Il y a trente-six ans, le 23 septembre 1979, des milliers de personnes se retrouvaient à Paris, au Palais des Expositions de la porte de Versailles, autour de Mgr Marcel Lefebvre qui célébrait ce jour-là ses cinquante ans de sacerdoce.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.
Mes bien chers frères,
Permettez-moi, avant de commencer les quelques paroles que je voudrais vous adresser à l’occasion de cette belle cérémonie, de remercier tous ceux qui ont contribué à sa magnifique réussite.
Personnellement, j’avais pensé faire une réunion autour de l’autel d’Ecône, d’une manière discrète, privée, à l’occasion de mon jubilé sacerdotal, mais le cher clergé de Saint-Nicolas-du-Chardonnet et les chers prêtres qui m’entourent m’ont invité avec tellement d’instance à permettre à tous ceux qui le désiraient de s’unir à mon action de grâce et à ma prière, à l’occasion de ce jubilé sacerdotal, que je n’ai pas pu refuser, et c’est pourquoi nous sommes aujourd’hui réunis si nombreux, venus de partout, venus d’Amérique, venus de tous les pays d’Europe libre.
Comment définirais-je cette réunion, cette manifestation, cette cérémonie ? Un hommage, un hommage de votre foi dans le sacerdoce catholique et dans la sainte messe catholique.
Je pense réellement que c’est pour cela que vous êtes venus, pour manifester votre attachement à l’Eglise catholique et au plus beau trésor, au plus sublime don que Dieu a fait aux hommes : le sacerdoce et le sacerdoce pour le sacrifice, pour le sacrifice de Notre-Seigneur continué sur nos autels.
Voilà pourquoi vous êtes venus et voilà pourquoi nous sommes entourés aujourd’hui de tous ces chers prêtres, venus de partout également, et beaucoup plus nombreux seraient-ils venus, ces prêtres, si ce n’avait été un dimanche, car, ils sont tenus par leurs obligations de célébrer la sainte messe, sur place, mais ils sont de cœur avec nous, ils nous l’ont dit.
Les fruits de la messe : choses vues à Rome et en Afrique
Je voudrais retracer, si vous me le permettez, quelques tableaux dont j’ai été le témoin au cour de cette existence, ce demi-siècle, afin de bien montrer l’importance que la messe de l’Eglise catholique tient dans notre vie, dans la vie d’un prêtre, dans la vie d’un évêque et dans la vie de l’Eglise.
Jeune séminariste à Santa Chiara, au séminaire français de Rome, on nous apprenait l’attachement aux cérémonies liturgiques. J’ai eu, à cette occasion le privilège d’être cérémoniaire, ce que nous appelons « les grands cérémoniaires », précédé d’ailleurs dans cette charge par Mgr Lebrun, ancien évêque d’Autun, et par Mgr Ancel, toujours auxiliaire de Lyon. J’étais donc grand cérémoniaire, sous la direction de ce cher et Révérend Père Haegy, connu pour sa science dans la liturgie. Et nous aimions préparer l’autel et nous aimions préparer les cérémonies et nous étions tout en fête la veille d’un jour où une grande cérémonie allait se dérouler sur nos autels. Nous avons donc appris, jeune séminariste à aimer l’autel.
« Domine dilexi decorem domus tuae et gloriam habitationis tuae. » C’est le verset que nous récitons lorsque nous nous lavons les mains à l’autel. « Oui, Seigneur, j’ai aimé la splendeur de votre temple, j’ai aimé la gloire de votre habitation. » Voilà ce qu’on nous apprenait au séminaire français de Rome, sous la haute direction du cher et révérend Père Le Floch, père bien-aimé, père qui nous a appris à voir clair dans les événements de l’époque d’alors, en commentant les encycliques des papes.
Et voici que prêtre, ordonné dans la chapelle du Sacré-Cœur de la rue Royale à Lille, le 21 septembre 1929, par celui qui était Mgr Liénart, je partais peu de temps après, deux ans après, en mission, pour rejoindre mon frère qui se trouvait déjà au Gabon, et là j’ai commencé à apprendre ce qu’était la messe.
Certes, je connaissais par les études que nous avions faites ce qu’était ce grand mystère de notre foi, mais je n’en avais pas compris toute la valeur, toute l’efficacité, toute la profondeur. Cela, je l’ai vécu jour par jour, année par année, dans cette Afrique et particulièrement au Gabon, où j’ai passé treize ans de ma vie missionnaire, d’abord au séminaire, ensuite dans la brousse au milieu des Africains, chez les indigènes.
