Mes bien chers frères,
Nous voici à nouveau réunis sous le patronage de cette fête de saint Pierre et saint Paul, martyrs. Comment ne pas jeter nos regards, par la pensée, par le cœur, vers Rome ? Rome que ce pape et cet apôtre, saint Paul, ont arrosé de leur sang, accompagnés de tant et tant de martyrs.
Et c’est avec émotion que nous lisions ce matin, dans les leçons du pape saint Léon, qui, s’adressant à cette ville éternelle, Rome, disait :
O Roma (…) guæ eras magistra erroris, facta es discipula veritatis : Ô Rome (…) toi qui étais maîtresse d’erreur, qui as enseigné l’erreur, tu es devenue servante de la Vérité.
Quelles belles paroles : servante de la Vérité. Et il ajoutait que cette ville de Rome, rassemblait toutes les erreurs de toutes les nations : Omnium gentium serviebat erroribus. Rome se faisait l’esclave des erreurs de toutes les nations. Toutes les divinités étaient accueillies à Rome, dans le Panthéon. Et Rome se figurait, dit encore saint Léon, qu’elle avait une grande religion – magnam religionem – parce que, précisément, elle réunissait toutes les erreurs dans son sein, toutes les religions dans son sein.
Ces paroles de saint Léon qui décrivaient la Rome païenne, la Rome antique, nous font réfléchir aujourd’hui. Quelle est la situation aujourd’hui à Rome, Et que pense-t-on de nous ? Nous qui sommes rassemblés ici pour accomplir ou assister, participer à ces ordinations sacerdotales. Eh bien nous pouvons le savoir par le livre qui vient de paraître, du cardinal Ratzinger, et qui parle de nous. Et que dit-il de nous ?
Il dit qu’il est étonné que la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X soit si attachée aux papes – et c’est pour nous un témoignage de satisfaction pour nous, vraiment – si attachés aux papes d’avant le concile et fassions de graves réserves sur les papes qui ont suivi le concile.
Si vraiment, ils sont attachés à la papauté, pourquoi faire des distinctions entre les papes ? Mais, c’est lui-même qui nous donnera la réponse, dans son propre livre.
Car il dit en effet, à son interlocuteur (Vittorio Messori) qui l’interrogeait : Alors, Éminence, croyezvous que quelque chose ait changé depuis les années 60 ?
Et le Cardinal de répondre : Oui, en effet, il y a quelque chose de changé dans l’Église depuis les années 60, c’est-à-dire depuis le concile Vatican II.
Et quel est ce changement ? Il consiste à adopter les valeurs du monde, valeurs qui viennent de deux siècles de culture libérale et qui sont désormais adoptées par l’Église.
Et voici notre réponse : Nous refusons ces valeurs d’un caractère libéral et qui sont introduites dans l’Église à la faveur du concile Vatican II et des réformes postconciliaires. Nous les refusons absolument, pour précisément être obéissant aux papes et à l’Église, à la Vérité de toujours.
Tous les papes ont condamné ces compromissions avec le monde, avec ces erreurs du monde, parce qu’elles sont contraires à notre sainte Religion.
Et quelle est cette erreur monumentale ? Cette erreur, c’est d’accepter l’égalité de toutes les religions, la valeur de toutes les religions.
Rappelez-vous ces paroles de saint Léon que je viens de citer : Rome croyait avoir une grande religion, parce qu’elle acceptait dans son sein, les religions de toutes les nations. Et alors n’est-ce pas un retour précisément à la Rome païenne que cet œcuménisme qui agrée maintenant toutes les religions ?
Et cela n’est pas de l’imagination. Le Vatican a envoyé des délégués officiels pour la construction de la grande mosquée qui est en train de s’édifier dans les murs de Rome. Le pape lui-même – vous vous en souvenez – est allé dans le temple luthérien à Rome, prier avec les protestants, accueillant ainsi les religions fausses, inventées par le démon. Et comment a‑t-on pu faire l’éloge de Luther au moment de son cinquième centenaire ? L’éloge de l’hérésiarque le plus abominable que l’humanité ait jamais porté, qui a détruit de fond en comble la chrétienté.
