Mes bien chers confrères,
Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères,
Dans quelques instants nous procéderons à la consécration des saintes Huiles et je voudrais extraire de cette consécration, les paroles qui me semblent essentielles de cette cérémonie.
Dans l’oraison de la consécration de l’huile des infirmes l’évêque dit :
Emit te Domine Spritum tuum Sanctum Paraclitum in hanc oleam olivæ : Envoyez Seigneur, votre Esprit Saint, dans cette huile d’olives.
Et dans la magnifique préface que l’évêque chante à l’occasion de la consécration du Saint Chrême, ce sont les mêmes paroles, la même pensée qui est exprimée, lorsque l’évêque signe de la croix, le Saint Chrême :
Que Dieu sanctifie cette créature de l’huile, en envoyant son Esprit Saint la remplir de sa force et de sa vertu.
Je pense mes bien chers confrères, surtout vous qui êtes prêtres et vous chers diacres qui allez dans quelques mois – s’il plaît à Dieu – devenir prêtres, que nous devons réfléchir beaucoup sur cette sainte et belle réalité.
La volonté de Dieu a été de passer par des créatures, pour nous rendre la vertu de l’Esprit Saint, pour nous remplir de l’Esprit. Il a voulu en définitive s’incarner. Il aurait pu trouver une autre voie. Non, Dieu a décidé de toute éternité qu’après le péché de nos premiers parents, pour nous rendre l’Esprit Saint qui remplissait l’âme de nos premiers parents. Il a voulu s’incarner. Prendre une chair comme la nôtre, sensible, et une âme semblable à la nôtre. Et cela a eu des conséquences considérables pour notre sanctification.
Dieu s’est choisi une mère, une mère qu’Il a remplie de l’Esprit Saint. Il s’est choisi un père adoptif. Il s’est choisi aussi des apôtres, dont Il a fait ses prêtres. C’est-à-dire qu’Il a consacrés aussi par la vertu de l’Esprit Saint et auxquels Il a donné le pouvoir de continuer son Sacrifice et Il s’est choisi sept sacrements, des signes sensibles, dans lesquels Il a infusé l’Esprit Saint.
Tous ces signes, toutes ces personnes qu’Il s’est choisies. Il a voulu qu’elles soient consacrées, remplies de l’Esprit, afin de pouvoir communiquer l’Esprit Saint aux âmes des fidèles qui seront baptisés, qui seront confirmés, qui recevront le sacrement de pénitence, le sacrement de la Sainte Eucharistie et les autres sacrements.
Voilà la Vérité, voilà la réalité et donc l’Esprit de Notre Seigneur Jésus-Christ. Esprit que le Verbe de Dieu a voulu dans sa Sainte Église. Et nous n’avons pas le droit de changer ces choses-là. C’est une chose établie pour toujours, par Dieu Lui-même. Il s’est donc choisi des prêtres et des objets et des paroles qui sont pleines de l’Esprit Saint et qui doivent nous communiquer l’Esprit Saint. Pourquoi cela ?
Parce que Dieu l’a voulu ainsi, mais parce que Dieu nous connaît. Nous sommes des êtres sensibles ; nous avons besoin de toucher en quelque sorte, ces éléments qui nous donnent l’Esprit Saint, de les voir, de les entendre, de les sentir même, lorsque nous sommes oints des Huiles saintes, dans le baptême, dans la confirmation, dans l’extrême-onction, dans l’ordre. Et puis Il a voulu aussi certainement, nous demander une grande humilité, nous humilier. Nous sommes pécheurs. Ce qui nous a perdus, c’est l’orgueil.
Alors il faut reconnaître que les moyens que Notre Seigneur Jésus-Christ a choisis pour nous sanctifier, sont humiliants pour la nature humaine. Nous sommes en quelque sorte, dépendants de ces éléments matériels, dépendants de l’eau pour le baptême, dépendants de ces saintes Huiles qui vont être consacrées dans quelques instants, dépendants de la parole du prêtre pour le sacrement de la confession. Et ce n’est pas une petite humilité que le Bon Dieu nous demande, d’aller confesser nos péchés, à une créature semblable à nous, mais qu’il a revêtue de ses pouvoirs, qu’il a revêtue de son Esprit Saint, pour effacer nos péchés.
Toute cette pensée de Notre Seigneur nous demande par conséquent de nous humilier. C’est aussi avec humilité que nous devons nous présenter pour recevoir le sacrement de l’Eucharistie, nous agenouiller, recevoir sur notre langue, le Corps sacré de Jésus.
En même temps que c’est un don ineffable, c’est aussi l’expression de notre humilité, de notre état de pécheur.
Voilà l’esprit de l’Église catholique, l’esprit de Notre Seigneur Jésus-Christ.
De même que Jésus dans sa nature humaine a voulu s’humilier jusqu’à la mort sur la Croix, Lui qui aussi a voulu que l’Esprit Saint descende sur Lui, au jour de son baptême, qu’Il manifeste qu’Il était rempli de l’Esprit Saint, qu’Il était la source de l’Esprit Saint, Il a voulu aussi s’humilier. Mais nous ne devons jamais oublier que cette humiliation qui nous est donnée, nous comble de l’Esprit de Dieu, nous donne l’Esprit de Dieu.