Et là, j’ai vu, oui, j’ai vu ce que pouvait la grâce de la sainte messe, je l’ai vue dans ces âmes saintes qu’étaient certains de nos catéchistes. Ces âmes païennes transformées par la grâce du baptême, transformées par l’assistance à la messe et par la sainte Eucharistie, ces âmes comprenaient le mystère du Sacrifice de la Croix, offraient leurs sacrifices et leurs souffrances avec Notre-Seigneur Jésus-Christ et vivaient en chrétien.
Je puis citer des noms : Paul Ossima, de Ndjolé, Eugène Ndong de Lambaréné, Marcel Mebalé de Donguila, et je continuerai par un nom du Sénégal, Monsieur Forster, trésorier-payeur au Sénégal, choisi à cette fonction si délicate et si importante par ses pairs et même par les musulmans à cause de son honnêteté, à cause de son intégrité.
Voilà des hommes qu’a produit la grâce de la messe, qui assistaient à la messe tous les jours, communiaient avec ferveur et qui sont devenus des modèles et des lumières autour d’eux, sans compter beaucoup de chrétiens et chrétiennes transformés par la grâce.
J’ai pu voir ces villages de païens devenus chrétiens se transformer non seulement, je dirai, spirituellement et surnaturellement, mais se transformer physiquement, socialement, économiquement, politiquement, se transformer parce que ces personnes, de païennes qu’elles étaient, étaient devenues conscientes de la nécessité d’accomplir leur devoir, malgré les épreuves, malgré les sacrifices, de tenir leurs engagements et en particulier les engagements du mariage. Et alors, le village se transformait peu à peu sous l’influence de la grâce, sous l’influence de la grâce du Saint Sacrifice de la messe, et tous ces villages voulaient avoir leur chapelle, tous ces villages voulaient avoir la visite du Père, la visite du missionnaire ! Elle était attendue avec impatience pour pouvoir assister à la sainte messe, pouvoir se confesser et communier ensuite. Des âmes se sont consacrées alors à Dieu, des religieux, des religieuses, des prêtres se donnaient à Dieu, se consacraient à Dieu, voilà le fruit de la sainte messe.
Le sacrifice, source de la grâce
Pourquoi cela ? Il faut quand même que nous étudions un peu les motifs profonds de cette transformation : c’est le SACRIFICE. La notion du sacrifice est une notion profondément chrétienne et profondément catholique. Notre vie ne peut pas se passer du sacrifice dès lors que Notre-Seigneur Jésus-Christ, Dieu Lui-même, a voulu prendre un corps comme le nôtre et nous dire : « Suivez-moi, prenez votre croix et suivez-moi si vous voulez être sauvé », et qu’Il nous a donné l’exemple de la mort sur la croix, qu’Il a répandu son Sang ; oserions-nous, nous ses pauvres créatures, pécheurs que nous sommes, ne pas suivre Notre-Seigneur en suivant son sacrifice, en suivant sa croix ? Voilà tout le mystère de la civilisation chrétienne, voilà ce qu’est la racine de la civilisation chrétienne, de la civilisation catholique.
La compréhension du sacrifice dans sa vie, dans la vie quotidienne, l’intelligence de la souffrance chrétienne, ne plus considérer la souffrance comme un mal, comme une douleur insupportable, mais partager ses souffrances et sa maladie avec les souffrances de Notre-Seigneur Jésus-Christ, en regardant la Croix, en assistant à la sainte messe qui est la continuation de la passion de Notre-Seigneur sur le Calvaire.
Comprendre la souffrance, alors la souffrance devient une joie, la souffrance devient un trésor parce que ces souffrances unies à celles de Notre-Seigneur, unies à celles de tous les martyrs, unies à celles de tous les saints, de tous les catholiques, de tous les fidèles qui souffrent dans le monde, unies à la Croix de Notre-Seigneur, deviennent un trésor inexprimable, un trésor ineffable, deviennent d’une efficacité extraordinaire pour la conversion des âmes, pour le salut de notre propre âme. Beaucoup d’âmes saintes, chrétiennes, ont même désiré souffrir, ont désiré la souffrance pour s’unir davantage à la Croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Voilà la civilisation chrétienne.
Bienheureux ceux qui souffrent pour la sainteté,
Bienheureux les pauvres,
Bienheureux les doux,
Bienheureux ceux qui font miséricorde,
Bienheureux les pacifiques.