Voilà la situation. Et c’est pourquoi, pour nous, en effet, à partir du concile en effet, quelque chose a changé, qui a été introduit dans la sainte Église et que nous refusons absolument.
Et cela nous le savons. Cela a été introduit particulièrement par le truchement de l’institution du Secrétariat pour l’unité des chrétiens. Le cardinal Béa, président de ce Secrétariat, a eu des contacts officiels, connus de tout le monde, avec la franc-maçonnerie de New York, avec les B’nai B’rith et ces juifs francs-maçons lui ont demandé d’introduire à l’intérieur de l’Église, la liberté des religions.
Car les papes ont toujours défendu la liberté de LA religion, la liberté religieuse, c’est-à-dire de la religion vraie, de la religion de Notre Seigneur Jésus-Christ. Mais non pas la liberté de toutes les religions, par conséquent de toutes les erreurs. Or, c’est cela que le cardinal Béa a promis d’introduire dans l’Église par l’intermédiaire de cette Déclaration, de ce décret de la liberté religieuse.
Le résultat, c’est que le cardinal Béa, après le concile, a reçu la médaille d’or, de cette secte maçonnique composée seulement de juifs, réservée aux juifs. Il en a reçu la médaille d’or de la liberté religieuse !
Je pense que nous n’avons plus besoin de preuves. C’est là une évidence claire. La franc-maçonnerie a voulu introduire dans l’Église cette notion fausse de la liberté religieuse, pour détruire la Vérité de l’Église.
Car pourquoi ont été persécutés Pierre et Paul et tous les martyrs ? Parce qu’ils étaient chrétiens ; parce qu’ils portaient le nom de chrétiens. C’est-à-dire qu’ils étaient disciples de Notre Seigneur JésusChrist. Et parce que ces disciples de Notre Seigneur Jésus-Christ – et cette religion se disait la seule vraie – et étaient en train de convertir tous les disciples de toutes ces fausses religions, de toutes ces divinités païennes, de tous ces faux cultes, des disciples étaient en train de se convertir à la religion seule vraie, à la religion de Notre Seigneur Jésus-Christ. Alors le nom de chrétien est devenu objet de haine pour tous ceux qui étaient les disciples de ces religions. Et les empereurs, protecteurs de ces fausses religions, ont donc persécuté tous les chrétiens, parce qu’ils disaient : Nous sommes la seule religion vraie. Si quelqu’un veut aller au Ciel et faire son salut, il doit se convertir à Notre Seigneur Jésus-Christ.
Mais, c’est la première vérité élémentaire que Notre Seigneur Jésus-Christ nous a enseignée Luimême. Et parce que Jésus-Christ est Dieu. Voilà notre religion, voilà notre vérité, voila ce qui fait notre difficulté avec Rome, mes bien chers frères.
Si vous nous demandez pourquoi, pourquoi toujours ces difficultés avec Rome, (eh bien c’est) parce que nous refusons l’œcuménisme ; parce que nous refusons la liberté de toutes les religions.
Parce que nous n’avons qu’un Dieu, un seul Dieu, Notre Seigneur Jésus-Christ. Qui vit et règne dans l’unité du Père et du Saint-Esprit dans les siècles des siècles. Nous répétons cela à (la fin) de toutes nos oraisons. Nous répétons cela dans toutes nos prières. Il n’y a qu’un seul vrai Dieu, Jésus-Christ qui vit et règne avec le Père dans l’unité du Saint-Esprit pour les siècles des siècles.
Et alors nous sommes persécuté évidemment, par tous les adeptes des fausses religions, bien sûr, et nous sommes persécutés aujourd’hui, vous mes bien chers frères, nous qui sommes ici, soit membres de la Fraternité, soit non membres de la Fraternité, qui défendons ces valeurs, qui défendons cette Vérité de la religion chrétienne.