Or, aujourd’hui, d’une manière particulière, nous avons besoin de nous rappeler cela. Parce que, nous l’avons vu dans l’Histoire et nous le voyons encore aujourd’hui d’une manière particulière, l’homme orgueilleux, plein de lui-même, a un désir de refuser, en quelque sorte, ces moyens que Notre Seigneur Jésus-Christ a choisis. Il trouve cela vraiment trop humiliant pour ce qu’il est, lui, l’homme qui est doté d’une nature spirituelle. Et alors nous avons vu l’homme se révolter contre cette institution de Notre Seigneur Jésus-Christ, contre l’Église, contre le pape, contre les évêques, contre les sacrements et ce fut le protestantisme. On a voulu se libérer de ce qui semblait une humiliation pour la nature humaine et recevoir directement l’Esprit Saint, s’adresser à Dieu, directement et que Dieu considère que nous sommes des créatures spirituelles et par conséquent, nous pouvons directement recevoir son Esprit et ne pas passer par ces éléments matériels, ou ces personnes qui nous humilient.
Eh bien, une deuxième manifestation de cet orgueil de l’esprit humain aujourd’hui, c’est précisément le charismatisme et le pentecôtisme. C’est le même esprit, le même esprit qui est à la racine de ces mouvements.
Et si l’on garde, dans une certaine mesure les sacrements, on ne voit plus en eux que des symboles, qui sont moins humiliants. Symbole de la communauté, symbole du partage dans l’Eucharistie. La confession deviendra collective. C’est le péché de la communauté, le péché de la société, ce n’est plus le péché personnel que l’on est obligé de confesser personnellement et qui nous humilie.
Et ainsi de suite. On fera donc des sacrements des symboles. Et on s’adressera directement à Dieu, pour recevoir l’Esprit. C’est là une manifestation de l’orgueil des hommes.
Mais je voudrais ajouter cependant – pour l’utilité de la pastorale que nous avons à accomplir – nous pouvons nous demander, dans une certaine mesure, si la manière dont les prêtres catholiques ont conçu ce qu’était justement le désir de Notre Seigneur, de passer par ces éléments matériels, par ces cérémonies, par ces rites, par ce Saint Sacrifice de la messe pour nous donner son Esprit, (est-ce que cela) a été bien compris et bien réalisé par les prêtres ? N’ont-ils pas eu parfois, n’avons-nous pas parfois tendance, de nous arrêter aux rites, de nous arrêter à l’exécution de la cérémonie et d’oublier en quelque sorte, ce que nous faisons, ce que nous réalisons, ce que nous portons avec nous, les paroles que nous prononçons sont remplies de l’Esprit Saint, remplies de l’Esprit de Dieu, remplies de la lumière de l’Esprit et du feu de la charité de l’Esprit. Notre religion est vraiment une religion spirituelle. Ce n’est pas parce que Notre Seigneur a choisi des éléments matériels que nous devons nous arrêter, en quelque sorte, à ces cérémonies et à ces rites et penser que notre devoir est terminé parce que nous avons accompli purement et simplement, comme matériellement, ces rites.
N’y a‑t-il pas un danger d’accoutumance en accomplissant ces rites, que nous oubliions vraiment leur signification profonde et leur effet magnifique, surnaturel, extraordinaire ?
Alors, je me permets, chers amis, rappelons-nous, rappelons-nous cela, rappelons-nous pourquoi et dans quel but Notre Seigneur Jésus-Christ a institué son Église, son Sacerdoce. C’est l’oraison d’aujourd’hui qui nous le dit. Notre Seigneur a voulu se choisir des prêtres à son service – et dans l’oraison – l’Église demande de prier pour que ces prêtres augmentent en nombre, afin que l’œuvre de la Rédemption s’accomplisse.
Eh bien nous devons nous rappeler précisément que nous sommes des instruments choisis par Dieu pour être les ministres de son Esprit, les ministres de l’œuvre de sa Rédemption.
Rappelons cela à nos fidèles fréquemment, afin qu’ils comprennent aussi la dignité du sacerdoce, la dignité des sacrements, le respect que nous devons avoir pour toutes ces choses matérielles que Dieu a choisies pour nous infuser son Esprit.
Que l’eau baptismale soit respectée, soit honorée, que le Saint Chrême soit toujours dans des endroits convenables et qui manifestent le respect que nous avons pour ces huiles, dans lesquelles, d’une certaine manière, habite le Saint-Esprit.
Et à plus forte raison, que nous ayons toujours un respect profond pour la Sainte Eucharistie, source de l’Esprit Saint. Ayons du respect pour nous-mêmes prêtres, respect pour notre personne, consacrée, consacrée par l’imposition des mains par lesquelles nous avons reçu l’Esprit Saint, consacrée par l’Huile sainte qui a coulé sur nos mains.
Ayons donc ce respect des sacrements et apprenons par ce respect, par ces manifestations de respect, apprenons aux fidèles la grande valeur des sacrements et que, ainsi, eux-mêmes s’approchent dans des dispositions d’humilité, de confiance, d’espérance, de charité, à recevoir ces sacrements de nos mains, afin qu’eux aussi, soient transformés dans le feu de l’Esprit Saint, dans le feu de l’amour, dans le feu de la charité. Voilà ce que doit être notre rôle sacerdotal.
Et cette consécration des saintes Huiles semble être une occasion pour nous de nous rappeler le choix extraordinaire que Notre Seigneur et la Sainte Église ont fait de ces saintes Huiles et que nous devons toujours utiliser avec un grand respect.
Demandons à la Mère de Jésus qui a été remplie du Saint-Esprit, de nous aider à mieux comprendre que notre ministère est un véritable ministère spirituel qui communique l’Esprit Saint, qui communique l’Esprit de Dieu aux âmes vers lesquelles nous sommes envoyés, afin de les transformer elles-mêmes dans l’Esprit Saint et de les préparer à la vie éternelle.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.