Voilà ce que la Croix nous enseigne, voilà ce que Notre-Seigneur Jésus-Christ nous enseigne sur Sa Croix.
La Croix, source de transformation sociale
Cette civilisation chrétienne qui a pénétré dans ces pays encore récemment païens, les a transformés, les a poussés à vouloir se donner aussi des chefs catholiques. J’ai pu assister, moi-même, et connaître des chefs de ces pays catholiques. Le peuple catholique désirait avoir des chefs catholiques afin qu’ils soumettent aussi leur gouvernement et toutes les lois du pays à celles de Notre-Seigneur Jésus-Christ, au décalogue.
Si la France, à ce moment-là, la France dite catholique, si elle avait réellement rempli son rôle de puissance catholique, elle aurait autrement soutenu ces pays dans leur foi, et si elle avait soutenu ces pays dans leur foi, ces pays ne seraient pas, comme maintenant, menacés tous par le communisme, l’Afrique ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui. Cela n’est pas tellement de la faute des Africains eux-mêmes, mais bien plus des pays colonisateurs qui n’ont pas su profiter de cette foi chrétienne qui s’enracinait dans ces peuples africains, pour garder et exercer une influence fraternelle envers ces pays qui les auraient aidés à maintenir la foi et à chasser le communisme.
Si nous jetons nos regards, maintenant, sur l’histoire, eh bien ! ce que je vous dis s’est passé dans les premiers siècles après Constantin, dans nos propres pays. Nous nous sommes convertis, nos ancêtres se sont convertis, les chefs des nations se sont convertis, et pendant des siècles ont offert leur pays à Notre-Seigneur Jésus-Christ, ont soumis leur pays à la Croix de Jésus, ont voulu que Marie soit la Reine de leur pays.
On peut lire des lettres admirables de saint Edouard, roi d’Angleterre, de saint Louis, roi de France, de saint Henri, empereur du Saint-Empire, de sainte Elisabeth de Hongrie et de tous ces saints qui ont été à la tête de nos pays catholiques et qui ont fait la chrétienté.
Quelle foi, alors, en la sainte messe ! Saint Louis, roi de France, servait deux messes tous les jours et lorsqu’il voyageait et qu’il entendait la cloche qui sonnait la consécration, il descendait de cheval, il descendait de son carrosse pour s’agenouiller et s’unir à la consécration qui se réalisait à ce moment-là. Voilà ce qu’était la civilisation catholique. Ah ! nous en sommes bien loin, maintenant !
Un autre événement que nous devons évoquer après ces tableaux de la civilisation chrétienne, soit en Afrique, soit dans notre histoire et particulièrement dans notre histoire de France, c’est celui de cet événement récent qui s’est passé dans l’Eglise, événement considérable : celui de Vatican II. Nous sommes bien obligés de constater que les ennemis de l’Eglise savent, peut-être mieux que nous, ce que vaut une messe catholique. Il y a eu un poème qui a été fait à ce sujet là et où l’on prête des paroles à Satan qui manifestent que Satan tremble chaque fois qu’une messe, une véritable messe catholique est célébrée, car cela lui rappelle la Croix et il sait bien que c’est par la Croix qu’il a été vaincu, et les ennemis de l’Eglise, ceux qui font des messes sacrilèges dans les sectes, et les communistes eux-mêmes savent bien ce que vaut une messe catholique !
On me disait récemment qu’en Pologne, le parti communiste, les inspecteurs des cultes surveillent les prêtres polonais qui disent une messe ancienne, mais laissent libres ceux qui disent la nouvelle messe, persécutent ceux qui disent l’ancienne messe, la messe de toujours ; quant aux étrangers, on les laisse libres de dire la messe qu’ils veulent afin de donner une impression de liberté, mais les prêtres polonais, ceux-là qui veulent s’en tenir à la Tradition, sont persécutés.
Je lisais récemment le document de PAX qui nous a été communiqué par la nonciature en juin 1963, au nom du cardinal Wyszynski. Ce document nous disait en substance : « On croit que nous avons la liberté, on fait croire que nous l’avons et ce sont les prêtres affiliés à PAX qui sont dévots au gouvernement communiste qui répandent ces bruits parce qu’ils ont la presse pour eux, même la presse progressiste française est pour eux. Mais ce n’est pas vrai, nous n’avons pas la liberté. »
Le cardinal Wyszynski donnait les points précis, il disait par exemple que dans les camps de jeunesse, organisés par les communistes, les enfants étaient parqués derrière des fils de fer barbelés, le dimanche, pour les empêcher d’aller à la messe, et que les colonies de vacances organisées par les prêtres catholiques étaient surveillées par hélicoptère pour voir si les enfants allaient à la messe.