Vous n’êtes pas œcuméniste ? Vous n’avez plus le droit de rentrer dans nos églises, dans ces églises catholiques ; qui ont été construites pour la religion chrétienne, qui ont été faites pour honorer Notre Seigneur Jésus-Christ comme seul Dieu, seul Sauveur, seul salut par sa Sainte Croix, par son Sacrifice.
Nous sommes chassés de ces églises, parce que nous refusons que toutes les religions y figurent. Et vous le savez bien, c’est courant, c’est quotidien, on reçoit les protestants, on reçoit les musulmans dans nos églises ; on reçoit les francs-maçons. On donne la communion à n’importe qui, dans nos églises, églises catholiques, églises faites pour la véritable religion.
Alors, il est normal que nous soyons chassés… Eh oui, nous sommes chassés de ces églises, nous ne pouvons plus y prier, nous ne pouvons plus continuer le culte qui était celui d’autrefois dans ces églises et que nous voulons rétablir.
Eh bien si nous ne pouvons pas être dans les églises, nous garderons la foi ; nous garderons la foi en Notre Seigneur Jésus-Christ.
Et maintenant, je m’adresse à vous mes bien chers amis, qui, dans quelques instants, allez recevoir la grâce de l’ordination sacerdotale. Vous savez bien que vous recevrez trois pouvoirs réservés aux clercs, réservés aux prêtres : potestas prædicandi, docendi, potestas sanctificandi, potestas regendi.
Pouvoir de prêcher l’Évangile, de prêcher la Vérité, d’enseigner, pouvoir de sanctifier et pouvoir de diriger, de conduire les âmes comme des pasteurs. Voilà ces trois pouvoirs que vous allez recevoir.
Et ces trois pouvoirs font de vous d’autres Christ – qui prêcherez-vous ? – Jésus-Christ. Par qui sanctifierez-vous ? par Jésus-Christ. Comment guiderez-vous les âmes ? Par Jésus-Christ, comme Jésus-Christ, en Jésus-Christ, tout entiers unis à Notre Seigneur Jésus-Christ, n’ayant d’amour que pour Lui. Que toute votre vie soit unie à la sienne. Qu’il n’y ait pas de nuages, pas de compromissions avec les erreurs, pas de compromissions avec les fausses religions. Vous êtes les pasteurs ; vous devez guider vers la vie éternelle, par Notre Seigneur Jésus-Christ.
Et ce sont les pouvoirs mêmes de Notre Seigneur Jésus-Christ que vous allez recevoir, dans quelques instants.
Prêcher Notre Seigneur Jésus-Christ. Mais ce fut précisément ce que firent les apôtres, ce que firent tous les chrétiens et particulièrement ceux qui recevaient l’onction sacerdotale, qui avaient la charge de prêcher l’Évangile, prêcher la Vérité.
Et qu’elle est la Vérité ? C’est Jésus-Christ Lui-même. Il n’y a pas d’autre Vérité que Jésus-Christ, le Fils de Dieu, seule voie du salut, seul moyen de sauver les âmes. Vous prêcherez Notre Seigneur que vous avez appris pendant ces années de séminaire. Toutes vos études, mes bien chers amis, toutes, toutes vos études ont été orientées vers la science de Notre Seigneur Jésus-Christ ; la philosophie, la théologie, le Droit canon, la liturgie, l’étude des Pères, toutes les études que vous avez faites, quelles qu’elles soient dans le séminaire, vous ont orientés vers la science de Notre Seigneur Jésus-Christ : connaître, mieux connaître et mieux aimer, mieux servir Notre Seigneur Jésus-Christ. Et toute votre prière autour de l’autel, fut aussi pour honorer Notre Seigneur Jésus-Christ, pour participer à sa vie par le Saint Sacrifice de la messe, par la sainte Communion.
