puissantes armes que Notre-Dame nous a offertes contre le péché : la récitation du Rosaire, et la dévotion au Cœur Immaculé de Marie, à laquelle se rattache la pratique des cinq premiers samedis du mois et le port du scapulaire.
C’est de Marie que Jésus a voulu prendre sa nature humaine. Notre-Dame nous convie à partir de neuf heures du soir, à venir adorer son Divin Fils, présent dans l’ostensoir, jusqu’à sept heures du matin. Comment, sous le regard voilé de tristesse de la Vierge pèlerine, ne pas songer aux longues heures d’adoration eucharistique de François de Fatima, et ne pas donner à notre prière une intention consolatrice et réparatrice, comme l’Ange du Portugal l’a enseigné aux petits voyants en 1916 ?
Le Coeur de Marie est, en effet, non seulement immaculé, mais douloureux. La Messe votive de Notre-Dame de Compassion chantée le lendemain, vendredi, à dix heures, vient nous le rappeler. Cependant, c’est plus particulièrement sur les prodiges qui ont accompagné les pérégrinations de la Vierge pèlerine de Notre-Dame du Rosaire, lors de la Route mondiale de 1947–1952, que notre aumônier attire notre attention. Ces merveilles, dont la plus célèbre est le gracieux miracle des colombes, montrent la volonté de Notre-Dame de Fatima, de manifester sa puissance dans le monde entier, et ne sont que de pressantes invitations à accomplir ses demandes, en en soulignant l’importance. La politique oecuménique, radicalement opposée au message de Notre-Dame, engagée par Rome depuis Vatican II, a laissé ces demandes lettre morte, jusqu’à présent. Mais les promesses de la Très Sainte Vierge demeurent : « Jamais il ne sera trop tard pour recourir à Jésus et à Marie », disait-elle à Lucie. « A la fin, mon Cœur immaculé triomphera ».
Dans la soirée de cette seconde journée, jalonnée par la méditation du Saint Rosaire et les temps de prière personnelle, tandis que la nuit enveloppe le monastère de ses ombres, l’église est exceptionnellement allumée, jusqu’à 23 heures. Ultime veillée de prières près de Notre Mère du Ciel, pendant laquelle, aux louanges et actions de grâces, viennent s’ajouter nos supplications pour toutes les intentions qui nous sont confiées.
L’aube de ce troisième jour nous annonce, en effet, que la séparation approche. Deux derniers chapelets, et le chant des litanies de Lorette, nous réunissent aux pieds du Cœur Immaculé de Marie. Bientôt hissée sur un brancard, la Vierge pèlerine quitte l’église au son des cloches, vers midi et demie. Un dernier « Magnificat », puis un « Salve Regina », chantés devant les grilles du monastère expriment à Notre-Dame du Rosaire notre profonde reconnaissance pour toutes les grâces qu’elle nous a accordées durant son séjour.
A une heure moins dix, la voiture démarre, au milieu d’une haie d’honneur formée de part et d’autre de la route. Telle l’Arche d’Alliance de l’Ancien Testament, Notre-Dame va continuer son périple dans le royaume que Louis XII lui a consacré pour qu’elle en soit la Reine, pays qu’elle aime toujours malgré son infidélité présente.
Sources : Photos et texte du monastère Saint-François-d’Assise du Trévoux