Pourquoi ce besoin de surveiller les enfants qui vont à la messe ? Parce que les ennemis savent que la messe est essentiellement anti-communiste, elle ne peut pas ne pas l’être, car, qu’est-ce que le communisme ? Le communisme c’est tout pour le Parti et tout pour la révolution, la messe, c’est tout pour Dieu, ce n’est pas la même chose !
Voilà ce qu’est la messe catholique, elle s’oppose à ce programme des partis, programme qui est un programme satanique.
Or vous le savez bien, nous avons tous des épreuves, nous avons tous des difficultés dans notre vie, dans notre existence et nous avons besoin de savoir pourquoi nous souffrons, pourquoi ces épreuves, pourquoi ces douleurs, pourquoi ces souffrances, pourquoi ces catholiques, ces personnes étendues sur des grabats ? Les hôpitaux pleins de malades, pourquoi ?
Le chrétien répond : pour unir mes souffrances à celles de Notre-Seigneur Jésus-Christ au saint Autel ; les unir au saint Autel et ainsi participer à l’œuvre de la rédemption de Notre-Seigneur Jésus-Christ, mériter pour moi et pour ces âmes le salut du ciel.
Alors, au concile, les ennemis de l’Eglise se sont infiltrés, et le premier objectif qu’ils ont eu a été de démolir et de détruire d’une certaine façon et dans une certaine mesure la messe. Vous pouvez lire les livres de Monsieur Michel Davies [1], catholique anglais qui a fait des livres magnifiques pour montrer comment la réforme liturgique de Vatican II ressemble exactement à celle qui s’est produite au temps de Cranmer, dès le naissance du protestantisme anglais.
De même, en lisant l’histoire de la transformation liturgique faite par Luther, on s’aperçoit que c’est exactement le même procédé, le même processus qui a été suivi, lentement, mais sous des dehors encore apparemment bons, apparemment catholiques. On a enlevé justement de la messe ce qui fait son caractère sacrificiel, son caractère de rédemption du péché par le sang de Notre-Seigneur Jésus-christ. On a fait de la messe une pure assemblée présidée par le prêtre. Ce n’est pas cela la messe.
Aussi n’est-il pas étonnant que la Croix ne triomphe plus, parce que le sacrifice ne triomphe plus, et que les hommes ne pensent plus qu’à augmenter leur standing de vie, qu’à rechercher l’argent, les richesses, les plaisirs, le confort, les facilités d’ici-bas et perdent le sens du sacrifice.
Une croisade pour recréer la Chrétienté
Que nous reste-t-il à faire, mes bien chers frères, si nous approfondissons ce grand mystère de la messe ? Je pense pouvoir dire que nous devons faire une croisade, appuyée sur le Saint Sacrifice de la messe, sur le Sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ, appuyée sur ce roc invincible et sur cette source inépuisable de grâces qu’est le Saint Sacrifice de la messe.
Vous êtes là parce que vous aimez le Saint Sacrifice de la messe, ces jeunes séminaristes sont au séminaire d’Ecône, des Etats-Unis, d’Allemagne, ils y sont venus pourquoi ? Ils viennent dans nos séminaires pour la sainte messe, pour la sainte messe de toujours qui est la source des grâces, la source de l’Esprit-Saint, la source de la civilisation chrétienne. C’est cela le prêtre.
Il nous faut faire une croisade, une croisade appuyée précisément sur cette notion de sacrifice, afin de recréer la chrétienté, refaire une chrétienté telle que l’Eglise la désire, l’a toujours faite avec les mêmes principes, le même sacrifice de la messe, les mêmes sacrements, le même catéchisme, la même Ecriture Sainte.
Nous devons recréer cette chrétienté, c’est vous, mes bien chers frères, vous qui êtes le sel de la terre, vous qui êtes la lumière du monde, vous auxquels Notre-Seigneur Jésus-Christ s’adresse en vous disant : « Ne perdez pas le fruit de mon Sang, n’abandonnez pas mon Calvaire, n’abandonnez pas mon Sacrifice ». Et la Vierge Marie, qui est tout près de la Croix, vous le dit aussi. Elle qui a le cœur transpercé, rempli de souffrances et de douleurs, également rempli de joie de s’unir au Sacrifice de son divin fils, Elle vous le dit aussi : « Soyons chrétiens, soyons catholiques ! »
Ne nous laissons pas entraîner par toutes ces idées du monde, par tous ces courants qui sont dans le monde et qui nous entraînent vers le péché, vers l’enfer. Si nous voulons aller au ciel, nous devons suivre Notre-Seigneur Jésus-Christ, porter notre croix, et suivre Notre-Seigneur Jésus-Christ, l’imiter dans sa Croix, dans sa souffrance, dans son sacrifice.