Et voici que maintenant, choisis par Notre Seigneur Lui-même, vous allez non seulement participer à sa communion, vous allez prononcer les paroles de la Consécration. Quel pouvoir sublime, extraordinaire. Que ce soit là, la joie, la consolation de votre vie sacerdotale, la force de vos âmes sacerdotales. Avoir un pouvoir sur le Corps, le Sang, l’Âme et la Divinité de Notre Seigneur JésusChrist Lui-même.
Quand vous souffrirez, quand vous aurez des doutes, quand vous aurez des hésitations, quand vous aurez des épreuves, parce que peut-être votre prédication ne portera pas les fruits que vous souhaiterez, regardez Notre Seigneur Jésus-Christ. Regardez sa Croix, regardez-Le dans sa Passion. Lui aussi Il a souffert. Il a supporté le départ de tous ses apôtres, l’abandon total. Il a supporté courageusement.
Et Dieu lui a donné cette récompense en Le ressuscitant. Il s’est ressuscité Lui-même, par la force de sa divinité.
Et puis, vous sanctifierez, vous sanctifierez particulièrement par le Saint Sacrifice de la messe, source de toute sanctification, continuation du Sacrifice rédempteur de Notre Seigneur Jésus-Christ. C’est cela la sainte Messe. C’est pour cela que vous êtes ordonnés, pour conduire les âmes à Notre Seigneur Jésus-Christ, pour célébrer ce Sacrifice qui répand des grâces en abondance pour sauver les âmes. C’est un grand mystère, que ce pouvoir qu’ont des créatures, de pauvres créatures comme nous sommes, de pouvoir parler à Dieu et de faire descendre sur l’autel. Notre Seigneur Jésus-Christ Luimême qui est Dieu.
Et puis, vous les sanctifierez par tous les sacrements. Et vous les préparerez à recevoir dignement ces sacrements. Vous ne donnerez pas l’Eucharistie à ceux qui n’en sont pas dignes. Mais vous préparerez les âmes afin qu’elles soient dignes de s’unir à Notre Seigneur Jésus-Christ. Vous les préparerez par le baptême, par la pénitence, par le sacrement de l’Eucharistie, par la confirmation, par tous les sacrements. Vous préparerez les âmes à être unies à Notre Seigneur Jésus-Christ, à se sanctifier dans le Sang de Notre Seigneur Jésus-Christ, à pratiquer ses commandements. Commandements qui ne sont autres que l’amour de Dieu et l’amour du prochain.
Quelle belle vocation ! Diviniser les âmes, les rendre toujours plus proches de Dieu, par Notre Seigneur Jésus-Christ. Les incorporer à Notre Seigneur, dans le Corps mystique de l’Église et ainsi leur permettre de participer un jour à la gloire de Dieu, à la gloire de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Et puis enfin, vous guiderez les âmes dans leurs anxiétés, dans leurs difficultés, dans leurs obscurités, vous serez la Lumière : Vos estis lux mundi : Vous êtes la Lumière du monde. Alors vous serez la lumière dans la charité, dans la patience, dans la bonté, dans la mansuétude, dans la longanimité. Vous écouterez les âmes qui viennent vers vous pour recevoir la lumière. Vous ne les rejetterez pas. Soyez patients : soyez bons ; soyez des pères. Faites en sorte que ces âmes vous approchant aient l’impression d’approcher Notre Seigneur Jésus-Christ et d’avoir de Lui la réponse qu’elles attendent pour le bien de leur âme.
Alors vous aurez fait du bien au cours de votre vie.
Et voici que vous allez vous disperser dans vos charges à travers le monde. Que la Vierge Marie vous accompagne. Qu’elle soit votre Mère. Qu’elle garde en vous cet amour unique, profond, définitif, sans jamais plus d’hésitation, à Notre Seigneur Jésus-Christ – amour de Notre Seigneur JésusChrist – et que vous soyez vraiment les apôtres du Christ.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.