Alors, je demande aux jeunes, aux jeunes qui sont ici, dans cette salle, de demander aux prêtres de leur expliquer ces choses si belles, si grandes, de manière à ce qu’ils choisissent leur vocation, et que dans toutes les vocations qu’ils peuvent choisir, qu’ils soient prêtres, religieux, religieuses, mariés, mariés par le sacrement de mariage et donc dans la Croix de Jésus-Christ et dans le Sang de Jésus-Christ, mariés sous la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qu’ils comprennent la grandeur du mariage et qu’ils s’y préparent dignement par la pureté, la chasteté, par la prière, par la réflexion. Qu’ils ne se laissent pas entraîner par toutes ces passions qui agitent le monde. Croisade des jeunes qui doivent rechercher le véritable idéal !
Croisade aussi des familles chrétiennes ! Familles chrétiennes qui êtes ici, consacrez vos familles au Cœur de Jésus, au Cœur Eucharistique de Jésus, au Cœur Immaculé de Marie. Priez en famille ! Oh ! Je sais que beaucoup d’entre vous le font, mais qu’il y en ait toujours de plus en plus qui le fassent avec ferveur. Que vraiment Notre-Seigneur règne dans vos foyers !
Eloignez, je vous en supplie, tout ce qui empêche les enfants de venir dans votre foyer. Il n’y a pas de plus beau don que le bon Dieu puisse faire à vos foyers que d’avoir de nombreux enfants. Ayez des familles nombreuses, c’est la gloire de l’Eglise catholique que la famille nombreuse. Elle l’a été au Canada, elle l’a été en Hollande, elle l’a été en Suisse, elle l’a été en France, partout les familles nombreuses étaient la joie de l’Eglise et la prospérité de l’Eglise. Ce sont autant d’élus pour le ciel. Alors ne limitez pas, je vous en supplie, les dons de Dieu, n’écoutez pas ces slogans abominables qui détruisent la famille, qui ruinent la santé, qui ruinent le ménage et qui provoquent les divorces !
Et je souhaite que dans ces temps si troublés, dans cette atmosphère si délétère dans laquelle nous vivons dans les villes, vous retourniez à la terre quand c’est possible. La terre est saine, la terre apprend à connaître Dieu, la terre rapproche de Dieu, elle équilibre les tempéraments, les caractères, elle encourage les enfants au travail.
Et s’il le faut, vous ferez vous-mêmes l’école à vos enfants, si les écoles corrompent vos enfants, qu’allez-vous faire ? Les donner aux corrupteurs ? A ceux qui enseignent ces pratiques sexuelles abominables dans les écoles ? Ecoles catholiques de religieux, de religieuses où l’on enseigne le péché, ni plus ni moins ! Dans la pratique, on enseigne cela aux enfants, on les corrompt dès leur plus jeune âge. Et vous supportez cela ? C’est impossible ! Mieux vaut que vos enfants soient pauvres, mieux vaut que vos enfants soient éloignés de toute cette science apparente que le monde possède, mais qu’ils soient de bons enfants, des enfants chrétiens, des enfants catholiques, des enfants qui aiment leur sainte religion, qui aiment à prier et qui aiment le travail, qui aiment la nature que le bon Dieu a faite.
Enfin, croisade des chefs de famille. Vous qui êtes chef de famille, vous avez une grave responsabilité dans votre pays. Vous n’avez pas le droit de laisser votre pays envahi par le socialisme et le communisme. Vous n’en avez pas le droit ou vous n’êtes plus catholique. Vous devez militer au moment des élections pour que vous ayez des maires catholiques, des députés catholiques et qu’enfin la France redevienne catholique. Ce n’est pas faire de la politique cela, c’est faire de la bonne politique, la politique comme l’ont faite les saints, comme l’ont faite les papes qui se sont opposés à Attila, comme saint Rémi qui a converti Clovis, comme Jeanne d’Arc qui a sauvé la France du protestantisme. Si Jeanne d’Arc n’avait pas été suscitée en France, nous serions tous protestants ! C’est pour garder la France catholique que Notre-Seigneur a suscité Jeanne d’Arc, cette enfant de 17–18 ans, qui a bouté les Anglais hors de France. C’est de la politique cela aussi !
Alors, oui, cette politique nous en voulons, nous voulons que Notre-Seigneur Jésus-Christ règne. Vous l’avez chanté tout à l’heure, « Christus vincit, Christus regnat, Christus imperat ! ». Est-ce que ce sont des mots ? Seulement des mots ? Des paroles, des chants ? Non ! Il faut que ce soit une réalité. Chefs de famille, c’est vous qui êtes responsables de cela, pour vos enfants, pour les générations qui viennent. Alors, vous devriez vous organiser, vous réunir, vous entendre pour arriver à ce que la France redevienne chrétienne, redevienne catholique. Ce n’est pas impossible, ou alors il faut dire que la grâce du Saint Sacrifice de la messe n’est plus la grâce, que Dieu n’est plus Dieu, que Notre-Seigneur Jésus-Christ n’est plus Notre-Seigneur Jésus-Christ. Il faut faire confiance en la grâce de Notre-Seigneur, car Notre-Seigneur est tout-puissant. J’ai vu cette grâce à l’œuvre en Afrique, il n’y a pas de raison pour qu’elle ne soit pas aussi agissante ici, dans nos pays.
Et vous, chers prêtres qui m’écoutez, faites aussi une union sacerdotale profonde pour répandre cette croisade, pour animer cette croisade afin que Jésus-Christ règne. Et pour cela, vous devez être saints, vous devez rechercher cette sainteté, montrer cette sainteté, cette grâce qui agit dans vos âmes et dans vos cœurs, cette grâce que vous recevez par le sacrement de l’Eucharistie et par la sainte messe que vous offrez. Vous seuls pouvez l’offrir.
Mon testament
Je terminerai, mes bien chers frères, par ce que j’appellerai, un peu, mon testament. Testament, c’est un bien grand mot, parce que je voudrais que ce soit l’écho du testament de Notre-Seigneur, novi et aeterni testamenti.
« Novi et aeterni testamenti », c’est le prêtre qui récite ces paroles à la consécration du précieux Sang. « Hic est calix sanguinis mei, novi et aeterni testamenti », l’héritage que Jésus-Christ nous a donné, c’est son Sacrifice, c’est son Sang, c’est sa Croix. Et cela est le ferment de toute la civilisation chrétienne et de ce qui doit nous mener au ciel.
Aussi je vous dis :
Pour la gloire de la Très Sainte Trinité,
pour l’amour de Notre-Seigneur Jésus-Christ,
pour la dévotion à la Très Sainte Vierge Marie,
pour l’amour de l’Eglise,
pour l’amour du pape,
pour l’amour des évêques, des prêtres, de tous les fidèles,
pour le salut du monde,
pour le salut des âmes,
gardez ce testament de Notre-Seigneur Jésus-Christ !
Gardez le Sacrifice de Notre-Seigneur Jésus-Christ !
Gardez la messe de toujours !
Et vous verrez la civilisation chrétienne refleurir, civilisation qui n’est pas pour ce monde, mais civilisation qui mène à la cité catholique, et cette cité catholique, c’est la cité catholique du ciel qu’elle prépare. Elle n’est pas faite pour autre chose, la cité catholique d’ici-bas, elle n’est pas faite pour autre chose que pour la cité catholique du ciel.
Alors en gardant le Sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ, en gardant son Sacrifice, en gardant cette messe, messe qui nous a été léguée par nos prédécesseurs, messe qui a été léguée depuis les Apôtres jusqu’à aujourd’hui – et dans quelques instants je vais prononcer ces paroles sur le calice de mon ordination, et comment voulez-vous que je prononce, sur le calice de mon ordination, d’autres paroles que celles que j’ai prononcées il y a cinquante ans sur ce calice, c’est impossible, je ne puis pas changer ces paroles – alors nous continuerons à prononcer les paroles de la consécration, comme nos prédécesseurs nous l’ont appris, comme les papes, les évêques et les prêtres qui ont été nos éducateurs nous l’ont appris, afin que Notre-Seigneur Jésus-Christ règne et que les âmes soient sauvées par l’intercession de notre Bonne Mère du ciel.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.
† Marcel Lefebvre, fondateur de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X
- La réforme liturgique anglicane, à commander aux Editions clovis[↩]